Claude Gassian, des Stones à Iggy Pop, 50 ans d’icônes en images

par | 17 Mar 2025 | Photo

⏱ Temps de lecture : 16 min

Claude Gassian est l’un des photographes de rock les plus influents de France et d’Europe. Depuis les années 70, il a braqué son objectif sur les icônes : Jimi Hendrix, Jim Morrison, Bob Dylan, Bob Marley, Bruce Springsteen, Patti Smith, Prince, Leonard Cohen, les Rolling Stones… et plus tard Johnny Hallyday, Serge Gainsbourg, Vanessa Paradis ou Matthieu Chedid.

Plus de cinquante ans de musique, condensés dans des clichés devenus mémoire collective. En 2021, trente de ses photos ont été mises aux enchères chez Sotheby’s, preuve que son œuvre dépasse le simple témoignage pour entrer dans le patrimoine artistique mondial. Mais qui est donc ce Parisien discret qui a capté la sueur des concerts, les visages fissurés des stars, et transformé le rock en iconographie éternelle ?

Claude Gassian photographe

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L’acte fondateur

Claude Gassian n’est pas né photographe. Il est né Parisien en 1949, dans une époque où le rock n’avait pas encore explosé en France. Mais très vite, il capte que ce mouvement va tout bouleverser. Et quand il prend un appareil photo en main, ce n’est pas pour shooter des paysages ou des mariages. Non. Ce qui l’intéresse, ce sont les visages, les corps électrifiés par la musique, la fragilité derrière l’icône.

Naissance d’un œil parisien (1949, Paris)

Paris des années 60, c’est l’arrivée du rock anglo-saxon dans les clubs, une jeunesse qui découvre Hendrix, les Beatles, les Stones. Gassian, adolescent, est de cette génération qui vit la révolution sonore comme une secousse intime. Très vite, il se retrouve au contact des concerts. Mais au lieu de se jeter dans la fosse, il sort son appareil.

On dit souvent qu’un photographe rock est d’abord un fan. Gassian en est la preuve. Il a aimé cette musique avant de la photographier. Et c’est sans doute pour ça que ses clichés vibrent autant : derrière chaque photo, il y a l’émotion d’un gosse qui voit Hendrix déchirer une Stratocaster.

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Premiers pas dans le rock : clubs parisiens, Hendrix, Stones, Morrison

Les premiers clichés de Gassian ressemblent à une entrée fracassante dans une mythologie. Jimi Hendrix, Jim Morrison, les Rolling Stones. Pas des petits groupes de quartier, mais directement les dieux de l’Olympe rock. Et ce qui frappe, c’est qu’il ne les photographie pas comme des statues intouchables. Il les capte au plus près, dans des clubs, dans des moments où le show-business n’avait pas encore figé leurs visages.

Imagine : Hendrix en 1967 à Paris, Morrison dans une salle trop petite pour contenir sa voix, les Stones encore jeunes, encore sauvages. Gassian est là. Ses clichés ne sont pas seulement des souvenirs : ce sont des archives historiques.

De la scène au portrait : quand Gassian invente sa signature visuelle

Très vite, Gassian comprend que ce qui l’intéresse, ce n’est pas seulement la scène. Le live, oui, mais pas uniquement. Lui, ce qu’il traque, c’est le moment où le masque tombe. Quand un musicien, dans les coulisses ou face à l’objectif en studio, montre une faille, une vérité.C’est là que naît son style : un mélange de live brut et de portrait intimiste. Ses photos ne sont jamais lisses. Elles respirent. On y sent la fumée, la sueur, les nerfs à vif. Mais on y voit aussi des regards fragiles, des instants suspendus où la star n’est plus une icône mais un humain.

En cela, Gassian s’inscrit dans une tradition photographique qui va bien au-delà du rock. Il n’est pas qu’un chroniqueur visuel, il est un narrateur silencieux. Ses images racontent des histoires sans mots, mais avec une intensité qui dépasse souvent les articles et les critiques.

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Les icônes internationales : l’âme du rock en images

Si Claude Gassian est devenu une légende de la photographie musicale, c’est parce qu’il a braqué son objectif sur les monstres sacrés du rock anglo-saxon. Pas les seconds couteaux, pas les figurants : les piliers, les dieux vivants, les artistes qui ont redessiné la carte du son et de l’imaginaire collectif.

