Brian Jones et les Rolling Stones : L’ange déchu du rock

Par La Rédaction
Publié le 25 février 2025

Brian Jones, c’est l’histoire d’une étoile filante, d’un génie torturé, d’un gosse de Cheltenham qui a changé la face du rock avant de sombrer dans les abysses. En 1962, il pose la première pierre des Rolling Stones, trouve le nom du groupe, recrute Jagger et Richards, impose le blues comme colonne vertébrale… et finit par être évincé du groupe qu’il a lui-même fondé. Nick Broomfield s’attaque à cette légende dans son documentaire The Stones and Brian Jones, exhumant les fantômes d’une époque révolue. C’est le récit d’un mélange de génie et d’autodestruction, où le son des bottlenecks glisse sur des riffs de légende, avant que tout parte en vrille. Retour sur une histoire où le strass et la déchéance valsent dans un tourbillon tragique.

 

 

Brian Jones, architecte des Rolling Stones

 

L’enfant du blues

Dans l’Angleterre guindée des années 50, Brian Jones grandit dans un carcan qui ne lui sied pas. Pianiste précoce, saxophoniste passionné, joueur d’harmonica inspiré, il a un don naturel pour la musique. Fasciné par Robert Johnson, Muddy Waters et Elmore James, il se jette à corps perdu dans le blues.

En 1962, en quête de sensations fortes et de vibrations électriques, il organise des jam sessions dans les clubs londoniens. Il tombe sur Mick Jagger et Keith Richards, deux gamins aussi avides de musique que lui. Le trio magique est né. Jones est le leader, le mentor, le puriste du son. Il impose une vision : le groupe s’appellera The Rolling Stones, en hommage à Muddy Waters. Il est celui qui transforme un simple cover band en une machine à révolutionner le rock.

 

Portrait de Brian Jones, icône rock.

Portrait de Brian Jones, icône rock.

 

Dès les premiers enregistrements, Brian Jones s’impose comme l’architecte sonore du groupe. Il maîtrise une diversité impressionnante d’instruments, apportant des textures uniques aux chansons des Stones. Il expérimente, ajoute des effets, modifie les arrangements. Sans lui, les Stones n’auraient peut-être jamais eu cette teinte si singulière qui les démarquait de la scène rock britannique.

Mais son caractère impulsif et perfectionniste crée aussi des tensions. Il exige une discipline musicale rigoureuse, tandis que Jagger et Richards adoptent une approche plus intuitive. Rapidement, cette divergence devient une faille qui ne cessera de s’élargir.

 

Le génie musical de Brian Jones

Brian Jones, c’est l’homme aux mille instruments. Guitare slide, sitar, marimba, mellotron, dulcimer… Rien ne lui résiste. Il injecte des couleurs inédites dans les morceaux des Stones. C’est lui qui donne à « Paint It, Black » son aura mystique avec ce sitar lancinant. Il insuffle à « Under My Thumb » ses percussions hypnotiques.

Lors de l’enregistrement de Between the Buttons et Their Satanic Majesties Request, Jones est à son sommet créatif. Il intègre des éléments de musique classique indienne, des sonorités psychédéliques et des influences orientales. Chaque morceau sur lequel il travaille porte sa marque, son sens du détail, sa passion pour l’inattendu.

Mais peu à peu, son leadership s’effrite. Jagger et Richards prennent les rênes du groupe, tandis que lui se laisse happer par une spirale destructrice. Il compose moins, participe de moins en moins aux sessions en studio. Son déclin semble inéluctable.

 

Brian Jones, légende des Rolling Stones.

Brian Jones, légende des Rolling Stones.

La descente aux enfers de Brian Jones

 

Drogues, conflits et isolement

Dans les sixties en pleine effervescence, Brian Jones est à la dérive. Le LSD, l’héroïne, l’alcool… Il consomme tout, en quantité industrielle. Ses frasques deviennent ingérables, ses absences en studio se multiplient. Les tensions montent avec Jagger et Richards. Jones est de plus en plus instable, de moins en moins créatif. Il assiste, impuissant, à sa propre mise à l’écart. En 1969, il n’est plus qu’un spectre dans son propre groupe.

