Slash, alias Saul Hudson, n’est pas qu’un top hat vissé sur la tête et une Les Paul qui hurle dans un Marshall Silver Jubilee. Du Whisky à Go Go à Melrose — entre Retail Slut et Leathers & Treasures — de Guns N’ Roses à Velvet Revolver, il traîne derrière lui une valise d’histoires que peu connaissent vraiment. Derrière les riffs immortels de “Sweet Child o’ Mine” et “November Rain”, il y a un môme né à Hampstead, élevé entre Stoke-on-Trent et L.A., marqué par sa mère styliste Ola Hudson, son père graphiste Anthony Hudson et un parrain d’adoption nommé Seymour Cassel. Entre une guitare “fausse” signée Kris Derrig, des pickups Seymour Duncan, une cardiomyopathie qui a failli l’envoyer au cimetière, une passion malsaine pour les reptiles et un come-back à 584 millions de dollars avec le Not in This Lifetime… Tour, voici 10 révélations sourcées qui redonnent chair au mythe Slash.

Axl Rose-guns and roses
1. De Saul Hudson à Slash : l’origine du surnom
Avant d’être la silhouette de cuir et de boucles derrière Guns N’ Roses, il était juste Saul Hudson, gamin anglo-américain trimballé de Hampstead à Los Angeles. Sa mère, Ola Hudson, habillait David Bowie ; son père, Anthony Hudson, dessinait des pochettes pour Geffen. Et au milieu de ce cirque arty, un acteur légendaire, Seymour Cassel, l’appelait toujours “Slash”. Pourquoi ? Parce que le gamin filait partout, “slashing” de conversation en conversation comme un hyperactif de 10 ans branché sur AC. Le surnom est resté. Plus fort que son passeport, plus vrai que son prénom.
Ce petit détail change tout : Slash n’est pas un pseudo fabriqué par un label, mais un surnom collé à la peau par la bohème hollywoodienne. Déjà une aura, déjà un totem.
2. Le top hat : volé ou bricolé ?
C’est son symbole. Un top hat noir, piqué d’un foulard ou d’une croix argentée, qui lui cache la moitié du visage. Mais d’où sort-il ? Deux versions circulent :
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Version romantique : en 1985, il entre chez Retail Slut sur Melrose Avenue, chope un chapeau haut-de-forme, file chez Leathers & Treasures pour une ceinture de conchos mexicains, et assemble le tout pour son premier concert avec Guns.
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Version slashienne : il l’a carrément volé. Il l’a avoué lui-même dans des interviews : “Je l’ai shoplifté, j’avais besoin d’un look et pas une thune.”
Dans les deux cas, le résultat est là : une icône visuelle. Comme Angus et son uniforme, comme Lemmy et son chapeau de cowboy. Le top hat est devenu son masque, son armure. Et avouons-le, sans ce chapeau, Slash n’aurait jamais eu cette aura de hors-la-loi élégant.

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3. La Gibson qui n’en était pas une
Quand on dit “Slash, Les Paul Sunburst”, on imagine qu’il joue sur une Gibson de 1959. Faux. Sur Appetite for Destruction, son arme fatale était une réplique construite par Kris Derrig, un luthier discret de Los Angeles. Derrière l’apparence d’une Burst ’59 se cachait un faux, équipé de Seymour Duncan Alnico II Pro.
Résultat ? Un son plus doux, plus chantant, moins agressif que la Les Paul Standard de série. Et c’est ce son-là qui a gravé dans le marbre “Welcome to the Jungle”, “Paradise City” et bien sûr le solo de “Sweet Child o’ Mine”. Ironie absolue : la guitare qui a vendu 30 millions d’albums n’était même pas une Gibson. Comme quoi, dans le rock, la vérité est toujours un peu trafiquée.
4. Slash face à la mort : la cardiomyopathie qui l’a cloué
On a tendance à voir Slash comme un immortel : un mec qui survit à tout, drogues, alcools, tournées interminables, nuits sans sommeil, femmes, groupies, excès en tout genre. Mais en 2001, la réalité lui tombe dessus comme un Marshall qu’on lâcherait du troisième étage. Diagnostic brutal : cardiomyopathie congestive, autrement dit un cœur qui lâche.
