Korn - Festival de Nîmes 2025 - Crédit photo Eric CANTO

Eric CANTO : du Hellfest aux Rencontres d’Arles, le photographe rock qui électrise la scène rock

par | 17 Jan 2025 | Photo

⏱ Temps de lecture : 14 min

Eric CANTO fige l’intensité du rock dans des clichés brûlants d’humanitéguitariste devenu œil affûté, il capture U2, Muse, Jay-Z ou Daft Punk en pleine communion. Publié dans Playboy, Rolling Stone ou Photo, photographe officiel pour le Hellfest, le WIm Fest ou le Festival de Nîmes, il dirige aussi la création visuelle de Mass Hysteria. Ses livres — A Moment Suspended in Time, 10 ans de Furia, RoadBook — deviennent des archives vives du concert. IPA 2024, expo aux Rencontres d’Arles… Ces quelques lignes, c’est l’explosion avant le saut. Prêt·e à plonger dans l’œuvre d’un chasseur de frissons visuels ?

Royal Republic -Photo Eric CANTO

Royal Republic – Photo Eric CANTO

L’acte fondateur

Avant de devenir l’œil du rock, Eric CANTO est un gamin avec une guitare entre les mains. Pas un rêve de photographe, pas de Leica dans le berceau, juste des riffs à n’en plus finir. Mais parfois la vie te glisse une claque qui change ton destin. En 2005, il lâche la guitare pour attraper l’appareil photo. Non pas par renoncement, mais parce qu’il a compris que son nouveau solo se jouerait avec un déclencheur.

De gratteux à regard rock’n’roll

Il faut s’imaginer ce moment. Les concerts, la sueur, les backstages, la foule en transe. Eric n’est plus sur scène, il est devant, planté comme une sentinelle. Il a troqué les cordes pour une lentille et la différence est énorme : il ne crée plus le son, il l’attrape dans l’air, il le suspend dans le temps. Et ça, c’est peut-être plus fort encore.

En quelques années, son style se construit. Il n’est pas dans l’image lisse, corporate, stérile. Non, lui cherche la vulnérabilité du moment, l’instant où l’artiste n’est plus une icône mais un humain incandescent. C’est ce qui rend ses clichés puissants : tu ne regardes pas une photo, tu entends presque le bourdonnement des amplis.

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Naissance d’un style : live brut, visuels affûtés

Eric CANTO a vite compris que le live, c’est la matière brute la plus riche du monde. Sur scène, il y a de la lumière bancale, des visages crispés, de la sueur qui colle aux micros. Et c’est précisément là qu’il plonge. Là où d’autres photographes traquent le beau, lui chasse le vrai.

Pas étonnant que des monstres comme U2, Muse, Metallica, Oasis, Daft Punk, Lenny Kravitz, Radiohead ou Jay-Z passent devant son objectif. Ces mecs et ces femmes ne donnent pas facilement. Mais Eric arrive à capter ce que les autres ratent : l’ombre dans le regard, la solitude d’un chanteur au milieu de 80 000 personnes.

Il n’a pas mis longtemps à se faire remarquer. Les magazines flairent l’authenticité et publient ses clichés : Rolling Stone, Playboy, The Sun, Photo Magazine, Best, Technikart. Ce n’est pas seulement une reconnaissance, c’est la preuve que son langage visuel parle au-delà des fans de rock.

Sur les routes du live

Si tu veux comprendre Eric CANTO, il faut d’abord comprendre ce que ça veut dire de vivre au rythme des festivals. Ce n’est pas des vacances en musique, c’est une guerre sainte où chaque note, chaque rayon de lumière, chaque goutte de pluie devient une bataille à immortaliser. Et là-dessus, Eric est un vétéran.

