David Gilmour biographie, discographie, Pink Floyd, son de guitare et actualité..

David Gilmour : biographie, discographie, Pink Floyd, son de guitare et actualité…

par | 5 Déc 2025 | Groupe

Temps de lecture : 37 min

David Gilmour est cet étrange point d’équilibre où le rock progressif, le blues rock et le rock psychédélique ont décidé de se détendre, de respirer et de faire passer l’émotion avant la démonstration. Membre clé de Pink Floyd, guitariste, chanteur et compositeur, il a planté dans nos têtes les solos de Comfortably Numb, Time ou Wish You Were Here, joués sur sa Fender Stratocaster noire, la fameuse Black Strat, avec ce sustain, ce vibrato et ce tone qui ont façonné le son de guitare le plus copié de la planète.

Aujourd’hui, entre l’album solo Luck And Strange, son live filmé Live At The Circus Maximus et un nouvel album live en forme de rétrospective, le bonhomme continue de remplir des salles, de squatter les classements de « meilleurs guitaristes » et de rendre les fans dingues de pédales d’effets. Si tu veux comprendre pourquoi une seule note de David Gilmour suffit parfois à résumer ta semaine, tu es au bon endroit.

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Qui est vraiment David Gilmour

Avant d’être la silhouette un peu voûtée qui fait pleurer une Stratocaster sous des lasers bleus, David Gilmour est un type qui a grandi dans une Angleterre encore en noir et blanc, qui a appris la guitare comme on apprend une langue qu’on compte bien parler mieux que tout le monde, et qui s’est retrouvé parachuté dans Pink Floyd au moment exact où le groupe menaçait de s’écrouler avec Syd Barrett. Pour comprendre le mythe, il faut revenir à ce moment-là: un gamin de Cambridge, une bande de freaks psychédéliques, un leader qui part en vrille, et un guitariste « de secours » qui finit par redéfinir l’ADN sonore d’un des plus grands groupes de rock de l’histoire.

Enfance à Cambridge, premiers groupes et entrée chez Pink Floyd

David Gilmour naît à Cambridge en 1946, dans une famille plutôt intellectuelle, loin du cliché rock des parents absents et du garage poisseux. Il tombe très tôt sur une guitare comme d’autres tombent sur une mauvaise fréquentation, et commence à copier les héros du blues et de la folk qu’il entend sur les disques: Lead Belly, Pete Seeger, Hank Marvin, un peu plus tard Clapton et Hendrix. Il l’a dit lui-même: il a copié sans honte, jusqu’à ce que quelque chose de vraiment à lui apparaisse. C’est peut-être la première leçon David Gilmour: tu peux commencer par imiter, l’important c’est ce que tu fais du miroir.

Avant Pink Floyd, il joue dans Jokers Wild, écume les cafés, s’use les doigts sur des reprises. Pendant ce temps, une autre bande de Cambridge, menée par un certain Syd Barrett, invente un drôle de truc psychédélique qui finira par s’appeler Pink Floyd. Les deux trajectoires se frôlent, se recroisent. Quand Barrett commence à partir en fumée, épuisé par les drogues et les dérapages mentaux, la question devient simple et brutale: le groupe meurt avec lui, ou quelqu’un vient colmater la brèche.

Ce quelqu’un, ce sera David Gilmour. Au départ, il est là comme renfort, pour épauler Barrett sur scène. Très vite, l’équilibre bascule. Barrett s’enfonce, David Gilmour s’impose. On pourrait écrire une tragédie grecque là-dessus, mais l’histoire retiendra surtout ça: le mec qui débarque en 1968 avec sa Telecaster blanche et son flegme britannique va devenir la voix guitare de Pink Floyd. La suite, tu la connais: des concerts qui grossissent, une vision sonore qui se précise, des albums qui deviennent des monuments, et un groupe qui, sans lui, n’aurait probablement pas survécu à ses propres hallucinations.

Pink Floyd Logo 1979 1985

Du second couteau au cerveau musical du Pink Floyd post-Waters

Le paradoxe, c’est que pendant longtemps, David Gilmour a été perçu comme « le guitariste » dans un groupe dominé par un autre ego: Roger Waters, bassiste, parolier, architecte conceptuel. Sur The Dark Side Of The Moon, Wish You Were Here ou Animals, tu peux presque tracer les lignes de front: Waters pose les concepts, les textes, le cadre; Gilmour construit la colonne vertébrale musicale, les harmonies, les solos qui font exister l’architecture dans ton corps.

À mesure que les années 70 avancent, les tensions montent. Le succès gigantesque de The Dark Side Of The Moon transforme le groupe en entreprise mondiale, avec tout ce que ça implique de pressions, de fric et de parano. Lors de la création de Wish You Were Here, la relation Waters/Gilmour devient un champ de bataille silencieux: d’un côté, l’obsession du concept, de l’autre, la défense farouche de la musique comme plaisir et non comme simple véhicule d’idées . Sur The Wall, Waters pousse la logique jusqu’à l’implosion, allant jusqu’à virer Wright et à prendre le contrôle quasi total de l’album. David Gilmour signe pourtant l’un des solos les plus célèbres de l’histoire du rock sur Comfortably Numb, comme si au milieu du bunker, il avait laissé une fenêtre ouverte.

Quand Waters quitte le groupe au milieu des années 80, persuadé que Pink Floyd ne peut pas survivre sans lui, David Gilmour fait l’inverse: il décide que si, en fait, le groupe va continuer. Sous sa direction, Pink Floyd sort A Momentary Lapse Of Reason puis The Division Bell, et plus tard The Endless River, assemblage de sessions avec Richard Wright qui prend des allures de requiem . On peut discuter éternellement pour savoir si ces albums sont « aussi bons qu’avant », mais une chose est sûre: sans Gilmour, le nom Pink Floyd serait resté coincé quelque part entre 1979 et un procès bien moche.