Les médecins lui donnent… quelques semaines. Pas des années, pas des mois. Des semaines. Le pronostic était aussi sec qu’un solo joué à la vodka : si tu continues, t’es mort. À force de coke, de Jack Daniel’s et de clopes, son muscle cardiaque ressemblait plus à un vieux cuir fendu qu’à une pompe à sang. On lui implante un défibrillateur. Autant dire un avertissement version électrochoc.
La légende raconte qu’il n’a pas levé le pied tout de suite. Qu’il a continué à tirer sur la corde, persuadé qu’il pouvait rouler plus vite que la Faucheuse. Mais en 2006, quand il devient père, il prend enfin le virage. Sobriété, discipline, hygiène de vie plus carrée. Ça ne l’a pas rendu lisse, mais ça l’a sauvé.
Ce détail, peu de fans le réalisent : le mec qui grimpe sur scène en 2016 pour le Not in This Lifetime… Tour, c’est un miraculé. Sans la médecine et sans ce défibrillateur, il n’aurait jamais eu l’occasion de recoller avec Axl Rose, de rejouer devant 5,3 millions de fans, ni de générer 584 millions de dollars de recettes. Le Slash 2.0 est un survivant. Un type qui a littéralement échappé à son épitaphe pour mieux jouer son propre requiem, guitare en main.
Et quand tu l’écoutes jouer aujourd’hui, tu sens cette rage. Comme si chaque note était un rappel : “Je devrais être mort, mais je suis encore là, alors prenez ça dans la gueule.”
5. La collection de guitares & le mystère Kris Derrig
On associe instinctivement Slash à une Gibson Les Paul Standard. Pourtant, son arsenal est un labyrinthe de bois, de vernis et de mythes. Sa guitare la plus célèbre — celle qui a pondu le son d’Appetite for Destruction — n’était pas une Gibson mais une réplique artisanale signée Kris Derrig. Ce luthier discret a fabriqué à Los Angeles, au milieu des années 80, une série de copies parfaites de Burst 1959. Slash en a hérité une, montée avec des Seymour Duncan Alnico II Pro, et c’est ce couple guitare/pickups qui a figé à jamais son “chant de serpent” électrique.
Mais Slash ne s’est pas arrêté là. Au fil des ans, il a collectionné :
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des Les Paul Custom blanches (souvent accordées un ton plus bas),
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des B.C. Rich Mockingbird (utilisées dans ses débuts avec Road Crew),
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des Guild Crossroads doubleneck (pour remplacer la SG d’un certain Jimmy Page sur les titres à 2 manches),
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une ES-335 en studio pour ses teintes blues,
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et surtout, des dizaines de signature models créés en collaboration avec Gibson et Epiphone.
Slash est aujourd’hui l’un des rares guitaristes à avoir une gamme complète de signatures Gibson (Standard, Appetite, Victoria, Anaconda, etc.), preuve que son nom vend autant que son jeu.
La beauté du truc ? Même lui s’y perd. Dans certaines interviews, il avoue qu’il ne sait plus combien de guitares dorment dans ses flight cases. Comme un collectionneur qui n’aurait jamais fini son musée, mais qui continue d’acheter des pièces “au cas où”.

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6. Ses jours sombres : alcool, drogues, rechutes
Si le rock est un cliché de seringues et de bouteilles vides, Slash en est le poster boy. Les années 80 et 90 ont été une spirale infernale : alcool au litre, cocaïne en perfusion, héroïne en cachette. Son autobiographie détaille des épisodes sombres : hallucinations de nains maléfiques qui le poursuivaient dans les hôtels, crises de parano, overdoses répétées…
À une époque, il enchaînait tellement de lignes de coke qu’il s’était fait installer un oxygénateur dans sa chambre d’hôtel pour réussir à respirer. À une autre, il s’est réveillé dans une cage à singes d’un zoo après une nuit trop arrosée. Anecdote ? Légende ? Dans l’univers de Slash, les deux se confondent.
