Megadeth, c’est ce nom crissant sur la pierre tombale de l’enfance du thrash, gravé par des types qui n’ont jamais eu peur d’appuyer sur la détente. Fondé en 1983 par Dave Mustaine, sitôt éjecté par Metallica, le groupe n’a eu de cesse de courir plus vite que ses démons – et parfois que ceux de ses fans. Dans la grande lignée du « Big Four » américain, aux côtés de Slayer, Anthrax et (le mot est lâché) Metallica, Megadeth s’est mué en laboratoire nucléaire d’un thrash volontiers technique, nerveusement syncopé, affichant simultanément la rage crue de l’époque Reagan et l’arrogance désespérée des marginaux des boulevards californiens.

Megadeth
Quiconque cherche dans la discographie de Megadeth des rengaines pour barbecue du samedi soir peut passer son chemin. On est ici dans l’usine à sons, dans les histoires d’effondrement, de guerre froide, de religions fracturées et de chandelles soufflées sur les convulsions du monde moderne. Sa mascotte, Vic Rattlehead, n’est pas qu’une tête de mort avec des boulons dans les yeux : c’est l’emblème totémique d’une rage qui refuse obstinément de baisser le volume.
Quarante ans plus tard, Dave Mustaine campe seul dans la tempête comme unique survivant d’un line-up qui a connu plus de mouvances que le conseil d’administration d’une SSII gonflée aux stock-options. Albums platinés, Grammys trop longtemps ignorés, conflits judiciaires pathétiques, gueules cassées et changements de guitaristes qui donneraient le tournis à Dream Theater : la saga Megadeth, c’est aussi celle d’un rock d’après-guerre dont les munitions n’ont jamais cessé de siphonner le fuel du désespoir.
En 2025, loin d’être une relique, Megadeth fait figure d’ancêtre indocile et de prophète contrarié, parfait pour infiltrer la bande son d’une Amérique jamais vraiment réveillée de ses propres cauchemars. Accros à l’électricité, disciples de la syncope métronomique, ils restent la pierre dans la chaussure du rock mainstream, à la fois lucides et délirants, chamaniques et calculés. Mais pour comprendre le mythe, il faut plonger dans le fleuve noir de leur histoire.
Fiche d’identité rapide
- Origine : Los Angeles, Californie, États-Unis
- Années d’activité : 1983 – présent
- Genre(s) : Thrash metal, heavy metal
- Membres fondateurs : Dave Mustaine, David Ellefson
- Chansons les plus connues : Symphony of Destruction, Holy Wars… The Punishment Due, Peace Sells, Hangar 18, A Tout Le Monde
- Labels : Combat Records, Capitol, Sanctuary, Roadrunner, Tradecraft/Universal

Megadeth
Origines et formation du groupe Megadeth : naissance d’une bête à riffs
Los Angeles, printemps 1983 : dans le théâtre d’une Amérique qui noie ses espoirs dans la bière tiède et les chaînes en or, Dave Mustaine, tout juste largué par Metallica pour cause de tempérament volcanique et goûts excessifs pour les substances illicites, fomente une vengeance qui n’a rien d’une bluette. Sa feuille de route tient en un concept : « plus rapide, plus vicieux, plus technique » que le groupe qui l’a jeté. Le nom de cette hydre adolescente lui vient tout droit d’un pamphlet politique trouvé dans un bus – la poésie pro-nucléaire d’Alan Cranston, sénateur de Californie. Megadeth, avec ce D pour ne pas oublier que tout, même la mort de masse, s’orthographie dans l’excès.
Mustaine ne tarde pas à s’entourer de comparses affamés. Il croise la route de David Ellefson, un bassiste fraîchement débarqué du Minnesota, dont les ambitions sont proportionnelles à la taille du coffre d’amplification qui lui sert de lit. D’autres noms passent, parfois aussi brièvement qu’une descente de police dans un squat : Greg Handevidt, Lor Kane, Matt Kisselstein. Les auditions s’enchaînent, les tentatives de réinvention aussi – on parle même du passage-éclair de Kerry King, le shérif guitariste de Slayer, « en intérim » sur cinq concerts de pure sauvagerie.
