Landmvrks : biographie, discographie, style et héritage
À Marseille, quelque part entre la sueur du port et les nuits qui transpirent le riff écorché, Landmvrks a bâti sa réputation à la hargne et à la force du poignet. On repère vite ceux qui sortent de la vague metalcore en déchiffrant le logo marqué à la craie sur les caisses noires des backstages de la gare Saint-Charles. La trajectoire de ce groupe, formé initialement comme une bande de potes dans le sillage poussiéreux de la cité phocéenne, détonne : pas d’élitisme ni de plans à trois accords.
Landmvrks a vite enfilé le costard du mauvais garçon du metal français. Leur style musical, compliqué à ranger, plonge ses racines à la fois dans la brutalité du hardcore et un sens de la mélodie presque coupable, héritée du punk FM digéré avec quelques litres de gazole. Les scènes, de la première cave crado aux planches humides des festivals, les ont vues évoluer à la vitesse de ces groupes qui ne dorment pas, par peur de rater la prochaine claque.
Fiche d’identité rapide
- Origine : Marseille, France
- Années d’activité : 2014 – aujourd’hui
- Genre(s) : Metalcore, hardcore, punk alternatif
- Membres fondateurs : Florent Salfati, Nicolas Soriano
- Chansons les plus connues : « Fantasy », « Blistering », « Scars », « Creature », « Rainfall »
- Labels : Arising Empire, self-production
Origines et formation de Landmvrks : une genèse marseillaise
Marseille. La ville du mistral et du rap, moins de la disto. Pourtant, c’est là que le magma du riff a pris. 2014 : alors que le reboot du grunge a déjà mort en silence, deux noms, Salfati et Soriano, coincent la porte du local de répète et écrivent Coldsight sur la liste des groupes en devenir, avant de bazarder rapidement ce blaze pour Landmvrks. Leurs premières répétitions se négocient entre deux pizzas, une clope et des posters punks délavés.
Ici, on n’improvise pas la rébellion, on la vit, entre des influences héritées d’une adolescence abîmée à regarder les DVD de Parkway Drive et à user les premiers Architects sur Deezer. Pour point d’ancrage : aucune envie d’être le « Gojira du pauvre ». Il fallait, même dans l’ombre grandissante du géant bayonnais, s’inventer un territoire. Marseille la chaude, Marseille la rugueuse : toute l’âme du projet transpire cette dualité.

LANDMVRKS
Le recrutement du line-up initial, façon chasse au trésor, n’a rien eu d’aussi anodin. Nicolas Exposito à la guitare—le type s’est ramené avec des plans techniques et un ampli sur lequel même les voisins tapaient le beat. Florent Salfati, d’abord pianiste semi-hésitant, a clairement compris qu’il serait plus crédible à scander face au public qu’à tapoter du Chopin dans l’ombre. Le projet prend vite.
D’abord school show qui dégénère, puis premières scènes DIY : le groupe hurle, rate une intro, fracasse quelques têtes—et fait très vite parler de lui, du Vieux-Port jusqu’aux réseaux de scènes hexagonales. En 2015, la première démo circule. Le metal français, trop longtemps répété comme un mot creux, hérite soudain de nouveaux visages. Rumeurs, partages et invitations à ouvrir pour des formations comme Betraying the Martyrs : voilà, tout s’enchaîne. Une scène naît là, martelée, charpentée à la main, dans la poussière de Marseille.
Chronologie et carrière : la montée de Landmvrks dans le metalcore
Avancer sur la scène rock, c’est souvent une question de timing et d’endurance. Landmvrks avance sur le fil du rasoir, prêt à mordre. Premier album « Hollow » (2016), sorti dans la fébrilité la plus totale. Petit label, sessions auto-produites le soir, flyers photocopiés à la volée. L’Europe commence à tendre l’oreille, non pas par charité mais parce que le son arrache la moquette des salles. Le groupe devient la locomotive d’un renouveau metalcore étiqueté « made in France », sans la fausse modestie de ceux qui s’excusent d’exister.
La signature chez Arising Empire, en 2018, marque une rupture : le son se muscle, le songwriting prend du relief. L’album « Fantasy » affiche une maturité qui transparaît autant sur galette que sur scène. Les concerts deviennent de petits chaos ordonnés, en particulier lorsqu’ils s’invitent dans les playlists du Hellfest ou sur celle du festival de Clisson. Le souffle de l’international se fait sentir : l’Espagne, l’Allemagne, la Scandinavie, bref tout le circuit européen qui compte, plie l’échine et invite Landmvrks à la table.