Korn - Festival de Nîmes 2025 - Crédit photo Eric CANTO

KornFestival de Nîmes 2025 – Crédit photo Eric CANTO

 

Festivals et backstage : Hellfest, Nîmes et ailleurs

Il est impossible de dissocier Eric CANTO de ses terrains de chasse préférés. Le Hellfest, monstre métallique de Clisson, c’est son amphithéâtre. Le Sonisphère, ses batailles épiques. Le Download Festival, ses marathons sonores. Les Eurockéennes, son laboratoire de lumière. Et le Festival de Nîmes, sa résidence, son fief, où il officie en tant que photographe officiel.

Être photographe dans ces endroits, ce n’est pas juste shooter un groupe. C’est tenir bon dans la poussière, les pogos, la chaleur, les 12 heures de set. C’est aussi survivre à la logistique de l’enfer : badges, barrières, contraintes de trois morceaux max en fosse photo. Et malgré ça, Eric ne revient jamais bredouille.

Dans ses images, il y a toujours une puissance dramatique. Pas juste un chanteur qui hurle dans un micro, mais un combat entre le corps, la lumière et la musique. Tu regardes ses photos de Slipknot, The Cure, Muse ou System of a Down, et t’as l’impression d’avoir le tympan qui vibre.

Et puis il y a la confiance des artistes. Des noms comme Royal Republic, Matthieu Chedid, Mass Hysteria, Lofofora lui confient leur image. Et là, ce n’est plus de la photo live, c’est du portrait psychologique. L’artiste sort de son rôle pour laisser apparaître une fragilité, une ironie, un masque fissuré.

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Publications & médias : Rolling Stone, Playboy, Best, The Sun

Être publié, ça peut sembler anecdotique pour un photographe. Mais pas dans le cas d’Eric CANTO. Quand tu vois ses clichés dans Rolling Stone Magazine, Playboy, Photo, Technikart, The Sun, Best, tu comprends que son travail dépasse le cadre du rock.

Ces publications ne prennent pas n’importe quelle photo. Elles veulent l’icône, le symbole, l’instant qui raconte toute une carrière. Eric sait donner ça. Son cliché d’Elton John ou de Jay-Z ne dit pas seulement « voilà un concert », il dit « voilà ce que c’est qu’être une star au XXIe siècle ».

Mais il n’y a pas que la presse musicale. Eric s’invite aussi dans des espaces inattendus : Arte, Le Monde, L’Humanité, Canal+, Libération, Tsugi, Hard Force, Deezer, Spotify. Ses images sont partout, comme si elles appartenaient désormais à la mémoire collective du rock français et international.

Et c’est là toute sa force : il ne shoote pas pour un album photo personnel, il construit une archive culturelle. Chaque image devient un morceau de puzzle d’une époque, une pièce d’histoire rock.

REFUSED The Shape of Punk to Come 1

REFUSED The Shape of Punk to Come – Eric CANTO

 

Studio, livres & expositions

Quand les lumières s’éteignent et que les amplis cessent de vibrer, Eric CANTO ne range pas son appareil dans un tiroir. Non. Il recycle les éclats, les fantômes de concerts, les cris figés dans l’air. Il en fait des livres, des objets, des artefacts de mémoire. Et il accroche ses visions aux murs des galeries comme on épingle un papillon rare : fragiles, intenses, immortels.

A Moment Suspended in Time — capter la fragilité du live

En 2017, Eric CANTO sort A Moment Suspended in Time. Le titre à lui seul est une déclaration : chaque photo devient une suspension, un arrêt brutal dans le chaos. Là où d’autres voient du bruit, lui extrait la poésie.

Ce bouquin n’est pas juste une compilation de clichés. C’est une philosophie du concert : l’idée que chaque instant live mérite d’être gravé parce qu’il ne reviendra jamais. Un clin d’œil, une main tendue, une larme au coin d’un œil. Tu ne peux pas rejouer ça, même avec la meilleure tournée mondiale. Eric, lui, l’a attrapé.

Depeche Mode par Eric CANTO

 

10 ans de Furia — prolongement d’une relation viscérale avec Mass Hysteria

Si on devait définir le mariage parfait entre un groupe et un photographe, Mass Hysteria et Eric CANTO seraient les cobayes idéaux. Depuis 2009, il a suivi la bande comme un frère de route. Résultat : huit albums en treize ans sous sa direction artistique.

