Il y a quelques jours, Jack White investissait Paris pour trois jours de Rock ! Trois dates sur les scènes de La Cigale et du Trianon et trois jours pendant lesquels le pop-up store Third Man Records est resté ouvert, pour le plus grand bonheur des fans qui se sont pressés dans la fosse et dans la boutique, impatients de voir le grand Jack White au meilleur de son jeu et de son style inimitable.

Jack White – No name tour
Peu de temps après la sortie de son dernier album solo No Name, Jack White annonçait il y a quelques mois une tournée de concerts avec un passage très attendu à Paris pour non pas une, mais bien trois dates sur scène. Loin des grandes salles sans âme et des stades à l’acoustique déplorable, c’est sur la scène de la Cigale et du Trianon, deux très beaux théâtres parisiens d’une capacité d’environ 1000 personnes situés en plein coeur du quartier Pigalle (et mes salles favorites en plus, merci Jack !), que Jack White a choisi de faire son grand retour en France.
Sans surprise, le jour de la mise en vente des places en novembre dernier, les trois dates parisiennes étaient sold out en quelques minutes… mais Rock Sound était là. Dans la fosse. Deux fois. Pour deux fois plus de live, deux fois plus de Rock et deux fois plus de plaisir de retrouver Jack White visiblement très heureux d’être sur scène devant un public aussi enthousiaste que bruyant.
Jour 1. La Cigale
Vendredi 21 Février. En place dans la fosse. Ce qu’il y a de beau à la Cigale, au-delà du lieu lui-même et de son acoustique, c’est le plancher incliné qui permet une bonne visibilité depuis la fosse, même quand on ne mesure pas 1, 92m. Human Toys en mode power duo en première partie a gentiment chauffé la place, dans un set garage loufoque et énergique, qui manque un peu d’une vraie batterie sur scène tout de même. Le public attend fébrilement son héros. Les lumières s’éteignent sur la salle et le bleu envahit la scène. Clavier à droite, drums et basse à gauche.
Jack White investit le milieu de la scène, guitare à la main, cuir sur le dos. Finie l’époque des cheveux bleus et du très chic costume rayé. Le ton est donné, et son look, à l’image de l’album No Name, est un retour au Rock : brut, dépouillé et efficace. Boots blanches vernies, jean et t-shirt noir. Une élégance simple et sans fioritures. Pas d’écran géant, pas de scénographie. Autour de lui 3 musiciens et 3 amplis reliés à ses guitares. Le public est là pour le Rock et c’est exactement ce qui va se passer pendant un set ininterrompu d’une heure trente.

Jack White – No name tour par David James Swanson
Il démarre avec Old Scratch Blues sous les applaudissements et enchaîne sur That’s How I’m Feeling qui fait hurler la foule de bonheur dès le premier riff. Le plancher mouvant est tout de suite mis à l’épreuve sur celui qui est déjà LE tube imparable de l’album No Name. Les titres s’enchaînent, sans interruption et sans blabla, piochés dans sa discographie riche de plusieurs décennies de rock inspiré, se baladant des White Stripes à sa période solo actuelle en passant par quelques morceaux des Raconteurs et même Cut Like a Buffalo, époque Dead Weather.
Il n’y pas à dire, Jack White est aussi prolifique que talentueux… et sa guitare, ou plutôt ses guitares, qu’il aime bricoler et assembler lui-même, semblent être une extension de son corps, tant il les manipule avec une évidente facilité, sortant des sons aussi couinants et éraillés de ses cordes vocales que des ses cordes de gratte. Une heure trente de riffs, de kiff et d’énergie, d’un show à peine interrompu par une sortie de scène de deux minutes pour revenir sur un rappel de huit chansons et finir sur Seven Nation Army des White Stripes et son riff devenu un hymne incontournable dans les stades du monde entier. Et si pendant un temps il n’appréciait pas que son titre soit devenu le cri de ralliement de tous les footeux de la planète, aujourd’hui il aime entendre la foule chanter cette rengaine à tue-tête devant la scène et invite le public à chanter en coeur. Les lumières se rallument. C’est la fin. C’était bien. On reviendra demain.

Jack White – No name tour par David James Swanson

Jack White – No name tour par David James Swanson
Jour 2. Le Trianon.
Samedi 22 Février. Après un tour au pop-up store éphémère Third Man Records installé pour l’occasion rue Condorcet à quelques pas de là, histoire de piocher quelques vinyles et du merchandising collector, nous voici dans la fosse du Trianon, à 100 mètres de la Cigale. Avec la Cigale, la Boule Noire, le Trianon et l’Elysée Montmartre sur le même trottoir, on est bien sur le boulevard du live ici. Ah, le Trianon et son escalier en marbre, son plafond peint de fresques baroques et son acoustique quasi parfaite à mes oreilles… ce soir les lustres à pampilles vont vibrer aux sons des riffs saturés ! Zut, il y a beaucoup de grands ce soir dans la fosse, et avec un plancher tristement plat, la visibilité est réduite ce soir. 1-0 pour la Cigale.
C’est Pogo Car Crash Control qui se charge d’ouvrir la soirée, avec un set bien pêchu et une énergie communicative. Les frenchies visiblement très heureux d’être là nous envoient une bonne dose de guitares hurlantes, un bon préambule à ce qui va suivre. Lumières bleues, c’est parti. Ponctuel en diable, revoici Jack White, sa guitare et son cuir noir. Avec ses cheveux mi-longs qui lui tombent devant le visage et son teint pâle on dirait Johnny Depp dans Sleepy Hollow, intense et mystérieux. Et son aura sur scène est magnétique. Avec un petit sourire à l’adresse de la foule et un geste à ses musiciens, le set est lancé.

Jack White – No name tour par David James Swanson

Jack White – No name tour David James Swanson
Comme hier, le même début, le même déchainement de la salle sur That’s How I’m Feeling, et puis un tout autre set. Plus rock, plus énergique, plus vibrant et plus intense. Radical. Jack White s’autorise des improvisations et des arrangements impromptus sur ses morceaux, une reprise d’Iggy Pop… Bue Orchid, Button to Button, Steady as She Goes ou Freedom at 21, les titres s’enchaînent avec une intensité qui ne retombe jamais.
Jack White s’offre même un bain de foule, slamant avec sa guitare sur les mains tendues du public pendant le rappel ! La frappe brutale de Patrick Keeler (ex Raconteurs) semble plus engagée qu’hier, et Bobby Emmet se déchaîne sur son clavier aux sonorités psychédéliques. 1 point de Rock supplémentaire pour l’intensité et la setlist du Trianon ! La fin du set est déjà là, et comme la veille, on se quitte sur un pic d’énergie en entonnant le riff de Seven Nation Army. Un rien essoufflés, transpirants et heureux, à l’image de Jack White sur scène qui nous salue et nous remercie avec ses musiciens. Le bleu disparaît. Les lumières se rallument.
C’était fort. C’était généreux, intense et vibrant. Un vrai moment de Rock. Deux fois.

Jack White – No name tour Photos de David James Swanson sur instagram.

Jack White – No name tour