This is Spinal Tap II

This is Spinal Tap : le faux groupe le plus réel du rock revient….

par | 28 Juil 2025 | Films / Séries

⏱ Temps de lecture : 16 min

Tu crois connaître la seule, l’unique, This Is Spinal Tap ? Détrompe-toi, ce mockumentary en heavy metal sortie en 1984 signe bien plus qu’un simple film parodique : il devient culte, référentiel d’une époque, pierre angulaire du rockumentary et mock-docu. Mené par Rob Reiner, co‑écrit par Christopher Guest, Michael McKean et Harry Shearer, ce film improvise jusqu’à transcender la satire musicale, en moquant le star system, l’ego des rockeurs et les coulisses absurdes d’une tournée. On n’y sent ni superflu ni fanfaronnade : tout est calibré pour que la fiction respire la vraie vie, jusqu’à ce que “they go to eleven” devienne le symbole universel du “plus fort que fort”. « This is Spinal Tap II » arrive dans quelques mois. L’occasion de revenir dans cet article sur ce film culte…

 

This is Spinal Tap : le faux groupe le plus réel du rock

This is Spinal Tap : le faux groupe le plus réel du rock

 

Genèse et création

Avant que les amplis ne claquent du “Up to Eleven”, avant même qu’un nain ne soit écrasé par un Stonehenge en polystyrène, il y avait une idée. Un délire. Une private joke entre potes. Un sketch télé, aussi absurde qu’un solo de batterie de 30 minutes pendant un blackout. Et ce délire, né entre les synapses cramées de Michael McKean, Christopher Guest et Harry Shearer, allait devenir le film culte This Is Spinal Tap. Un coup de génie faussement amateur, un pastiche plus vrai que nature de tout ce que le rock a de plus crétin, grandiose, et profondément humain.

 

Du sketch télé à la légende underground

C’est sur les plateaux de l’émission The TV Show (1979), un programme satirique produit par Rob Reiner, que naît le noyau de ce qui deviendra Spinal Tap. Un sketch où trois musiciens anglais (McKean en David St. Hubbins, Guest en Nigel Tufnel, Shearer en Derek Smalls) répondent à une interview catastrophique. Accent british bancal, anecdotes absurdes, egos gonflés à l’hélium… La graine est là. Et elle est fertile.

Rob Reiner, réalisateur débutant à l’époque, y voit une opportunité : faire un rockumentary bidon, mais qui aurait l’apparence d’un vrai. Une satire déguisée, camouflée sous une esthétique documentaire façon BBC. À cette époque, personne ne connaît le mot mockumentary. Mais ils vont l’inventer. Et l’imposer.

 

Une production rock’n’roll, improvisée à 90 %

Reiner propose de réaliser le film. Mais au lieu de passer par un script classique, ils prennent une autre route. Une expérimentation sauvage. Un scénario de seulement 4 pages : quelques lignes de contexte par scène, et tout le reste en impro. Oui, 90 % des dialogues sont improvisés. Du jamais-vu, surtout à Hollywood. On ne filme pas un script, on filme un état d’esprit.

Pendant plus de six semaines, ils tournent à l’arrache, avec un budget serré et une équipe réduite. Ils se baladent entre concerts montés de toutes pièces, interviews absurdes, fausses conférences de presse et scènes de backstage aussi ridicules qu’authentiques. Chaque détail est soigné : les noms de morceaux, les pochettes d’albums, les coiffures, les costumes, les décors de scène. Tout est faux. Mais tout semble vrai.

Et c’est ça, le génie de Spinal Tap : ce flou permanent entre fiction et réalité.

This is Spinal Tap : le faux groupe le plus réel du rock

This is Spinal Tap : le faux groupe le plus réel du rock


Influences : du rock 70s aux documentaires fauchés

Le film s’abreuve de mille références. Musicalement, Spinal Tap est un Frankenstein du rock : un zeste de Led Zeppelin, un peu de Black Sabbath, du Judas Priest dans les aigus et même du Yes pour la prétention progressive. Mais dans l’absurde, ils vont encore plus loin : Tap a sorti 17 albums (dont “Shark Sandwich” – critique : “Shit Sandwich”), changé 12 fois de batteurs (tous morts de manière suspecte), et s’est reformé autant de fois qu’un mauvais boys band.

