Un peu avant les frimas de l’hiver qui nous tenaillent aujourd’hui, Rock Sound faisait la connaissance de Little Odetta qui enflammait la scène d’une Maroquinerie sold out à l’occasion de la release party de leur deuxième album Little Bit of Soul, un concentré de rock infusé à la soul, à la fois joliment seventies tout en étant actuel. Le groupe, emmené par la voix puissante de la volcanique et charismatique Audrey, avait entraîné le public dans un tourbillon d’énergie rock…
Little Odetta
C’est Audrey Lurie, la frontgirl, et son complice Lucas Itié, les deux fondateurs de Little Odetta, qui se sont prêtés au jeu des questions-réponses avec beaucoup de sympathie et de simplicité, dans une discussion où il était question de live, d’énergie, de vieux souvenirs et d’inspiration nouvelle !
D’où vient Little Odetta ? Comment vous êtes-vous formés ?
Lucas ( Little Odetta ) : On a commencé tous les deux avec Audrey à faire des maquettes guitare-voix, on se connaît depuis des années et on a des facilités à travailler ensemble. Rapidement il nous fallait du monde pour aller plus loin dans les morceaux qu’on imaginait alors on a fait appel à Fabien à la batterie, Aurélien à la basse et Florian au clavier. On avait déjà joué ensemble, on s’appréciait bien et pour nous le côté humain et la bonne entente était primordiale !
Audrey ( Little Odetta ) : C’était peu de temps avant le covid, on a du se voir en clandestins pour avancer sur les maquettes et les choses sérieuses ont vraiment démarré fin 2021 quand la musique a repris ses droits sur le contexte sanitaire compliqué. Dès qu’on a pu on est allé en studio, on s’était fixé l’objectif de l’album et on était prêts à enregistrer live tous ensemble. Ensuite on a pu faire nos premières dates sur scène début 2022.
Et longtemps avant cela… Audrey, quand as-tu commencé à chanter ? C’était une passion que tu avais dès l’enfance ?
Audrey ( Little Odetta ) : Oui, j’ai toujours baigné dans la musique, je chantais tout le temps et ma mère m’encourageait. Elle m’inscrivait dans des concours, m’emmenait voir des spectacles ou même faire du karaoké ahaha ! J’ai eu ma phase Britney à un moment et puis heureusement j’ai découvert le rythm and blues, la soul… Aretha Franklin, Etta James et Janis Joplin plus tard. À la maison on était plutôt mainstream, et j’ai découvert Ella Fitzgerald au collège avec des CD qu’on m’avait prêté. C’est comme ça que j’ai développé ma culture musicale, entre rock et jazz. Cela m’a ouvert de nouveaux horizons vocaux !
Lucas ( Little Odetta ) : Moi c’est le film des Bues Brothers qui m’a donné envie de jouer en groupe. J’ai eu ma première guitare assez tôt, mon premier groupe à 15 ans et c’est mon père qui m’emmenait au Rockstore à Montpellier pour jouer… et je n’ai plus jamais lâché la guitare depuis !
Little Odetta
Vous vous connaissez depuis longtemps… comment vous êtes-vous rencontrés ?
Lucas ( Little Odetta ) : Quand j’ai commencé à jouer dans des groupes j’ai rapidement intégré des formations qui jouaient dans des bals et c’est ce qui m’a permis de rencontrer Audrey, c’était lors d’une audition pour un groupe qui devait animer une soirée.
Audrey ( Little Odetta ) : Ce n’était pas forcément mon exercice préféré, de chanter dans des bals, mais cela a été formateur, de se retrouver devant des gens à devoir interpréter des chansons de styles très variés en essayant de donner le maximum à chaque fois ! Il faut élargir son répertoire et savoir interpréter même des chansons qui ne te parlent pas forcément, c’est un exercice exigeant !
Audrey tu as une énergie incroyable sur scène, un truc très Tina Turneresque dans ta façon de t’approprier la scène et d’envoyer autant de force dans ta voix et dans tes mouvements… tu as pris des cours de chant ?