En 2021, ce compagnonnage débouche sur 10 ans de Furia, un livre qui devient immédiatement culte et décroche le prix de “Livre Rock & Métal de l’année” aux Victoires de la Musique. Un ovni éditorial qui mêle clichés live, portraits, moments de coulisses et confidences visuelles.

Ce n’est pas juste un livre, c’est une capsule temporelle. Tu l’ouvres et tu sens les cordes grincer, tu entends les pogos cogner, tu prends une giclée d’énergie en pleine face.

livre roadbook eric canto

 

RoadBook — chroniques visuelles dans la jungle des concerts

  1. Eric CANTO sort RoadBook. Et là, il ne se contente plus de montrer. Il raconte. Avec plus de 300 photos et des récits de backstage, c’est une immersion totale dans le quotidien d’un photographe de concerts.

Ce bouquin, c’est un journal de bord sous acide. Les nuits blanches, les ratés, les fulgurances, les artistes qui balancent tout, la foule qui se déchaîne, la solitude après le show. Tout y est. Si tu voulais savoir ce que c’est que vivre dans les coulisses du rock, RoadBook est ton ticket d’entrée.

Expositions — l’arène visuelle

La galerie…. Là, ses clichés sortent du papier glacé pour s’imposer sur les murs.

  • 2012 : conférence Apple à Covent Garden (Londres). Premier signe de reconnaissance internationale.

  • 2018 : CrossRoads Festival à Lille. Premiers accrochages européens.

  • 2023 : rétrospectives à Montpellier et Nîmes. La consécration hexagonale.

  • 2024 : Les Rencontres Internationales d’Arles, galerie Shadows, avec l’expo Rock vs Jazz. Là, c’est le sommet. Couronné par l’International Photography Award (IPA) — Photo de l’année.

Arles, c’est un peu la Mecque des photographes. Être exposé là, c’est dire au monde : “je ne suis plus juste un mec qui shoote des concerts, je suis un artiste visuel à part entière”. Et Eric y a posé son drapeau noir.

Eric CANTO photographe

 

Tableau : Bibliographie & expositions majeures d’Eric Canto

Année Livre / Exposition Distinction
2011 Mass Hysteria Live Premier livre publié
2017 A Moment Suspended in Time Objet culte du live
2021 10 ans de Furia Livre Rock & Métal de l’année
2023 RoadBook Livre de référence sur la photo de concerts
2024 Expo Arles – Galerie Shadows (Rock vs Jazz) IPA – Photo de l’année

Sur scène et au-delà

On réduit trop souvent Eric CANTO à ses clichés de concert, comme si son univers se limitait à trois morceaux en fosse photo et un objectif braqué vers la scène. Grave erreur. L’homme a construit une carrière hybride : photographe, directeur artistique, créateur visuel, collaborateur littéraire. C’est une sorte de couteau suisse rock’n’roll, avec des lames bien affûtées.

MASS HYSTERIA par Eric CANTO

Direction artistique pour Mass Hysteria & co.

Le mariage avec Mass Hysteria …  En 2009, le groupe lui confie la direction artistique de son album Failles. L’alchimie est immédiate. CANTO comprend la colère, la noirceur et l’énergie du groupe, et il sait les traduire en images. Résultat ? Une collaboration de plus d’une décennie, avec huit albums en treize ans.

Chaque pochette, chaque visuel est pensé comme une extension sonore. Quand tu regardes Matière Noire (2015) ou MANIAC, tu ne vois pas juste une cover. Tu vois un univers parallèle où l’image et le son fusionnent. Rare dans une époque où les pochettes sont souvent réduites à un jpeg sur Spotify.

Et Mass Hysteria n’est pas le seul à lui faire confiance. Lofofora, Livingstone, Royal Republic… Ils viennent chercher cette patte visuelle brute, frontale, jamais consensuelle.

