SUN – KRYSTAL METAL

par | 3 Juin 2025 | CHRONIQUES

⏱ Temps de lecture : 4 min

4/5  ⭐️⭐️⭐️⭐️

SUN ne vient pas du métal. Elle ne vient pas de la pop. Elle vient de loin. Des forêts germaniques de son enfance, de la solitude des chambres d’ado trop pleines de grands sentiments, de ce moment précis où le cri devient langage. Et plutôt que d’entrer dans une case, elle a carrément inventé la sienne : la Brutal Pop. Quitte à tout faire seule, autant le faire cash. Couillue, la meuf. Après deux EP qui annonçaient déjà la couleur, elle sort son premier album, Krystal Metal, et pose définitivement sa marque dans notre paysage musical.

SUN - KRYSTAL METAL

Métal, paillettes et mue solaire

Karoline Rose alias SUN, c’est cette métalleuse girly à la voix déchirante et au regard fendu d’éclat. Une douce rage, une violence solaire. C’est celle qui défie les catégories avec ses tenues customisées à la perfection, ses boots bien ancrées dans la scène, et sa longue chevelure qui vole comme des serpents d’air en live. Elle compose, produit, mixe, performe.

Entourée sur scène de ses musiciens à capuches pailletées Loris Larosa à la batterie et Bassem Ajaltouni à la basse, elle a déjà ouvert pour Metallica sur le parvis du Stade de France, accompagné Shaka Ponk dans 17 Zéniths, traversé 18 pays sur 4 continents en 120 concerts, et joué devant des foules qui adhèrent et repartent le cœur retourné.

 

 

SUN - KRYSTAL METAL

SUN – KRYSTAL METAL

 

Un diamant taillé dans le vacarme

Krystal Metal, c’est l’histoire d’une mue. Une ado qui apprend la guitare rythmique sur celle de son frère, qui hurle son scream un soir d’urgence, découvre qu’elle peut s’échapper par le son. Ce premier album, c’est son journal de bord, son cri d’existence, son bastion intime. Le titre Krystal Metal fait d’ailleurs écho à tout ça : à la fois clin d’œil à la Crystal Meth cette drogue du trop-plein, et métaphore d’une adolescence cabossée.

Et puis il y a sa voix : un diamant cristallin qui caresse, rugit, monte au ciel, plonge dans les abysses. Une voix hybride, cinématographique, affûtée par des années d’opéras contemporains et de comédies musicales. Ajoute à ça une exigence de composition où chaque track doit avoir son identité, et tu obtiens un disque construit comme un album classique, mais habité par une énergie punk et une conscience de productrice.

 

 

Neuf titres. Neuf météorites.

Neuf scènes d’une épopée intime et électrique. On ouvre le bal avec « Free Your Soul », SUN balance du lourd avec ce besoin vital de foutre le camp. Le refrain accroche comme un cri de guerre libérateur avec ses chœurs qui s’envolent. Ambiance posée. On enchaîne avec « Painful Attraction », tension venimeuse. Guitare rythmique qui s’éclate, ambiance moite et regard qui tue.

Ça décortique le flirt toxique avec précision. Le titre oscille entre sensualité et frustration, avec un fond presque indus sous la pop agressive. On continue avec « Warrior Riot Grrrl », hymne féministe et jubilatoire. Tempo comme une marche poing levé, célébrant une héroïne moderne qui inspire et contamine par sa force tranquille. C’est ce rythme puissant que l’on reconnaît à présent comme sa marque de fabrique.

 

 

Le cœur du cyclone

Vient ensuite « My Funeral » Un drame musical ironique et poignant. Lente montée, ambiance de cabaret noir, SUN met en scène une rupture impossible à avaler. Tout est trop, tout est sincère, et sa voix vacille entre fragilité et rage larvée. Du grand art émotionnel. Et crois-moi, on n’en n’a pas fini d’avoir les poils, puisque le track suivant « Blood », nous parle des liens du sang tranchés au couteau. Ambiance contenue, texte frontal. SUN s’adresse aux absents, aux toxiques, aux noms qui font mal. Un exutoire féroce.

Divinement souffrant dans son apothéose de rage en final, une vraie merveille musicale. Arrive le titre éponyme « Krystal Metal », son manifeste. Guitare épaisse, voix à nu, mémoire sonore d’une enfance désaccordée. Tout y est : le chaos, la survie par la musique, les disques refuges, le scream comme renaissance. « Nothing really matters as long as I play », sa devise.

 

Derniers battements avant l’extinction

On s’approche de la fin avec « Khaos Star », comptine cosmique. Guitare en suspension, ambiance onirique. Le titre raconte l’enfance comme un conte trash et doux, avec ses trônes de sable et ses pères disparus. Un titre mélancolique et réparateur, avec un air de « Survivor » des Destiny’s Child dans son flow, si si ! Et puis « Sirius Love » L’amour adulte, à vif. Ballade douce-amère, guitare claire, voix pleine de tendresse et de lucide désillusion. Les étoiles en témoins d’un couple qui s’aime et se déchire. Poignant sans être larmoyant. Enfin, « Come Clean » Final au riffs secs, SUN balance ses quatre vérités. « Lies broke me / Just come clean ». Un dernier cri de vérité avant de claquer la porte.

 

ComeCleanSpotifyNet

Brutal Pop, SUN est là pour durer

Chaque chanson de l’album sorti le 9 mai sonne comme une première fois : incandescente, parfois destructrice. Ce disque, c’est l’ascenseur émotionnel sans bouton stop : le frisson de la découverte, la peur de l’implosion, et cette beauté étrange qui ne tient qu’à un fil. Une œuvre personnelle, cohérente, électrisante, où chaque ambiance est une confession sur guitare saturée, l’univers Brutal Pop prend ici toute son ampleur. Avec Krystal Metal, SUN ne fait pas que livrer un premier album : elle s’élève, trace sa ligne, et grave son nom à la tronçonneuse. Et si tu ne l’as pas encore vue en live, fonce. Prochaine étape : le Hellfest 2025, Mainstage, 20 juin. Soleil noir garanti.

 

Instagram @sun_brutal_pop

Website Sun Brutal Pop