Gilmour hors Pink Floyd : vie privée, engagement, discrétion et héritage

Hors scène, David Gilmour n’a jamais vraiment joué le jeu de la rockstar hollywoodienne. Il est plutôt du genre à disparaître longtemps, à vivre en famille, à écrire avec Polly Samson, sa compagne et parolière, à remonter sur scène quand il a vraiment quelque chose à dire plutôt que pour alimenter une marque personnelle. Le type a huit enfants, vend des guitares aux enchères pour financer des causes caritatives, reçoit quelques médailles (CBE, Rock and Roll Hall of Fame), et retourne ensuite à ce qu’il fait le mieux: éviter le bruit médiatique pour se concentrer sur la musique.

C’est ce décalage qui le rend fascinant à l’ère des réseaux: un mec classé parmi les « greatest guitarists of all time », vénéré par Rolling Stone, intronisé partout où le rock a des panthéons, mais qui semble surtout préoccupé par le fait de sonner juste, émotionnellement parlant. Son héritage, ce n’est pas seulement un catalogue de solos, c’est une certaine idée de la sobriété: la démonstration comme outil, jamais comme finalité.

 

Le son David Gilmour : anatomie d’un solo qui tue sans courir

Tu peux rire des guitaristes qui passent leur vie à empiler des pédales pour « sonner comme David Gilmour« , mais tu ne peux pas nier un truc: si autant de gens s’acharnent, c’est que le Graal est là. Son son, c’est un mélange de matériel très identifiable et de trucs impossibles à acheter: le toucher, le timing, la façon d’utiliser le silence comme un instrument. Là où d’autres remplissent l’espace, lui enlève, creuse, laisse respirer. Il joue chaque solo comme si c’était la dernière fois, mais sans hystérie, avec cette espèce de gravité tranquille que peu de guitaristes possèdent.

Guitares, amplis et pédales : la Black Strat, la Big Muff et le culte du tone

Le mythe commence avec une simple guitare: une Fender Stratocaster noire, achetée à New York en 1970, modifiée au fil des années, rebaptisée « Black Strat ». C’est elle qu’on entend sur la plupart des albums de Pink Floyd des années 70 et sur une bonne partie des classiques: Time, Money, Comfortably Numb, Shine On You Crazy Diamond Wikipédia. Cette Strat, Gilmour l’a charcutée, modifiée, restaurée, au point qu’elle mérite presque sa propre biographie. En 2019, il la vend aux enchères pour près de 4 millions de dollars, reversés à des associations caritatives. Oui, un morceau de son tone est parti pour sauver le monde, ou au moins une petite partie.

Autour de cette guitare gravite tout un écosystème: Telecasters, Lap steel, guitares acoustiques, parfois banjo ou mandoline. Mais la colonne vertébrale reste cette idée de la note claire, chantante, jamais noyée dans le gain. Côté amplis, il affectionne les Hiwatt, propres, puissants, qui encaissent sans broncher les assauts de fuzz et de Big Muff, cette pédale de distorsion épaisse et velue devenue indissociable du son David Gilmourr .

Car oui, parlons pédales. Une partie du culte vient de là: Big Muff Pi, Tube Driver, delays (souvent longs et réglés avec parcimonie), chorus, Uni-Vibe, flanger, reverbs généreuses. Les articles spécialisés dissèquent son pedalboard comme un objet sacré, tu trouves des schémas, des clones, des presets « David Gilmour » sur tous les multi-effets du marché . Pourtant, quand on demande à Phil Taylor, son tech historique, d’expliquer le secret, il revient toujours à la même chose: tu peux acheter les mêmes jouets, tu n’auras pas les mêmes doigts.

Le gear de David Gilmour, c’est comme la cuisine d’un grand chef: tu peux acheter les mêmes ingrédients, tu n’auras pas la même main. La magie est dans le dosage: un fuzz pas trop saturé, un delay assez long pour créer une traîne mais pas assez fort pour noyer la note, une reverb qui ouvre l’espace sans transformer tout en soupe. Le résultat, c’est ce son à la fois massif et lisible, où chaque note semble contenir la fatigue du monde et la promesse d’un truc un peu meilleur.

 

Style de jeu : phrasé blues, silences, vibrato et architecture des solos

Tu peux analyser David Gilmour autant que tu veux, faire des schémas, mesurer les millisecondes de delay, calculer l’angle exact de son vibrato, mais au bout du compte, ce n’est pas de technique qu’il s’agit. C’est de respiration. De la façon dont un type, debout dans une lumière bleutée comme un poisson sacré, arrive à faire flotter le temps. Là où des guitaristes te bombardent pour prouver qu’ils existent, David Gilmour te regarde droit dans la poitrine et te demande très calmement si tu es prêt à entendre ce que tu caches depuis des années.

La première chose qu’on remarque chez lui, c’est cette lenteur volontaire, ce refus du spectaculaire pour le spectaculaire. Chez lui, un solo n’essaie pas de « monter » ou « descendre ». Un solo reste. Il habite. Il arrondit les angles, étire les phrases, pose des silences qui valent plus cher que certaines encyclopédies rock.

Le phrasé blues, c’est son squelette. Mais un blues passé dans une centrifugeuse cosmique, où les notes ne courent pas derrière la douleur: elles la regardent. Elles l’écoutent. Elles négocient. Tout repose sur trois ingrédients: le bend, le vibrato et le placement rythmique. Des trucs simples, à première vue, mais d’une précision chirurgicale quand ils sont exécutés par David Gilmour.

Prends un bend de David Gilmour. N’importe lequel. Il n’arrive jamais là où tu l’attends: il glisse, hésite, s’accroche, grimpe une fraction de seconde trop lentement ou trop vite, puis se stabilise dans une lumière étrange, comme si la note avait trouvé sa véritable forme seulement au dernier moment. Chez lui, un bend n’est pas un geste. C’est une négociation diplomatique entre l’homme et la matière.

