Pourquoi « Once Upon a Time in Hollywood » est un chef-d’œuvre ?

Par La Rédaction
Publié le 9 avril 2025

Imaginons un monde où le rock’n’roll embrasse le cinéma comme un amant perdu, dans les ruelles poussiéreuses d’Hollywood. Là où les palmiers se balancent au rythme de guitares fuzz et où chaque néon crépite comme un souvenir. C’est dans cet univers saturé de nostalgie et de rêves brisés que Quentin Tarantino nous catapulte avec son film « Once Upon a Time in Hollywood », cette fresque déglinguée qui suinte la pellicule et la fin d’un monde.

Mais alors, qu’est-ce qui fait de « Once Upon a Time in Hollywood » un chef-d’œuvre et pas juste un trip cinéphile en mode name-dropping ? Ce n’est pas seulement Brad Pitt torse nu (même si, on ne va pas se mentir, ça aide). C’est bien plus. C’est le tempo lent d’une époque qui s’éteint, c’est le frottement entre le réel et le fantasme, entre la tragédie et la rêverie psychédélique.

 

 

« Once Upon a Time in Hollywood« , c’est une sorte de cadavre exquis hollywoodien : on y glisse des cascades de western, des virées en décapotable, des stars de papier glacé, et un soupçon de Charles Manson à la sauce barbecue. Tarantino ne raconte pas l’histoire, il la réinvente avec panache, avec tendresse, avec une caméra amoureuse de ses personnages et une oreille branchée sur une bande-son d’anthologie.

C’est une œuvre dense, brillante, truffée de clins d’œil et bourrée de significations cachées sous des couches de pellicule vintage, de cendres de Malibu, et de pop culture acidulée.

 

Once Upon a Time in Hollywood - Quentin Tarantino

Once Upon a Time in Hollywood – Quentin Tarantino

« Once Upon a Time in Hollywood » : Une lettre d’amour aux sixties et à l’âge d’or hollywoodien

Reconstitution de Los Angeles 1969 : l’obsession du détail

Tarantino ne recrée pas une époque, il la ressuscite avec une minutie presque maladive. Chaque ruelle, chaque devanture, chaque station-service ou fast-food vintage semble avoir été exhumé des archives d’un studio poussiéreux. Panneaux d’époque, voitures rutilantes, stations de radio au grain analogique, enseignes reconstituées avec amour… tout transpire l’authenticité, la patine, la vérité d’un passé encore vivant.

On navigue dans un Los Angeles pré-Manson, baigné dans une lumière dorée, presque surnaturelle, où les rêves sentent encore le cuir brûlé des sièges auto, la sueur des auditions ratées et la laque fixée sur des coupes brushées. La ville devient un personnage à part entière : elle respire, elle grince, elle attend.

  • Les décors et costumes sont d’une fidélité maniaque. Chaque trottoir, chaque vitrine, chaque affiche de « Once Upon a Time in Hollywood » ou de soda est un morceau d’histoire reconstruit à la main, presque religieusement.
  • La bande sonore, elle, est une machine à voyager dans le temps. Pas de compositions originales. Juste une succession de tubes d’époque, balancés comme s’ils sortaient directement d’un transistor oublié sur la banquette arrière d’une Impala. Des jingles radio, des réclames poussiéreuses, des riffs saturés : tout contribue à plonger le spectateur dans une réalité parallèle ultra-sensorielle.
  • Tarantino ne fait pas qu’illustrer : il enveloppe, il imbibe, il piège le spectateur dans une bulle temporelle.

 

Un jeu de références plus fin qu’un scénario de Scorsese

On ne regarde pas « Once Upon a Time in Hollywood », on le décrypte. On croise dans les couloirs de cette fresque des figures mythiques : Bruce Lee, Sharon Tate, Steve McQueen, Polanski, et d’autres. Tous rejoués comme dans une pièce de théâtre psychédélique, incarnés sans caricature mais avec une distance subtile, presque onirique.