Sa paranoïa grandissante l’éloigne également de ses proches. Convaincu d’être surveillé, espionné, voire trahi, il se méfie de tout et de tout le monde. Ses relations amoureuses sont chaotiques, souvent marquées par la jalousie et la violence. Il est régulièrement arrêté pour possession de drogue, ce qui aggrave son image publique et le met dans le viseur des autorités britanniques. À ce stade, Brian Jones n’est plus qu’une ombre de lui-même, un artiste dépassé par son propre génie, piégé dans une spirale d’autodestruction.

 

Image vintage de Brian Jones, rockeur audacieux.

Image vintage de Brian Jones, rockeur audacieux.

 

 

L’éviction des Rolling Stones

Juin 1969. Brian Jones est officiellement viré des Stones. Officiellement, parce qu’il était trop instable. Officieusement, parce que Jagger et Richards voulaient prendre le contrôle total du groupe. Il disparaît du paysage médiatique, se réfugie dans sa propriété du Sussex, tente de monter un nouveau projet musical… Mais il est seul, brisé, vidé.

Il tente de collaborer avec d’autres artistes, notamment Alexis Korner, pionnier du blues britannique. Il évoque même une carrière solo, mais ses troubles physiques et mentaux l’empêchent de concrétiser ses ambitions. Malgré tout, certains témoignages rapportent qu’il semblait plus lucide dans ses derniers jours, comme s’il cherchait un dernier sursaut, une ultime chance de renaître. Mais le temps lui manque. Le 3 juillet 1969, à seulement 27 ans, il est retrouvé mort dans sa piscine. Ainsi s’achève l’histoire tragique d’un génie brisé, dont la descente aux enfers restera l’un des chapitres les plus sombres du rock.

 

Brian Jones, pionnier du rock britannique.

Brian Jones, pionnier du rock britannique.

 

Le mystère de la mort de Brian Jones

 

Une nuit fatale

Le 3 juillet 1969, Brian Jones est retrouvé sans vie dans la piscine de sa maison. Officiellement, il s’agit d’une noyade accidentelle après une soirée trop arrosée. Mais les rumeurs ne tardent pas à surgir : meurtre maquillé ? Crime organisé ? Couverture policière ? Certains témoins évoquent des tensions la veille du drame, une dispute avec ses employés, une atmosphère électrique.

Les théories et les spéculations

  • Théorie officielle : Mort par noyade sous l’influence de substances. Brian Jones, affaibli par la drogue et l’alcool, aurait succombé à un malaise dans l’eau.
  • Théorie du meurtre : Frank Thorogood, son ouvrier de chantier, aurait avoué sur son lit de mort l’avoir tué, évoquant un différend financier avec le musicien.
  • Théorie du complot : Les Stones et leur management auraient voulu l’écarter définitivement.
  • Enquête bâclée : Plusieurs éléments troublants entourent la scène du drame.

À ce jour, le mystère demeure entier, et la mort de Brian Jones continue de hanter le mythe des Rolling Stones.

 

Brian Jones, star du rock intemporel.

Brian Jones, star du rock intemporel.

 

L’héritage de Brian Jones

 

Une influence indélébile

Malgré sa fin tragique, Brian Jones laisse une empreinte indélébile sur le rock. Il est celui qui a façonné l’identité sonore des Stones, celui qui a ouvert la porte aux expérimentations, celui qui a osé introduire le blues dans la pop britannique. Sans lui, le paysage musical des années 60 n’aurait pas été le même. Il a exploré de nouveaux territoires sonores, fusionnant des genres et intégrant des instruments jusque-là rares dans le rock. Son influence ne se limite pas aux Stones : son empreinte se retrouve chez des artistes comme Johnny Marr, Jack White, Beck et même des musiciens issus de la scène psychédélique moderne.

Nick Broomfield, avec son documentaire, redonne un visage à cet ange maudit du rock, à ce pionnier oublié, à ce mélomane brisé par son propre rêve. De nombreux documentaires et biographies continuent d’explorer son rôle, cherchant à réhabiliter son image trop souvent éclipsée par la mythologie Stones.

