Pour fêter l’anniversaire de notre jeune héroïne qui n’a pas pris une ride, les éditons Glénat rassemblent la totalité des strips de la BD de Quino dans une intégrale repensée, et bénéficiant d’un nouvel appareil critique de Claire Latxague, spécialiste de Mafalda. Ce ne sont pas moins de 600 pages que Glénat envoie au pied de vos sapins avant que cette impératrice de la BD, ses cheveux broussailleux, son regard naïf et tendre sur le monde, les adultes et la vie, ne vienne trôner sur vos étagères.
Tout a déjà été dit : la petite héroïne de Quino était la voix de la contre-culture d’une Argentine tyrannique, celle de la raison dans un monde matérialiste, de la pureté de l’enfance face aux compromissions adultes. Le lecteur retrouvera ses aphorismes fameux, la lutte des classes récréatives entre la socialiste Mafalda et le libéral Manolito, son aversion pour la soupe et la mer qu’elle jugeait trop cyclothymique.
Oui, Mafalda était rock ou plutôt pop, car ce qu’il faut avant tout souligner, c’est ce travail d’orfèvre aussi précieux qu’un arrangement de George Martin. Quino nous replonge au sein de la puissance de la bande dessinée : comme Peanuts avec son Charlie Brown, en moins de trois cases (!) et avec des décors quasi inexistants, il parvient à écrire une situation, son contexte, une personnalité et une vérité vraie de tout temps.
C’est admirable, indémodable et il aurait fort à parier qu’avec la lecture d’un strip par jour de Mafalda que l’on consulterait comme un calendrier, une page Zuckenberg ou la météo, ce monde serait un peu moins merdique, nos enfants plus éveillés et les adultes moins confortablement paralysés.
Mafalda, l’intégrale 60 ans, par Quino chez Glénat, 35 euros.
Disponible dans toutes les bonnes librairies et sur Mafalda – Intégrale 60 ans | Éditions Glénat