  • Tarantino joue avec les codes : il rend hommage, les tord, les détourne, les retourne contre eux-mêmes. Il ne cherche pas à reproduire fidèlement les figures de l’époque. Il les absorbe, les fond dans sa mythologie personnelle.
  • Les séries télé oubliées, les westerns spaghetti, les spots de chewing-gum, les magazines pulp… Tout devient matière à mise en abyme. Rien n’est gratuit. Chaque détail est un clin d’œil, chaque séquence un puzzle visuel pour cinéphile obsessionnel.
  • C’est un film-archive, un film-fantasme, un film-collage. Un musée vivant de l’imaginaire collectif de cette fin de décennie charnière.

En somme, Tarantino érige une cathédrale du souvenir. Et à travers cette reconstitution, il ne célèbre pas seulement un âge d’or hollywoodien : il interroge notre besoin de le mythifier encore et encore.

 

Once Upon a Time in Hollywood - Quentin Tarantino

Once Upon a Time in Hollywood – Quentin Tarantino

« Once Upon a Time in Hollywood » : Des personnages en pleine crise existentielle sous acide

Rick Dalton : cow-boy en perdition

Rick Dalton, alias Leonardo DiCaprio, c’est l’acteur qui a connu les projecteurs… et les whisky-sodas de trop. Star de séries has-been, il sent le souffle froid d’un Hollywood qui mute. Il n’est plus l’idole d’hier, il n’est pas encore l’oublié de demain. Il flotte dans une sorte de purgatoire cinématographique. DiCaprio livre ici l’une de ses performances les plus vulnérables.

On rit de ses crises d’angoisse, de ses coups de gueule, de ses balbutiements d’acteur paumé. Mais ce n’est pas un clown triste : c’est une bête de plateau blessée. Rick, c’est l’homme qui doute. Celui qui regarde ses anciens rôles en boucle, espérant raviver la flamme du public — ou au moins la sienne. Il est seul face à la caméra, au miroir, au vide qui gronde.

Mais on s’attache à ce symbole de la peur de l’obsolescence. Rick, c’est nous tous, face au changement. Il représente cette partie en nous qui lutte pour rester pertinent, pour mériter encore sa place dans un monde qui ne nous attend plus. Et quand il se ressaisit, quand il sort une scène parfaite, en pleurant presque de fierté et de soulagement, on veut l’applaudir à travers l’écran. Il est l’incarnation même de ce que c’est qu’aimer un métier à en crever.

 

Once Upon a Time in Hollywood - Quentin Tarantino

Once Upon a Time in Hollywood – Quentin Tarantino

Cliff Booth : le cascadeur zen et brutal

Cliff Booth, joué par un Brad Pitt magnétique, c’est l’ombre derrière la lumière. Le type qui conduit, répare, frappe quand il faut. Un homme droit dans ses bottes, même quand le sol tremble. Et quand tout le monde vacille, lui garde les pieds bien ancrés dans la terre battue de la réalité.

C’est un homme de peu de mots, mais de principes. Il ne parle pas beaucoup, mais quand il agit, tout le monde se tait. Il a ce truc animal, instinctif. Cliff est la force tranquille. Il accepte de rester dans l’ombre de Rick, sans jamais le juger, sans jamais se plaindre. Sa relation avec Rick ? Une bromance sincère et touchante, d’une fidélité à l’ancienne. Une fraternité bâtie sur les plateaux, les galères, les routes brûlées par le soleil de Californie.

Cliff, c’est la figure du héros américain old school, celui qu’on n’applaudit pas, mais sans qui rien ne tient debout. Il a un passé trouble, des zones d’ombre qu’on devine sans les éclaircir totalement. A-t-il tué sa femme ? Peut-être. Mais Tarantino ne nous donne jamais de réponse, seulement des indices, comme pour dire que même les types droits ont des fissures.