Le vibrato, pareil. Large, ample, nerveux mais jamais hystérique. Un vibrato qui semble dire: « On va faire un tour, mais on ne va pas courir. » C’est ce vibrato-là qui donne à chaque note son caractère vocal. Beaucoup de guitaristes cherchent à faire parler leurs instruments; David Gilmour, lui, les fait respirer. Et pas comme un être humain: comme une créature de science-fiction un peu fatiguée, qui aurait traversé tout l’univers pour s’asseoir à côté de toi et te chuchoter quelque chose d’important.

Le rythme, enfin. C’est là que David Gilmour enterre tous ses imitateurs. Sa façon de jouer derrière le temps, de retarder légèrement l’attaque, de laisser un dixième de seconde de vide avant une note cruciale, donne à sa guitare une dimension presque narrative. Il raconte des trucs. Des regrets. Des illusions. Des nuits sans sommeil. Des victoires minuscules. Des tentatives de fuite. Des retours forcés. Des choses qu’aucun mot n’oserait dire.

Écoute le solo de Time. Tout est déjà là: la lenteur, le souffle, l’arche émotionnelle qui se construit sans forcer, comme une vague qui ne cherche pas à t’emporter mais finit quand même par t’engloutir. Ou celui de Comfortably Numb, qui est devenu la pierre angulaire des guitaristes en quête de transcendance. S’il t’arrache quelque chose, ce n’est pas parce qu’il est techniquement incroyable, mais parce qu’il semble surgit d’une région du cerveau où la nostalgie et le désir ont décidé de signer un pacte de non-agression.

Le génie de David Gilmour, c’est d’avoir fait du solo de guitare une prière laïque. Un endroit où tu vas quand tu n’as plus d’endroit où aller. Et dans ces moments-là, tu comprends que tout ce qu’il joue n’est qu’une seule phrase répétée sous différentes formes: « Tu n’es pas seul. »

David Gilmour biographie, discographie, Pink Floyd, son de guitare et actualité..

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Comment approcher le son de David Gilmour sans vendre un rein

Voilà la section où les guitaristes posent les chips, prennent un carnet et commencent à écrire frénétiquement comme si leur vie dépendait d’un delay réglé au millimètre. Bonne nouvelle: pour sonner un peu comme David Gilmour, tu n’as pas besoin de remortgager ta maison ni de vendre un membre non vital. Mauvaise nouvelle: même si tu fais tout pareil, tu ne sonneras jamais comme lui. Mais tu peux t’en approcher suffisamment pour que ta voisine pense que tu traverses quelque chose d’important.

La base, c’est une Stratocaster. Pas forcément une Custom Shop hors de prix: une bonne Strat bien réglée suffit. Le micro manche et le micro intermédiaire sont tes deux meilleurs amis. Tu veux ce son rond, liquide, un peu triste mais pas désespéré, comme si la guitare te parlait après avoir trop longtemps fumé en cachette.

Ensuite, un overdrive ou une fuzz. Pas besoin de sortir la Big Muff de collection: n’importe quelle fuzz honnête fera le job si tu sais la dompter. Mais attention, David Gilmour ne joue pas avec une fuzz gonflée à bloc. Il utilise un grain épais mais contrôlé, jamais boueux, jamais hystérique. Le fuzz chez lui, c’est un carburant propre.

Le delay, c’est la clé. Sans lui, tu peux imiter; avec lui, tu commences à comprendre. Réglage classique: une répétition assez longue, discrète, subtile. Tu ne veux pas un écho. Tu veux une ombre. La réverb, elle, sert à créer un espace mental plus qu’un espace sonore. Trop de réverb, tu te noies. Pas assez, tu respires trop. Il faut trouver ce point d’équilibre où chaque note semble flotter au-dessus de ta tête comme un souvenir que tu n’as pas le droit d’oublier.

Mais le vrai secret, tu le connais déjà. C’est le toucher. La façon d’attaquer la corde, de laisser traîner un vibrato un peu plus longtemps que prévu, de retenir une phrase juste avant qu’elle n’explose. Tu peux acheter toutes les pédales du monde; tu ne peux pas acheter une intention. Et c’est précisément ce que tu entends quand David Gilmour joue: une intention. Une sorte de calme furieux que rien n’arrive à imiter.

Travailler son son à la manière de David Gilmour, c’est un peu comme apprendre la méditation: tu passes d’abord par le matos, puis tu réalises que le matos n’était que le prétexte pour te faire regarder en toi. Si tu veux vraiment sonner comme lui, commence par une règle simple: chaque note doit avoir une raison d’exister.

Discographie essentielle : de Pink Floyd aux albums solo

Avant de plonger, imagine un truc: David Gilmour n’a jamais réellement voulu être une icône. Il voulait juste être à sa place dans la musique. Et paradoxalement, c’est précisément ce qui l’a propulsé dans une dimension où chaque album ressemble à un chapitre de ta psyché que tu n’avais jamais pris le temps de lire.
La discographie du bonhomme est un labyrinthe émotionnel, un truc qui commence par la douleur silencieuse (The Dark Side Of The Moon), passe par la nostalgie fracassée (Wish You Were Here), se casse volontairement les dents sur la folie ordinaire (Animals), puis explose sous la pression d’un système nerveux saturé (The Wall).
Ensuite viennent les albums solo, où Gilmour arrête de fuir et commence à parler au « je ».

Période Pink Floyd : les albums qui ont fait de Gilmour une légende

Dans l’histoire du rock, il existe trois types d’albums: ceux qui tournent au vinaigre comme un yaourt oublié, ceux qui bonifient comme un whisky qui dort dans un fût depuis trop longtemps, et ceux qui refusent purement et simplement de vieillir. Ce sont ces disques qui te rattrapent à 3h du matin, qui t’obligent à regarder en face ce que tu évites depuis des années. Et dans ce panthéon, David Gilmour occupe la place du gardien de nuit, celui qui allume une seule note pour éclairer tout un univers.