Visuellement, Reiner pompe les codes des vrais documentaires : caméra à l’épaule, zooms maladroits, interviews face caméra, images d’archives. C’est cheap, c’est flou, c’est réaliste. Tellement réaliste que des spectateurs ont cru au départ que le groupe était réel. D’autres pensaient qu’il s’agissait de vrais musiciens qui se moquaient d’eux-mêmes. Le piège était parfait.

 

Techniques & style

À première vue, This Is Spinal Tap pourrait passer pour un véritable documentaire sur un groupe de hard rock britannique. Et c’est exactement le piège. Ce film, c’est un caméléon cinématographique, un foutu cheval de Troie du rire planté en plein cœur du rock. On y entre pour la rigolade, on en ressort avec une leçon de mise en scène et d’écriture, sauce punk DIY.

 

Spinal Tap le faux groupe le plus réel du rock

Spinal Tap le faux groupe le plus réel du rock

Le style « cinéma vérité » sous acide

Reiner adopte les codes du cinéma vérité : plans tremblants, lumière naturelle, improvisations filmées comme volées. On est au plus près des visages, des regards gênés, des silences absurdes. Rien ne semble joué, tout paraît “capturé”. Et pourtant, chaque moment est une masterclass d’humour absurde.

La caméra devient un personnage, un témoin muet de la décadence molle du groupe. On la sent parfois confuse, perdue, comme si elle-même ne comprenait pas ce qu’elle filme. C’est là toute la force du film : sa capacité à imiter le réel tout en l’étrillant. Une satire qui ne dit jamais son nom mais que tout le monde comprend.

 

Improvisation & liberté d’acteurs

Les dialogues, c’est le truc le plus fou : ils ne sont pas écrits. Ou plutôt, à peine. Reiner, Guest, McKean et Shearer ont défini une trame scénaristique ultra précise, mais laissent les comédiens improviser chaque interaction. Résultat ? Un langage naturel, des hésitations crédibles, des punchlines qui tombent comme des pains dans un pogo.

C’est un bordel contrôlé. Un chaos millimétré. Et ça fonctionne parce que les acteurs savent exactement qui ils incarnent. Leurs personnages sont ridicules, mais jamais grotesques. Ils y croient. À fond.

 

This is Spinal Tap : La satire en creux, sans morale

Ce qui rend This Is Spinal Tap génial, c’est sa subtilité. Il ne juge pas. Il montre. Il observe des types perdus dans leur délire de grandeur, accrochés à une gloire périmée. Et le spectateur rit, mais avec tendresse. Parce qu’on sent bien que ces mecs, au fond, ne veulent qu’une chose : exister.

Le film n’appuie jamais ses blagues. Pas de clin d’œil à la caméra, pas de grosse punchline montée sur rails. Tout est dans le non-dit, le décalage, le timing foiré. Et c’est ça qui fait mouche.

 

Analyse thématique de This is Spinal Tap

This Is Spinal Tap, ce n’est pas juste un film drôle sur un groupe de rock fictif. C’est une radiographie hilarante d’un genre musical entier, un miroir tordu tendu à une époque, un hommage moqueur à l’excès, la vanité et l’absurdité du show-business. Et ça tape là où ça fait mal. Sans avoir besoin de crier.

 

Satire du rock et de ses dérives mégalos

Le film tire à balles réelles sur les tics et tocs du rock 70s–80s :

  • Les musiciens en quête d’authenticité mais perdus dans le kitsch,

  • Les albums-concepts incompréhensibles,

  • Les solos de guitare qui durent plus longtemps qu’un voyage en TER,

  • Les pochettes de disques au symbolisme fumeux (souviens-toi : l’album tout noir),

  • Les batteurs qui explosent ou meurent mystérieusement (aspiration de vomi ? Sérieux ?).

Tout est exagéré, mais à peine. Parce qu’en réalité, Tap ne fait que tendre un miroir déformant à une scène qui prenait déjà l’eau à force d’enfler sa propre légende.

Ce qui rend la satire si percutante, c’est que chaque situation évoque quelque chose de réel : une tournée qui vire au chaos, des musiciens qui ne trouvent pas la scène, un label qui censure une pochette, un public qui vieillit… Le groupe Tap, c’est le condensé tragicomique de tout ce que le rock a vomi dans sa course à la grandeur.