Difficile de fixer une équipe stable quand la scène angelena est secouée d’addictions polymorphes et de démêlés mêlant ego, matos volé et guerres intestines. Mustaine, frustré de ne trouver aucune voix à la hauteur de ses riffs, finit par s’imposer au chant. Après moult échanges de batteurs et leaders fantômes, le groupe grave un premier essai en mars 1984 – la démo « Last Rites » – où s’invitent déjà les squelettes qui hanteront toute leur carrière. L’arrivée du batteur Gar Samuelson, transfuge du jazz fusion, et du guitariste Chris Poland, parachève un line-up doté de la rigueur d’une formule chimique en surchauffe.

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Fast forward : contrat chez Combat Records, enregistrement du premier album avec un budget à faire pâlir le plus radin des producteurs Netflix de l’époque. Mais 4 000 dollars finissent dans les narines et les bouteilles, et c’est la débrouille jusqu’au mix final. « Killing Is My Business… and Business Is Good! », avec sa production low-cost mais sa vélocité tranchante, fait le tour des réseaux métalliques underground. Mais ce n’est qu’un prélude : la scène US va bientôt trembler devant une machine de guerre bien décidée à réécrire les codes du genre.
L’ironie sanglante du destin veut qu’à peine le disque sorti, la planète metal retienne avant tout la rivalité larvée avec Metallica. Megadeth ne se contente pas de copier la recette de son fondateur banni : il la compresse, la distille, la recompose à coups de métronomes détraqués et de solos frénétiques. Le thrash metal tient enfin son laboratoire, pavé de promesses toxiques pour la génération suivante. Et dans les souterrains du Sunset Strip, Mustaine rôde déjà avec l’air de celui qui n’a pas prévu de s’arrêter avant l’explosion finale.
Chronologie et carrière monstre de Megadeth : entre changements de line-up et succès dantesques
Quand Megadeth naît, ce n’est pas le début d’une belle histoire, c’est un grand aéroport où les départs précipités côtoient les arrivées temporairement triomphales. Entre 1985 et 1990, c’est une valse de musiciens qu’aucun RH n’oserait consigner dans un organigramme – Mustaine seul capitaine à bord, sûr de rien hors son instinct de mort-vivant. On croise dans leurs rangs des talents fêlés… et autant de mélodistes décimés par les excès.
Premier galop : « Killing Is My Business… », rage crue et ambition de prendre le trône laissé vacillant par Exodus et Anthrax. Puis vient « Peace Sells… but Who’s Buying? » (1986), avec ses paroles acerbes sur l’Amérique décadente, qui arrache enfin un deal avec Capitol Records, lançant la période dorée du groupe. Mais les années suivantes, Megadeth doit composer avec les écueils habituels du genre : conflits de personnalité, prodigues mal gérés, vols de matériel entre musiciens, réhabilitation plus fréquente que le passage en plateau TV.
Et il y a toujours cette atmosphère de « jeu de massacre » : Chris Poland et Gar Samuelson remerciés en 1987 pour cause de comportement erratique, Jeff Young et Chuck Behler embarqués puis recrachés dans la foulée, Marty Friedman recruté à la guitare en 1990, Nick Menza sur les fûts — la formation « Rust in Peace », toujours vénérée par les intégristes du thrash. La décennie 90 sera celle des hauts et des bas, albums devenus classiques (« Countdown to Extinction », « Youthanasia »), autres plus contestés (« Cryptic Writings », « Risk »).
Le début du millénaire sonne la faillite : blessure au bras pour Mustaine, hiatus, presque rupture fatale. Mais Megadeth se relève, reforme les troupes autour de lui, enchaîne les albums jusqu’à ce que la routine se mue en renaissance inattendue. Nouvelle ère, nouveaux guitaristes (Chris Broderick, Glen Drover, Kiko Loureiro, puis récemment Teemu Mäntysaari), bassistes récurrents ou éjectés (le très fidèle — puis très banni — David Ellefson), batteurs interchangeables (Nick Menza, Shawn Drover, Dirk Verbeuren…).
Et pendant que la presse attend le crash final, Megadeth déjoue les plans, sort « Dystopia » en 2016 (au casting international), participe à des tournées historiques (« The Big Four » avec Metallica, Slayer, Anthrax), s’offre un Grammy qui aurait pu arriver vingt ans plus tôt, et relance même des projets de croisières festival (MegaCruise, en 2019). Au bout de quarante ans de bruit, ce sont plus de seize albums au compteur. Chaque période, chaque line-up, chaque échec ou triomphe vient rappeler une évidence : à Los Angeles, il faut être accro à la résilience pour survivre à la scène metal.