The Dark Side Of The Moon

C’est ici que David Gilmour forge son alphabet émotionnel, sa grammaire sonore, son ADN musical. La voix est calme, presque clinique, comme s’il t’annonçait un diagnostic que tu connaissais déjà mais que tu refusais d’entendre. Ses solos ne sont pas des démonstrations: ce sont des examens médicaux de l’âme. Le solo de Time est un test psychologique à lui tout seul: une montée lente, une incision mélodique, un effondrement contrôlé. Tout est chirurgical, mais chargé d’une mélancolie organique, comme si le corps même de Gilmour pleurait à travers le sustain. Cet album fixe définitivement la manière dont le monde percevra sa guitare: un scalpel enveloppé de lumière.

Wish You Were Here

Ici, on entre dans le territoire du fantôme, celui de Syd Barrett: présent, absent, écrasant. Le riff d’ouverture de Shine On You Crazy Diamond est un appel d’un autre monde, une balise lancée dans le vide pour un ami perdu. Pas besoin de virtuosité: l’émotion se suffit à elle même. Gilmour ne joue pas pour briller, mais pour accepter. Chaque note est un adieu retenu, un pardon silencieux, un aveu de culpabilité que la musique adoucit sans jamais l’effacer. Cet album est une chambre funéraire d’où s’échappe une lumière fragile, et Gilmour en est le prêtre discret.

Animals

C’est le disque le plus rancunier, le plus grinçant, le plus humainement dangereux du Floyd.David Gilmour change de peau: il devient acéré, mordant, presque venimeux. Sur Dogs, il livre une démonstration d’architecture sonore: dix-sept minutes de tension, d’ascension, de chute, où la guitare devient une arme blanche taillée dans le cynisme. Rien n’est doux ici. Tout est tranchant, politique, désabusé. David Gilmour n’adoucit rien: il amplifie la noirceur du propos jusqu’à la transformer en beauté brute. Animals n’est pas un album: c’est une morsure.

 

The Wall

C’est l’affrontement total entre Waters et Gilmour, l’apogée d’un conflit créatif qui déchire le groupe comme une fissure dans un barrage. Waters domine tout, impose tout, dirige tout. Mais Gilmour, au milieu du champ de ruines, plante un drapeau: Comfortably Numb. Deux solos. Deux visions. Deux façons d’arracher un cœur. Le premier est une confession, le second une ascension spirituelle qui finit en incendie. Ce solo n’est pas un solo: c’est un roman, une catharsis, une opération à cœur ouvert. Le reste de l’album est une guerre. Ce morceau est la preuve que David Gilmour sait gagner sans se battre.

The Division Bell

Post Waters, Gilmour reprend les clés, et tu l’entends instantanément. L’air circule à nouveau. Les notes respirent. Le son devient plus lumineux, plus ample, presque pastoral. Cet album est un long apaisement, une réconciliation avec soi même et avec le monde. Les solos ne veulent plus prouver, ils veulent ouvrir. Il y a du bleu ciel dans cet album, du vent, de l’espace, comme si Gilmour avait enfin la place pour redevenir lui même. The Division Bell sonne comme un homme qui a survécu à une décennie de tempêtes et qui apprend à regarder à nouveau l’horizon.

The Endless River

Ce disque est un adieu. Un murmure. Une caresse faite à Richard Wright, compagnon discret, allié silencieux. Gilmour y joue comme quelqu’un qui parle à un fantôme qu’il aime. Les glissandos sont des soupirs, les harmonies des prières, chaque note une tentative de retenir un souvenir qui s’efface. Ce n’est pas un album pour avancer: c’est un album pour rester immobile avec quelqu’un qu’on ne veut pas perdre. La phrase qui traverse tout le disque est simple: on aurait dû avoir plus de temps. Et Gilmour, avec cette pudeur qui le caractérise, réussit à transformer le deuil en lumière suspendue.

L'évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

L’évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

 

Les albums solo : du premier disque à Luck And Strange

Les albums solo de David Gilmour ne sont pas des respirations entre deux époques du Floyd: ce sont des aveux. Des chambres d’écho intimes où il cesse d’être le contre-pouvoir silencieux face à Waters pour devenir, enfin, sa propre voix. Ici, pas de concept imposé, pas de guerre d’ego, pas de dramaturgie forcée. Juste un homme qui parle directement, sans filtre, sans métaphore inutile. Chaque disque est une confession, un instantané de l’homme derrière la légende, une façon de dire « voilà qui je suis quand je ne porte plus le masque Pink Floyd ».

David Gilmour (1978)

Premier album solo, première respiration après l’apocalypse Floydienne. David Gilmour y apparaît presque nu, débarrassé du gigantisme, du concept, des machines à vent émotionnelles de Waters. Ce disque sonne comme quelqu’un qui ouvre les fenêtres après une décennie passée dans une pièce pleine de fumée. Les mélodies sont simples, presque naïves, mais traversées d’une sincérité désarmante. La guitare y est plus organique, plus directe, comme si Gilmour essayait pour la première fois de se parler à lui-même sans décor. On entend un homme qui explore son propre espace intérieur et qui, pour la première fois, ne s’excuse pas de préférer la lumière au chaos.

About Face (1984)

Album né en pleine guerre froide extérieure… et en pleine guerre chaude intérieure. Ici, David Gilmour joue comme un homme en transition, un homme qui refuse de s’effacer mais qui ne sait pas encore totalement ce qu’il veut devenir. Les arrangements flirtent avec la pop rock des années 80, les guitares sont plus agressives, plus angulaires. C’est un disque instable, nerveux, riche en tensions sous-jacentes. En toile de fond, la relation avec Waters est en train de se désintégrer définitivement. On sent Gilmour se débattre, se réinventer, tenter de trouver sa trajectoire en plein champ de ruines. About Face est un album de combat, pas toujours équilibré, mais profondément humain.

