Chevelure blonde en apesanteur et allure de princesse rock, Sun surgit comme une tempête en robe de bal, mêlant l’élégance à la rage, la grâce à la distorsion. Sun ne joue pas un rôle : elle incarne. Dans son univers, les émotions s’écrivent en décibels, les blessures se chantent en brutal pop, et chaque headbang devient un cri du cœur. À l’occasion de la sortie de son premier album, elle nous ouvre les portes d’une année fulgurante, entre tournées mythiques, scènes XXL, indépendance farouche et sororité vibrante. Rencontre avec une artiste qui transforme le chaos en lumière.
RockSound : On se connaît déjà un peu toi et moi, et c’est un vrai plaisir de te retrouver à la Boule Noire pour ta release party. Je vais surtout te faire parler de cette dernière année, qui semble avoir été particulièrement décisive. C’était une année charnière, non ?
Sun : Oui, complètement. J’ai commencé un album photo pour Noël, en me disant : je vais immortaliser chaque moment marquant. Mais en juillet, j’avais déjà rempli tout l’album tellement il s’est passé de choses folles : la tournée avec Shaka Ponk, la tournée scandinave, européenne, Taratata, France Inter… Tout s’est débloqué d’un coup, presque de manière mystique, après des années à patienter et avancer lentement.

Backstage de la Boule Noire – Photo Brian Downie
RockSound : Ça s’est clairement accéléré avec Shaka Ponk. Ça t’a donné plus de visibilité, non ?
Sun : Oui, énormément. J’ai gagné des followers, des fans, des retombées presse… Et surtout, j’ai découvert les arénas. Passer de clubs de 250 personnes à des salles de 15 000, c’est une autre dimension.
RockSound : Tu avais déjà une solide expérience de la scène, mais cette envergure a sans doute tout changé…
Sun : Exactement. Ce retour du public donne une vraie confiance. Quand tu joues dans un club où les gens ne te connaissent pas, il faut aller les chercher. Là, ça se fait tout seul. Et tout s’emballe : le premier album, la presse qui suit, c’est fou. Mais on reste une petite équipe. Mon propre label, je le gère moi-même. Les gens ne s’imaginent pas : quand ils commandent un disque, c’est moi qui le mets dans l’enveloppe !
RockSound : Et est-ce que ces tournées t’ont fait évoluer dans ton identité scénique, ton style ? Ou au contraire, ça t’a confortée ?
Sun : Ça m’a confortée dans ce que je suis. J’ai compris qu’il ne fallait pas chercher à tout agrandir. Avec ma robe, mon ventilo, mon micro et ma pelle branchée dans l’ampli, c’est suffisant. Sur la première partie de Shaka Ponk, t’as trois mètres sur deux, le rideau fermé, pas d’écrans… Et pourtant, j’ai réussi à capter les gens. Pour moi, c’est ça la victoire. Je reste fidèle au rock’n’roll, avec quelques secrets de prod bien placés, mais rien de trop visible.
RockSound : Tu incarnes une féminité très forte, très affirmée. Est-ce important pour toi d’envoyer ce message de sororité et de soutien entre femmes ?
Sun : Carrément. Pour moi, ça va de soi. Dans le milieu rock-metal, il ne faut pas tomber dans la compétition. Mieux vaut se soutenir, créer ensemble. J’ai été portée par des femmes, inspirée par des icônes comme Courtney Love. Mon look, c’est un vrai hommage. Et avec des titres comme Warrior, je veux rassembler. Je vois que des groupes LGBTQ+ connectent fort avec cette chanson. Il y a un vrai besoin d’unité.
RockSound : Tu es authentique, ça se sent. Et qu’est-ce qui te rend le plus fière récemment ?
Sun : La sortie de mon premier album. J’ai mis tellement de temps à le faire, parce que je voulais que les chansons aient un départ digne, comme des enfants qu’on laisse partir dans le monde. Je l’ai sorti avec mon propre label, contre vents et marées. Avec Bassem, on a failli abandonner plusieurs fois, mais on s’est accrochés. Et puis, le jour de la sortie, j’étais en tournée à Rexham, c’était mon anniversaire. J’étais émue : c’est ce que j’ai toujours voulu.
