Si le concert de Ghost à l’Accor Arena le 13 mai dernier avait été un épisode de Scoubidou, il aurait commencé par une bande de jeunes intrépides pénétrant dans une cathédrale gothique, dans laquelle un mystérieux Pape démoniaque masqué, flanqué d’indisciplinés disciples morts-vivants, aurait été surpris en train d’invoquer les esprits à coups de riffs endiablés. Et bien sûr, à la fin, Tobias Forge aurait arraché son masque en criant : « Et j’aurais réussi mon rituel si ce n’était pas pour vous, satanés métalleux ! » Sauf que cette fois, les démons du rock ont réussi à emmener la foule hypnotisée avec eux dans un spectacle grandiose et fou où l’horreur gothique côtoie les paillettes, entre frissons, vénération et second degré !

Le règne de Papa V Perpetua débute
Dès que les premiers accords ont retenti, la scène s’est révélée dans toute sa majesté infernale : une cathédrale illuminée par l’immense croix inversée et le G désormais identifiable de Ghost, dont les vitraux projetaient des images mystiques et satiriques. Un mur d’images en évolution selon les titres joués diffusait des visions infernales, tandis que la pyrotechnie transformait l’arène en un cauchemar flamboyant. Des flammes, des explosions, et une fumée épaisse qui enveloppait les musiciens comme un voile spectral, donnant l’impression que l’on assistait à une cérémonie occulte… ou à une fête d’Halloween sous amphétamines dans un manoir hanté magnifié par l’obscurité ambiante dans laquelle étaient plongés les fidèles du clergé gothique.

Murs enflammés et croix inversée, un spectacle d’enfer !
Des fidèles sans téléphone pour capturer l’instant, car Ghost avait imposé une règle stricte : aucun écran pour briser la magie et pouvoir vivre chaque seconde du spectacle intensément. L’expérience était immersive, hypnotique : plus de distractions, juste une communion totale avec le rituel. Et les fans n’étaient pas là pour regarder passivement, mais bien pour faire partie du culte. Les costumes étaient de sortie ce soir et pas des moindres : robes gothiques, maquillages spectaculaires, masques de Nameless Ghouls, et même quelques fidèles déguisés en Papa Emeritus. Un bal masqué sinistre où se côtoyaient démons, vampires et prêtres déchus, dignes d’un épisode de Scooby-Doo où le méchant est VRAIMENT possédé. Mais uniquement par l’esprit du rock et d’une grosse dose de second degré.

Pas de téléphones pour une expérience immersive
Ghost a ouvert la cérémonie avec « Peacefield », suivi de « Lachryma », posant l’ambiance mystique et oppressante. Puis les classiques ont enchaîné : « Spirit », « From the Pinnacle to the Pit », « Call Me Little Sunshine », jusqu’à « The Future Is a Foreign Land », qui a surpris par sa touche acoustique. Mais ce fut « Satanized », « Cirice » et « Darkness at the Heart of My Love » qui ont transformé la salle en véritable lieu de culte. Et, oui, j’avais les mains levées et j’ai chanté « Save me, I’m satanized » à tue-tête, je le confesse à Papa V et à son prédécesseur aussi, dans l’espoir de lui voler sa veste à paillettes. Le rituel et l’univers visuel de Ghost vous embarquent dans un tourbillon de kiff, une tornade de son et d’images dans laquelle je me suis laissée emporter sans aucun scrupule ni remords.

Les fidèles du clergé gothique en adoration

Ghost à Paris : un show monumental, entre frissons et éclats de rire
Et c’est là que le spectacle a pris une nouvelle dimension : alors que le groupe entamait « Cirice », un frisson a parcouru la salle. Papa Emeritus III est apparu en lévitation, baigné dans une lumière spectrale, comme un ancien souverain refusant de quitter son trône. Les cris ont fusé, dans un mélange de stupeur et d’excitation. Dans un dernier acte magistral, Papa Emeritus IV a livré son ultime sermon avec une intensité dramatique sur « Darkness at the Heart of My Love », avant d’être emporté par des Nameless Ghouls sous un nuage de fumée. Puis, dans une explosion de lumière et de flammes, Papa V Perpetua a fait son entrée, proclamant le début d’une nouvelle ère sur « Year Zero », l’Accor Arena tremblant sous les acclamations. Chaque concert de Ghost marque un changement de Pape, un passage de témoin aussi dramatique qu’emblématique, renforçant l’univers cinématographique du groupe.

Ghost à Paris : un show monumental, entre frissons et éclats de rire

Les Nameless Ghouls en action !
Si Papa V Perpetua est le maître de cérémonie, les Nameless Ghouls sont les véritables architectes du son de Ghost. Ces musiciens masqués, dont l’identité reste un mystère, sont les piliers du spectacle, transformant chaque morceau en une incantation sonore. Ghost repose sur une formation de sept musiciens, chacun incarnant un rôle précis. Deux guitaristes : véritables exorcistes du riff, alternant entre solos enflammés et rythmiques puissantes. Un bassiste, colonne vertébrale du son, qui insuffle une profondeur sombre et vibrante à chaque morceau. Un batteur, cœur palpitant du rituel, dont les frappes précises donnent à chaque titre une intensité dramatique. Un claviériste, maître des ambiances, qui ajoute des nappes mystiques et des orchestrations dignes d’une messe noire. Et enfin deux choristes : les voix spectrales qui renforcent l’aspect liturgique du spectacle.
Les guitaristes, en particulier, ont joué un rôle clé dans l’interaction avec la foule. À plusieurs reprises, ils se sont avancés sur le devant de la scène, incitant le public à chanter, hurler et participer au rituel. Lors de « Rats », l’un des Ghouls a même mimé une bénédiction démoniaque, levant les bras comme un prêtre avant de déclencher un solo foudroyant. Chaque riff devenait une incantation collective, chaque refrain un exorcisme sonore. Le batteur, quant à lui, a offert une performance d’une précision chirurgicale, notamment sur « Year Zero », où chaque frappe résonnait comme un coup de tonnerre.

Des riffs endiablés qui invoquent les esprits
Le concert s’est terminé sur un enchaînement explosif : « Rats« , « Mummy Dust« , et bien sûr « Monstrance Clock« , dans un déluge de feu et de poussière dorée. Lors des dernières notes, l’Accor Arena est restée figée dans une sorte de silence abasourdi, comme si les spectateurs venaient de sortir d’une séance d’hypnose. Puis l’énorme ovation a éclaté, dans un fracas d’applaudissements tonitruants et de cris de victoire, entre effroi, excitation et rires nerveux, comme si tout le public venait d’échapper à une malédiction musicale. Et comme dans tout bon épisode de Scoubidou, le mystère s’est dissipé dans un éclat de rire et de flammes, laissant les spectateurs repartir avec le sentiment d’avoir assisté à un spectacle aussi terrifiant qu’irrésistiblement fun.
Une fois de plus, Ghost a prouvé qu’il est le grand maître incontesté du métal théâtral, naviguant entre horreur et comédie avec une aisance démoniaque. Une messe noire à la gloire du rock où les monstres masqués et facétieux sont bien réels, mais où on les accueille avec des headbangs, des clins d’oeil et des sourires complices.

Ghost à Paris : un show monumental, entre frissons et éclats de rire Habemus Papa V !

Ghost à Paris : un show monumental, entre frissons et éclats de rire L’ovation des fidèles dans la fosse en délire
Photos de Ryan Chang. Un immense merci à Replica Promotion !