Cliff vit dans une caravane avec son chien, mange des macaronis au fromage, et vit dans le dénuement le plus total. Mais il n’est pas à plaindre : il est libre. Et c’est peut-être lui, au fond, le véritable héros de « Once Upon a Time in Hollywood ». Celui qui agit sans reconnaissance, sans gloire, mais avec une droiture qui claque comme une gifle dans un monde de faux-semblants.

 

Acteur / Actrice Personnage Description
Leonardo DiCaprio Rick Dalton Acteur de westerns en déclin, star vieillissante en quête de renaissance.
Brad Pitt Cliff Booth Cascadeur fidèle de Rick, coolitude incarnée, passé mystérieux.
Margot Robbie Sharon Tate Actrice montante et lumineuse, voisine de Rick, symbole d’innocence hollywoodienne.
Emile Hirsch Jay Sebring Coiffeur des stars et ami proche de Sharon Tate.
Margaret Qualley Pussycat Jeune hippie intrigante liée à la « famille » Manson.
Timothy Olyphant James Stacy Acteur et collègue de Rick Dalton sur un tournage de série western.
Julia Butters Trudi Fraser Jeune actrice enfant brillante, en tournage avec Rick.
Austin Butler Tex Watson Membre du clan Manson. Charmeur, mais glaçant.
Dakota Fanning Squeaky Fromme Membre radicale et inquiétante de la « famille » Manson.
Bruce Dern George Spahn Vieil homme quasi aveugle propriétaire du ranch où vivent les Manson.
Al Pacino Marvin Schwarz Producteur hollywoodien, un brin mafieux, qui veut relancer Rick Dalton.
Kurt Russell Randy / Narrateur Cascadeur coordinateur… et voix off de luxe.
Mike Moh Bruce Lee Représentation très controversée du maître des arts martiaux.
Damian Lewis Steve McQueen Caméo chic et grinçant.
Nicholas Hammond Sam Wanamaker Réalisateur de séries télé.
Lena Dunham Gypsy Une des figures du clan Manson.

 

 

Once Upon a Time in Hollywood - Quentin Tarantino

Once Upon a Time in Hollywood – Quentin Tarantino

« Once Upon a Time in Hollywood » : Une uchronie brillante, et si tout s’était passé autrement ?

La fin du rêve… ou son début ?

Tarantino, en scénariste-bricoleur de l’Histoire, ne se contente pas de rejouer les événements tragiques qui ont secoué la fin des sixties — il les remixe, les défie, les subvertit avec l’audace d’un gamin qui repeindrait les murs du Louvre à la bombe rose fluo. Le massacre de Sharon Tate ? Il ne s’y plie pas. Il le reprogramme. Il transforme le cauchemar en une comédie noire, sanglante, absurde et profondément jouissive.

Dans cette scène finale délirante, on assiste à l’échec complet du plan macabre des Manson kids. Cliff Booth, chargé comme un cow-boy high au LSD et armé de sa nonchalance brutale, pulvérise la menace dans un ballet ultra-violent et presque cartoonesque. Rick Dalton, de son côté, achève l’œuvre à coup de lance-flammes dans une apothéose qui tient autant du justicier que du cinéaste vengeur. Le résultat ? Une vengeance fantasmatique contre la barbarie réelle, un fantasme qui guérit les cicatrices laissées par l’Histoire.

Et c’est là toute la puissance de cette uchronie : elle ne nie pas le réel, elle le regarde droit dans les yeux, puis elle dit « non ». Non à la fatalité. Non à la glorification morbide. Non au sensationnalisme historique. Tarantino invente une issue parallèle où les victimes échappent au sort funeste que le destin leur avait réservé. Ce n’est plus un film sur la mort, mais sur la survie rêvée.

Il redonne le pouvoir au cinéma. Il montre que la fiction peut être un acte de guérison, une relecture thérapeutique du passé. En réécrivant ce moment-clé de l’histoire américaine, Tarantino se fait le garant d’une mémoire alternative, une mémoire réparatrice, presque sacrée. C’est à la fois provocateur, brillant et terriblement émouvant.