Chaque membre y a laissé des plumes — et parfois un peu plus — mais la créature Mustaine continue, phénix métallique survolant d’un rire grinçant les cendres d’une industrie qui croyait l’avoir enterrée cent fois. Sans doute le seul à pouvoir s’inviter dans une tournée Pantera ou Testament tout en s’assurant que, sur scène, c’est toujours la Mort qui choisit la setlist.
Style musical, influences et contribution à la scène metal mondiale
Dire que Megadeth joue du thrash metal, c’est un peu comme prétendre que Verlaine écrivait des poèmes : c’est juste, mais c’est loin du compte. Le son Megadeth, c’est avant tout une affaire de tensions : guitares hachées menu, riffs à rendre hystérique un bot de Spotify, solos qui surgissent comme des jets de napalm en plein blaze de batterie. Au carrefour du chaos contrôlé et de la ritournelle atomique, le groupe réussit à injecter dans la brutalité du thrash une métrique difficile à imiter.
Dave Mustaine, principal compositeur, pioche à égalité dans la technicité du jazz fusion (héritage Chris Poland, Gar Samuelson), et dans la tradition plombée des Sabbath, Iron Maiden, Judas Priest, Accept ou Motörhead. Ajoutez à ça la verve punk des Ramones ou des Sex Pistols, et vous obtenez un hybride qui, souvent, déborde du simple metal. Les années « Rust in Peace » et « Countdown to Extinction » brillent autant par leur inventivité rythmique que par la façon dont elles sabrent les conventions : on y retrouve une science du riff en staccato, des breaks métronomiques, des incursions néo-progressives qui annoncent les complexités de Dream Theater (sans jamais en épouser l’autisme mathématique).

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Les thématiques abordées sont tout sauf anecdotiques : apocalypse nucléaire, mécaniques du pouvoir, dystopie politique, guerre, religion – mais aussi drogues et ruines intimes. Les textes ne sombrent jamais dans la démagogie, préférant l’ironie noire à la posture de prêcheur. À l’inverse d’un Slayer ou d’un Pantera, Megadeth n’embrasse pas la brutalité comme une fin en soi : c’est un moyen d’interroger la folie du monde. Ironie suprême, Mustaine cite même George Orwell et Bowie parmi ses références, alors que la majorité des fans pense headbang et pogo.
La scène thrash US n’est plus la même après leur passage. Slayer, d’abord, s’ébaudit devant ce niveau ; Anthrax, Testament, puis Sepultura ou Machine Head s’agglutinent dans le sillage, tandis qu’en Europe et au Brésil, le modèle est recopié, parfois jusqu’à l’obsession. Entre leurs collaborations et leurs tournées croisées avec Dream Theater ou Iron Maiden, Megadeth touche toutes les générations. Mieux encore, ils anticipent son glissement vers des hybrids plus mainstream, sans jamais perdre leur venin initial.
L’enfoncement de clou, c’est depuis vingt ans l’influence sur la génération metalcore, death mélodique ou rock alternatif : Children of Bodom, Lamb of God, Trivium, Slipknot, sans oublier la scène scandinave, tous doivent leur tribut à cette machine à riff. Peu de groupes peuvent hanter à ce point l’imaginaire d’autant de styles, peu peuvent se targuer d’être cités par des formations aussi éloignées que Korn, Bullet For My Valentine ou même les Black Crowes sur certains live tapes déglingués. Le riff, toujours le riff, et pourtant jamais le même.
Anecdotes et moments marquants de la saga Megadeth
Si l’histoire du metal s’écrivait comme une bande dessinée, Megadeth y serait le personnage à la fois tragique et comique. Les exemples pullulent : des auditions à la chaîne dignes d’une télé-réalité désespérée ; des concerts où le guitariste remplaçant sort des riffs en préchauffage pendant que le frontman se bat avec sa caisse de bière en coulisse. C’est la légende Kerry King, guitar hero de Slayer, qui, le temps de quelques concerts, gratte chez Megadeth façon « mercenaire à la demande », ajoutant une ligne supplémentaire à la rivalité sempiternelle Metallica/Megadeth/Slayer.
On ne compte plus les scandales. La phrase devenue culte prononcée à Antrim en Irlande du Nord — « Give Ireland back to the Irish! » — provoquant un début d’émeute, et l’écriture improvisée d’un classique, « Holy Wars… The Punishment Due ». Les bootlegs pirates, les départs de musiciens entre deux balances, ou encore cette fois où le groupe part en tournée alors que la moitié des membres ignore qui sera sur scène le soir même.