Les années 2020 réservent leur lot de chaos : pandémie, annulations, livestreams schizophrènes. Mais les Marseillais retournent chaque plan en atout. Arrive « Lost in the Waves » en 2021, fruit d’un travail dense et sombre. Les chroniques, parfois sobres, parfois dithyrambiques, saluent la progression. On cite le dernier opus sur RockSound.fr comme symptomatique d’un groupe refusant de stagner. 2024, Hellfest : Bad Omens claque la porte et Landmvrks ramasse la mise en tête d’affiche improvisée. La suite, comme souvent, s’écrit au pas de charge avec le nouvel album « The Darkest Place I’ve Ever Been » (2025), tournées sur tous les continents, Zénith de Paris en janvier 2026. Chronique d’une ambition assumée, jamais maquillée.
Évolution du line-up et tournées marquantes
Les noms défilent mais le cœur bat toujours au même rythme. Changement de bassiste en 2019, réglé autour d’une bière tiède dans une loge collante, puis arrivée fracassante de Rudy Purkart, déjà aguerri sur bien d’autres piliers du hardcore européen. Les concerts aux Francofolies, au Cabaret Vert ou aux Eurockéennes deviennent des faits d’armes. La scène, domicile naturel du groupe, leur offre de nouveaux habits chaque été. La tournée 2025, bouclée par un Zénith plein à craquer, se veut le sommet de leur parcours mais, visiblement, il reste toujours plus de kilomètres à parcourir dans la lueur des spots.
Style musical et influences : un mélange abrasif signé Landmvrks
Oubliez le metalcore aseptisé qui singe les Anglais avec trois samples Electro collés au scotch. Landmvrks laboure un terrain franc, viscéral—brut, cuit, recuit et assaisonné à la folie francophone. Sur « Hollow », le groupe joue (presque) à l’ancienne : distorsion massive, chants braillés, quelques envolées franchement mélancoliques. Le ton se raffermit avec « Fantasy » (2018), tapant dans la veine d’un punk post-hardcore sali par vingt ans de biture, d’emo, de néo-métal mal digéré.
C’est un style à mi-chemin entre les écarts furieux d’Architects et la suite de coups de boule hérités de The Ghost Inside, avec des flambées dignes de While She Sleeps. Les refrains se font immédiatement identifiables, malléables à souhait pour des crowds qui en redemandent. L’influence européenne—allemande surtout—s’invite dans les textures, mais Landmvrks ne trahit jamais son héritage local.
Les textes, avec le temps, troquent la rage adolescente pour les failles de l’âge adulte. On y croise toutes les obsesssions du rock : la solitude, la perte, la quête identitaire. À chaque album, une escalade en maturité, comme une balafre qui s’ouvre puis se referme sous un riff mieux agencé. La prise de risque, par exemple sur « Creature », se traduit par un usage plus poussé de voix claires et de breaks synthétiques, sans jamais perdre ce qui a poussé les kids du Sud à tout miser sur un projet.
Les musiciens du groupe s’inspirent sans honte d’Architects, Bring Me The Horizon, Stick To Your Guns, et… d’un soupçon de Gojira pour l’empreinte des anciens (voir le glossaire rock-metal pour s’y retrouver).
Influence sur la scène metal française et internationale
À force d’arpenter les scènes—souterraines d’abord, phares ensuite—Landmvrks impose une nouvelle dynamique. Leurs productions, plus sobres mais toujours viscérales, influencent les dernières vagues de groupes français, désormais mondialement suivis (dossier RockSound.fr). L’énergie scénique, la sincérité du propos, le refus des compromis, voilà ce que d’autres formations tentent à leur tour d’incarner. L’impact de leur musique dépasse la simple sphère locale, irrigue l’ensemble du metal-core européen, ranime la flamme de collectifs en quête de modèles authentiques. On les cite, on les invite, on les référence jusque dans les interviews à l’étranger. Une place solide et singulière sur l’autel du riff moderne.