Une catharsis au lance-flammes

Le spectateur est d’abord troublé, puis fasciné. Car cette fin, c’est le fantasme d’un monde où les monstres se font exploser avant d’avoir eu le temps de briser des vies. C’est l’envers d’un trauma collectif. Là où d’autres films se contentent de pleurer les morts, Tarantino imagine un monde où la justice arrive avant le crime, où la fatalité est mise K.O. par une poêle en fonte et un chien bien dressé.

Dans un grand écart stylistique aussi osé que maîtrisé, il convoque l’ultraviolence cartoonesque pour nous soulager d’un poids historique. Il ne cherche pas à exorciser le mal, mais à le faire exploser en vol. À le désamorcer en le ridiculisant, en le pulvérisant, en l’éclaboussant de sang factice et de vengeance cathartique.

Le cinéma devient alors bien plus qu’un miroir. Il devient un outil de réécriture psychique, un territoire de révolte contre l’ordre établi, contre les tragédies gravées dans le marbre. Ce n’est pas juste une fin alternative : c’est une déclaration. Tarantino nous regarde droit dans les yeux et nous dit : « Voilà ce que j’aurais aimé qu’il se passe. » Et en tant que spectateur, on le suit sans hésiter. On jubile. On crie presque : « Oui, putain, c’est comme ça que ça aurait dû se terminer ! »

Parce qu’en fin de compte, cette séquence, c’est bien plus qu’un retournement de situation. C’est une explosion symbolique, une revanche de la douceur sur la barbarie, une manière de dire que parfois, dans les mains d’un cinéaste, le réel peut plier, se courber, et même se réparer. Et rien que pour ça, on a envie d’applaudir.

 

« Once Upon a Time in Hollywood » : Mise en scène, rythme et éclats de génie

Une réalisation en état de grâce

Pas de plan tape-à-l’œil. Pas de montage hystérique. Juste une caméra posée là où il faut, au bon moment. Tarantino laisse les scènes respirer, vivre, se déplier dans le temps et l’espace. Il refuse le cut facile, la surenchère visuelle, le tic de réalisateur qui veut épater la galerie. Il veut qu’on observe, qu’on s’imprègne, qu’on ressente.

  • L’esthétique ? Éclatante, mais jamais tapageuse. On flirte avec la peinture, le tableau mouvant. Chaque cadre semble pensé comme une photographie figée dans le temps, un instantané de nostalgie en haute définition.
  • Les angles sont précis, presque invisibles. Tarantino ne cherche pas à faire remarquer sa caméra, mais à la rendre complice, discrète, infiltrée.
  • La lumière de Robert Richardson baigne chaque plan d’une chaleur crépusculaire. Ce n’est pas de la lumière, c’est du souvenir liquide. Des jaunes profonds, des oranges délavés, des bleus nuit à faire pâlir un tableau d’Edward Hopper. On ne regarde pas : on est enveloppé.

Et ce qui frappe, c’est cette maîtrise du silence et du mouvement. Une voiture qui roule la nuit devient une expérience sensorielle complète. Une marche dans la rue, un plan fixe sur une enseigne de cinéma, un zoom lent sur un visage fatigué… Chaque geste est calibré, mais laisse place au hasard de l’humain.

C’est une mise en scène en état de grâce, mais qui ne s’impose jamais. Elle caresse l’œil plutôt qu’elle ne l’attaque. Elle chuchote à l’oreille du spectateur au lieu de crier. Elle tisse un lien intime entre l’image et celui qui la regarde. Et c’est dans cette douceur maîtrisée que réside la grandeur de « Once Upon a Time in Hollywood ».

Le tempo de la nostalgie

C’est lent. Et c’est voulu. Comme un road-trip qui prend son temps, qui s’attarde sur les paysages, les regards croisés, les souvenirs qui remontent. Le film flâne comme une balade en décapotable sur Sunset Boulevard un soir d’été, les cheveux au vent, la radio qui crache un vieux morceau de Neil Diamond, et le cœur un peu serré sans trop savoir pourquoi.