La question de l’identité artistique

Au fond, Tap pose une question toute bête : qu’est-ce que ça veut dire être un artiste quand plus personne ne vous écoute ? St. Hubbins et Tufnel s’accrochent à une identité musicale figée, refusent de grandir ou de s’adapter. Ils enchaînent les styles comme on change de perruque : psychédélique dans les 60s, glam dans les 70s, heavy metal dans les 80s, sans jamais vraiment croire à ce qu’ils jouent.

Ils sont perdus dans leurs propres mythes. Des enfants du rock qui refusent de vieillir. Et c’est là que le film devient profondément humain. Derrière la farce, il y a un regard presque mélancolique sur l’échec, l’oubli, la ringardise.

 

Les rôles sociaux : manager, groupe, public

Le film ne se contente pas de moquer les musiciens. Il démonte tout l’écosystème du rock.

  • Le manager : un yes-man dépassé qui tente de maintenir l’illusion.

  • Le label : une entreprise cynique, opportuniste, qui largue Tap comme une vieille chaussette.

  • Le public : fluctuant, amnésique, capable de hurler “We love you!” et d’oublier dans la même soirée.

Chaque personnage secondaire vient enrichir la satire globale, comme un décor vivant qui confirme la chute du groupe. Tout le monde joue un rôle. Tout le monde ment un peu. Et c’est ça qui fait de Spinal Tap un film aussi dense : il déconstruit les codes sans jamais les dénoncer lourdement.

 

Répliques & moments cultes de This is Spinal Tap

Tu veux du culte ? Tu veux de l’inoubliable, du mimétique, du truc qui te hante en soirée quand t’as bu trois pintes ? This Is Spinal Tap est un distributeur automatique de scènes légendaires. Des punchlines si absurdes qu’elles ont quitté l’écran pour devenir des proverbes. Des moments si idiots qu’ils en deviennent géniaux. Des instants de télé rock qui, 40 ans plus tard, continuent à faire rire des générations entières de geeks, de musiciens et de cinéphiles.

“These go to eleven.” — La réplique devenue mythe

On commence par LA punchline. Celle qui a traversé les décennies, gravée dans le marbre de la pop culture comme un riff d’AC/DC. Nigel Tufnel, montrant son ampli Marshall customisé :

“These go to eleven.”
Pourquoi ? Parce que 10, c’est pas assez. Il te faut une dose au-dessus de la logique. Même si c’est le même volume, sur le papier ça cogne plus fort.

Cette réplique, c’est devenu un mème universel du “plus c’est con, plus c’est bon”. Elle a été citée dans The Simpsons, The Office, Parks and Rec, Stranger Things, utilisée par des groupes comme Metallica, Foo Fighters ou encore Pearl Jam. Même les fabricants d’amplis en font des modèles “11” en hommage.

C’est devenu un synonyme mondial de l’exagération absurde.

 

 

Le Stonehenge miniature – génie comique

Une autre scène culte ? Celle de la maquette de décor foirée. Les musiciens demandent une réplique de Stonehenge sur scène. Mais Nigel écrit 18 pouces au lieu de 18 pieds. Résultat : un caillou minuscule descend au milieu de la scène, pendant qu’un nain danse autour dans une ambiance païenne grotesque.

C’est du burlesque visuel au sommet de son art. Une blague millimétrée, magnifiée par le sérieux des musiciens qui ne comprennent même pas ce qui cloche. Là encore, ce décalage entre ambition grandiloquente et réalité minable est le sel de Spinal Tap.

Les batteurs qui meurent tous

Un running gag aussi absurde que génial : tous les batteurs du groupe finissent morts. L’un dans un accident bizarre, un autre en combustion spontanée, un troisième noyé dans son propre vomi (pas le sien, précisent-ils…).

Un hommage surréaliste à la malédiction des batteurs de rock, de Keith Moon à John Bonham.
Et chaque mention de ces morts ridicules est racontée avec un flegme britannique délirant, comme si tout cela allait de soi.

Les mini-sandwichs de la loge

Ah, les fameux mini-sandwichs. Une scène absurde où Nigel se bat avec le catering de leur loge, car les tranches de pain sont trop petites pour faire des sandwiches décents.

“How can I fold the meat if the bread is smaller than the meat?!”
C’est ridicule, c’est génial, et surtout : ça cristallise l’ego outrancier du rockeur face à des détails futiles. Une scène qui aurait pu être écrite par Kafka… s’il jouait du metal.

