Le vent de l’étrange souffle à nouveau sur la scène rock contemporaine. À mesure que les albums se bousculent sur la pile des nouveautés, quelques galettes persistent à défier le temps comme une flèche noire plantée dans la poutre du grand-duc Sabbath. Meliora, troisième déflagration signée Ghost, s’invite en 2025 avec une fraîcheur sarcastique qui écorche le sommeil du metal tout autant qu’elle relance les conversations de comptoirs enfumés. L’album, pourtant lancé en 2015, trace un sillon d’irrévérence musicale, charriant au passage mélodies pop, rituels doom et arrangements dignes d’une messe noire scandinave.

Ghost Meliora
Ce disque ne s’écoute jamais de la même manière à la lumière blafarde d’un matin pluvieux ou au zénith d’une nuit sans sommeil. Derrière les masques et l’encens, le groupe suédois orchestre une traversée du désert post-moderne où se mêlent synthétiseur spectre et communion d’harmonies moribondes. De la genèse trouble de l’album, à ses expérimentations en studio, en passant par l’audace de ses textes, Meliora rumine et redéfinit le hard rock avec la fausse naïveté d’un illusionniste trafiquant le son.
Dans cette chronique, retour sur un périple sonore où l’ésotérisme croise la pop dans les limbes d’un heavy metal ciselé, le tout servi sur un plateau d’argent. Entre tripes et ambiances, rituels nocturnes et sarcasmes distillés, embarquement immédiat pour une analyse sans concession de Meliora. Étape obligatoire : la Suède. Destination : l’éternité.
Genèse trouble et contexte rock de Meliora : la Suède, terre de contrastes
Quand Ghost entre en scène en 2015, le paysage musical a un arrière-goût de déjà-vu. Le digital grignote la poésie, les donneurs de leçons hurlent à la « mort du rock », tandis que des milliers de groupes alternatifs s’étouffent dans l’anonymat. En Suède, l’underground bruisse encore de souvenirs, mais ce n’est pas à Stockholm ou Göteborg qu’une révolution semble vouloir éclater. Alors, sur fond d’une crise existentielle des genres, Ghost avance masqué, préférant la liturgie blafarde au manifeste punk.
Dans cette atmosphère bruyante où tout le monde rêve d’un nouvel oriflamme, Meliora tombe comme une hostie profanée : une bande de gais lurons grimés, bras armés d’un concept aussi théâtral qu’un « Re-Animator » un soir de sabbat. Derrière la figure totémique de Papa Emeritus III, frère cadet d’un Papa II remercié sans cérémonie (une tradition mafieuse chez Ghost), le groupe distille ce qui s’apparente à une revanche sur la tiédeur ambiante. On annonce l’ère du rock post-tout. Eux préfèrent décaler la messe.
Année 2015 : le rock suédois jongle entre héritage death metal, tentations pop baroque et bouffées de nostalgie scandinave. Ghost, surgit alors du brouillard, rendant ses hommages empoisonnés à Blue Öyster Cult, Sabbath et Abba dans la même phrase. Le collectif explore les contradictions, recycle les travestissements et réinvente le pastiche sans jamais tomber dans la parodie creuse. Les funérailles du sérieux s’orchestrent, morceau après morceau, sur un tapis de riffs savamment dosés.

Ghost Meliora
Ce contexte offre à Meliora un statut d’outsider : ni vraiment dans la transgression, ni dans l’académisme. À l’heure où le hard rock cherche sa voix lactée, Ghost installe ses orgues et pose un décor d’apocalypse en dentelle. Le grand théâtre du faux diable est prêt à déguster ses propres légendes, entre rite initiatique et farce macabre. Ce positionnement trouble séduit plus qu’il ne divise. L’ironie ? Peut-être la force motrice de l’album, voire de tout un pan de la scène suédoise.
Ghost, dès cette troisième offrande, impose une dialectique confuse aux zélotes du purisme : naviguer entre critique salace et révérence feinte. L’époque veut des icônes prêtes à la consommation rapide. Le groupe impose un autre régime : liturgie, mystère et atmosphère. Un choix qui, en 2025, paraît presque subversif alors que le format court règne en maître.