On An Island (2006)

Le David Gilmour le plus beau, le plus pur, le plus contemplatif. Un disque qui respire comme un coucher de soleil étiré sur douze pistes. La voix est douce comme un souvenir qu’on croit avoir inventé, la guitare flotte comme un oiseau fatigué mais libre. On An Island est un album qui prend son temps, qui t’oblige à le prendre avec lui, qui transforme chaque silence en refuge. La production est soyeuse, presque liquide; les solos sont des aquarelles. C’est un David Gilmour apaisé, lucide, profondément amoureux de la simplicité, un homme qui regarde sa vie d’un point de vue enfin stable. Et c’est précisément cette douceur qui en fait l’un de ses chefs d’œuvre.

Rattle That Lock (2015)

Plus direct, plus narratif, presque plus terrien. Ici, David Gilmour avance avec Polly Samson comme co-architecte littéraire et émotionnelle. L’album danse autrement: moins de grands incendies, plus de sagesse, plus de lumière filtrée par l’expérience. Le son est moderne, les structures plus nettes. David Gilmourn’essaie plus de prouver quoi que ce soit; il raconte. Chaque morceau a la densité d’un chapitre, chaque solo la maturité d’un homme qui sait exactement où il se trouve. Rattle That Lock, c’est l’art de continuer à créer sans chercher à rivaliser avec son propre passé.

Luck And Strange (2024)

Le Gilmour d’aujourd’hui: âgé, lucide, fragile, incandescent. Un album qui regarde le temps comme un adversaire nécessaire, un compagnon silencieux, un témoin impitoyable. Sa voix tremble parfois, mais la guitare, elle, reste droite, implacable, traversée d’une intensité presque spirituelle. Luck And Strange parle de la perte, de l’amour, du déclin, de la mémoire, des adieux non prononcés. C’est un disque d’homme qui sait que chaque note compte, que chaque mot doit être vrai, que la beauté n’a jamais été une affaire de virtuosité. Cet album ne te demande pas ton avis: il te regarde droit dans l’âme et refuse de cligner des yeux.

L'évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

L’évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

Les grands lives : Pompeii, Gdańsk, Circus Maximus

Un secret que seuls les musiciens comprennent vraiment: David Gilmour est meilleur en live qu’en studio. Parce qu’en live, il respire. Il laisse les notes se tordre, hésiter, grandir, muter. Il ne rejoue jamais un solo de la même manière; il le revisite comme un souvenir qui change en fonction de l’âge, de la fatigue, de la lumière, du vent.

Live At Pompeii

Plus qu’un concert, c’est un rituel païen. David Gilmour joue au milieu des ruines comme un prêtre qui aurait troqué sa Bible contre une Stratocaster. Le son se mélange aux pierres, à la poussière, à l’histoire. Tout semble suspendu. Sa guitare flotte dans un silence presque religieux, comme si le lieu lui même respirait avec lui. Pompeii est un moment de communion où le temps n’existe plus.

Live in Gdańsk

Un des plus beaux enregistrements live de l’histoire moderne. L’orchestre magnifie chaque phrase, le vent de la Baltique semble accompagner les delays, et David Gilmour joue comme s’il ouvrait un livre qu’il n’avait jamais osé relire. Les versions de On An Island et Comfortably Numb y sont d’une ampleur presque cosmique. Gdańsk, c’est le Gilmour souverain, détendu, brillant sans chercher à l’être.

Live At The Circus Maximus (2024)

Le vieux lion n’a pas perdu ses crocs. IMAX, arrangements somptueux, tension crépusculaire: tout respire la grandeur mais aussi la fragilité. David Gilmour y est un homme qui joue face à la fin, et c’est cette lucidité qui donne à chaque solo une charge émotionnelle rare. Tu sens le poids du temps, mais aussi la beauté inexplicable de continuer quand même. C’est un testament vivant, pas un adieu.

Waters vs Gilmour : la guerre froide la plus célèbre du rock

Tu crois connaître l’histoire, mais elle se glisse toujours un peu différemment dans l’oreille. Waters et Gilmour, c’est un duo maudit, deux forces opposées coincées dans le même corps musical. Au départ, ils avancent ensemble: Waters construit les concepts, Gilmour érige les cathédrales sonores. Puis arrive The Dark Side Of The Moon, ce succès qui n’est pas un succès mais un séisme, et c’est là que tout bascule. Waters veut tout contrôler, tout scénariser, tout politiser; Gilmour veut simplement laisser la musique respirer. L’un parle, l’autre chante. L’un explique, l’autre ressent. Et silencieusement, un gouffre se creuse. Wish You Were Here en porte les cicatrices: deux visions impossibles à concilier cohabitent dans le même studio. Animals amplifie la fracture, The Wall l’explose. Gilmour y offre pourtant un des solos les plus immenses de l’histoire (Comfortably Numb), preuve que même dans une guerre, il peut encore surgir de la beauté. Et quand Waters quitte le navire en pensant qu’il l’a coulé, Gilmour prouve l’inverse: Pink Floyd peut survivre sans son architecte, mais jamais sans son cœur. Leur conflit, au fond, raconte une vérité simple: certaines légendes ne naissent pas de l’harmonie, mais de la friction.

L’avatar Pink Floyd au Sphere : l’ironie cosmique qui réveille le vieux lion

Imagine la scène: quelque part à Londres, David Gilmour apprend qu’on envisage un show Pink Floyd en mode avatar au Sphere de Las Vegas. Une version numérique de lui, jeune, sculpté, éternel, jouant Time pendant qu’il regarde la pluie tomber sur son jardin. L’idée a quelque chose d’à la fois hypnotique et obscène. Car David Gilmour, c’est le contraire d’une machine: un souffle, un tremblement, un vibrato qui n’existe que parce que la main est vivante. Voir un double numérique reproduire son émotion comme un logiciel poserait la question la plus vertigineuse de son époque: qu’est-ce qu’une âme quand la technologie prétend pouvoir l’imiter ? Et surtout: qui est le vrai Gilmour lorsque son clone peut jouer sans vieillir, sans se tromper, sans douter ? Le Sphere est un temple pour artistes immortalisés, mais David Gilmour n’a jamais cherché l’immortalité: seulement l’honnêteté. Et il y a quelque chose de profondément ironique à imaginer un homme qui joue avec autant d’humanité regarder un avatar qui n’en possède pas une goutte. S’il devait un jour accepter cette version numérique de lui-même, ce serait par lucidité, jamais par vanité. Mais son regard, lui, semble dire autre chose: une note vivante vaut mieux qu’une éternité parfaitement morte.