Spinal Tap le faux groupe le plus reel du rock 3

Réception & héritage

À sa sortie, This Is Spinal Tap n’a pas fait trembler les murs du box-office. Et pourtant… le bouche-à-oreille, le culte, l’underground, les fans hardcores, les rockeurs embarrassés, les critiques hilares, les nerds du son… tout ce beau monde s’est passé la VHS comme un secret interdit. Résultat ? Le film a infusé partout. Il a redéfini un genre, et marqué les cerveaux jusqu’à Hollywood et les loges du Hellfest.

Une réception tiède devenue culte

Quand This Is Spinal Tap sort en mars 1984, c’est la consternation chez les distributeurs. Pas de stars, pas de vrai scénario, et surtout : trop réaliste. Certains croient que le groupe est réel. D’autres ne saisissent pas l’humour british, absurde, décalé. Le film fait un flop commercial (à peine 4,7 millions $ de recettes), mais les critiques flairent le coup de génie.

Des journalistes de Rolling Stone, du Village Voice, de The New Yorker hurlent au chef-d’œuvre invisible. Et petit à petit, la rumeur monte. Le film devient culte, un phénomène souterrain qui dépasse son format. On l’étudie dans les écoles de cinéma. Il passe en boucle dans les tournées. Il contamine la culture pop comme un riff de Motörhead sur une cassette mal rebobinée.

En 2002, il est sélectionné par le National Film Registry de la Library of Congress pour préservation historique. La reconnaissance ultime.

Influence sur la pop culture et le cinéma

Spinal Tap a lancé un genre entier : le mockumentary. Derrière lui, une ribambelle de films et séries vont suivre cette voie :

  • Waiting for Guffman, Best in Show, A Mighty Wind (tous par Christopher Guest)

  • The Office (UK et US),

  • Trailer Park Boys,

  • Borat,

  • Parks and Recreation

  • What We Do in the Shadows

Tous héritiers directs de ce foutoir génial. Le film a aussi contaminé la pub, les sketchs SNL, les clips, les plateaux TV. Le terme “goes to eleven” est entré dans le langage courant. Et tu trouves encore des amplis numérotés jusqu’à 11 vendus aujourd’hui, sérieux.

Influence musicale : entre honte et hommage

Dans le monde du rock, Spinal Tap a mis un sacré coup de pied dans les amplis. Certains musiciens n’ont pas ri. Ozzy Osbourne pensait que c’était un documentaire sérieux. Jimmy Page a reconnu s’être senti visé. D’autres, comme Lemmy ou Lars Ulrich, ont adoré l’autodérision.

« Ce film, c’est nous. Sauf qu’on ne meurt pas à la fin », dira Dave Grohl.

Le groupe fictif a même sorti des albums réels, donné des concerts (Wembley, Glastonbury !), et joué en première partie de véritables groupes. Spinal Tap est devenu… un vrai groupe. La boucle est bouclée.

Legacy rock‑metal

Il y a un truc fascinant avec This Is Spinal Tap : il a tellement bien imité la réalité du rock, que cette même réalité a fini par imiter Spinal Tap. Le film est devenu une prophétie auto-réalisatrice, une source de gags involontaires, un guide (involontaire) du malaise scénique. Des groupes entiers se sont reconnus dans ces trois clowns british fictifs, et au lieu de se vexer… ils ont applaudi. Du moins, les plus lucides.

Le film que les musiciens craignent… et vénèrent

Pendant des années, il a été interdit dans certaines loges. Parce qu’il révélait un truc que personne ne voulait voir : le ridicule inhérent au rock’n’roll.
Tu joues torse nu avec une basse en forme de hache ? Spinal Tap l’a fait.
Tu perds ton batteur pour la 3e fois ? Tap aussi.
Tu arrives sur scène en retard parce que tu n’as pas trouvé l’entrée ? Classique Tap.

Le nombre d’anecdotes réelles “à la Spinal Tap” dans le rock est hallucinant. Iron Maiden, Metallica, Aerosmith, Mötley Crüe… tous ont vécu une scène digne du film. D’ailleurs, certains ont intégré la référence dans leurs tournées, comme un rite d’humilité.

Spinal Tap en première partie des vrais groupes

Le plus dingue, c’est que le groupe fictif est devenu un vrai groupe live.
Ils ont joué à Glastonbury, Live Earth, le Royal Albert Hall, et même au Carnegie Hall. Avec un backing band digne d’un vrai groupe de tournée. Ils ont sorti trois albums, dont Break Like the Wind (1992), produit par… Steve Lukather (Toto), Jeff Beck, Slash et Joe Satriani.