Hendrix, Morrison, Dylan – les mythes saisis à vif

Parler de Claude Gassian sans évoquer Jimi Hendrix relève du blasphème. Quand il l’immortalise, Hendrix n’est pas encore la légende consumée par la flamme, il est encore en pleine ascension. Ses clichés montrent un musicien possédé, les yeux fermés, guitare en feu, comme si la foudre passait directement dans ses veines.  Avec Jim Morrison, l’histoire prend une tournure plus sombre. Le “Lizard King” est déjà une figure de culte, mais Gassian réussit à le montrer vulnérable, presque égaré. Des photos qui, rétrospectivement, résonnent comme un pressentiment : l’étoile filante est sur le point de s’éteindre.

Et puis il y a Bob Dylan. L’homme qui se dérobe, qui fuit les objectifs, qui refuse d’être figé. Pourtant, Gassian le capte. Pas en star de magazine, mais en poète perdu dans ses pensées, presque ailleurs. Un cliché qui dit plus sur Dylan que des pages entières de biographies.

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Les Stones, Bowie, Springsteen, Prince : compagnonnages visuels

Si un groupe a marqué la carrière de Claude Gassian, ce sont les Rolling Stones. Il les a suivis partout, sur scène, en coulisses, en répétition. Ses photos des Stones ne sont pas des posters glacés : elles montrent le chaos, la camaraderie, l’usure, la joie brute. En 1983, il leur consacre même une exposition entière à Paris. Et en 2021, certaines de ces images mythiques seront vendues aux enchères chez Sotheby’s, preuve que le temps n’a fait que renforcer leur aura.

Avec David Bowie, la connexion est électrique. Le maître du changement permanent, du masque et du théâtre rock, trouve en Gassian un témoin capable de capturer ses métamorphoses. Là encore, pas de pose fabriquée : juste un regard, une gestuelle, un fragment de vérité dans le labyrinthe des identités de Bowie.

Bruce Springsteen et Prince font partie de la même constellation. Deux artistes aux antipodes – le prolétaire du New Jersey et le dandy de Minneapolis – mais qui partagent une intensité scénique inégalable. Gassian sait traduire cette intensité en images : chez Springsteen, la sueur et la fraternité ; chez Prince, la sensualité et le mystère.

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Des clichés devenus légendaires : Zappa, Patti Smith, Leonard Cohen

On ne peut pas réduire Claude Gassian à quelques noms. Sa galerie est une encyclopédie visuelle : Frank Zappa, l’intellectuel iconoclaste ; Patti Smith, la prêtresse punk, qu’il photographie avec une intensité quasi mystique ; Leonard Cohen, figure de l’élégance sombre, qui lui offre des portraits d’une beauté crépusculaire. Chaque cliché de Gassian est une capsule temporelle. Quand tu le regardes, tu n’as pas seulement l’impression de voir l’artiste. Tu entends la musique, tu sens l’époque, tu touches du doigt une atmosphère. C’est pour ça que ses images traversent les décennies sans vieillir : elles sont saturées de vérité.

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📌 Résumé de ses icônes internationales capturées :

  • Jimi Hendrix

  • Jim Morrison

  • Bob Dylan

  • Bob Marley

  • Rolling Stones

  • Eric Clapton

  • Bruce Springsteen

  • David Bowie

  • Frank Zappa

  • Patti Smith

  • Prince

  • Leonard Cohen

 

Les artistes français : de Gainsbourg à Mylène Farmer

Si Claude Gassian est devenu l’un des photographes rock incontournables du monde anglo-saxon, il n’a jamais oublié son ancrage hexagonal. La scène française, il l’a traversée de bout en bout, des années 70 à aujourd’hui, immortalisant aussi bien les figures tutélaires que les nouvelles icônes.

Goldman, Hallyday, Renaud : visages de la chanson française

Trois noms, trois univers, trois générations. Jean-Jacques Goldman, le musicien discret, que Gassian a su montrer loin de l’image policée des plateaux télé. Ses portraits révèlent un homme concentré, presque effacé, mais porté par une intensité rare. Avec Johnny Hallyday, c’est une autre histoire : celle du performer ultime. Gassian ne se contente pas de capter le Johnny flamboyant des stades, il le shoote aussi dans ses moments de fatigue, de doute, de fragilité. Ses images trahissent une vérité : derrière le rockeur inoxydable, il y avait un homme en quête permanente de reconnaissance.

Et puis il y a Renaud. Là encore, Gassian parvient à figer la dualité : le poète tendre et l’écorché vif, le gamin de banlieue devenu icône nationale. Ses clichés accompagnent l’écriture visuelle d’un chanteur qui ne voulait pas tricher.