La drogue ne lui a pas seulement coûté sa santé. Elle a explosé ses relations dans Guns N’ Roses, précipité la fin de la première ère du groupe et compliqué la suite. Avec Velvet Revolver, il replonge. Sobriété, rechute, sobriété encore. Un cycle infernal, jusqu’à ce que la peur de mourir — et la responsabilité d’être père — finissent par l’ancrer dans une discipline plus stricte.
Aujourd’hui, il affiche une sobriété durable. Mais il ne cache pas son passé : il le raconte même comme une part de son identité. Sans ces excès, dit-il, il n’aurait peut-être pas eu cette rage au bout des doigts.
Les guitares emblématiques de Slash
Modèle | Particularité | Période / Album |
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Kris Derrig Les Paul Replica | Réplique ’59 + Seymour Duncan Alnico II Pro | Appetite for Destruction |
Gibson Les Paul Standard | Multiples signatures officielles | Années 90 → aujourd’hui |
B.C. Rich Mockingbird | Premier groupe Road Crew | Avant Guns N’ Roses |
Guild Crossroads doubleneck | Titres nécessitant 2 manches | Tournées 90s |
Gibson EDS-1275 (SG double) | Référence à Jimmy Page, utilisées sur certaines balades | Live années 2000 |
Gibson ES-335 | Couleurs blues, prises studio | Divers enregistrements solos |
7. L’aventure Snakepit, Velvet Revolver & les autres vies de Slash
Après l’implosion de Guns N’ Roses dans les années 90 (ego clash avec Axl, drogue, chaos permanent), Slash refuse de raccrocher. Premier plan B : Slash’s Snakepit. Formé en 1994 avec Matt Sorum et Gilby Clarke, le groupe balance It’s Five O’Clock Somewhere (1995). Un disque bluesy, gras, taillé pour les bars enfumés plus que pour MTV. Slash dira plus tard : “C’était juste une excuse pour continuer à jouer quand GNR n’existait plus vraiment.” Résultat : 1 million d’exemplaires vendus, et une petite tournée underground.
Quelques années plus tard, il retente avec un deuxième Snakepit (2000, Ain’t Life Grand), mais le projet s’essouffle. Pas assez de structure, pas assez de label derrière. Slash lui-même avoue que c’était plus un exutoire qu’un groupe solide.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 2002, Dave Kushner, Matt Sorum, Duff McKagan et Scott Weiland (ex-Stone Temple Pilots) s’unissent à lui pour monter Velvet Revolver. Jackpot : Contraband (2004) cartonne, se place numéro 1 au Billboard, décroche un Grammy. “Slither” et “Fall to Pieces” deviennent des hymnes de la décennie. Velvet Revolver, c’est un Guns N’ Roses 2.0 : même rage, même attitude, mais sans Axl.
Le groupe tiendra à peine 7 ans, bouffé par les addictions de Scott Weiland et les tensions internes. Mais Slash n’a jamais cessé de jouer. Il enchaîne :
Puis arrive son partenariat durable avec Myles Kennedy & The Conspirators, amorcé en 2010. Avec eux, Slash retrouve une stabilité. Albums réguliers, tournées solides, un son plus carré. Pas de drame, pas de chaos, juste du riff. Comme une respiration après trois décennies de tempêtes.
8. Slash gamin prodige : Appetite à 20 ans
Quand on parle d’Appetite for Destruction (1987), on a tendance à oublier un détail : Slash avait à peine 21 ans quand il a enregistré l’album le plus vendu de l’histoire du hard rock (30 millions d’exemplaires). Un môme, un gosse encore collé à ses fringues de seconde main, mais déjà maître de son instrument.
La légende veut que le riff de “Sweet Child o’ Mine” soit né comme une blague, une suite de notes jouées pendant une répétition pour faire marrer Izzy Stradlin et Duff McKagan. Axl Rose a sauté dessus et écrit l’un de ses plus grands textes. Résultat : un single qui explose sur MTV, un solo qui devient un mème avant l’heure.
Slash avait cette insouciance : pas de plan de carrière, pas de stratégie. Juste un instinct. Sa façon de tirer sur les cordes, de glisser entre blues et hard, c’était du brut. Et ce brut, capté à 20 ans, a changé la trajectoire du rock mondial.