Tarantino impose une temporalité oubliée. Il étire les scènes. Il laisse la vie s’installer. Il filme les silences comme d’autres filment des explosions. Chez lui, un plan sur une enseigne lumineuse, un arrêt dans un drive-in, un acteur qui répète son texte en solo dans sa piscine… tout devient récit. Tout devient langage.

  • Les silences comptent autant que les dialogues. Ils permettent à la tension d’infuser, à l’émotion de se distiller. Ce ne sont pas des vides, ce sont des pleins feutrés, des respirations pleines de sens.
  • Chaque moment contemplatif est une déclaration d’amour au passé. Un passé peut-être idéalisé, peut-être toxique, mais qui, à travers l’œil de Tarantino, devient une matière à rêver, à reconstruire, à honorer.
  • Le rythme lent permet aussi au spectateur de se connecter émotionnellement avec les personnages. On ne survole pas leur quotidien : on l’habite. On partage leur ennui, leurs doutes, leurs espoirs étouffés.

Ce tempo assumé est un acte de résistance face à l’immédiateté contemporaine. Dans un monde où tout va vite, Tarantino freine. Il ralentit pour mieux faire voir. Il nous force à réapprendre à regarder. Et c’est cette lenteur — faussement anodine — qui transforme l« Once Upon a Time in Hollywood » en expérience sensorielle et mélancolique hors du temps.

Conclusion

« Once Upon a Time in Hollywood » n’est pas seulement un film. C’est un sort jeté sur l’écran. C’est une relecture magique, amère, flamboyante, d’une époque où les rêves étaient diffusés en Technicolor. Tarantino, en vieux bricoleur du cinéma, nous livre ici un objet à la fois mélancolique et jouissif. Une capsule temporelle, un fantasme cinéphile, et surtout un chef-d’œuvre assumé.

Mais c’est aussi, et peut-être surtout, un geste de cinéma pur. Un film qui regarde l’Histoire dans les yeux et qui ose dire : « Et si on avait fait autrement ? » Une œuvre qui refuse la résignation, qui choisit la beauté du geste, même s’il est fictif. Tarantino ne cherche pas à reconstruire le passé : il cherche à le réenchanter. À redonner à l’image son pouvoir de transformation. À montrer qu’un film peut être un acte d’amour, de résistance, de mémoire et de rêve tout à la fois.

Avec ce neuvième long-métrage, le cinéaste ne se contente pas de signer une lettre d’adieu à un monde disparu. Il le ressuscite, le réinvente, le magnifie. Il le peint en grand format, avec humour, tendresse, et cette once de rage élégante qui fait les grands films.

C’est une expérience sensorielle, émotionnelle et cinéphile. Une balade douce et violente à travers les ruines dorées d’un rêve américain. Et une déclaration passionnée à ce qu’Hollywood aurait pu être, si les monstres avaient trébuché.

 

 