Pourquoi David Gilmour parle autant à la génération streaming

Le plus fascinant, ce n’est pas que des gamins découvrent David Gilmour en 2025: c’est qu’ils s’y accrochent comme à un radeau émotionnel. Dans un monde où tout est rapide, où les notifications remplacent les pensées, où la saturation sonore est permanente, la lenteur de Gilmour devient une rébellion. Ses solos n’avancent pas: ils respirent. Ils ne crient pas: ils avouent. Ils ne séduisent pas: ils consolent. Sur TikTok ou YouTube, un ado qui entend Shine On You Crazy Diamond tombe sur une vérité primitive: une seule note peut parfois contenir plus d’âme que mille mots. Gilmour joue avec une sensibilité que les algorithmes ne savent pas simuler: un vibrato qui hésite légèrement, un bend qui semble reprendre son souffle avant de monter, une manière de laisser la guitare raconter l’enfance, la perte, le deuil, le désir, tout ce que la génération streaming ressent sans jamais réussir à formuler. Ils n’écoutent pas Gilmour pour la nostalgie du passé. Ils l’écoutent parce qu’il dit calmement ce que personne n’ose dire à voix haute: tu peux prendre ton temps. Tu peux ressentir sans te justifier. Tu peux être fragile sans t’effondrer. Et surtout: tu peux laisser une seule note te sauver, si tu la laisses entrer.

Guide pratique fan & guitariste : par où commencer avec David Gilmour

Tu découvres David Gilmour et tu veux savoir par où entrer dans cette cathédrale sonore qu’est sa carrière ? Respire, garde ton calme, et lis. Ce guide n’est pas un simple mode d’emploi: c’est une carte de survie mentale, un GPS émotionnel qui t’indique où poser les pieds dans un univers où chaque note peut potentiellement t’ouvrir la poitrine. Gilmour, ce n’est pas un catalogue. C’est un territoire. Il y a un « avant Gilmour » et un « après Gilmour ». Peu d’artistes peuvent se vanter d’un tel effet secondaire. Et pourtant, l’entrée peut être intimidante: trop d’albums, trop de lives, trop de solos, trop d’aura. Voilà donc une porte d’accès simple, précise, efficace, qu’on pourrait appeler: « Comment devenir Gilmour-compatible en 10 minutes ».

Top morceaux pour découvrir David Gilmour (Pink Floyd + solo)

Si tu veux entrer dans l’univers de David Gilmour par la grande porte, commence par ces morceaux. Pas parce qu’ils sont célèbres, mais parce qu’ils condensent tout: la lenteur, la tension, la lumière brisée, les voyages internes, les silences qui hurlent plus fort que les notes. Shine On You Crazy Diamond: c’est la prière laïque par excellence, un hommage, une confession, un couloir de cathédrale où chaque accord ressemble à un souvenir qu’on aurait mis au congélateur pour ne pas qu’il pourrisse. Comfortably Numb: pas un solo, mais une transfusion sanguine. À écouter seul, en pleine nuit, quand tu ne sais plus très bien où tu es. Time: un miroir brisé que David Gilmour t’oblige à regarder. Si tu ne ressens rien ici, arrête tout, prends un thé, reviens plus tard. High Hopes: le Gilmour philosophe, celui qui se retourne sur sa vie avec douceur et terreur. On An Island: l’homme apaisé, solaire, enfin en paix (ou presque). Rattle That Lock: le Gilmour narratif, l’homme qui raconte une histoire avec des couleurs plus qu’avec des accords. Luck And Strange: le vieux lion qui ne rugit plus, mais dont chaque note sait exactement où frapper pour réveille ce qui dort chez toi. Après ces sept morceaux, tu n’auras plus envie d’écouter la guitare de la même façon, et tu commenceras à percevoir ce qui distingue David Gilmour des autres: la sincérité dans chaque centimètre de vibrato.

Le son de David Gilmour

Le son de David Gilmour, c’est ce souffle incandescent qui semble venir d’un ailleurs où la gravité n’a plus d’emprise. Une note chez lui ne voyage pas : elle plane, elle dérive comme un souvenir trop lourd pour retomber, sculptée par un vibrato qui frôle la confession. Pourtant derrière cette douceur quasi cosmique, il y a une mécanique d’orfèvre, un laboratoire secret où chaque élément du matériel devient un organe d’un même corps : sa Stratocaster noire, usée jusqu’à l’os comme une relique de pèlerinage, ses micros EMG qui ne brillent jamais pour rien, juste pour mieux respirer dans l’espace.

La magie, pourtant, ne naît pas du bois ou du métal mais du dialogue électrique entre ses doigts et un vieux Big Muff Pi, cette pédale soviétique de guitare qui, entre les mains d’un autre, serait une brute épaisse, mais qui chez David Gilmour devient brume, océan, apocalypse retenue. Le son se déploie alors comme une tempête qui connaît la politesse. Et puis il y a l’écho. Cet écho qui n’est pas une répétition mais un double fantomatique, un souvenir de la note qui revient pour dire qu’elle n’était pas prête à disparaître. Le delay chez David Gilmour n’imite jamais le temps : il le courbe, il l’étire doucement comme un fil de lumière. Un tape delay qui respire, un Binson Echorec devenu légende, capable de transformer un simple bend en paysage lunaire.

