Smith-Kotzen : Black Light / White Noise

par | 18 Juil 2025 | CHRONIQUES

⏱ Temps de lecture : 4 min

4/5  ⭐️⭐️⭐️⭐️

Il suffit parfois d’une note pour que tout bascule. Une note saturée, qui fuse comme une étincelle sur les cordes d’une Fender chauffée à blanc… et voilà que l’univers se réveille. Smith/Kotzen ne font pas dans la demi-mesure : leur nouvel album Black Light / White Noise est une déflagration contrôlée, une œuvre puissante, libre et incandescente… née de la rencontre entre deux titans du rock. Un album comme une carte postale brûlante envoyée depuis les terres du classic rock, à lire les amplis à fond et l’âme ouverte. Deux flammes se croisent… Le riff devient horizon… Et l’ombre s’illumine.

 

Smith-Kotzen : Black Light / White Noise

Smith-Kotzen : Black Light / White Noise

 

Smith/Kotzen : Deux mondes, une même flamme

D’un côté, Adrian Smith, guitariste légendaire d’Iron Maiden, pilier du heavy metal britannique depuis les années 80. De l’autre, Richie Kotzen, virtuose américain au parcours aussi éclectique que flamboyant : Poison, Mr. Big, The Winery Dogs… et une carrière solo jalonnée de plus de 20 albums. Deux géants, deux voix, deux âmes de guitar heroes qui se rencontrent à Los Angeles, portés par une passion commune pour le rock viscéral, le blues incandescent et les harmonies vocales qui brûlent la nuit.

Richie Kotzen, c’est cette voix rauque et saturée, proche du timbre de feu Chris Cornell, qui vous arrache le cœur pour mieux le recoudre. C’est aussi un jeu de guitare aux doigts, sans médiator, qui mêle blues, soul, jazz et hard rock avec une fluidité déconcertante. Il cite Hendrix, Stevie Ray Vaughan, Prince et Coltrane parmi ses influences, mais c’est surtout son instinct brut qui fait la différence.

Tout commence par des jam sessions entre potes, à reprendre du Free, Humble Pie ou Bad Company. Puis vient l’idée : et si on écrivait nos propres morceaux ? Smith rêvait depuis longtemps d’un album blues-rock, Kotzen maîtrisait ce langage comme personne. Le duo se forme, et l’alchimie est immédiate. Pas de calcul, juste du feeling pur, du respect mutuel, et une envie de faire parler les guitares et les tripes.

 

Smith-Kotzen : Black Light / White Noise

Smith-Kotzen : Black Light / White Noise

 

Black Light / White Noise : le choc des titans

Le deuxième album du duo, enregistré à The House à Los Angeles, est une déflagration émotionnelle. Les riffs sont lourds, les solos ciselés, les voix s’entrelacent comme deux flammes dans la nuit. On pense à Cream, à Thin Lizzy, à Deep Purple, mais aussi à Soundgarden ou Audioslave dans les moments les plus sombres. Ce disque ne s’écoute pas, il se vit. Il vous prend par les tripes, vous secoue, vous embrase et vous rappelle pourquoi le rock est une religion, une révolte, une caresse et une claque. C’est du rock incandescent, du blues électrique, du classic rock réinventé. Chaque morceau est une décharge émotionnelle, chaque solo une incantation, chaque ligne de chant une confession rugissante.

 

Plongée dans les titres

  • Muddy Water : Ouverture magistrale, entre groove bluesy et envolées hard rock. On y sent l’héritage Maiden dans la structure, mais avec un twist boogie façon Mr. Big. Le riff est épais, la production massive, et l’ambiance moite comme un bayou sous orage.
  • White Noise : Hymne moderne sur la saturation numérique. Les paroles dénoncent le brouhaha des réseaux, la perte de soi dans le flux. Le riff est sludge, les solos ZZ Top-esque, et le refrain claque comme une vérité qu’on n’ose plus dire.

 

 

 

  • Black Light : Une descente dans les illusions, portée par un groove 70s à la Deep Purple. Les paroles évoquent les masques sociaux, les vérités cachées sous les apparences. Le morceau est mystique, presque ésotérique, et les guitares y brillent comme des éclairs dans la nuit.
  • Darkside : Ballade folk-blues à la Bad Company, avec une intro acoustique et des percussions discrètes. C’est le morceau du crépuscule, celui qui vous prend par la main pour vous emmener là où le rock devient confession.
  • Life Unchained : Faux calme, vraie tempête. L’intro évoque les films des années 80, mais le morceau explose en un uppercut punk-rock, avec un beat ravageur et des guitares qui mordent.
  • Wraith : Fantôme sonore, fusion entre Judas Priest et Maiden. Effets de guitare tremblants, chorus puissant, et une ambiance spectrale qui vous hante longtemps après l’écoute.
  • Beyond the Pale : Clôture majestueuse, ballade de sept minutes qui vous laisse à nu. C’est le morceau de l’âme, celui qui respire, qui pleure, qui espère. Une sorte de Pink Floyd moderne, porté par des harmonies vocales sublimes et des solos qui semblent flotter dans l’éther.

 

Black Light / White Noise est plus qu’un simple album : c’est un manifeste électrique, une ode à ce que le rock peut encore dire quand il ose redevenir instinctif. Smith/Kotzen ne cherchent ni l’exploit technique ni l’effet de mode — ils cherchent la vibration originelle, celle qui fait trembler les murs, qui allume les cœurs, qui reconnecte aux étoiles. Et lorsqu’ils s’éloignent sur les dernières notes de Beyond The Pale, on ne les entend pas partir : on les ressent encore, comme le bourdonnement d’un ampli dans le silence retrouvé. C’est dans cette résonance post-écoute, dans ce frisson qui demeure, que réside la vraie magie du duo : celle de raviver la flamme, encore et toujours.

 

Smith/Kotzen