Eric CANTO photographe

eric-canto-mass-hysteria

 

Couvertures signées Ellroy, Lartigot, PEGI, humoristes…

Eric ne s’est pas contenté du rock. Il est allé traîner son œil ailleurs, là où on ne l’attendait pas.

  • James Ellroy, le maître du polar, lui confie la couverture de son autobiographie I Jean Hilliker. Pas un hasard : les deux partagent le goût du noir, du rugueux, du viscéral.

  • Gilles Lartigot lui demande d’illustrer son best-seller EAT2. Là encore, l’image n’est pas décorative, elle est un statement visuel, une claque qui résume le propos.

  • Le ministère de la culture le sollicite pour le projet PEGI. On n’est plus dans le rock, mais dans la communication institutionnelle. Pourtant, Eric CANTO ne perd rien de sa radicalité.

  • Pierre Emmanuel Barré, Aymeric Lompret et d’autres humoristes se tournent vers lui pour leurs affiches. Et ça marche : le décalage entre l’humour trash et la photographie rock’n’roll fait mouche.

C’est cette capacité à traverser les univers sans jamais perdre son identité qui fait de lui un artisan visuel unique.

IPA 2024 & Exposition à Arles — consécration d’un style

Il y a des dates qui marquent une vie. Pour Eric CANTO, 2024 restera gravée au fer rouge. L’exposition aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, c’est déjà un Graal. Mais quand tu rajoutes la victoire à l’International Photography Award (IPA) pour la Photo de l’année, tu passes un cap.

Cette distinction, ce n’est pas juste une médaille à accrocher au mur. C’est une reconnaissance mondiale, une façon de dire : ce mec-là n’est pas seulement un photographe de concerts, c’est un photographe qui compte. Un nom qui entre dans l’histoire de l’image contemporaine.

Et quand on sait qu’il a commencé en gratteux, ça donne une trajectoire digne d’un roman.

Frank Carter

 

L’homme derrière l’objectif

On pourrait croire que Eric CANTO n’est qu’un type planqué derrière un appareil photo, un œil voyeur qui capture les autres pour exister à travers eux. Mais c’est plus profond que ça. Chez lui, la photographie n’est pas un métier, c’est une obsession. Une façon de lire le monde, de saisir ce que les mots n’arrivent jamais à dire.

Fascination pour l’arène humaine du rocker

Eric CANTO le dit lui-même : ce qui le fascine, ce n’est pas la foule, ce n’est pas le show pyrotechnique, ce n’est même pas le riff de guitare. C’est ce moment où l’artiste est seul face à lui-même. Là, sous les projecteurs, quand les masques tombent et que tu sens la vulnérabilité percer derrière le charisme.

Regarde ses photos d’Iggy Pop, de Bjork, de Radiohead ou de Ghost. Tu vois des bêtes de scène, mais tu devines aussi des fêlures. Ce n’est pas la star qu’il shoote, c’est l’humain derrière la posture. Et c’est peut-être ça qui explique pourquoi tant d’artistes lui ouvrent leurs portes : il ne les vole pas, il les révèle.

Eric CANTO photographe

Eric CANTO photographe

Pragmatisme mélangé à une passion viscérale

Attention, Eric Canto n’est pas un poète perdu dans ses rêveries. Il a aussi le pragmatisme d’un artisan. Un concert, c’est une machine infernale où il faut gérer la lumière changeante, les contraintes techniques, la fosse photo bondée, le temps réduit. Eric CANTO maîtrise ça comme un chirurgien.

Mais derrière cette rigueur, il y a toujours la passion viscérale. Une passion qui ne s’épuise pas, même après des milliers de concerts. Parce qu’il sait que chaque show est unique. Chaque instant raté est perdu pour toujours. Il shoote comme si chaque photo allait être la dernière.

La beauté du moment suspendu

Au fond, ce que cherche Eric CANTO, c’est l’instant suspendu. Ce moment de grâce où tout s’aligne : l’artiste, la lumière, la musique, l’énergie de la foule. Ça peut durer une fraction de seconde, mais si tu l’attrapes, tu tiens une vérité que personne ne pourra jamais démentir.