Naviguer dans les méandres de l’industrie musicale en cette décennie équivaut à un jeu d’échecs où les pions sont sacrifiés à la première fausse note. Meliora apparaît alors comme une anomalie fascinante – ce voyage entre le décorum gothique des années 1970 et le digital aseptisé des plateformes modernes. Le groupe déploie un humour noir suédois tout en célébrant la décadence joyeuse d’un rock devenu trop sage.
On aurait tort d’y voir une simple provocation. Ghost, et Meliora en particulier, s’inscrivent dans une saga où chaque album incarne une ère, chaque titre un éclat de sarcasme jeté au visage d’une époque trop pressée d’oublier ses saints martyrs.
Studio, masques et manigances : Meliora, chroniques d’un enregistrement taillé au scalpel
Enregistrer un album de rock en 2015, c’est déjà résister à la tentation de boucler le mix sous deux applications iOS. Ghost, fidèle à sa fascination pour les rituels, choisit l’authentique : direction EastWest Studios à Hollywood. Le studio fleure bon les fantômes de sessions mythiques – Beach Boys, Sinatra, Mötley Crüe – et Ghost y dépose donc ses amplis, ses bougies et ses partition en pentagrammes.
Sous la houlette de Klas Åhlund, producteur au scepticisme bienveillant (et qui a, dans une vie antérieure, flirté avec Robyn et Madonna), le groupe décide d’investir le lieu comme une secte investit un manoir. Aucun smartphone, pas d’auto-tune excessif ni de files d’attente pour la cabine. Juste le parfum acre du patchouli et le trac nerveux des musiciens masqués. Petite anecdote : la légende veut que le solo de Majesty ait trempé trois jours dans un bain de reverb, pendant qu’un Nameless Ghoul tentait de capter l’esprit du défunt Jon Lord. Résultat : une nappe d’orgue à réveiller les morts et chauffer les cœurs rompus.

Ghost Meliora
La tension du studio donne du sel aux morceaux. Papa Emeritus III, aussi impénétrable qu’un évêque sous acide, imprime sa voix sur bande analogique, imposant à ses musiciens des horaires à la bigotterie monacale : répétitions le matin, arrangements l’après-midi, rituels occultes le soir. Produire Meliora ne s’est pas fait sans friction ni éclat. Les débats sur le grain de la basse ou la couleur des chœurs deviendront matière à légendes lors de interviews futurement désabusées.
Klas Åhlund, chef d’orchestre discret, pousse le groupe dans ses retranchements. Les ambitions s’affranchissent des dogmes : synthés et guitares se répondent, la section rythmique oscille entre transe martiale et caresse pop. Les murs du studio résonnent encore, paraît-il, des échos de Spöksonat et de la fureur presque sacrée sur From the Pinnacle to the Pit.
On oublie trop souvent que derrière les contours baroques, Ghost s’adonne à l’expérimentation sobre. Le choix de l’analogique, la capture des ambiances naturelles et l’absence d’effets numériques envahissants posent Meliora comme une exception dans le foisonnement actuel. Le producteur agit en arbitre silencieux, laissant la scène au groupe, tout en gardant une main sur le curseur du mystère.
Les sessions drainent leur lot d’invités pittoresques : rumeurs de passage d’un ex-guitariste incognito, apparition fantomatique d’un chœur d’enfants, ou bash d’organistes survolant Devil Church. Le studio se transforme alors en temple dionysiaque, orchestrant un chaos savamment contenu, à mille lieues du lissage pop commanding l’industrie.
Au terme des prises, Meliora possède ce grain inimitable où chaque note semble flotter entre mensonge et lumière, chaque harmonique suinte le sarcasme de musiciens qui ne croient pas tout à fait à leur propre messe. Si Hollywood laisse des traces, ce n’est pas tant pour le vernis que pour la fièvre contagieuse d’un enregistrement placé sous le signe de l’ambiguïté et du culte de la nuance.
Analyse musicale de Meliora : entre rituel, parodie et catharsis rock
Meliora ne s’appréhende pas sans une plongée dans son magma sonore. Le disque, redoutable patchwork de genres, ne ménage ni ses auditeurs ni les frontières du bon goût. Ghost s’engouffre dans les méandres du heavy, du psychédélique et de la pop la plus vert-de-gris avec une désinvolture qui frôle l’insolence.