Oui, mec. Même des shredders respectés sont venus jouer pour Spinal Tap.
C’est là qu’on touche au génie du concept : ces types jouent comme des bêtes, mais pour incarner des losers du rock.

Une source inépuisable d’autodérision pour le metal

Le metal, longtemps accusé d’être trop sérieux, trop macho, trop dramatique, a trouvé en Spinal Tap une porte de sortie comique.
Tu veux parler de riffs trop longs, de costumes ridicules, de solos de batterie de 15 minutes ? Balance une citation du film et tout le monde comprendra.
Spinal Tap est devenu un langage.

Même des groupes ultra-dark comme Ghost ou Slipknot jouent parfois avec le kitsch, en assumant l’héritage Tap. Et les fans ? Ils adorent. Parce qu’ils savent que le second degré, c’est la vraie preuve d’intelligence scénique.

Suite & renaissance

Quarante ans après la sortie de This Is Spinal Tap, l’impossible est devenu réalité : Spinal Tap II arrive. Un retour improbable pour un groupe fictif qui a su traverser le temps mieux que bien des groupes bien réels. Alors pourquoi maintenant ? Et surtout… que peut-on attendre de ce come-back qui fleure bon la nostalgie post-moderne ?

Le retour annoncé en 2025

En 2022, Rob Reiner annonce officiellement un Spinal Tap II pour célébrer les 40 ans du film original. Le projet réunit l’équipe d’origine : Guest, McKean, Shearer, Reiner himself. Et dans le sillage du revival culturel permanent, Tap se relance comme s’ils n’avaient jamais raccroché les guitares.

Le pitch ? Le groupe se reforme pour un ultime concert hommage à leur ancien manager.
Une occasion de revisiter leurs propres clichés, de faire un pied-de-nez à la nostalgie, et de moquer le rock actuel autant que le passé.

Un défi générationnel

Mais le retour de Spinal Tap, c’est aussi une mise en abyme de la mémoire rock.
Aujourd’hui, le rock est en retrait, dominé par le hip-hop, la pop et les algorithmes. Le come-back de Tap, c’est un peu celui de vieux dinosaures dans un monde de TikTok et d’autotune.
Et c’est justement là où ça devient fascinant :

  • Comment satire-t-on un monde où le réel est déjà absurde ?

  • Comment moque-t-on une industrie où des influenceurs ont remplacé les groupies ?

  • Tap peut-il encore être pertinent, ou va-t-il se parodier lui-même ?

 

Entre nostalgie et modernité

Ce Spinal Tap II sera un test ultime.
Soit un film qui prouve que l’idiotie musicale est éternelle, soit un clin d’œil trop tardif, victime de son propre culte. Mais à en croire les déclarations des créateurs, ils comptent remettre les pieds dans le feu sacré, tout en modernisant la formule.
On parle déjà de participations de vrais groupes contemporains, d’un hommage visuel au style “vlogumentary” moderne, et de gags musicaux adaptés aux nouvelles plateformes.

Le groupe Tap reviendrait donc avec ses amplis réglés sur 11… mais en streaming 4K.

Conclusion

Plus qu’un film, This Is Spinal Tap est un monument. Un manifeste de l’absurde, une dissection du rock en slip de cuir, un chef-d’œuvre involontairement prophétique. Il a transformé l’échec en succès culte, l’impro en style cinématographique, la moquerie en hommage. En 1984, il riait de la vanité des musiciens ; en 2025, il rira peut-être de la vanité des réseaux. Ce qui est certain, c’est qu’il a ouvert une brèche dans la culture rock, et que cette brèche ne s’est jamais refermée.

FAQ longue

1. Pourquoi This Is Spinal Tap est-il considéré comme le premier mockumentary moderne ?
Parce qu’il a défini les codes : caméra subjective, faux interviews, situations absurdes filmées avec le sérieux d’un documentaire BBC. Avant lui, le genre n’existait presque pas dans le grand public. Spinal Tap a prouvé qu’on pouvait se moquer d’un sujet en l’imitant parfaitement, sans jamais briser le quatrième mur. Cette rigueur dans le faux a donné naissance à tout un pan du cinéma et de la télévision, de The Office à Borat, en passant par Parks and Recreation. Il reste la matrice.