Anecdotes et moments marquants : Landmvrks, chroniques du chaos calculé
L’épopée Landmvrks, c’est une suite d’accidents heureux aux relents de bière tiède et de retours de scène trop matinaux. 2016, release party de « Hollow » dans une cave marseillaise : la sono claque, mais Salfati assure le set avec un mégaphone piqué au bar. Le public, trois bouts de pied et la moitié de la scène montés sur des caisses, finit à genoux, rincé mais converti. 2018, festival allemand, l’avion du groupe se pose avec deux heures de retard, la balance saute ; le set, improvisé, finit par retourner la tente. La même année, un live à La Maroquinerie à Paris, où la scène s’emballe, la foule grimpe, micro arraché, tout le matos trempé sous un orage de bière…
2024 : Hellfest, Bad Omens annule sa venue la veille. Landmvrks accepte la Mainstage dans l’heure, fait préparer la scénographie dans les loges, monte sur scène avec l’assurance douteuse de types qui jouent à domicile. Un incident scénographique, un visuel oublié, peu importe : tout le monde crie, tous repartent cabossés. Cette capacité à encaisser – et dépasser – la galère forge l’aura unique de Landmvrks. Ajoutez à cela les collaborations : une poignée avec Resolve (tournée commune), Novelists, Counterparts (Luxembourg, 2025). La chronique « Landmvrks enflamme le Rockstore de Montpellier » inscrite dans la presse est un témoignage vivant de leur réputation en live (voir l’article).
L’humain derrière le riff : famille, pression, scène
Le groupe ne joue pas au mythe de la rock star repliée : parents, sœurs, potes de lycée squattent les premiers rangs lors des étapes cruciales (Olympia, Zénith). Des concerts pleins d’émotion, entre le trac géant et la volonté insatiable de « montrer que tout ça n’est pas une blague ». Quand la scène française vacille entre autoparodie et (auto)complaisance, Landmvrks s’obstine à rester les pieds dans la boue, la tête dans les étoiles, fidèle à son parcours. Un détail ? Le single « Creature », spotté à près de 9 millions d’écoutes, a été écit lors d’une nuit blanche, entre peur du vide et fureur d’exister.
Récompenses et reconnaissance dans l’industrie musicale française et européenne
En bons trublions du metal français, Landmvrks n’a jamais couru après la coupe en toc, pourtant les prix et distinctions commencent à s’empiler. Lauréats du tremplin Metal XS en 2017, passage remarqué lors de la Metal Hammer Night en Allemagne, puis, inévitablement, nominations aux Heavy Music Awards (Londres) pour « Lost in the Waves ». Sur le vieux continent, l’accueil critique de « Fantasy » et « The Darkest Place I’ve Ever Been » provoquent un buzz relayé par la presse et les fanzines spécialisés. Des places dans les tops an de la rédaction de RockSound et consorts (critique RockSound.fr).
Le saut au Zénith de Paris, affichant complet des mois à l’avance, n’est pas tant une consécration qu’un signal d’alerte lancé à une industrie frileuse face aux outsiders. En 2023, le groupe est aussi honoré par un hommage discret lors d’une masterclass à l’institut du rock français : symbole discret mais éloquent de l’évolution du regard porté sur leur parcours. Et pour couronner le tout, un passage sur Riff X, la chaîne web qui scrute le moindre frisson de la scène metal française.
Reconnaissance par leurs pairs et le public
Gojira, fidèles parrains de la scène, cite Landmvrks parmi ceux à suivre lors d’une interview télévisée, prouvant que le respect se gagne sur le terrain, pas sur Insta. L’engouement se vérifie au passage dans les festivals européens : chaque date aligne des audiences plus vastes, plus fébriles. Les chiffres d’écoutes, loin de l’indifférence, montrent une croissance continue, motivée par la fidélité d’un noyau dur de fans et une capacité rare à fédérer de nouveaux convertis. Difficile de trouver un autre combo hexagonal qui mette tout le monde d’accord, du punk à la vieille garde metalcore.
Albums clés et discographie complète de Landmvrks
Album | Année | Label | Certification | Fait notable |
---|---|---|---|---|
Hollow | 2016 | Auto-production | – | Premier album ; production DIY ; a révélé le groupe sur la scène euro |
Fantasy | 2018 | Arising Empire | – | Changement de label ; ouverture vers un son plus mature, influences punk |
Lost in the Waves | 2021 | Arising Empire | – | Élargissement du public, clips à succès, présence aux festivals majeurs |
The Darkest Place I’ve Ever Been | 2025 | Arising Empire | – | Sorti le 25 avril 2025 ; bati sur une introspection plus profonde |
Le premier album, « Hollow » (2016), synthétise la soif d’éclatement d’un groupe alors obsédé par le besoin de ruer dans les brancards. Les mélodies y sont franc-tireuses, la prod sent le carton d’emballage—mais c’est voulu. « Fantasy » (2018), avec une production plus ouverte et léchée, cristallise le virage punk et post-hardcore tout en gardant le feu du debut. « Lost in the Waves » (2021) s’impose comme carrefour, ce moment charnière où la maturité s’insinue et qui sert de pont vers les années suivantes.
