Harold Barbé, l’humoriste aux punchlines plus lourdes qu’un riff de doom

Par Audrey
Publié le 7 avril 2025

Bordel !
C’est par ce doux mot qu’Harold, sa voix fluette et son look de premier de la classe… pardon, que cet authentique métalleux normand nous happe dans son univers, ou plutôt dans son enfer ! L’enfer des vendeurs de bagnoles, des pharmacies, des parents d’élèves et du Hellfest ! On adore son côté hardcore, sa répartie et ses punchlines plus lourdes qu’un riff de doom ! Comment a-t-il retourné la scène métal et l’humour français ? Spoiler : en parlant d’un pote perdu, d’anxiolytiques, de chats… et de bière.

 

Harold Barbé, humoriste

Harold Barbé, humoriste

 

Entre ses chroniques percutantes dans Zoom Zoom Zen sur France Inter, ses sketchs viraux sur les réseaux, ses premières parties de Gad Elmaleh, une série qui débarque sur France 3 et la tournée de son spectacle Relax Max, Harold Barbés’est imposé comme une figure incontournable et increvable du stand-up et de l’humour ces dernières années. Et il ne s’arrête pas là : en 2024, il devient le premier humoriste à fouler la HellStage du Hellfest, et il parrainera même l’édition 2025 du Hellfest Off.

 

Salut Harold ! En ce moment, tu es entre les spectacles, les tournages, les chroniques radio et la tournée. Comment ça va ?

Harold Barbé : Professionnellement, ça va très bien. C’est vraiment une année très chouette, très dense. Avec tous les bons côtés que ça implique : beaucoup d’opportunités, plus de reconnaissance, plus de dates, donc plus de possibilités de travailler ma comédie et de drafter pour être encore plus affûté. Les côtés moins cool, c’est la fatigue, être loin de la maison, loin de la famille ou des copains. Mais bon, je le savais dès le début, malgré tout. Je suis quand-même très content !

 

C’est chargé en effet, mais malgré ça, tu trouves le temps de faire des concerts notables. D’ailleurs, demain, tu vas voir Limp Bizkit, entre autres. C’est un groupe que tu attends beaucoup ?

Harold Barbé : Oui, je suis très content, j’ai très hâte ! Ce sera la quatrième fois que je les vois. La dernière fois, c’était au festival Beauregard, à Caen, et c’était un peu… il y avait une sorte d’anachronisme à les voir dans un festival comme ça. Du coup, c’était bien, mais là, demain, j’ai une grosse attente quand même. C’est à l’Accor Arena, donc, même si ce n’est pas complet, il y aura du monde. J’attends surtout le moment où ils joueront Nookie !

 

Tu m’étonnes ! Tu as aussi vu Korn et Gojira. Ça fait quoi de voir ses idoles en vrai ?

Harold Barbé : J’ai eu la chance de pouvoir accompagner Gojira sur une date à Denver, et de voir les backstages, d’être avec les gars et ça, c’est vraiment un cadeau inespéré de la vie. Si j’avais dit au Harold de 15 ans : « Tiens, en octobre 2024, tu seras en backstage avec Korn pour leurs 30 ans », je n’aurais jamais cru ça possible. J’étais vraiment comme un enfant, et les mecs sont tellement gentils ! J’ai été tellement bien reçu dans ce milieu-là que, presque, je m’identifie beaucoup plus au milieu du metal qu’à celui du stand-up, finalement.

 

Oui. Mais en plus, cette année, tu as fait partie du jury du Triomphe du Métal Français. C’est quand même fou ! Qu’as-tu pensé de cette expérience et du fait de pouvoir valoriser le métal français ?

Harold Barbé : Oui, c’est l’ami Arthur Alternatif qui m’avait proposé. Vraiment, j’étais touché, parce que Le Triomphe du Métal Français, c’est la seule émission qui met vraiment en valeur le métal et tous ses sous-genres. Moi, je t’avoue très honnêtement que j’ai découvert des sous-genres que je ne connaissais pas du tout. Il y a Bagarre, toutes ces déclinaisons que je ne comprenais pas avant d’être plongé dedans. J’ai découvert des groupes vraiment cools. Et heureusement, je trouve que l’émission est super bien faite. En plus, on est très contents des résultats de visionnage, ça a bien marché cette année. Et oui, j’étais vraiment très honoré.

 

 

Et comme tu disais, la scène métal aujourd’hui te le rend bien.