La première flèche, Spirit, déroule son tapis de synthés célestes, rappelant que le rock satanique ne se borne plus aux riffs martelés de Tony Iommi. Ici, tout est élégamment agencé : basses grondantes, lignes mélodiques à la Purson, chœurs de messe noire à peine volontaires, chaque élément joue sa partition dans cette déréliction ironique du sacré.
From the Pinnacle to the Pit et son riff-sismographe plante l’auditeur dans une vallée de distorsions faussement old school. Quelques notes et voilà un mariage contre nature entre doom, stoner et funk malade – le tout emballé dans un groove qui aurait fait saigner les baskets d’Alice Cooper.
Impossible d’éluder Cirice – single habile, faussement radiophonique, truculent mélange d’emphase gothique et de paroles à double fond. Le morceau, lauréat d’un Grammy sans trop y croire, s’autorise toutes les ambiguïtés : couplets froids, refrains open bar, orgue badin, guitares aussi policées qu’une messe de minuit sous acide.
Les plages instrumentales ne servent pas de remplissage sur Meliora : Spöksonat, évasif, prépare la nappe funèbre de He Is. Ce titre, ballade pseudo-liturgique, navigue entre vénération et blasphème, porté par une voix presque lumineuse et une orchestration qui troque le pentacle pour la pop orchestrale.
Mummy Dust s’offre un clin d’œil perfide à la new wave, Majesty dépasse la caricature en fusionnant grandiloquence hard rock et écriture ironique, Devil Church, quant à lui, érige la tension instrumentale en habit d’Arlequin macabre. Chaque morceau appelle ainsi son propre démon, son oxymore.
Le dernier triptyque s’organise autour d’une dramaturgie tiède : Absolution, crescendo façon corbillard supersonique, puis Deus in Absentia, conclusion orchestrée comme une messe païenne – la lumière ne jaillit pas, elle bave, se tord, refuse la rédemption facile.
À mesure qu’on avance sur Meliora, un constat émerge : Ghost ne rend hommage à rien d’autre qu’à la collision des styles. Le groupe fait dialogue Sabbath, Yes, Camel et Depeche Mode pour mieux dissoudre la frontière entre parodie et hommage. Meliora, plus qu’un simple album, s’affiche comme un pied de nez élégant aux gardiens du purisme, préférant l’excès au repli, le sarcasme à la nostalgie formatée.
Paroles et thèmes dans Meliora : ironie, apocalypse et jeux de masques
L’écriture chez Ghost relève du numéro de prestidigitation : rien n’est sacrifié au hasard, chaque mot se tord comme une incantation entre le trivial et l’hermétique. Meliora tire sa substance de cette tension diffuse, balançant entre religieux détourné et satire post-moderne.
Le cortège de Papa Emeritus III délivre textes à la fois amphigouriques et cryptés : ici, la foi s’égare dans l’absurdité, le salut vogue en eaux troubles et la rédemption s’écroule sous ses propres postillons. Sur Cirice, la manipulation psychologique se conjugue à la ferveur collective ; l’amalgame entre liturgie et idéologie s’opère dans une langue oscillant entre le latin de pacotille et l’anglais lapidaire.
Les obsessions du groupe irriguent l’album de bout en bout : apocalypse larvée, pouvoir clérical, déliquescence de la morale sous un vernis pop doucereux. From the Pinnacle to the Pit sonne comme un avertissement : l’ascension spirituelle n’est qu’un plongeon prémédité vers l’abîme. Sur Majesty, l’ironie du titre se déploie dans un refrain pontifical, balayant le dogme pour mieux en sucer la moelle.
Cette dimension textuelle, à mi-chemin entre pamphlet et parabole pop, impulse à Meliora une saveur caméléon. Les allusions bibliques se parent de fuchsia et de cynisme, tandis que les apports plus intimes – peur du vide, dérision de la foi, exaltation du doute – dialoguent avec la tradition romantique scandinave.
La magie fonctionne d’autant mieux que le groupe refuse tout manichéisme : ni prosterné devant Satan, ni prêcheur des masses, Ghost radiographie un monde où la sincérité n’est qu’un effet de manche – et la parole, un masque parmi d’autres.