Côté collaborations, la liste est longue comme un setlist d’essai pour Vic Rattlehead. On y trouve Ice-T en guest sur « Night Stalkers », Cristina Scabbia de Lacuna Coil en duo sur « À Tout le Monde (Set Me Free) », mais aussi des rencontres avortées avec Pantera (petit clin d’œil au refus de Mustaine d’intégrer Dimebag Darrell sans son frère Vinnie Paul), ou même la possibilité d’avoir Jeff Loomis à la guitare — refusé car « trop jeune » à 18 ans. Mustaine a eu le nez pour réécrire l’histoire de tous ceux qui passaient dans le sillage.
Autre anecdote hilarante, la réécriture de « These Boots Are Made for Walkin’ » qui attira les foudres de l’auteur, Lee Hazlewood. Quant à la tournée Monsters of Rock, le groupe est éjecté après qu’un trip à l’aéroport vienne dérailler la logistique : voilà qui alimente la légende d’un groupe qui ne s’invite jamais à un festival sans déclencher, à défaut d’une baston, une engueulade homérique.
Les absences et retours des membres sont légendaires, David Ellefson viré puis réintégré pour finir de nouveau sur la touche, addendum judiciaire à l’appui. Les récentes tournées « Big Four », la MegaCruise croisière métal avec Anthrax, Testament et Machine Head, ou bien les hommages impromptus au défunt Nick Menza. Chez Megadeth, tout ressemble à un épisode sans fin de la série « Les Feux du Trash », mais c’est toujours le riff qui gagne à la fin.
Récompenses, distinctions et reconnaissance dans l’industrie musicale
La trajectoire de Megadeth pourrait être celle d’un boxeur dont le palmarès n’est vraiment reconnu qu’à force de se relever des défaites annoncées. La chasse aux récompenses commence sans surprise avec des nominations multiples aux Grammy Awards : douze tentatives, la victoire seulement en 2017 avec « Dystopia ». À croire que le jury s’est lassé de voter pour Metallica.
Ceci dit, Megadeth n’a jamais vraiment cherché à tordre le cou à l’industrie du disque à coups de sourires convenus. Les multiples albums certifiés platine aux États-Unis (cinq sur seize), les ventes mondiales affichant plus de 50 millions de copies à ce jour, sont plutôt commentées avec une moue ironique par Mustaine lui-même. La reconnaissance passe aussi par des distinctions plus étranges — une Genesis Award pour la chanson éco-consciente « Countdown to Extinction » (miroir d’une époque où parler planètes mortes ne fait plus hurler que Greta Thunberg et quelques rédacteurs insomniaques).
Dans les coulisses, on compte aussi les hommages au « Riff Lord » attribués par Metal Hammer, le titre de Metal Guru chez Classic Rock, et diverses occurrences dans les Golden Gods et Revolver Awards qui voient passer Mustaine et sa troupe en héros paradoxaux. Entre deux prix officiels, il se murmure que Megadeth a influencé Pantera, Slipknot, Sepultura, Lamb of God… La légende se nourrit aussi des classements analytiques de magazines comme Rock Sound ou Rolling Stone qui n’oublient jamais de les placer dans leur panthéon.
La reconnaissance la plus tenace demeure celle de la scène, dans l’œil des groupes qui montent et des musiciens qui leur rendent hommage chaque soir. Megadeth s’est forgé une place dans la culture metal non comme une relique, mais comme une mythologie active, capable d’exalter un public à chaque changement de décennie. Victoires ou défaites, ils n’ont jamais été absents du front.
Albums clés et discographie complète : du speed metal artisanal au laboratoire de la dystopie
La discographie de Megadeth ressemble à une série noire, chaque album venu marquer une époque ou souligner une cassure. Dès le bouillonnant « Killing Is My Business… and Business Is Good! », l’histoire démarre sur un rugissement de rage et de technique. Suit une suite d’uppercuts mémorables : « Peace Sells… but Who’s Buying? », hymne politisé des années Reagan ; « Rust in Peace », chef d’œuvre technique, souvent opposé comme étalon à « Master of Puppets » de Metallica chez les puristes.
Parmi les ogres du catalogue, « Countdown to Extinction » (1992) expose une veine plus mélodique mais non moins mordante — le succès est massif, la radio mainstream s’incline. S’ensuivent les indispensables « Youthanasia » (1994) et « Cryptic Writings » (1997), variations autour de la maturation douloureuse d’un genre menacé par la pop-rock et l’émergence du nu metal (dossier à résumer). Moins aimés, « Risk » (1999) et « The World Needs a Hero » (2001) témoignent d’une ère plus hésitante avant la relance violente de « The System Has Failed ».