Sa compression aussi, légère, presque pudique, sert à retenir la note comme on retient une main qui s’échappe. Pas d’artifice, pas de brûlure inutile : juste ce qu’il faut pour que la guitare devienne voix, que la voix devienne prière, et que la prière devienne cri étouffé. On parle souvent de ses solos comme de sermons cosmiques, mais en vérité, Gilmour n’est pas un prêcheur : il est un architecte du silence. Chaque espace entre ses phrases, chaque respiration amplifiée par un ampli Hiwatt poussé juste avant la rupture, dit plus que mille déferlantes de shred. C’est un son qui marche pieds nus, qui ne craint pas la fragilité, qui ose la lenteur là où les autres veulent impressionner.

Et au bout du chemin, il reste cette sensation étrange : Gilmour ne joue pas de la guitare. Il la souffle. Il la rêve. Son matos, aussi mythique soit-il, n’est qu’un prolongement de cette respiration-là, de cette façon unique d’habiter le temps comme on habite un souvenir d’enfance.
Une Strat, un écho, un fuzz, et un homme qui semble dire à chaque note : « Je ne joue pas pour qu’on m’écoute, je joue pour tenir le monde en équilibre une seconde de plus. »

L'évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

L’évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

Quel album écouter en premier selon ton profil

Plutôt que de te balancer une liste brute, on va faire simple: choisis ton état émotionnel, et je te donne ton album. Si tu es mélancolique mais pas encore brisé: Wish You Were Here. Si tu te demandes ce que tu fais de ta vie: The Dark Side Of The Moon. Si tu veux entendre quelqu’un se battre contre lui-même: Animals. Si tu veux pleurer sans savoir pourquoi: The Division Bell. Si tu veux comprendre comment un homme peut survivre à Pink Floyd: On An Island. Si tu veux entendre Gilmour marcher dans ses souvenirs: Luck And Strange. Et si tu veux le choc frontal, le vieux volcan, la légende au sommet de ses forces: Live in Gdańsk. Pour t’aider encore mieux, voici un tableau rapide, clair, utile, comme un pedalboard sans câbles qui craquent:

Profil Album recommandé Pourquoi
Débutant complet Wish You Were Here Émotion pure, entrée idéale dans l’univers Gilmour
Fan de solos Pulse / Live in Gdańsk Les solos les plus amples, les plus vivants
Fan de folk / douceur On An Island Sensibilité, écriture, apaisement
Amoureux du rock sombre Animals Tranchant, tension, rythmique hypnotique
Introspectif The Division Bell Nostalgie, spiritualité diffuse
Curieux de la période récente Luck And Strange Gilmour face au temps qui passe

 

Ce tableau n’est pas un gadget. C’est une porte d’entrée psychologique. Gilmour ne s’écoute jamais de la même manière selon qui tu es au moment où tu presses « play ».

Ressources pour aller plus loin : lives, interviews, docu, bouquins

Si tu veux entrer dans les souterrains du mythe, il va falloir aller plus loin que les albums. Les lives sont essentiels, car David Gilmour est un artiste qui ne révèle sa pleine puissance qu’en temps réel. Live at Pompeii est une séance d’hypnose où le monde semble s’être arrêté pour laisser respirer la musique. Live in Gdańsk est un morceau de cinéma, un truc à la fois colossal et intime. Live at the Circus Maximus (ère Luck And Strange) montre un Gilmour âgé, mais d’une intensité redoutable, comme si la fragilité l’avait rendu encore plus dangereux. Côté interviews, cherche celles où Gilmour parle du doute, du temps, de l’écriture: il n’est jamais démonstratif, jamais bavard, mais chaque phrase a un poids. Il parle comme il joue: lentement, mais avec une précision chirurgicale.
Pour les docs, tu peux foncer sur tout ce qui touche à la construction des albums Pink Floyd, en particulier ceux centrés sur Wish You Were Here ou The Wall: on y comprend la tension créative, l’ego, la rupture, le besoin de lumière. Côté livres, les meilleurs ouvrages sur Gilmour sont souvent ceux qui parlent de lui sans chercher à l’idéaliser: les analyses techniques de son jeu, les biographies axées sur la collaboration avec Polly Samson, les études sur l’esthétique Pink Floyd. Un conseil: ne lis rien qui prétend « expliquer » Gilmour. Lis ce qui cherche à le comprendre.

L'évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

L’évolution musicale de Pink Floyd à travers les décennies

Conclusion

Au bout du voyage, on réalise que David Gilmour n’est pas un guitariste: c’est un climat. Un état. Une zone de basse pression émotionnelle où la beauté et la douleur cohabitent comme si elles avaient signé un pacte secret. Gilmour n’a jamais couru derrière la virtuosité, il a couru derrière la vérité, et c’est sans doute pour ça qu’il n’a jamais été dépassé. Il n’est pas de son époque: il est de toutes. Chaque note qu’il joue semble chargée d’une mémoire collective, d’un regret universel, d’une tentative de nous rappeler que même au cœur du vacarme moderne, il existe encore des moments qui méritent d’être vécus lentement. Gilmour est la preuve vivante que la fragilité peut devenir une arme, que la lenteur peut être un acte de résistance, et qu’un vibrato peut dire plus sur l’humanité que des bibliothèques entières. S’il reste une leçon de lui, ce n’est pas un album, un solo ou un concert: c’est cette idée qu’on peut affronter le monde sans hausser la voix, et qu’une seule note, jouée au bon moment, peut suffire à tout réécrire.

FAQ sur David Gilmour

1. Comment obtenir le son de David Gilmour avec un budget limité ?

Le secret, ce n’est pas d’acheter le même matériel que Gilmour, mais de comprendre sa philosophie sonore: priorité à la clarté, au sustain, et à un vibrato qui respire. Prends une Strat d’entrée de gamme bien réglée, un overdrive doux ou une fuzz légère, et un delay simple avec une répétition subtile. Le reste se joue dans les doigts: attaque douce, bends précis, silences assumés. Même un petit ampli à transistors peut suffire si tu joues avec nuance. Le but n’est pas d’imiter, mais d’approcher cette idée de note « vivante ». Concentre toi sur la dynamique plus que sur les pédales: la magie vient du contrôle, pas du prix.