Imagine : à l’âge où la plupart galèrent à finir leurs études ou à trouver un job, lui pond un disque qui détruit les charts et propulse un groupe de junkies de Sunset Strip au rang de dieux vivants. Pas étonnant que les excès aient suivi. Quand t’as 20 piges et que tu deviens l’icône mondiale du rock, comment veux-tu garder les pieds sur terre ?
Slash : chronologie des groupes et projets
Année | Projet / Groupe | Rôle | Album marquant |
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1985 | Guns N’ Roses | Guitariste lead | Appetite for Destruction (1987) |
1994 | Slash’s Snakepit (v1) | Fondateur, guitariste | It’s Five O’Clock Somewhere (1995) |
2000 | Slash’s Snakepit (v2) | Fondateur, guitariste | Ain’t Life Grand (2000) |
2002 | Velvet Revolver | Cofondateur, guitariste | Contraband (2004) |
2010 | Slash feat. Myles Kennedy & The Conspirators | Leader, guitariste | Apocalyptic Love (2012) |
2016 | Guns N’ Roses (reformation) | Guitariste lead | Not in This Lifetime… Tour |
9. Slash, les reptiles, le ciné et Guitar Hero : l’autre face du mythe
Quand il ne gratte pas une Les Paul, Slash vit comme un collectionneur de bizarreries. Sa passion la plus connue : les reptiles. Dans les années 90, il gardait une ménagerie improbable chez lui à L.A. — serpents, iguanes, caméléons. Au point d’avoir transformé son salon en mini-jungle. La légende veut que certaines répètes de Guns se soient faites entourées de boas. Pas très rassurant quand tu dois accorder ta basse avec un python sous la table basse.
Cette obsession s’est prolongée plus tard quand il est devenu trustee du Los Angeles Zoo (GLAZA). Il y a bossé avec la regrettée Betty White, organisant des événements caritatifs pour sauver les animaux. Rocker badass le soir, mécène animalier le matin. Un contraste qui résume bien le personnage.
Slash a aussi fait des caméos au cinéma (This Is Spinal Tap version docu, Private Parts avec Howard Stern, ou même Rock Star), prêtant parfois sa voix ou sa guitare à des BO. On le croise aussi dans des séries animées, notamment Phineas and Ferb, preuve qu’il aime rire de sa propre caricature.
Et puis, il y a le jeu vidéo : Guitar Hero III. Sorti en 2007, le jeu propulse Slash en avatar jouable, immortalisant son look dans la pop culture mainstream. Pour des gamins qui n’avaient jamais entendu Appetite for Destruction, il devient soudain la rockstar à battre dans leur salon. Résultat : une nouvelle génération le découvre par la manette avant même d’aller fouiller ses vinyles.
10. Slash le réparateur de riffs : collaborations inattendues
Si Axl Rose est l’ego, Slash est la guitare de location des années 90-2000 : tu l’appelles quand ton morceau manque de feu. Sa liste de collaborations est un carnet d’adresses hallucinant.
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Avec Michael Jackson : “Give In to Me” (1991), sur Dangerous. Ambiance sombre, riff menaçant, solo qui lacère la pop de MJ. Sur scène, il l’accompagne sur “Black or White”, mais n’a pas joué sur l’enregistrement studio (mythe débunké).
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Avec Lenny Kravitz : sur “Always on the Run” (1991), Slash pond un riff funky-blues qui redonne à Kravitz un vrai souffle rock.
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Avec Iggy Pop : il colle des leads sur “Brick by Brick” (1990).
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Avec Ozzy Osbourne : il apparaît sur Scream (2010), et Ozzy dit de lui qu’il “joue comme s’il pissait du feu”.
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Avec Motorhead et Lemmy : jam sessions légendaires, immortalisées sur divers bootlegs.
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Avec Fergie (oui, des Black Eyed Peas !) : il l’invite sur “Beautiful Dangerous” (2010), prouvant qu’il sait sortir des sentiers du hard rock.
Slash a ce rôle rare : il est le mec que tout le monde appelle quand il faut un solo qui arrache mais qui reste lisible. Pas du shred démonstratif à la Steve Vai, pas de la vitesse pure, mais une mélodie. Ses solos chantent, se retiennent, collent à la peau des chansons.