Harold Barbé : Oui, c’est vrai. Et ça me fait vraiment du bien, parce que je me sens très soutenu. Ce n’est pas évident, il y a tellement d’humoristes maintenant que c’est compliqué de sortir de la masse, de proposer autre chose. Mais moi, je le sens déjà avec les professionnels du métal, et puis avec tous les métalleux et les métalleuses.

Quand je vais à un concert, demain par exemple, je sais déjà que ce sera un moment particulier, parce que c’est comme si je les connaissais tous, je sais pas comment expliquer ça ! (Rires) Les gens me disent : « Oh Harold ! On t’a vu à telle ville, on t’a vu dans telle autre ! » Et je prends toujours le temps, à la fin des spectacles, d’aller échanger avec eux. C’est important pour moi.

 

Justement, ça fait quasiment un an que tu es en tournée avec Relax Max, c’est énorme ! Le fil rouge tourne autour d’une anecdote sur ton pote Max perdu au Hellfest. Est-ce que tu pensais que le public accrocherait autant ?

Harold Barbé : En vrai, au début, quand j’ai commencé à écrire Relax Max, j’avais des morceaux de stand-up, puis la partie sur les sorties scolaires, tous ces trucs-là. Et je me demandais comment raccrocher les wagons, comment faire en sorte que ça me représente, que ça raconte quelque chose de ma vie actuelle sans que ce soit un truc bateau que tu peux voir tout le temps. Et puis il y a eu la disparition de Max au Hellfest, sa vraie disparition (qui s’est heureusement bien terminée !), et ça a été l’élément déclencheur où je me suis dit : « Mais c’est tellement dingue ! »

Et ça arrive à tellement de personnes de perdre un pote après une soirée… Après, je sais pas si ça va aussi loin que nous, avec les gendarmes, la Croix-Rouge, et tout ce qui s’en est suivi. J’me suis dit : « Faut que j’en fasse un spectacle ! ». Une fois que j’ai décidé de le faire avec tous ces morceaux de stand-up que j’avais, je savais ça allait pouvoir s’imbriquer dans le spectacle et que ça allait matcher. Les gens rentrent direct dans l’histoire ! Ils veulent absolument savoir, dès le début, ce qui est arrivé à Max. Pour moi, ce spectacle, c’est comme une boîte où il y a écrit METAL dessus.

Tu rentres dedans, et puis, en fait, « il y a plein de petits trucs qui ne sont pas métal là-dedans ! ». Tout le monde peut y piocher quelque chose qui lui ressemble, auquel il peut s’identifier. Et ça, ça me fait vraiment plaisir.

 

Tu ressens une différence marquée entre les publics que tu rencontres en tournée ? Les fans de métal sont-ils plus réceptifs aux punchlines, ou est-ce que tu arrives à embarquer ceux qui ne sont pas du tout métal ?

Harold Barbé : Il y aura toujours des gens qui diront qu’ils ont moins aimé, et c’est bien normal, ils en ont tout à fait le droit. Mais même les métalleux rentrent dans le truc. Parce que maintenant, avec France Inter, j’ai aussi une partie du public qui vient de là, des gens qui écoutent mes chroniques et qui, pour la plupart, ne sont pas du tout métalleux. Mais ils aiment le style, ils aiment la punchline, le côté très direct et rythmé de ma comédie.

Toi, tu l’as vu : ça ne s’arrête pas, il n’y a pas vraiment de temps mort. Et c’est marrant, parce que maintenant, quand je sors, forcément, les métalleux je les reconnais direct, mais je commence aussi à reconnaître ceux qui viennent de France Inter (rires).

 

On parle souvent de cette image du métalleux à longue barbe, un peu le viking bisounours. Tu trouves que ça colle toujours à la réalité, ou c’est un stéréotype qu’il faudrait débunker ?

Harold Barbé : Pour avoir fait beaucoup des festivals, j’ai rencontré essentiellement des bonnes personnes. J’ai fait des super rencontres. Mais il y a du gros con dans le metalleux, hein. Il y a du facho, il y a des mecs qui se comportent mal avec les femmes… Malheureusement, j’ai même envie de dire que je ne suis même pas certain que ça ait un grand rapport avec le métal. Je crois que c’est juste un reflet de la société dans laquelle on vit. Il y a des gens qui se comportent mal, et à mon avis, tu prends un public de Vianney, il y aura probablement la même proportion de connards.