Ce jeu de dupes, absolument assumé, irrigue également les instrumentaux : Spöksonat et Devil Church s’offrent comme des raccourcis narratifs, interludes où la musique se fait langage occulte, ébruitant des drames intérieurs et des farces en habit de deuil.
En 2025, alors que l’actualité mondiale ne cesse de s’auto-parodier, la posture ironique et désabusée de Meliora prend une nouvelle résonance. L’album agit plus que jamais comme une loupe cruelle sur le spectacle macabre des certitudes humaines.
Accueil critique et impact commercial de Meliora lors de sa sortie
À sa sortie en août 2015, Meliora secoue la critique sans renverser la table. Les revues spécialisées jonglent entre l’admiration circonspecte et l’agacement frontal. Certains voient dans Meliora une respiration bienvenue au sein d’une scène metal saturée de codes, d’autres grincent des dents devant ce qu’ils jugent être une “opé kaméléon”.
La presse anglo-saxonne – Pitchfork, Classic Rock, TeamRock – oscille entre fascination et ironie, saluant la qualité d’écriture sans jamais se résoudre à adouber Ghost comme nouveau messie. Ghost brise la routine, funambule entre le pastiche et l’authenticité.
Commercialement, l’affaire est moins ambiguë : l’album frôle le top des ventes metal partout où le genre survit encore. Les single Cirice et From the Pinnacle to the Pit bénéficient d’une rotation radiophonique rare pour un collectif masqué. L’obtention d’un Grammy pour Cirice n’y changera rien : Meliora continue de polariser, partageant ses ouailles entre fidèles extatiques et adversaires souriants.
La tournée qui suit parachève la mystification. Les salles se remplissent, les fans rivalisent de créativité dans l’interprétation du “message” Ghost, et le merch s’arrache. Papas successifs exhibent leur nouvelle imagerie. On parle plus de rituels que de setlist, d’énergie scénique que de solos endiablés.
Signe des temps : Meliora entre dans la rotation des playlists étudiantes tout autant que dans celle des collectionneurs de vinyle, preuve qu’une même galette peut encore parler des langues différentes. L’album s’immisce sur le terrain d’un classement des meilleurs albums de metal des années 2010 sans jamais prétendre à l’unanimité.
La presse généraliste, elle, a l’intelligence de surnommer Meliora “la messe noire la plus pop du moment”, ce qui, après tout, n’est pas un contresens. En 2025, on redécouvre la pertinence, la distance et surtout la capacité du disque à survivre à ses propres impostures.
Héritages, influences et mutation du son Ghost après Meliora
Difficile, dix ans après la sortie de Meliora, de mesurer son influence sur la scène rock et metal. Mais il suffit de tendre l’oreille sur les productions à la frontière du heavy, du doom et de la pop pour constater l’onde de choc discrète laissée par Ghost. L’album, loin de figer un style, a ouvert des valves : désormais le kitsch assumé, la pop baroque et l’occultisme de salon cohabitent sans complexe.
De jeunes formations comme Lucifer ou Twin Temple se repaissent des synthés rétro et des liturgies revues à la sauce technicolor. Même les vétérans, de Mastodon à Opeth, semblent nager dans des influences où l’humour noir le dispute à la grandiloquence. Des bootlegs circulent, tentant d’imiter le grain de Meliora, de ses orgues feutrées à la basse carnivore.
L’album opère aussi une synthèse des contradictions de l’époque : l’envie de nuancer le vrai et le faux, le désir de socialiser l’apocalypse et de donner un vernis pop au hard rock. Désormais, le nouveau challenger ne craint plus d’habiller son disque de références douteuses ou d’anecdotes absconses. Le pastiche n’est plus un vice – c’est une école.
L’après Meliora, c’est aussi la réinvention du live : les concerts se font spectacles totaux, costumes, scénographie léchée, second degré décomplexé. Les disciples de Ghost déploient une esthétique où la liturgie satanique frôle le happening arty – une mutation saluée lors des dernières éditions des festivals européens.
Rares sont les albums capables d’allumer une telle constellation d’héritiers sans sombrer dans la caricature. Cette résilience, ce goût pour la dérision et la tension, consacrent Meliora comme un modèle de transgression maîtrisée, ni tout à fait populaire ni franchement expérimental. Un équilibre fragile qui, en 2025, trouve encore des échos chez une génération désormais habituée à picorer ses divinités.