Fiche technique du film Once Upon a Time in Hollywood

Élément technique Détails précis et avancés
Titre original Once Upon a Time in Hollywood
Réalisateur et scénariste Quentin Tarantino (9ème film)
Date de sortie 21 mai 2019 (Festival de Cannes),
26 juillet 2019 (États-Unis),
14 août 2019 (France)
Genre(s) Comédie dramatique, film historique, révisionnisme historique
Durée exacte 161 minutes (2h41)
Langue originale Anglais
Lieux de tournage principaux Los Angeles, Californie : Cinerama Dome, Musso & Frank Grill,
Melody Ranch (décors western),
Hollywood Boulevard (reconstitution 1969)
Directeur de la photographie Robert Richardson (Oscarisé 3 fois)
Format de tournage (pellicule) 35 mm Kodak Vision3 200T, 500T
Ratio image 2.39:1 (Cinémascope anamorphique)
Caméras utilisées Panavision Millennium XL2,
Arricam LT/ST,
Objectifs anamorphiques Panavision série C et E
Méthodes de tournage Lumières naturelles et artificielles soigneusement reconstituées,
utilisation extensive du travelling latéral et steadycam,
style visuel vintage et texturé
Montage Fred Raskin,
Montage analogique et numérique, transitions douces, rythme lent et contemplatif
Bande originale Compilation de hits des années 60 (Neil Diamond, Deep Purple, The Rolling Stones),
Extraits de radios vintage (KHJ radio)
Son et Mixage Dolby Digital, DTS, Dolby Atmos (version cinéma)
Budget de production 90 millions de dollars US (hors marketing)
Box-office mondial détaillé 377,4 millions de dollars US (139 millions US, 238,4 millions international)
Casting principal et rôles Leonardo DiCaprio : Rick Dalton (acteur fictif)
Brad Pitt : Cliff Booth (cascadeur)
Margot Robbie : Sharon Tate (actrice réelle)
Al Pacino, Kurt Russell, Dakota Fanning, Timothy Olyphant
Distinctions majeures Oscar 2020 : Meilleur acteur secondaire (Brad Pitt), Meilleurs décors
Golden Globes : Meilleur film comédie, Meilleur scénario (Tarantino), Meilleur acteur secondaire (Pitt)
Références historiques et culturelles Hollywood des années 60, Manson Family,
Assassinat de Sharon Tate (version alternative),
Westerns spaghetti, Bruce Lee, cinéma vintage

 

FAQ

1. Quelle est la signification du titre « Once Upon a Time in Hollywood » ?
Ce titre évoque immédiatement les contes de fées — « Il était une fois… » — mais aussi les westerns de Sergio Leone dont Tarantino est un disciple assumé. C’est un clin d’œil direct à la construction mythologique du cinéma hollywoodien, une manière de dire que ce film est autant un rêve éveillé qu’un hommage déguisé. Il s’agit d’une relecture du passé à travers le prisme du fantasme, de la nostalgie et de la réinvention cinématographique. C’est une manière de raconter que le film n’est pas la réalité, mais une version idéalisée, sublimée, de ce que Hollywood aurait pu être.

2. Pourquoi la fin de « Once Upon a Time in Hollywood » diffère-t-elle de la réalité historique ?
Parce que Tarantino ne cherche pas à être un chroniqueur de l’Histoire, mais un guérisseur symbolique. Le massacre de Sharon Tate a été l’un des actes les plus traumatisants de la culture américaine. En le réécrivant, il ne trahit pas la mémoire des victimes ; il leur rend justice, à sa manière. Il offre un soulagement émotionnel, une possibilité alternative où la violence est stoppée, où l’innocence est préservée, où les monstres sont anéantis. C’est du cinéma comme acte de rédemption, où la fiction corrige les erreurs de la réalité.

3. Quelle est la place de Sharon Tate dans le récit ?
Sharon Tate, incarnée par Margot Robbie, n’est pas simplement un personnage secondaire. Elle est la lumière du film. Elle représente la jeunesse, l’espoir, la douceur, l’innocence. Tarantino choisit volontairement de ne pas la surécrire. Il la montre vivant sa vie, dansant, allant au cinéma, rayonnant. C’est sa manière de dire qu’elle était bien plus que la victime d’un crime : elle était une personne à part entière, une étoile montante, une âme solaire. Le film la ressuscite avec une tendresse rare dans le cinéma de Tarantino.

4. Comment la musique contribue-t-elle à l’immersion ?
La bande-son du film est une œuvre à part entière. Tarantino utilise exclusivement des morceaux d’époque, souvent diffusés à la radio, pour immerger le spectateur dans l’ambiance sonore de 1969. Ce ne sont pas seulement des chansons, mais des fragments de temps, des ondes sonores imprégnées de nostalgie. Chaque titre est choisi avec soin pour son pouvoir évocateur, son ancrage culturel. Résultat : on n’écoute pas la BO, on la vit, comme une voix intérieure qui accompagne les personnages et donne au récit sa texture émotionnelle.