Aujourd’hui, Brian Jones est régulièrement cité comme un des plus grands innovateurs du rock britannique. Son goût pour l’expérimentation a pavé la voie à des groupes qui ont repoussé les limites du genre, des Beatles post-Revolver à la vague psychédélique des années 70 et 90. Des hommages lui sont régulièrement rendus. En 2019, pour le 50e anniversaire de sa mort, plusieurs expositions et concerts ont célébré son influence. Un livre détaillant sa contribution musicale est paru, soulignant enfin son rôle fondamental. Ses fans continuent de visiter sa tombe, et son aura plane encore sur les nouvelles générations de musiciens avides d’inventivité et de liberté artistique.

 

Brian Jones et les Rolling Stones 2

Conclusion

Le documentaire The Stones and Brian Jones de Nick Broomfield ne se contente pas de revisiter l’histoire du musicien oublié des Rolling Stones, il offre une plongée poignante dans l’âme tourmentée d’un artiste en avance sur son temps. En mettant en lumière son rôle fondamental dans la formation du groupe et l’évolution de son son, le film réhabilite Brian Jones non seulement en tant que figure fondatrice, mais aussi en tant que musicien visionnaire.

À travers des témoignages inédits et des images d’archives rares, Broomfield donne une voix à celui qui, trop souvent, a été relégué au second plan dans l’histoire du rock. Il explore les conflits internes qui ont mené à sa chute et les circonstances mystérieuses entourant sa disparition, sans jamais tomber dans le sensationnalisme. Ce documentaire rappelle à quel point Brian Jones était un innovateur, un passionné du son, et un artiste en quête perpétuelle de nouvelles textures musicales.

Ceux qui découvriront le film ne pourront qu’être frappés par la richesse de son héritage musical et l’injustice de son effacement progressif dans la légende des Stones. The Stones and Brian Jones ne se contente pas de raconter une histoire, il ravive la mémoire d’un homme dont l’influence continue de résonner à travers les décennies. Une invitation à redécouvrir son œuvre et à lui accorder enfin la reconnaissance qu’il mérite.

Brian Jones et les Rolling Stones 4

 

 

FAQ sur le documentaire « The Stones and Brian Jones »

 

Qui est Nick Broomfield, le réalisateur du documentaire ?

Nick Broomfield est un documentariste britannique reconnu pour ses enquêtes approfondies et ses portraits intimes de figures controversées. Il est connu pour son approche immersive et provocante, ayant réalisé des films sur Kurt Cobain, Whitney Houston et Biggie & Tupac.

Son style repose souvent sur une narration en voix-off et une recherche minutieuse d’archives rares, ce qui donne une dimension plus personnelle et immersive à ses documentaires. Avec « The Stones and Brian Jones« , il s’attaque à un personnage complexe, dont l’influence et la chute continuent d’alimenter les débats plus de cinquante ans après sa mort.

Quel est l’angle du documentaire ?

Le documentaire se concentre sur le rôle fondateur de Brian Jones au sein des Rolling Stones, son influence musicale et la manière dont il a été progressivement marginalisé avant sa mort tragique. Broomfield cherche à réhabiliter son image en mettant en lumière son talent immense et son apport décisif au son du groupe.

Le film insiste sur les aspects moins connus de la personnalité de Jones, notamment sa sensibilité artistique et son besoin de reconnaissance, souvent éclipsés par ses excès et ses conflits avec ses pairs. Il explore également comment son influence s’est peu à peu érodée, à mesure que le groupe adoptait une approche plus commerciale et structurée sous l’égide de Jagger et Richards.

Quels témoignages apparaissent dans le film ?

Le documentaire inclut des interviews de proches de Brian Jones, d’anciens collaborateurs, ainsi que de musiciens influencés par son œuvre. Certains membres des Rolling Stones y figurent également, bien que leur implication soit limitée. On y trouve des anecdotes inédites sur son tempérament, ses expérimentations musicales et ses dernières semaines. Parmi les témoignages marquants figurent ceux de ses ex-compagnes, de musiciens ayant collaboré avec lui sur des projets avortés, ainsi que d’anciens journalistes et producteurs qui ont observé sa transformation progressive.