Aujourd’hui, la présence de Ghost dans les classements ne doit rien au hasard : les algorithmes, aussi froids que le regard d’un Nameless Ghoul sous perfusion, s’inclinent devant l’alchimie rare entre accessibilité et singularité. Meliora agit ainsi comme une référence flottante : ni relique, ni fossile, mais un disque qui continue d’ébranler les certitudes.

Ghost Meliora
Les architectes masqués : portrait des membres de Ghost et collaborateurs de Meliora
Impossible de dérouler le tapis rouge à Meliora sans évoquer ses architectes de l’ombre. Comme à l’accoutumée, le rideau de l’anonymat pèse lourd sur le casting. Papa Emeritus III, tout juste promu, endosse le rôle central. L’homme, aussi insaisissable que les textes qu’il scande, impose par sa voix un charisme froid, oscillant entre grand prêtre psychotique et crooner pop déchu.
Derrière lui, le collectif des Nameless Ghouls officie dans la plus grande discrétion. Guitares, claviers, basse, batterie : chaque instrument est confié à un musicien ni tout à fait anonyme, ni complètement démasqué. Selon la tradition Ghost, les noms s’échangent comme des titres de noblesse : ici, aucune star, uniquement des silhouettes. Ce choix esthétique, loin de n’être qu’un gimmick, garantit cohésion sonore et discipline collective, là où d’autres groupes verseraient dans l’égocentrisme.
Le rôle de Klas Åhlund ne saurait être minoré. Producteur en chef, il fait figure de samouraï zen, veillant à ce que chaque couleur du spectre sonore s’exprime avec la pudeur d’un vieux vinyle déglingué. Ses interventions, parfois infimes, impriment à Meliora une signature indélébile : entre bon goût, excentricité et fidélité à l’esprit Ghost.
Sur certaines sessions, des collaborateurs externes apparaissent à la marge : un chœur, un organiste, parfois un ingé son plus inspiré qu’à l’ordinaire. C’est cette combinatoire subtile entre mystère et pluralité qui offre à l’album sa texture, ce grain suave et rugueux à la fois. Aucune partition ne se perd – chaque note, chaque silence, chaque souffle concourt à entretenir la mythologie du collectif.
Enfin, la conscience collective du groupe s’est resserrée sur Meliora autour d’une vision partagée : faire primer l’expérience sur la performance solo, sacrifier le show-off à la dramaturgie totale. Cette concentration d’efforts, ce choix de l’ombre, imprime durablement l’âme de l’album, questionnant sans relâche la notion de l’ego dans le processus créatif.
Éditions alternatives, concerts mémorables et remasters de Meliora
On ne compte plus, aujourd’hui, les variations autour de Meliora. L’édition originale, sortie à l’été 2015, s’est rapidement enrichie de bonus taillés pour les inconditionnels : titres live (If You Have Ghosts, Year Zero), packaging collector, vinyles translucides – la panoplie complète du rockeur-zinzin. Le disque, dans sa version initiale et remixée, connaît une seconde jeunesse lors des rééditions anniversaires.
Ces remasters, souvent salués pour leur fidélité à l’esthétique d’origine, permettent de redécouvrir les détails enfouis dans le mix : subtiles harmonies de fond sur Spirit, attaques nerveuses de basse sur Mummy Dust, diaprures de clavier sur Devil Church. Un travail d’orfèvre qui donne au disque une résonance nouvelle, à l’heure où le streaming gomme les textures.
Les concerts associés à cette période restent, pour les fans, des objets de méditation quasi mystique. La tournée Meliora, de 2015 à 2016, s’est illustrée par des shows où la performance scénique tutoie la parodie savamment orchestrée : papamobiles, encensoirs, croix géantes et chorégraphies de Ghouls affranchis. Les captations live alimentent forums et podcasts, prolongent la légende, forgent une unité au gré des artefacts rituels.
Quant aux versions alternatives de certains titres, elles circulent encore sur les réseaux : prises instrumentales de He Is, remix pop de Cirice, bootlegs d’Absolution façon bunker. Preuve que Meliora ne cesse d’inspirer, détourner, faire l’objet de réappropriations – un album-refuge où chaque fan projette ses propres phobies et jubilations.