Les années 2000 — 2010 sont celles de la consolidation et de la diversification : « United Abominations », « Endgame », « Thirteen », « Super Collider »… enfin « Dystopia » (2016), disque enfin sanctifié par l’industrie, puis « The Sick, the Dying… and the Dead! » (2022) qui, contre toute attente, multiplie les clins d’œil aux racines tout en digérant les évolutions contemporaines du genre. Ci-dessous, un panorama en forme de liste noire pour insomniaques et archivistes du riff.
Album | Année | Label | Certification | Fait notable |
---|---|---|---|---|
Killing Is My Business… and Business Is Good! | 1985 | Combat | — | Le budget de production fut englouti dans la dope, ce qui donne ce son « garage apocalypse » unique. |
Peace Sells… but Who’s Buying? | 1986 | Capitol | Platine (US) | L’album qui politise définitivement le thrash ; le morceau-titre devient hymne MTV. |
So Far, So Good… So What! | 1988 | Capitol | Platine (US) | Créé dans la tourmente, célèbres pour sa reprise controversée de « Anarchy in the U.K. ». |
Rust in Peace | 1990 | Capitol | Platine (US) | Un des plus techniques de la scène thrash, Grammy nomination et line-up mythique. |
Countdown to Extinction | 1992 | Capitol | Double Platine (US) | Succès planétaire, « Symphony of Destruction » inonde les radios. |
Youthanasia | 1994 | Capitol | Platine (US) | Virage mélodique, le groupe s’ouvre à un nouveau public sans perdre son agressivité. |
Cryptic Writings | 1997 | Capitol | Or (US) | Incorporation d’influences plus accessibles, single « Trust » très radiophonique. |
Risk | 1999 | Capitol | Or (US) | Virage pop-rock trop prononcé, album le plus décrié du catalogue. |
The World Needs a Hero | 2001 | Sanctuary | — | Retour à une veine plus agressive, peine à convaincre la critique. |
The System Has Failed | 2004 | Sanctuary | — | Sortie de la traversée du désert, retour aux fondamentaux thrash. |
United Abominations | 2007 | Roadrunner | — | Collab avec Cristina Scabbia, politise de nouveau l’album. |
Endgame | 2009 | Roadrunner | — | L’un des albums modernes les mieux reçus, retour des riffs acérés. |
Thirteen | 2011 | Roadrunner | — | Singles à succès, nominations au Grammy, ligne claire retrouvée. |
Super Collider | 2013 | Tradecraft/Universal | — | Déroute critique, album expérimental, la base fan reste perplexe. |
Dystopia | 2016 | Tradecraft/Universal | — | Grammys enfin décrochés, retour aux riffs rapides et aux thèmes dystopiques. |
The Sick, the Dying… and the Dead! | 2022 | Tradecraft/Universal | — | Sorti après moult rebondissements, réaffirme la survie du groupe à l’ère moderne. |
Ces albums digestent à leur manière les évolutions (et parfois les chutes libres) du thrash, du speed metal jusqu’à l’expérimentation la plus accidentelle. Impossible d’aborder la discographie sans évoquer les lives anthologiques (« Rude Awakening », « That One Night: Live in Buenos Aires ») et les innombrables compilations, chaque période étant documentée comme une fouille archéologique du bruit.
Megadeth dans la culture populaire : de la bande-son de l’apocalypse aux clins d’œil cinés et jeux vidéo
Si les membres de Megadeth ne sont pas exactement des figures à peindre sur les mugs Monoprix, leur présence dans l’imaginaire collectif est impossible à ignorer. Leur single « Symphony of Destruction » accompagne jeux vidéo et bandes-annonces depuis des années, escortant les explosions numériques de franchises comme « Guitar Hero », « Grand Theft Auto » ou « Rock Band ».
La figure de Vic Rattlehead, mascotte au sourire étouffé, fait partie des images marquantes de la pop culture metal : on la croise dans des fan art dystopiques, des tatouages de baroudeurs étrangers au sommeil, et jusque sur la scène de Gigantour, le festival créé par Mustaine lui-même. Si la télévision a parfois rechigné (MTV bannissant certains clips pour cause de paroles trop sombres), le cinéma, lui, n’a pas boudé son plaisir : « Go to Hell » résonnant dans « Bill & Ted’s Bogus Journey », « Angry Again » illustrant « Last Action Hero », ou encore la présence du groupe dans le documentaire « The Decline of Western Civilization Part II ».