 

Harold barbé

Harold Barbé

 

Je ne sais pas pourquoi c’est toujours Vianney qu’on cite en général…

Harold Barbé : Oui, ou même Aya Nakamura, je sais pas (rires). Mais pour revenir à un regard plus positif : moi, à chaque fois que je suis allé dans des festivals ou des concerts, j’ai rencontré des gens chouettes. Et je pense que la communauté métal, dans sa grande majorité, est quand même bienveillante. Même si, fatalement, elle brasse du monde et qu’il y a toujours des brebis galeuses.

 

En parlant de cette image de viking barbu, j’ai vu que tu jouais un viking dans une nouvelle série humoristique sur France 3. C’est un hasard qu’on t’ait pris pour ce rôle ou ce côté viking te correspond vraiment ?

Harold Barbé : On était super contents avec mon agent, parce que j’avais tourné une autre série pour France Télé il y a quatre ans, et d’habitude, je passe beaucoup de castings où je suis refoulé. Mais pour ce rôle-là, je n’ai même pas eu besoin de passer de casting. Ils m’ont directement proposé le rôle ! À la base, c’était dans le cadre de l’anniversaire de la Normandie et de la ville de Caen, donc ça devait être diffusé uniquement sur France 3 Normandie. Mais France Télé a tellement aimé le concept qu’ils ont décidé de l’étendre au national. Donc moi, je vais bénéficier de cette exposition-là.

Et le personnage d’Harmound l’Indécis que je joue, c’était vraiment écrit pour moi, dans un certain sens. Il fallait un mec qui ait ce ressort comique, qui ait une mini-notoriété pour un peu porter le projet, quelqu’un qui soit très identifiable comme viking… et qui ne fasse pas « fake ». Au final, il n’y a pas beaucoup de gens à part moi qui cochent toutes les cases ! Et puis, accessoirement, j’habite à Caen… et ça se tourne à Caen.

 

C’est une minisérie ? Il y aura plusieurs épisodes ?

Harold Barbé : Oui, ça sort le 26 avril, c’est imminent ! Ce sera diffusé sur France 3, tous les samedis vers 19h50. Mais après, ce sera disponible sur la plateforme France Télévisions et sur les réseaux sociaux. Ce sont des épisodes courts, de trois ou quatre minutes. Alors évidemment, l’analogie avec Kaamelott va forcément être faite, parce que c’est une série humoristique moyen-âgeuse.

Et moi, ça me va complètement, parce que je trouve que Kaamelott, c’est fantastique. Mais quand les gens verront la série, je pense qu’ils la compareront plutôt à The Office, parce que c’est un documentaire, il y a des interviews des personnages, un peu comme dans The Office. On s’est vraiment éclatés. Et la bonne nouvelle, c’est qu’on devait faire juste un one-shot d’une saison, et que France Télé a tellement aimé que ça a déjà été renouvelé pour les saisons deux et trois. Donc on est contents !! Et les comédiens qui sont dans la série sont vraiment tous excellents. Mais en vrai, je pense que pour la com’ métal, c’est du pain béni !

 

Oui, ce rôle de viking te va parfaitement ! Même si ce n’est pas une série faite pour les métalleux à la base, les geeks, les fans de métal et de médiéval-fantasy vont forcément accrocher à cet univers.

Harold Barbé : Quand le premier teaser d’Anachroniks est sorti, j’ai reçu une bonne quinzaine de messages, et sur ceux-là, il y en avait au moins quatre ou cinq qui disaient la même chose : des métalleux qui me racontaient leur plan de soirée en mode « On va sortir un saucisson, une bonne bière et regarder ça ». Je leur ai dit : « Mais c’est exactement la configuration qu’il faut ! Saucisson, bière et regarde Anachroniks, y’a pas mieux. »

 

 

C’est parfait ! Du coup, avec tout ce que tu fais – entre le stand-up, la culture métal et ce grand écart entre les deux – est-ce que tu as déjà envisagé de créer un spectacle entièrement axé sur le métal ? Je sais que tu es sur la scène Off du Hellfest cette année…

Harold Barbé : Oui, je fais le Off, j’anime le Off et je joue le mardi. Donc ça va être intense, mais je suis content. Un spectacle 100 % métal ? Je ne crois pas… Après, il ne faut jamais dire jamais. En vrai, mon précédent spectacle, Deadline, qui va bientôt sortir sur YouTube, parlait essentiellement de la mort. Et là, avec Relax Max, évidemment, il y a le côté métal, mais ça parle surtout de la colère et de ma peur.