À chaque réédition, les collectionneurs alimentent la mémoire du groupe et prolongent la vie de Meliora, album de chevet pour qui cherche encore la frontière floue entre dévotion sérieuse et mélodrame caustique. La boucle, jamais refermée, continue d’enrichir la mosaïque musicale que Ghost propose.
Tableau récapitulatif : Titres de l’album Meliora de Ghost et informations techniques
# | Titre | Auteur(s) | Compositeur(s) | Interprète(s) | Musiciens notables | Durée | Date d’enregistrement |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | Spirit | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls (instruments) | 5:15 | 2015 |
2 | From the Pinnacle to the Pit | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls (instruments) | 4:02 | 2015 |
3 | Cirice | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls (instruments) | 6:01 | 2015 |
4 | Spöksonat | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Instrumental (Nameless Ghouls, orgue/effets) | 0:56 | 2015 |
5 | He Is | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls (acoustique/électrique) | 4:13 | 2015 |
6 | Mummy Dust | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls (claviers/guitares) | 4:07 | 2015 |
7 | Majesty | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls (ensemble) | 5:24 | 2015 |
8 | Devil Church | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Instrumental (Nameless Ghouls, orgue) | 1:06 | 2015 |
9 | Absolution | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls | 4:50 | 2015 |
10 | Deus in Absentia | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III (chant), Nameless Ghouls (piano/chant) | 5:37 | 2015 |
11 | If You Have Ghosts (live, bonus) | Roky Erickson | Roky Erickson | Ghost | Papa Emeritus III, Nameless Ghouls | 4:09 | 2015 |
12 | Year Zero (live, bonus) | A Ghoul Writer | A Ghoul Writer | Ghost | Papa Emeritus III, Nameless Ghouls | 4:58 | 2015 |
Découvrir Meliora, c’est accepter de s’engager dans un labyrinthe sonore où chaque titre fonctionne à la fois comme carte et territoire. Un album dont la cartographie fait désormais partie de la légende rock.
Pour davantage d’analyses sur la discographie de Ghost et d’autres albums majeurs des années 2010, retrouvez également les chroniques approfondies sur RockSound.fr.
Pour ceux qui veulent approfondir le mystère et découvrir les rituels du groupe, rendez-vous sur le Site officiel.
FAQ sur l’album Meliora de Ghost : tout savoir sur ce voyage musical fascinant
Quel est le style musical de l’album Meliora de Ghost ?
Meliora, l’album de Ghost, navigue entre heavy metal, doom, rock psychédélique, hard rock et touches pop. Ce mélange crée une ambiance sonore théâtrale, où riffs massifs, orgues gothiques et mélodies entêtantes se croisent, brouillant les frontières entre hommage métal, parodie gothique et pop raffinée.
En quoi Meliora marque-t-il un tournant dans la carrière de Ghost ?
Meliora installe Papa Emeritus III à la tête du groupe, incarnant un nouveau souffle artistique. L’album élargit les influences stylistiques et confirme la volonté de Ghost d’expérimenter sans limites. Ce disque devient un jalon clé, imposant la théâtralité et l’ironie comme marque de fabrique du collectif suédois.
Quelles sont les chansons les plus marquantes de Meliora ?
Spirit, Cirice, From the Pinnacle to the Pit, He Is et Absolution sont fréquemment citées comme incontournables. Elles illustrent parfaitement la diversité du son Ghost sur Meliora, alliant puissance, second degré, et une écriture soignée. Cirice a même décroché un Grammy, preuve de sa portée.
Où a été enregistré l’album Meliora de Ghost ?
L’album Meliora de Ghost a été enregistré en 2015 aux EastWest Studios à Hollywood, un établissement légendaire ayant accueilli des artistes majeurs de l’histoire du rock. Ce choix de lieu s’inscrit dans la volonté du groupe d’atteindre une qualité sonore authentique et singulière.
Peut-on acheter Meliora en différentes éditions ?
Oui, Meliora existe en version CD, vinyle classique, éditions limitées et formats digitaux. Certaines rééditions incluent des titres bonus ou des performances live, particulièrement prisées des collectionneurs. On trouve également des coffrets spécial fans, enrichis de livrets et d’objets inédits.