Vanessa Paradis, Matthieu Chedid, Francis Cabrel

Avec Vanessa Paradis, Gassian documente la transformation d’une adolescente star en artiste accomplie. Ses photos des tournées de Vanessa, notamment le Natural High Tour (1993-1994) et le Divinidylle Tour (2007-2008), sont devenues des archives précieuses, publiées dans des livres qui témoignent d’une complicité rare entre photographe et artiste. Matthieu Chedid (M) fait aussi partie de ces compagnonnages marquants. Avec lui, Gassian explore un univers visuel exubérant, coloré, théâtral. Leur collaboration aboutira au livre Qui de nous deux (2004), où le photographe met en image le monde fantasmagorique de M.

Quant à Francis Cabrel, l’homme du Sud-Ouest, poète discret et éloigné des paillettes, Gassian réussit à capter sa simplicité, sa profondeur, dans l’ouvrage Hors Saison (1997). Des photos sobres, mais qui transpirent une authenticité rare.

Quand Gassian photographie Mylène Farmer : une complicité unique

Impossible de parler des artistes français immortalisés par Claude Gassian sans évoquer Mylène Farmer. Avec elle, le photographe touche à une dimension particulière : celle du spectacle total, où la mise en scène, les costumes et les lumières créent un univers parallèle.

En 2006, il publie Avant que l’ombre… À Bercy, un ouvrage entièrement consacré à l’une des tournées phares de la chanteuse. Les clichés sont grandioses, parfois surréalistes, toujours intenses. Là encore, Gassian ne trahit pas son credo : montrer l’artiste au sommet de sa puissance mais aussi dans ses moments suspendus, presque fragiles.

Avec Mylène, il réussit à dépasser le simple reportage de concert pour entrer dans une relation d’artiste à artiste. Le résultat ? Des images qui ne vieillissent pas, qui continuent à fasciner les fans et à nourrir la mythologie Farmer.

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📌 Résumé de ses icônes françaises capturées :

  • Serge Gainsbourg

  • Jean-Jacques Goldman

  • Johnny Hallyday

  • Renaud

  • Vanessa Paradis

  • Matthieu Chedid (M)

  • Francis Cabrel

  • Patricia Kaas

  • Mylène Farmer

  • Cali & Miossec

 

Les livres : archives vivantes d’une carrière

Claude Gassian n’a jamais voulu que ses photos restent coincées dans des cartons ou simplement publiées dans la presse. Très vite, il a compris que son travail devait se matérialiser en livres, en archives visuelles que l’on pourrait feuilleter comme on lit un roman. Ses ouvrages ne sont pas de simples catalogues, ce sont des chroniques de vie, des fragments d’histoire du rock et de la chanson.

Photographies 1970-2001 : 300 clichés pour une anthologie

Publié en 2001 aux éditions La Martinière, Claude Gassian : Photographies 1970-2001 est une somme monumentale. Plus de 300 clichés, retraçant trente ans de carrière, de Hendrix aux Stones, de Gainsbourg à Farmer. C’est l’ouvrage qui a consacré Gassian non seulement comme photographe de presse mais comme artiste à part entière. Chaque image y est accompagnée d’une légende sobre, laissant le regard du spectateur voyager seul dans l’univers rock.

Sans Faute de Frappe (2013), avec Guillaume Barbot : roman et images

En 2013, Gassian surprend en publiant un roman-photo avec l’écrivain Guillaume Barbot. Sans Faute de Frappe sort aux éditions Empiria et mêle récit et photographie. C’est un projet hybride, à mi-chemin entre fiction et reportage, qui prouve que Gassian ne se limite pas à l’archive mais cherche aussi à expérimenter.

Albums photo : de Prince à Vanessa Paradis, de Patricia Kaas à Cabrel

Claude Gassian a également consacré de nombreux ouvrages à des artistes spécifiques, prolongeant une relation de confiance avec eux :

  • Goldman (1988) – portraits de Jean-Jacques Goldman.

  • Renaud (1989) – clichés accompagnés des textes du chanteur lui-même.

  • Rock Images 1970/90 (1989) – une anthologie de 350 photos.

  • Patricia Kaas – Tour de charme (1994) – immersion dans sa tournée.

  • Vanessa Paradis : Natural High Tour (1994).

  • Prince presents Neo Manifesto (1994) – photographies de la tournée Act II en Europe.

  • Hors Saison – Francis Cabrel (1997).

  • M – Qui de nous deux (2004).

  • Avant que l’ombre… à Bercy (2006) – consacré à Mylène Farmer.