Le dernier-né, « The Darkest Place I’ve Ever Been » (2025), capitalise sur ce bagage émotionnel, délayé par de nouveaux arrangements et une écriture introspective. L’album, acclamé dans plusieurs médias dont RockSound.fr (voir la chronique), s’offre une place centrale dans le panthéon récent du metalcore français.
Chaque album estampille une étape du parcours du groupe, jalonnée par la recherche d’impact sonore et d’honnêteté artistique. Les fans les dissèquent, les collections fleurissent, mais c’est en live que ces galettes prennent toute leur densité.
Évolution discographique et réception critique
De l’un à l’autre, les démarches de production racontent une volonté : ne jamais refaire la même chose. La critique salue leur capacité à jamais sombrer dans l’auto-caricature. Si certains albums accrochent plus fort, comme « Fantasy », c’est autant grâce à une production ciselée qu’à la capacité du groupe à galvaniser les ponts entre metalcore, punk et hardcore mélodique. Le dernier, sérieusement travaillé, s’écoute comme un plongeon dans la psyché d’une génération entre deux crises. À chaque étape, Landmvrks se réinvente, laissant les clowns du revival recycler les vieilles blagues.
Landmvrks dans la culture populaire et le paysage audiovisuel
Pas le genre à s’inviter dans les pubs pour yaourts, mais Landmvrks finit — paradoxalement — par plier la culture pop à ses codes. 2023 : apparition du morceau « Rainfall » sur la bande-son d’un jeu vidéo indépendant à succès. Sur TikTok, les breakdowns de « Scars » servent de fond à des tutos de skate ou de vidéos de parkour.
2025 : rumeur confirmée, la série documentaire « Marseille Beat » diffuse un extrait live du concert à La Sirène, La Rochelle. Pas question de virer parodie, pourtant quelques mèmes fleurissent autour de la tronche ébahie de Salfati sur scène—le prix à payer pour tutoyer la frontière du mainstream. Dans une chronique interview RockSound.fr évoque la capacité du groupe à infuser leur culture jusque dans les programmes jeunesse francophones, qui consacrent une séquence sur le renouveau du rock hexagonal.
Les festivals ne s’y trompent pas ; la scène du Motocultor, du Graspop Metal Meeting en Belgique, se fend d’une vidéo teasing produite autour de l’univers visuel du groupe, preuve s’il en fallait que l’esthétique Landmvrks, entre glitch et tatouages écorchés, s’installe dans les imaginaires. Sur les forums spécialisés et subreddits, la plupart des posts comparant Landmvrks aux pontes du metalcore anglo-saxon s’accompagnent d’un clin d’œil à la french touch… moquée mais respectée. Le groupe n’est pas englué dans la hype mais diffuse lentement ses codes dans la nouvelle culture urbaine qui réconcilie metal, punk, skate et moqueries acidulées.
Entre buzz numérique et hommage discret
Loin de la récupération cynique, Landmvrks fait également l’objet de références dans la presse grand public qui, entre deux papiers sur les retours de Nirvana (dossier RockSound.fr) ou la dernière tournée d’Architects (chronique RockSound.fr), accorde quelques colonnes à l’émergence du metalcore hexagonal. Rien d’ostentatoire, mais suffisamment répété pour que chaque futur kid, guitare sous le bras, songe un jour à imiter Salfati et sa bande.
Conclusion sur l’héritage de Landmvrks et lien officiel
Au terme de ce parcours parfois cabossé mais toujours ascendant, Landmvrks s’impose comme catalyseur du métal français des années 2020. En une décennie, ils sont passés du statut de curiosité à celui de moteur, capables de fédérer puristes, néophytes et éternels révoltés. À chaque album, une remise à plat du style, un refus de l’uniformité, une volonté d’influence sans la moindre arrogance.
Face à la frilosité du marché et à l’exubérance des communautés numériques, Landmvrks trace sa route — loin des schémas, toujours à fleur de peau. Resteront ces concerts haletants, ces refrains braillés dans la nuit, la certitude d’ouvrir une voie, et l’impression durable d’avoir, l’espace d’un instant, participé à un mouvement. Pour suivre leurs actualités, albums et dates, le site officiel est la porte d’entrée privilégiée : Site officiel.