2. Est-ce que les musiciens de Spinal Tap sont de vrais musiciens ?
Oui, et pas des moindres. Christopher Guest, Michael McKean et Harry Shearer jouent tous de leurs instruments, composent et chantent. Ils ont une réelle expérience scénique, ce qui rend leur performance crédible et impressionnante. Leurs prestations live sont techniquement solides, avec un humour digne des plus grands comédiens. C’est cette double compétence qui donne à Spinal Tap son réalisme déconcertant.

3. Quel est l’impact du film sur la musique metal et hard rock ?
Spinal Tap est à la fois un miroir déformant et une source d’inspiration. Il a mis en lumière les excès du genre tout en l’embrassant avec affection. Beaucoup de groupes se reconnaissent dans les situations du film. Certains le citent comme un avertissement, d’autres comme un hommage. Il a aussi aidé le metal à se détendre, à rire de lui-même. Ce n’est pas un hasard si des festivals comme le Hellfest ou le Wacken l’évoquent souvent.

4. Comment le film a-t-il influencé la culture populaire au sens large ?
Des centaines de références, citations et hommages circulent depuis 1984. La phrase “These go to eleven” est devenue proverbiale. Le concept de Spinal Tap est devenu un standard : un mètre-étalon du ridicule contrôlé. On retrouve des allusions dans les séries, les publicités, les vidéos YouTube. Le film a dépassé son propre cadre pour s’infiltrer partout où l’on parle d’exagération, d’ego et de musique.

5. Pourquoi certaines personnes croient-elles encore que Spinal Tap est un vrai groupe ?
Parce que tout est fait pour entretenir l’illusion : les albums, les concerts, les apparitions publiques, les tournées. Le groupe joue en live, en costumes, avec une mise en scène crédible. Ils ne brisent jamais le personnage. Et comme l’absurde du film colle à la réalité du rock, il est parfois difficile de faire la différence. C’est l’un des plus grands tours de magie du cinéma.

6. Quels sont les meilleurs moments du film selon les fans ?
Parmi les scènes les plus cultes : le Stonehenge miniature, les batteurs morts mystérieusement, l’ampli à “11”, les sandwichs impossibles à plier, l’album noir rejeté par le label, et le concert où ils se perdent dans les coulisses. Chaque scène est une perle de non-sens. Le film est une suite de sketches déguisés en documentaire, où chaque moment peut devenir une référence culte.

7. Pourquoi le film a-t-il échoué au box-office initialement ?
Le public ne savait pas comment le prendre. Il n’y avait pas de stars reconnues, et la frontière entre fiction et réalité était trop fine. Beaucoup ont cru que c’était un documentaire raté, d’autres qu’il se moquait trop du rock. Il a fallu plusieurs années de projections cultes, de rediffusions et de VHS pour qu’il atteigne son statut de film-culte. Il n’a jamais eu besoin du box-office pour s’imposer.

8. Y a-t-il eu des suites ou projets avortés avant Spinal Tap II ?
Oui, plusieurs projets ont été envisagés au fil des années : une série télé, une nouvelle tournée, un faux biopic. Certains concerts ont été filmés et montés comme des documentaires bonus. Mais aucun projet n’a vraiment pris jusqu’à l’annonce officielle de Spinal Tap II. Le défi était de ne pas gâcher le mythe en surfant trop dessus. D’où la prudence des créateurs avant de relancer la machine.

9. Quelle est la place de Rob Reiner dans la réussite du film ?
Reiner, en plus de réaliser, incarne le documentariste Marty DiBergi. Sa direction est fondamentale : il donne un cadre sérieux à une folie improvisée. Son œil de réalisateur apporte la cohérence visuelle et le rythme comique. Il comprend le genre qu’il parodie, mais il le respecte aussi. C’est sa distance bienveillante qui permet au film d’être drôle sans être moqueur gratuitement.

10. Comment le film s’inscrit-il dans l’histoire du cinéma rock ?
Il est un pivot. Avant lui, les films rock étaient souvent hagiographiques (The Last Waltz, Tommy). Spinal Tap brise cette posture. Il montre le ridicule, l’absurde, le tragique du rock. Et il le fait sans filtre. Il a ouvert la voie à d’autres œuvres critiques, plus lucides, plus drôles. Il est à la fois satire et hommage. Et ça, aucun autre film n’a su le faire avec autant d’élégance chaotique.