  • Cali & Miossec : Rencontre au fil de l’autre (2006).

  • Vanessa Paradis : Divinidylle Tour (2008).

  • Chanson(s) Française (2017) – anthologie de 320 pages sur la chanson française, avec des textes de Dominique A.

 

 

Tableau : principaux livres de Claude Gassian

Année Titre Artistes / Contenu Éditeur
1988 Goldman Jean-Jacques Goldman Paul Putti
1989 Renaud Renaud Paul Putti
1989 Rock Images 1970/90 Anthologie (350 photos) Paul Putti
1994 Patricia Kaas – Tour de charme Patricia Kaas Lafon
1994 Vanessa Paradis – Natural High Tour Vanessa Paradis Vade Retro
1994 Prince presents Neo Manifesto Prince Paisley Park Enterprises
1997 Hors Saison Francis Cabrel Chandelle
2001 Photographies 1970-2001 Anthologie (300 photos) La Martinière
2004 M – Qui de nous deux Matthieu Chedid Flammarion
2006 Avant que l’ombre… à Bercy Mylène Farmer Carrière
2006 Cali & Miossec Cali & Miossec Le Bord de l’Eau
2008 Vanessa Paradis – Divinidylle Tour Vanessa Paradis Carrière
2013 Sans Faute de Frappe Roman-photo (avec Barbot) Empiria
2017 Chanson(s) Française Anthologie chanson française Glénat

 

Les expositions : quand le rock s’accroche aux murs

Si les photos de Claude Gassian ont inondé les magazines et les livres, elles ont aussi pris une autre dimension lorsqu’elles se sont accrochées aux murs des musées et galeries. Là, elles quittent le statut de simple document pour entrer dans celui d’œuvres d’art. Gassian a multiplié les expositions depuis les années 80, en France comme à l’international.

Premières expos (Rolling Stones, Arles, FNAC, années 80-90)

En 1983, Gassian signe sa première grande exposition consacrée aux Rolling Stones à l’Espace Canon de Paris. Déjà, son nom circule comme celui du photographe français qui a l’oreille (et l’œil) des plus grands. En 1985, il participe aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, temple de l’image. Ses clichés se frottent à ceux des grands noms du médium, et son identité de photographe rock s’affirme définitivement.

Dans les années 90, il expose dans toutes les FNAC avec Rockimages. Ses clichés deviennent alors familiers du grand public français, qui découvre le rock par l’image autant que par le son.

Musées et galeries : Lyon, Washington, Bruxelles

Dans les années 2000, Claude Gassian franchit un nouveau cap : il entre au musée. En 2003, le Musée d’Art Contemporain de Lyon lui consacre une grande exposition (Intersections). 239 pages de catalogue, preuve que son œuvre est reconnue non plus seulement comme une archive musicale mais comme une œuvre plastique.

À l’étranger, il expose en 1996 à New York et Washington (The Cool & The Crazy), en 2007 à la Govinda Gallery de Washington (Anonymous), et en 2014 à la A Galerie de Bruxelles (Music). Chaque fois, la même fascination : voir des rock stars figées en noir et blanc, transformées en icônes intemporelles.

Arles, 2010 et 2012 : consécration française

Retour à Arles en 2010 et 2012. En 2010, ses clichés sont projetés au Théâtre Antique. En 2012, deux expositions majeures : Forever Young (Galerie Suzanne Tarasiève) et Séquences (A. Galerie). Là, Gassian prouve qu’il ne se contente pas de photographier le passé : il continue à explorer, à expérimenter, à montrer le rock sous de nouveaux angles.

Sotheby’s 2021 : quand ses photos deviennent de l’art coté

Le 11 mars 2021, trente de ses photographies de rock stars passent sous le marteau chez Sotheby’s. Bowie, les Stones, James Brown… Ses clichés, qui étaient jadis de simples publications de presse, deviennent des pièces de collection cotées sur le marché international de l’art.
C’est une consécration ultime : la photographie de concert, longtemps considérée comme “mineure”, entre dans les grandes maisons de vente au même titre que les toiles ou les sculptures.