Les collaborations cultes de Slash
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Michael Jackson – “Give In to Me” (1991)
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Lenny Kravitz – “Always on the Run” (1991)
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Iggy Pop – “Brick by Brick” (1990)
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Ozzy Osbourne – Scream (2010)
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Motorhead – Jam sessions avec Lemmy
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Fergie – “Beautiful Dangerous” (2010)
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Ray Charles Tribute – invités multiples, Slash en guest guitariste
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Rihanna (live) – apparition surprise sur “Rockstar 101”
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Carole King Tribute – participation improbable
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Guitar Hero III – avatar et musique intégrée
Conclusion
Slash est plus qu’un guitariste. C’est une silhouette découpée dans la fumée, une ombre coiffée d’un top hat qui a traversé toutes les tempêtes — drogues, overdoses, egos brisés, morts annoncées. Il a survécu à lui-même, à Axl Rose, aux modes, aux décennies. Derrière le mythe, il y a un homme cabossé, un survivant, un passionné de reptiles, un gamin de 20 ans qui a gravé dans le marbre Appetite for Destruction et un père qui a dû apprendre à vivre avec un défibrillateur dans le cœur.
Son histoire, c’est celle d’un musicien qui refuse la mort, refuse l’oubli, refuse la redite. Chaque solo est un doigt d’honneur au destin, chaque collaboration un nouveau chapitre. Slash, c’est l’éternel “riff doctor” du rock : celui qui guérit les chansons avec une note juste.
La prochaine fois que tu entends “Sweet Child o’ Mine” ou “November Rain”, souviens-toi : ce n’est pas juste un guitar hero. C’est un miraculé, un collectionneur d’ombres et de serpents, un type qui a volé son chapeau et a quand même fini au Panthéon du rock.
FAQ
1. Pourquoi Slash porte-t-il toujours un top hat sur scène ?
Le top hat est devenu sa signature dès 1985. Selon Slash, il a été volé dans une boutique Retail Slut à Los Angeles, avant d’être customisé avec une ceinture de conchos de Leathers & Treasures. Au-delà du style, ce chapeau lui permettait de cacher son visage, de combattre sa timidité et de créer une silhouette immédiatement reconnaissable. Avec le temps, l’accessoire est devenu une véritable armure scénique. Aujourd’hui, impossible de séparer Slash de son chapeau : il fait partie de sa mythologie visuelle, au même titre que ses cheveux bouclés et sa Les Paul.
2. Quelle guitare a vraiment été utilisée sur Appetite for Destruction ?
Contrairement à la légende, Slash n’a pas enregistré avec une Gibson Les Paul originale de 1959. Sa guitare fétiche à l’époque était une réplique signée Kris Derrig, luthier de Los Angeles. Cette fausse Les Paul était équipée de micros Seymour Duncan Alnico II Pro, qui donnaient un son chaud, chantant et reconnaissable entre mille. C’est avec cette guitare que sont nés les riffs et solos de “Sweet Child o’ Mine”, “Welcome to the Jungle” et “Paradise City”. Ironie du sort : l’album qui a fait vendre des millions de Gibson a en réalité été joué sur une guitare artisanale non officielle.
3. Slash a-t-il vraiment failli mourir à cause de ses excès ?
Oui. En 2001, les médecins diagnostiquent chez lui une cardiomyopathie congestive sévère, conséquence directe de ses excès d’alcool et de drogues. Son pronostic vital était si critique qu’on lui donnait à peine quelques semaines à vivre. On lui implante alors un défibrillateur pour stabiliser son cœur. Malgré tout, Slash continue à jouer, mais cet épisode marque un tournant. Avec la naissance de son fils en 2002, il entame une sobriété durable. Depuis, il n’a cessé de rappeler qu’il doit sa survie autant à la médecine qu’à sa volonté de changer de mode de vie.
4. Quelle est la relation entre Slash et Michael Jackson ?
Slash a collaboré plusieurs fois avec Michael Jackson dans les années 90. On l’entend notamment sur “Give In to Me” (1991, Dangerous), où il livre un solo sombre et tranchant. En live, il accompagnait MJ sur des titres comme “Black or White” et “Dirty Diana”. Cependant, contrairement à une idée reçue, Slash n’a pas joué sur l’enregistrement studio de “Black or White”. Leur relation était avant tout professionnelle et amicale : deux icônes qui savaient qu’ensemble, ils pouvaient électriser la scène mondiale.