C’est cette quête qui traverse tous ses projets — des livres aux expositions, des collaborations aux pochettes d’albums. Et c’est ce qui fait de lui un photographe à part. Pas un technicien, pas un artisan de commande. Un chercheur d’âmes dans le chaos électrique du rock.

Royal Republic -Photo Eric CANTO

Royal Republic -Photo Eric CANTO

Pour finir…

Eric Canto n’est pas juste un photographe de concerts. Il est un funambule visuel, un chasseur d’instants rares, un type qui a compris que le rock n’est pas seulement une affaire de son mais une expérience humaine totale. Des pogos du Hellfest aux portraits d’Ellroy, des covers de Mass Hysteria aux murs d’Arles, il a tissé une toile qui raconte vingt ans de musique, de sueur et de lumière.

Ses clichés sont des coups de poing visuels mais aussi des caresses inattendues. Ils rappellent qu’un concert, ce n’est pas qu’un bruit assourdissant : c’est une mise à nu. Et Eric CANTO, lui, appuie sur le déclencheur pile au moment où l’icône craque. Voilà pourquoi ses images resteront, longtemps après que la dernière note se soit éteinte.

Lenny Kravitz - marseille- Photo Eric CANTO

Lenny Kravitz – Photo Eric CANTO

FAQ XXL

1. Qui est vraiment Eric CANTO et pourquoi est-il devenu incontournable dans la photo rock ?

Eric CANTO est un photographe français, ancien guitariste, qui a basculé dans l’univers de la photographie en 2005. Sa particularité réside dans sa capacité à capter l’essence brute d’un concert : pas seulement les lumières ou les postures, mais l’humanité de l’artiste, sa vulnérabilité, son intensité. Il est devenu incontournable parce qu’il a su imposer un style unique, à la fois instinctif et maîtrisé, qui dépasse la simple documentation d’un live pour en faire un langage artistique. Ses collaborations avec des groupes majeurs, ses couvertures de livres et ses distinctions internationales l’ont placé parmi les références du genre.

2. Quels sont les artistes emblématiques photographiés par Eric CANTO ?

La liste est vertigineuse. Eric CANTO a photographié des géants comme U2, Metallica, Muse, Oasis, Elton John, Daft Punk, Radiohead, Jay-Z, Pink, Slipknot, System of a Down, Depeche Mode, Rammstein ou encore Lenny Kravitz. Mais il ne s’est pas limité aux stars internationales : il a aussi travaillé avec des groupes français comme Mass Hysteria, Lofofora, Olivia Ruiz ou Matthieu Chedid. Chaque photo est une archive d’émotion, un morceau d’histoire musicale saisi sur le vif. C’est cette diversité — du rock au métal, en passant par l’électro et la chanson — qui prouve la force universelle de son regard.

3. Pourquoi son partenariat avec Mass Hysteria est-il si marquant ?

Parce qu’il dépasse le simple cadre photographe/groupe.Eric CANTO et Mass Hysteria, c’est une relation artistique fusionnelle qui dure depuis 2009. Il a dirigé la conception visuelle de huit albums du groupe, de Failles à Matière Noire en passant par Le Bien-être et la Paix. Avec eux, il a pu expérimenter et créer une véritable identité visuelle, cohérente et puissante. Le livre 10 ans de Furia est le témoignage de cette complicité et a même été récompensé comme “Livre Rock & Métal de l’année” en 2021. Peu de photographes peuvent se vanter d’une telle continuité créative avec un groupe.

4. Qu’est-ce qui distingue son style des autres photographes de concerts ?

Eric CANTO ne cherche pas la perfection technique à tout prix. Il ne s’agit pas pour lui d’avoir une image “propre” ou “belle”, mais de capturer la vérité crue du moment. Son style est marqué par un goût pour le clair-obscur, les contrastes intenses, les expressions fugaces. Il capte l’instant où le chanteur semble fragile, où la lumière devient une arme, où la sueur raconte plus que les mots. Contrairement à d’autres qui se contentent de shooter la scène, Canto construit un récit visuel à chaque déclenchement. Ses photos vibrent, elles bruissent de musique.

