Pour son cinquième album, le combo australien Make Them Suffer nous livre, de manière très sobre, un album éponyme qui n’est pas sans rappeler le Black Album de Metallica dans son artwork.
Ce disque marque un tournant important pour le groupe, suite au départ de la claviériste Booka Nile (également connue pour sa participation à la version australienne de Mariés au premier regard) et à l’arrivée d’Alex Reade. Le premier single extrait de cet album, Doomswitch, annonçait déjà un virage musical par rapport au metalcore teinté de black metal qui caractérisait les débuts du groupe.
Les singles suivants — Ghost of Me, Epitaph, Oscillator et Mana God — ont confirmé cette évolution. La voix d’Alex Reade soutient désormais les hurlements de Sean Harmanis, apportant une dimension nouvelle à leur son. L’onirisme, autrefois marque de fabrique du groupe, a cédé la place à un univers plus digital, empreint d’une froideur numérique renforçant la violence des compositions.
L’album s’ouvre sur une piste instrumentale intitulée The Warning, un titre évocateur qui semble prévenir l’auditeur de la tempête sonore à venir. Dès les premières notes de Weaponized, porté par un riff très « Rammstein-esque », le changement artistique est évident. Ce morceau est suivi par quatre singles déjà connus, comme pour offrir un certain confort à l’auditeur avant d’attaquer la suite plus inédite. Parmi ces titres, Mana God se démarque particulièrement : un véritable coup de cœur, mêlant groove, puissance et breaks acérés. De son côté, le refrain d’Epitaph illustre le talent du groupe pour allier mélodie et émotion dans une scène actuelle parfois trop formatée.
La seconde moitié de l’album explore des terres inconnues avec No Hard Feeling et Venusian Blues, où la voix envoûtante d’Alex Reade occupe une place centrale. Véritable atout pour le groupe, Reade apporte une douceur contrastant avec les hurlements rageurs de Sean Harmanis. Venusian Blues évoque même l’univers de Deftones, autant dans les harmonies vocales que dans le jeu de guitare.
L’album s’achève en apothéose avec Ghost of Me et deux derniers titres percutants : Tether et Small Town Syndrome. Ce dernier conclut l’œuvre dans une symphonie lugubre, tel un requiem pour l’auditeur ayant traversé ces 40 minutes d’intensité musicale.
Cet opus est une véritable œuvre d’orfèvrerie, combinant des compositions efficaces et une production titanesque signée Jeff Dunne, qui avait déjà œuvré sur You Won’t Go Before You’re Supposed To de Knocked Loose, un des albums marquants de l’année. Avec Make Them Suffer, le groupe affirme son statut de figure incontournable du metalcore australien, aux côtés de Northlane, Polaris, et les deathcoreux de Thy Art is Murder. Une pépite pour la fin de l’année civile, il ne faudra pas hésiter à mettre les magnifiques éditions vinyles sous le sapin.
Make Them Suffer – Make Them Suffer (Sharptone Records)
1. The Warning
2. Weaponized
3. Oscillator
4. Doomswitch
5. Mana God
6. Epitaph
7. No Hard Feelings
8. Venusian Blues
9. Ghost Of Me
10. Tether
11. Small Town Syndrome
L’album est disponible ici : https://bfan.link/make-them-suffer