5. Quelle a été la période la plus sombre de Slash ?
Les années 90, après l’explosion de Guns N’ Roses, ont été particulièrement destructrices. Slash plonge dans un cycle infernal : héroïne, alcool, coke. Il raconte dans son autobiographie des hallucinations, comme la vision de petits gnomes malveillants qui le poursuivaient dans ses hôtels. Il est victime de plusieurs overdoses et vit des épisodes de parano extrême. Sa vie se résumait à survivre entre deux shoots et deux concerts. C’est cette descente aux enfers qui précipitera la fin de la première ère de Guns N’ Roses et qui le poussera à se reconstruire dans les années 2000.
6. Slash est-il vraiment un passionné de reptiles ?
Absolument. Slash a élevé pendant des années des serpents, lézards et iguanes dans sa maison de Los Angeles. Son amour pour les animaux l’a conduit à s’impliquer auprès du Los Angeles Zoo, dont il est devenu trustee (administrateur). Il a même travaillé avec Betty White sur des programmes de conservation. Cet aspect contraste fortement avec son image de rockstar décadente : derrière le chapeau et la fumée, il y a un amoureux des bêtes prêt à se battre pour leur protection.
7. Quelle est la particularité du son de Slash ?
Le son de Slash repose sur un trio magique : une Les Paul Standard (ou sa réplique Derrig), des micros Seymour Duncan Alnico II Pro, et un ampli Marshall Silver Jubilee. Ce combo donne un grain chaud, rond, mais capable de rugir quand il pousse le volume. Contrairement à beaucoup de guitaristes metal, Slash ne mise pas sur la saturation extrême mais sur la dynamique et la mélodie. Ses solos sont construits comme des chansons dans la chanson : mémorisables, chantants, capables de rester dans la tête des fans comme un refrain.
8. Quelle est la collaboration la plus improbable de Slash ?
On pense immédiatement à sa collaboration avec Fergie (ex-Black Eyed Peas). Sur “Beautiful Dangerous” (2010), Slash joue un riff lourd pendant que Fergie chante avec une agressivité inattendue. Le mélange hard rock / pop urbaine a surpris les fans, mais a montré la capacité de Slash à s’ouvrir à d’autres genres. Slash a également fait des apparitions avec Rihanna (“Rockstar 101”) ou encore lors de concerts caritatifs aux côtés d’artistes de la soul et du jazz, prouvant que sa guitare peut s’adapter à presque tous les univers.
9. Comment s’est passée la reformation de Guns N’ Roses en 2016 ?
La reformation de Guns N’ Roses en 2016, baptisée Not in This Lifetime… Tour, est un miracle autant qu’un triomphe. Après plus de 20 ans de rupture avec Axl Rose, Slash revient dans le line-up avec Duff McKagan. Résultat : 158 dates, 5,37 millions de spectateurs et 584,2 millions de dollars de recettes, ce qui en fait l’une des tournées les plus lucratives de l’histoire selon Billboard Boxscore. Pour les fans, c’était l’accomplissement d’un fantasme : revoir le trio Axl-Duff-Slash ensemble sur scène. Pour Slash, c’était aussi une réconciliation avec son passé et une preuve que, malgré tout, la musique restait plus forte que les rancunes.
10. Slash est-il encore pertinent aujourd’hui ?
Oui, et peut-être plus que jamais. À 59 ans, Slash sort encore des albums (Orgy of the Damned, 2024) et continue de tourner avec Myles Kennedy & The Conspirators. Son jeu est resté fidèle à lui-même, mais son aura s’est élargie grâce à sa longévité. De Guitar Hero à TikTok, il est présent dans l’imaginaire des jeunes générations autant que dans celui des vieux fans de hard rock. Il n’est pas un musée vivant, mais un artiste en activité. Le fait qu’il ait survécu à ses excès et continue de créer renforce son statut : Slash n’est pas juste une légende, c’est un survivant actif.