Le film apporte-t-il des révélations sur la mort de Brian Jones ?

Broomfield explore différentes théories sur la mort de Jones, notamment la possibilité d’un meurtre maquillé, mais il ne propose pas de conclusion définitive. Il met en évidence les contradictions et incohérences de l’enquête officielle, laissant le spectateur se faire sa propre opinion. De nouveaux témoignages viennent renforcer l’hypothèse d’une altercation fatale avec des individus présents ce soir-là, tandis que des documents d’archives récemment dévoilés soulèvent des doutes quant à la rigueur de l’enquête policière de l’époque. Le film insiste sur le manque de transparence autour des circonstances du drame et sur les nombreuses zones d’ombre qui subsistent.

Comment le documentaire aborde-t-il le génie musical de Brian Jones ?

L’une des forces du film réside dans sa mise en lumière de la créativité foisonnante de Jones. À travers des archives et des témoignages, Broomfield met en avant son rôle de visionnaire, son amour pour l’exploration sonore et son talent pour incorporer des instruments exotiques dans le rock. Il est présenté comme un musicien instinctif, toujours en quête de nouvelles sonorités, capable d’expérimenter avec des genres variés allant du blues traditionnel aux influences orientales. Son obsession pour l’authenticité musicale est également soulignée, ainsi que son refus de se plier aux exigences commerciales qui finiront par l’éloigner du groupe.

 

 

 

Quels sont les moments les plus marquants du documentaire ?

Plusieurs séquences du film se distinguent par leur intensité. On y découvre des images rares de Brian Jones en studio, absorbé par ses expérimentations musicales. Des lettres et notes personnelles, lues en voix-off, révèlent un homme torturé par ses démons intérieurs et frustré par son éviction progressive du groupe. Une reconstitution détaillée de ses derniers jours met en perspective le climat tendu qui régnait autour de lui et le sentiment d’abandon qu’il ressentait.

Quelle a été la réception critique du documentaire ?

Le film a reçu des critiques globalement positives, salué pour son approche équilibrée et sa profondeur d’analyse. Les admirateurs de Brian Jones y voient une tentative bienvenue de rendre justice à son héritage, tandis que les amateurs de rock apprécient la plongée dans les coulisses de l’un des plus grands groupes de tous les temps. Certains critiques regrettent cependant que le documentaire ne prenne pas davantage parti sur la question de sa mort et qu’il laisse plusieurs pistes ouvertes sans véritable conclusion.

Comment se positionne ce documentaire par rapport aux autres œuvres sur Brian Jones ?

Il existe plusieurs documentaires et ouvrages consacrés à Brian Jones, mais peu d’entre eux adoptent l’angle choisi par Broomfield, qui privilégie une approche plus humaine et émotionnelle. Là où d’autres productions se concentrent sur son rôle dans les Rolling Stones ou sur les aspects sensationnalistes de sa disparition, The Stones and Brian Jones cherche à dresser un portrait plus nuancé, en insistant sur ses qualités d’artiste et ses luttes personnelles.

Où peut-on voir le documentaire ?

Le film est disponible en streaming sur plusieurs plateformes et a été diffusé dans divers festivals avant sa sortie en salles et en VOD. Certaines éditions DVD incluent des bonus exclusifs, comme des interviews complètes et des scènes coupées, offrant un regard encore plus approfondi sur la vie et l’œuvre de Brian Jones.

Le documentaire donne-t-il envie de redécouvrir la musique de Brian Jones ?

Absolument. L’un des effets secondaires du film est de susciter un regain d’intérêt pour les morceaux auxquels Jones a activement contribué. De nombreux spectateurs ont redécouvert avec émerveillement ses performances sur des classiques comme Paint It, Black, Ruby Tuesday et She’s a Rainbow, réalisant à quel point son jeu et son intuition musicale étaient fondamentaux pour l’identité sonore des premiers Rolling Stones.

 

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