RockSound : Tu as mis combien de temps pour l’enregistrer ?
Sun : Environ deux ans et demi. J’ai commencé par maquetter, programmer les batteries, tester en répète, puis les sessions studio pour les différents instruments. Je m’occupais aussi de tous les équilibres de prod. Le mixeur n’avait plus qu’à vérifier les EQ ! Et même après l’enregistrement, j’ai refait certaines prises. J’étais jamais complètement satisfaite. Je voulais du 1000 %. Certaines chansons attendent encore leur heure, mais il y aura un deuxième album, c’est sûr.
RockSound : Et Taratata, ça s’est passé comment ?
Sun : Incroyable. J’y suis allée grâce à Shaka Ponk, pour une chanson en duo. L’accueil du public était génial. Et puis j’ai eu mon premier moment viral sur TikTok grâce à ça. Taratata, c’est un vrai tremplin. Nagui a capté le délire, il a adoré. J’ai hâte d’y retourner.
Rock Sound : Et pour toi, c’est quoi la musique ? Une façon de t’exprimer ? L’air que tu respires ?
Sun : Oui, totalement. J’ai jamais su parler de mes émotions. J’ai grandi dans un cadre où ce n’était pas vraiment permis. Alors dès que j’ai su écrire une chanson, chaque fois qu’il y avait une galère, une difficulté… il y avait une chanson qui naissait. C’est ma manière de digérer les choses, de les transformer. Je ressens, ça travaille, et ça sort en musique.
Rock Sound : Quand tu crées, tu commences par les paroles ou par la mélodie ?
Sun : Les deux, en même temps. Accords, rythme, paroles… tout arrive d’un coup. C’est physique, je sens que ça vient, comme une montée, et je m’y mets direct. Pendant une ou deux heures, je modèle l’idée. Ensuite, je passe à la prod : je programme les batteries, les éléments, je construis une version. Parfois elle reste telle quelle plusieurs années, parfois elle entre tout de suite sur l’album, comme Crystal Metal. C’est un processus très complet, je laisse l’inspiration venir, comme si l’univers me servait le plat tout prêt. C’est un peu ma béquille créative.
Rock Sound : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Sun : Que plein de gens découvrent l’album, l’écoutent, le reçoivent bien. C’est mon bébé, j’y ai mis beaucoup d’amour. J’espère que les chansons toucheront celles et ceux qui les croisent.
Rock Sound : On sent que tu fais tout avec le cœur, avec une vraie sincérité. Et tu as ce côté unique.
Sun : Merci, ça me touche beaucoup. C’est vraiment moi sur scène, ce n’est pas un personnage. Je ne copie personne, je suis juste moi-même, et j’espère que ça parle aux gens. Souvent on me dit que Brutal Pop, c’est du marketing. Mais à 12 ans, je jouais déjà comme ça. Au lieu d’un piano-voix, je m’accompagnais à la guitare avec cette énergie brute. Pendant longtemps, j’en ai bavé : robe de princesse, guitare saturée… On me disait que c’était étrange, qu’il fallait rentrer dans une case. Mais maintenant, les gens comprennent que c’est authentique.
Rock Sound : Alors juste : sois toi. Comme tu l’es déjà.
Sun : Exactement. Plus j’accepte ce que je suis, plus les choses avancent. Et ça fait du bien. C’est une vraie leçon d’estime de soi. Quand on essaie trop de se conformer, on se fait du mal. Bien sûr, dans certains métiers, il faut respecter des codes. Mais dans la création, plus tu es toi-même, plus tu reçois quelque chose en retour. C’est aussi ce qui fait que les rockeuses sont acceptées quand elles sont authentiques. C’est précieux.
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Son album Krystal Metal est dispo et en chronique ici !

Avec Sun en loge de la Boule Noire – Photo Brian Downie