La culture internet s’en délecte aussi, avec ses mèmes partagés et ses parodies de setlists mythiques. Les déboires judiciaires et sociaux du groupe trouvent un écho sous forme de sketchs – du pastiche dans les émissions satiriques américaines aux shout-outs hardcores dans la bouche des rappeurs old school. Plus étonnant encore, Megadeth inspire des générations de gamers et d’auteurs de mangas métalliques, l’icône Vic Rattlehead s’immisçant jusqu’aux cosplays de conventions aussi mainstream que la Japan Expo.
À l’heure où même les vétérans d’AC/DC se retrouvent relus à la sauce TikTok (cf. ce reportage fascinant), Megadeth conserve une aura double : à la fois formation à part, résolument old school dans ses codes, mais immanquable dans le flux du divertissement de masse. Finalement, entre un caméo chez South Park, une apparition dans un jeu mobile et des covers improbables à la française (on relit la géolocalisation d’un certain Sleep Token), le groupe continue d’incarner la bande-son des guerres culturelles non déclarées… mais qui font du bruit.
FAQ – Ce que vous vous demandez sur Megadeth
Comment Dave Mustaine a-t-il fondé Megadeth après son départ de Metallica ? Mustaine fonde Megadeth à Los Angeles en 1983, peu après son éviction de Metallica, déterminé à surpasser ses anciens camarades avec une approche plus technique et explosive du thrash metal. Il s’entoure de nouveaux musiciens pour créer un son distinctif.
Quelle est la particularité du style musical de Megadeth par rapport à d’autres groupes comme Slayer ou Anthrax ? Megadeth se distingue par sa technicité, une écriture de riffs complexe, et un goût prononcé pour les structures imprévisibles, là où Slayer mise sur la brutalité pure et Anthrax apporte une énergie plus proche du crossover punk.
Quels albums de Megadeth sont considérés comme les plus influents ? « Peace Sells… but Who’s Buying? », « Rust in Peace » et « Countdown to Extinction » sont fréquemment cités comme les œuvres ayant marqué l’histoire du genre, influençant des groupes comme Testament, Pantera ou Sepultura.
Quels sont les changements de line-up les plus marquants de Megadeth ? Après des départs et retours multiples, le groupe est passé par une vingtaine de musiciens. Seul Dave Mustaine reste constant, tandis que les bassistes, batteurs et guitaristes se succèdent, parfois au gré des conflits personnels ou artistiques.
Megadeth s’est-il toujours cantonné au thrash metal pur et dur ? Non, le groupe a expérimenté avec le heavy metal classique, une approche plus mélodique voire radio-friendly sur certains albums comme « Youthanasia », ou même flirté avec la pop-rock (voire le côté plus mainstream de « Risk »).
Quelles collaborations notables Megadeth a-t-il réalisées ? En dehors de ses tournées avec le « Big Four », Megadeth a travaillé avec artistes comme Cristina Scabbia (Lacuna Coil), Ice-T, et s’est illustré sur de multiples hommages (Black Sabbath, Alice Cooper). Certains membres ont aussi collaboré avec Dream Theater ou Machine Head.
Quelle est la place de Megadeth dans l’histoire du thrash metal mondial ? Megadeth fait partie du quatuor fondateur du thrash US, aux côtés de Slayer, Metallica et Anthrax. Leur contribution se remarque à la fois dans la technicité musicale et dans la capacité à aborder des thèmes sombres ou philosophiques.
Le groupe a-t-il connu des polémiques ou censures majeures ? Oui, plusieurs clips ont été bannis par MTV pour leur dureté, certains concerts annulés pour des raisons politiques (comme en Malaisie), et divers scandales internes ont alimenté la chronique, des procès aux lyrics jugés controversés.
Comment Megadeth a-t-il traversé les années 2010-2020 avec les nouveaux courants du metal ? Le groupe a su intégrer de nouvelles influences, adapter ses tournées (Gigantour, MegaCruise), participer à d’immenses festivals, et inspirer la scène metal contemporaine, tout en renouvelant sa base de musiciens.
Où peut-on se tenir informé de l’actualité Megadeth ou les retrouver sur scène aujourd’hui ? Le site officiel Site officiel propose actus, dates de concert, merch et accès à la Cyber Army. Les réseaux sociaux assurent aussi relais, interviews et vidéos exclusives.