5. Quelle symbolique derrière le personnage de Rick Dalton ?
Rick Dalton, c’est l’archétype de la star déclinante. Il incarne la peur universelle de ne plus être pertinent. Son parcours est celui d’un homme qui sent le monde lui échapper, qui doute de son talent, qui lutte contre sa propre disparition symbolique. Il symbolise aussi la transition douloureuse entre deux Hollywood : celui des cowboys de carton-pâte, et celui des réalisateurs expérimentaux, des jeunes premiers à cheveux longs. Rick est autant une tragédie humaine qu’un symbole de résistance créative.

6. Et Cliff Booth ?
Cliff, c’est le contrepoids parfait. Là où Rick doute, Cliff agit. Là où Rick s’effondre, Cliff encaisse. Il est l’homme d’action sans ego, celui qui avance sans chercher la lumière. Son passé trouble ajoute à son aura mystérieuse : est-il un héros silencieux ou un sociopathe impassible ? Peut-être les deux. Mais au fond, Cliff est le garant d’un certain idéal masculin aujourd’hui disparu : fort, loyal, discret. Il est la part animale et droite du duo, le vestige d’un monde où les mots comptaient moins que les actes.

7. Quelle vision du cinéma Tarantino défend-il à travers « Once Upon a Time in Hollywood » ?
Tarantino défend une vision romantique, presque mystique du cinéma. Un art capable de suspendre le temps, de rejouer l’Histoire, de réparer les douleurs. Il filme le cinéma comme un espace sacré, une machine à émotions, une mémoire collective. À travers « Once Upon a Time in Hollywood », il revendique le droit du réalisateur à rêver, à tordre le réel pour en extraire du sens. Il ne croit pas en l’objectivité historique, mais en la puissance de la fiction pour émouvoir, bouleverser, faire réfléchir — et parfois consoler.

8. Comment « Once Upon a Time in Hollywood » a-t-il été reçu par la critique et le public ?
Comme souvent avec Tarantino, la réception a été divisée. Certains ont crié au génie, d’autres ont trouvé le film trop long, trop lent, trop flou. Mais tous ont reconnu sa singularité, son audace, son ambition. Il a raflé plusieurs prix, dont un Oscar pour Brad Pitt, et a été acclamé dans de nombreux festivals. C’est un film qui suscite le débat, ce qui est déjà la marque des œuvres importantes. Et plus le temps passe, plus sa stature de chef-d’œuvre moderne semble se confirmer.

9. Pourquoi »Once Upon a Time in Hollywood » divise-t-il autant les spectateurs ?
Parce qu’il casse les codes. Il ne suit pas une trame classique. Il déjoue les attentes. Il prend son temps. Il flirte avec le contemplatif, avec l’inutile apparent. Et surtout, il touche à un moment sensible de l’Histoire. Il oblige le spectateur à se positionner, à réfléchir, à ressentir autrement. Ce n’est pas un film qui se consomme : c’est un film qui s’infuse. Ceux qui y cherchent un Tarantino classique, à la « Pulp Fiction », peuvent être déroutés. Ceux qui acceptent de se laisser porter, eux, en sortent transformés.

10. « Once Upon a Time in Hollywood », Est-ce le meilleur film de Tarantino ?
Question piège. Tout dépend de ce qu’on attend de lui. Techniquement, c’est peut-être le plus abouti. Narrativement, le plus personnel. Émotionnellement, le plus doux-amer. Il n’a pas la rage de « Kill Bill » ou la verve de « Inglourious Basterds », mais il a une forme de grâce, de maturité, de mélancolie rare dans l’œuvre de Tarantino. Pour beaucoup, c’est son film le plus adulte. Pour d’autres, son plus intime. Une chose est sûre : c’est une déclaration d’amour au cinéma. Et ça, chez Tarantino, ça vaut toutes les palmes.

 

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