5. Quels sont ses principaux livres et pourquoi sont-ils importants ?

Parmi ses ouvrages marquants, on retrouve Mass Hysteria Live (2011), A Moment Suspended in Time (2017), 10 ans de Furia (2021, primé aux Victoires de la Musique Rock & Metal), et RoadBook (2023). Chacun de ces livres est une pièce de puzzle dans son parcours artistique. Ils ne sont pas de simples recueils de photos mais de véritables journaux de bord visuels, des témoignages d’une époque musicale. RoadBook, par exemple, plonge le lecteur dans les coulisses des concerts, dévoilant autant les excès que la beauté fragile du live. Ces ouvrages sont devenus des objets de référence pour tout amateur de rock et de photographie.

6. Comment Eric CANTO a-t-il été reconnu à l’international ?

Sa reconnaissance internationale s’est construite par étapes. D’abord grâce aux artistes mondialement connus qu’il a photographiés et qui lui ont donné une visibilité au-delà de la France. Ensuite, par ses publications dans des médias prestigieux comme Rolling Stone, Playboy, The Sun ou Photo Magazine. Mais le vrai tournant a été 2024, avec son exposition aux Rencontres d’Arles et surtout le prix de la Photo de l’année aux International Photography Awards (IPA). Cette distinction a scellé son statut d’artiste visuel reconnu à l’échelle mondiale.

7. Pourquoi son passage par la musique avant la photo est-il essentiel à comprendre ?

Parce qu’il explique son regard unique. Avant de devenir photographe, Eric CANTO était guitariste. Il connaît de l’intérieur la scène, le trac, la montée d’adrénaline, la solitude sous les projecteurs. Quand il shoote un musicien, il ne le regarde pas comme un simple observateur, mais comme un ancien camarade de jeu. Il comprend ce que vit l’artiste au moment où il déclenche. Cette expérience musicale transparaît dans ses clichés, qui respirent la sincérité et évitent l’esthétisme vide. Son passé de musicien est la clé de sa photographie.

8. Quels genres en dehors du rock a-t-il explorés ?

Même si son terrain de prédilection reste le rock et le métal, Eric CANTO a élargi son spectre. Il a shooté des rappeurs comme Orelsan ou IAM, des légendes de la chanson française comme Renaud ou Johnny Hallyday, mais aussi des humoristes tels que Pierre Emmanuel Barré. Ses expositions ont exploré le croisement entre rock et jazz. Cette ouverture prouve que son style n’est pas enfermé dans une niche mais peut dialoguer avec d’autres univers artistiques tout en gardant son intensité et sa signature visuelle.

9. Quelle est sa philosophie de la photo live ?

Pour Eric CANTO, un concert est une expérience éphémère, une parenthèse de quelques heures qui disparaît aussitôt que les amplis s’éteignent. Sa philosophie est simple : capturer ce qui ne reviendra jamais. Il cherche à figer l’énergie brute du moment, à rendre éternelle une émotion passagère. Son approche privilégie l’authenticité à la perfection. Il assume les ombres, les imperfections, parce qu’elles traduisent mieux la vérité du live que des images lisses et artificielles. En un mot, sa photo est une lutte contre l’oubli.

10. Pourquoi Eric CANTO est-il considéré comme un artiste et non un simple photographe de concerts ?

Parce que son travail dépasse la simple documentation. Il ne se contente pas d’archiver, il interprète. Ses clichés ont une dimension esthétique, philosophique et émotionnelle qui les placent du côté de l’art. Les expositions, les récompenses internationales et l’édition de ses livres ne font que confirmer ce statut. Là où beaucoup de photographes de concerts restent cantonnés à un rôle technique, Eric CANTO transforme chaque image en fragment narratif, en témoignage universel. Il est à la photo ce que les grands chroniqueurs rock sont à l’écriture : un passeur d’émotions brutes.

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