2. Quel est l’album solo idéal pour commence David Gilmour?

Tout dépend de ton état intérieur. Si tu veux le Gilmour apaisé, lumineux, aérien: On An Island est une entrée royale, un disque qui respire comme un coucher de soleil sur la mer. Si tu veux un Gilmour plus narratif, plus moderne: Rattle That Lock. Et si tu veux comprendre l’homme qu’il est aujourd’hui, face au temps, à la perte, à la lucidité: Luck And Strange. Ces trois albums ne sont pas seulement des chapitres sonores mais des tranches de vie. L’important n’est pas de commencer « par le bon disque », mais par celui qui te parle au moment où tu l’écoutes.

3. Pourquoi les solos de David Gilmour font autant pleurer ?

Parce que Gilmour ne joue jamais pour impressionner: il joue pour dire ce qu’il n’arrive pas à prononcer autrement. Chaque note contient une tension, une hésitation, un souffle. Il laisse du vide, du silence, du temps, et c’est précisément ce vide qui laisse entrer l’émotion. Sa guitare n’est pas performative, elle est confessionnelle. Quand il tient une note, il ne la tient pas pour la montrer, mais pour t’obliger à sentir quelque chose que tu évites depuis trop longtemps. Son jeu est un miroir: tu n’y pleures pas Gilmour, tu t’y pleures toi.

4. Est ce que Pink Floyd aurait survécu sans David Gilmour ?

Non. Pas dans la forme qu’on connaît. Barrett en était l’âme psychédélique, Waters l’architecte narratif, mais Gilmour était le cœur: l’équilibre, la voix, la musicalité, la douceur qui empêchait le chaos de devenir bruit. Sans lui, The Dark Side Of The Moon n’aurait jamais eu cette fluidité hypnotique. Sans lui, Wish You Were Here n’aurait pas eu ce poids émotionnel. Sans lui, The Wall n’aurait pas eu son solo rédempteur. Pink Floyd aurait peut être existé autrement, mais pas avec la même grâce. Gilmour n’était pas un membre: il était un pilier.

5. Pourquoi David Gilmour fascine toujours les jeunes générations ?

Parce qu’il propose l’inverse du monde moderne: de la lenteur dans un univers trop rapide, de la clarté dans un univers saturé, de l’émotion dans un univers mécanisé. Les jeunes ne viennent pas chercher un guitar hero: ils viennent chercher un espace mental où l’on peut respirer. Gilmour est devenu une forme de refuge, un antidote au bruit. Sa musique, malgré son âge, n’a rien d’ancien: elle parle au présent, parce qu’elle parle d’émotions qui ne vieillissent pas. Il n’a jamais cherché à séduire la nouvelle génération, mais c’est justement ce refus qui les attire.

6. Comment expliquer la rivalité de David Gilmour avec Roger Waters ?

C’est une question d’ego, de vision, de philosophie. Waters construit des mondes conceptuels, politiques, sombres; Gilmour construit la lumière qui les rend supportables. Ils sont complémentaires mais incompatibles. Deux créateurs qui avaient besoin l’un de l’autre mais qui ne supportaient plus leurs ombres respectives. Leur séparation a été inévitable, presque naturelle, comme deux plaques tectoniques qui ne peuvent rester alignées sans provoquer un tremblement de terre permanent. Leur tension est le prix de leur grandeur.

7. Le live est il indispensable pour comprendre David Gilmour ?

Oui. Gilmour en studio, c’est le dessin. Gilmour en live, c’est la peinture complète. Sur scène, il étire les notes, modifie les architectures, réinvente des moments qu’il connaît pourtant par cœur. Le solo de Comfortably Numb en concert est un phénomène vivant: il évolue, respire, s’étire, brûle différemment selon l’époque. Le live montre la part de lui qu’aucune version studio ne capture entièrement: la fragilité contrôlée, la tension intérieure, la façon dont il « parle » avec sa guitare comme un poète avec un micro invisible.

8. Pourquoi son vibrato est il si unique ?

Parce qu’il n’est pas technique: il est émotionnel. La plupart des guitaristes apprennent le vibrato comme un geste. Gilmour, lui, l’a appris comme une langue. Son vibrato n’est jamais parfaitement régulier; il tremble, il respire, il hésite. Il a la même imperfection que la voix humaine, et c’est cette imperfection qui fait sa beauté. Chaque mouvement du poignet raconte quelque chose. C’est un vibrato qui ne dit pas « regarde moi », mais « écoute ce que je ressens ».

9. David Gilmour est il un guitar hero ?

Non, et c’est précisément pour ça qu’il l’est devenu. Un guitar hero traditionnel impose sa présence. Gilmour, lui, s’efface derrière la musique. Sa virtuosité n’est pas visible: elle est ressentie. Il n’a pas besoin de vitesse pour prouver quoi que ce soit. Il préfère toucher juste plutôt que fort. Dans un monde saturé de démonstration, il est devenu l’anti guitar hero par excellence: celui que les musiciens respectent, que les non musiciens comprennent, et que tout le monde peut ressentir.

10. Que restera t il de David Gilmour dans 100 ans ?

Son humanité. Son sens du temps. Cette manière de faire d’une seule note un moment de vérité absolue. Les technologies évolueront, les modes passeront, les genres exploseront, mais la sincérité ne vieillit pas. Gilmour n’a jamais cherché l’immortalité: il l’a atteinte par accident, simplement en jouant honnêtement. Dans 100 ans, ses solos seront encore étudiés, ses vibratos encore imités, ses émotions encore ressenties. Ce qui restera, ce n’est pas l’homme: c’est la lumière qu’il a laissée derrière lui.

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