Pour le prochain, j’ai envie de partir sur autre chose. Je suis encore en train d’écrire, mais pour surprendre à chaque fois, je pense que je n’y parlerai probablement pas du tout de métal. Mais bon, quand tu verras Deadline, tu te diras quand même : « Ouais, c’est bien métal. » C’est les musiques, c’est le style. Donc, même si je lis Petit Loup à la piscine à mes enfants, ça va être d’une manière métal. Et c’est comme, je suis… je fais du métal avec mes mots, moi ! (Rires)

 

C’est ça. Avec des sujets comme l’angoisse et la mort, il y a souvent des punchlines très directes. Parfois, j’ai l’impression que les gens ne sont pas prêts… Ça fait partie de ta personnalité, mais est-ce que certains ne sont pas trop choqués quand même ?

Harold Barbé : Je ne crois pas, non. Dans Deadline, mon spectacle précédent, il y avait même des punchlines encore plus hardcore. Au pire, si les gens sont choqués, c’est plus par l’effet de surprise que par le fond. Comme je fais de l’humour d’observation et que je n’aborde jamais la politique ou la religion, au final, je ne vexe personne. Si ça t’a choqué, c’est parce que ça t’a un peu dég, à la rigueur. Par contre, ça me ferait chier que quelqu’un vienne me voir en disant : « Ce que t’as dit, ça m’a fait de la peine. » Mais si c’est juste « Ça m’a choqué » ou « Ça m’a dégoûté », honnêtement, ça j’en ai rien à foutre.

Ça fait aussi le tri dans le public. Si tu n’aimes pas mon humour, il y a plein d’autres humoristes plus lisses, va prendre un qui est tout poli et qui te fera rire. D’ailleurs, j’ai assuré la première partie de Gad Elmaleh au Zénith de Caen samedi. Mon premier Zénith ! C’était incroyable : 4 150 personnes. Et j’ai quand même blasté du hardcore !!! … et les gens ont rigolé de ouf ! Parce que je pense que l’un n’empêche pas l’autre. Il y a sûrement plein de métalleux qui aiment aussi ce que fait Gad. Et on peut très bien apprécier un humour plus gras et un autre plus grand public.

 

Et si je te dis : tu préfères ne plus jamais monter sur scène ou ne plus écouter de métal de toute ta vie ?

Harold Barbé : Le métal, j’en écoute depuis toujours et j’en écouterai jusqu’à la fin. La scène, en revanche, ce n’est pas quelque chose que je ferai toute ma vie. Je le sais bien, c’est un rythme très intense. À la base, mon objectif était d’écrire des films et des séries, et le stand-up est arrivé un peu par hasard. Mais je ne crache pas dans la soupe, j’adore ce que je fais ! Avec le temps, j’aimerais débrayer et me consacrer davantage à l’écriture, tout en faisant du stand-up de temps en temps. Mais le métal, les concerts ? Impossible, je pourrais pas me passer de ça.

D’ailleurs, pour le concert de demain, j’emmène ma petite sœur avec moi voir Limp Bizkit et j’ai trop hâte. Ça fait ma semaine ! En plus, je sais que je vais croiser des potes, sûrement des gens qui me reconnaîtront, et je vais passer la soirée à sourire. J’arrive plus à être déçu par les concerts. C’est comme les festivals, je regarde les affiches, comme le Hellfest, je suis même plus déçu des groupes. Maintenant, ce que je recherche, c’est ce temps suspendu, entouré de mes pairs, mes copains, les gens de la communauté métal, des groupes… et je vis 4 jours dans ce milieu-là.

On parle de « communauté », mais pas dans le mauvais sens du terme. Ce n’est pas un cercle fermé, au contraire, j’aime laisser les fenêtres ouvertes pour que les gens viennent, rentrent et découvrent. C’est bien plus intéressant. Et il me tarde tellement que la saison des festivals commence !

 

Tu as peut-être une reco musicale pour que je mette un morceau à la fin de la vidéo ?

Harold Barbé : En ce moment, je suis dans ma période Limp Bizkit pour me remettre à jour. Mais je suis aussi à fond sur Fit For A King en ce moment. Je l’ai trouvé en vinyle à Grenoble, mais j’ai oublié le nom de l’album… La pochette est magnifique en plus ! (The Path) Ça, j’adore ! Je fais découvrir ça à mes enfants, comme tu le sais, qui sont élevés au métal. C’est très cool. Ah, si, il y a aussi Ecca Vandal qui est en première partie de Limp Bizkit, bien sûr, que j’ai découverte sur TikTok !

 

Retrouve Harold Barbé

 

Harold Barbé, humoriste

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