Audrey ( Little Odetta ) : J’ai longtemps chanté par imitation, en essayant de reproduire ce que j’entendais des artistes que j’affectionnais. À force de répéter j’ai fini par me sentir à l’aise sur un répertoire de chanteuse soul-rock à voix, j’avais trouvé mon timbre… mais c’est sur le tard que j’ai pris quelques cours de chant et cela m’a permis de comprendre les mécanismes de ma voix et comment l’utiliser comme un instrument… et un moyen d’expression d’émotions fortes. C’est mystérieux une voix, il y a un côté magique… certains jours elle est là et d’autres jours elle sort moins, elle est moins puissante. C’est comme une énergie vivante…
Little Bit of Soul est votre deuxième album, autoproduit comme le premier. C’est un choix dicté par la liberté artistique, cette indépendance ?
Lucas ( Little Odetta ) : Malgré notre expérience du live, nous étions assez novices s’agissant du circuit de la production et des labels, alors l’idée de tout faire nous-mêmes s’est imposée naturellement. On savait dans quelle direction artistique aller, on avait travaillé des pré-maquettes pour pouvoir enregistrer ensemble, dans les conditions du live, pour conserver notre son brut. On s’est entourés d’un réalisateur, Sylvain Carpentier, pour nous épauler et nous pousser plus loin sur ce nouvel album. Et nous sommes très contents du résultat !
Et dans tous ces live, quel est votre meilleur souvenir ?
Audrey ( Little Odetta ) : Le truc le plus fou avec Little Odetta, c’était un festival en Algérie, dans lequel on était tête d’affiche alors qu’on n’avait joué que sept concerts depuis nos débuts. On s’est retrouvés dans un Zénith, avec un public complètement en transe devant la scène, c’était incroyable !
Lucas ( Little Odetta ) : Oui c’était le début du retour des concerts post covid, et ce public était hyper heureux de nous voir sur scène, finalement c’est nous qui étions les spectateurs de leur délire et de leur enthousiasme, c’était dingue cette date, on ne savait pas du tout à quoi s’attendre et c’est un souvenir qui va rester à vie !
Et en tant que spectateurs ou fans, quel est le groupe qui vous a marqué en matière de performance scénique ?
Lucas ( Little Odetta ) : Moi c’est Rage Against the Machine en 2000 je crois, c’est une grosse claque, un vrai rouleau compresseur sur scène !
Audrey( Little Odetta ) : Dans les performances récentes pour moi c’est Rival Sons : le chanteur Jay Buchanan a une présence sur scène et une voix incomparable. Il est dans une telle urgence de chanter, il est vraiment habité par une énergie quasi mystique ! Et niveau ambiance le dernier concert qui m’a retournée c’était The Hives à l’Olympia ! J’ai été totalement emportée par le mouvement de la foule et le plancher flottant de l’Olympia qui a répercuté le délire du public !
Vous avez un truc que vous faites avant de monter sur scène ? Un genre de gimmick ?
Lucas : On a un rituel, on aime les playlists de chanteurs oubliés, des trucs vraiment pas terribles qui nous font marrer. Alors on se serre dans les bras en mode câlin collectif et on chante « Olala Corinne », c’est notre kiff à nous pour se mettre en jambe ! Ahaha !
Avec quels groupes français vous vous verriez bien tourner ou partager des dates sur scène ?
Audrey : Chez les français je verrais bien Manu Lanvin ou Yarol Poupaud, je pense qu’on s’entendrait bien en matière de répertoire et d’énergie sur scène, ce sont des artistes très généreux avec leur public et on aime ça !
Photo par Brian Downie
Quels sont vos projets pour 2025 ?
Audrey : Continuer à défendre notre album sur scène autant que possible, on est un groupe de live avant tout et aller à la rencontre du public avec notre musique, c’est toujours un moment fort et privilégié !
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Une interview de Caro @Zi.only.Caro
Photos de Brian Downie @brian_downie_photographer
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Instagram : @littleodetta
L’album Little Bit of Soul est déjà disponible partout !