 Tableau : principales expositions de Claude Gassian

Année Exposition Lieu
1983 Rolling Stones Espace Canon, Paris
1985 Rencontres de la photographie Arles
1990 Rockimages FNAC (France entière)
1996 The Cool & The Crazy New York & Washington
2002 Double Vie Galerie Acte2, Paris
2003 Intersections Musée d’Art Contemporain, Lyon
2004 Rockfolio Rock en Seine, Paris
2007 Anonymous Govinda Gallery, Washington
2010 Projection Théâtre Antique, Arles
2011 Tracés électriques Galerie Serge Aboukrat, Paris
2012 Forever Young Galerie Suzanne Tarasiève, Paris
2012 Séquences A. Galerie, Paris
2013 Backstage Galerie Jean-Marc Lelouche, Paris
2014 Music (Stones et anonymes…) A Galerie, Bruxelles
2017 Leonard Cohen Institut Lumière, Lyon
2021 L’œil en Seyne Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer
2021 Vente aux enchères (30 photos) Sotheby’s, Paris

La méthode Gassian : pourquoi ses photos marquent à vie

Claude Gassian n’est pas juste un type chanceux qui s’est retrouvé au bon endroit au bon moment. S’il a capté Hendrix, Dylan, Prince, Gainsbourg comme personne, c’est parce qu’il a développé une méthode instinctive et viscérale qui fait de ses photos bien plus que de simples souvenirs.

L’art du portrait intimiste

Là où beaucoup de photographes rock s’arrêtent au live, Gassian a toujours cherché le visage derrière l’icône. Ses portraits sont frontaux, mais jamais agressifs. Il n’arrache pas l’image, il la reçoit. Sa force : inspirer confiance aux artistes. Regarde ses clichés de Leonard Cohen : pas un sourire figé, pas une pose fabriquée. Juste un regard profond, un pli de bouche, une gravité presque religieuse. Pareil pour Goldman, Renaud ou Vanessa Paradis. Ce sont des photos qui respirent la proximité, la conversation silencieuse entre deux êtres.

L’obsession du live brut

Pour autant, Claude Gassian n’a jamais renié la puissance du live. Mais à sa manière : pas d’esthétique léchée, pas de mise en scène artificielle. Chez lui, le live, c’est le chaos dompté. Ses clichés de Springsteen, Prince ou Morrison ne sont pas des images de spectacle, ce sont des clichés organiques. On y voit la sueur perler, la chemise collée, les muscles tendus. On y entend presque la saturation des amplis.

Gassian ne photographie pas “un concert”. Il photographie l’énergie brute qui circule entre un artiste et son public.

Entre noir & blanc et couleurs saturées : un style identifiable

Autre signature : son rapport à la couleur.

  • Le noir et blanc chez Gassian, c’est la vérité nue. Brutal, intemporel, presque documentaire. Ses clichés des Stones ou de Dylan gagnent en intensité parce qu’ils sont dépouillés.

  • La couleur, lui, il la pousse à saturation. Les rouges flambent, les bleus éclatent, les jaunes s’embrasent. Chez Prince ou Mylène Farmer, ça devient une extension visuelle du show.

C’est cette capacité à naviguer entre l’épure et l’explosion qui rend son style immédiatement reconnaissable. Peu importe l’époque ou l’artiste, tu sais que c’est du Gassian.

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L’homme derrière l’objectif

Claude Gassian est de ceux qui ne parlent pas beaucoup mais qui regardent énormément. Ses photos disent plus que mille interviews, parce qu’elles sont le reflet d’une obsession tranquille : comprendre les artistes par leur fragilité.

Son rapport aux artistes : confiance et proximité

Si Dylan, Prince ou Mylène Farmer lui ont ouvert leur porte, ce n’est pas un hasard. Gassian n’a jamais abordé ses modèles comme des trophées à capturer. Il est discret, respectueux, presque effacé. Et c’est justement cette absence d’ego visible qui met les artistes en confiance. Dans un monde où la photo rock a parfois viré au cirque médiatique, Gassian a toujours préféré l’ombre. Résultat : il obtient des instants que d’autres ratent. Des regards perdus, des rires volés, des silences parlants.

Une mémoire vivante de 50 ans de musique

À 75 ans, Claude Gassian n’est pas seulement un photographe, il est devenu une mémoire vivante de la musique. Ses clichés couvrent cinq décennies, du rock psychédélique des années 70 à la pop électro des années 2000. Ils forment une encyclopédie visuelle, où chaque photo est une note de bas de page à l’histoire du rock.

Quand en 2021 ses images entrent chez Sotheby’s, c’est un signe fort : le travail de Gassian ne relève plus du simple témoignage journalistique. Il est désormais classé parmi les grandes œuvres d’art contemporaines.

Ce que Claude Gassian cherche vraiment à capturer : l’instant de vérité

Au fond, ce que Gassian traque depuis toujours, c’est ce moment de bascule où l’artiste n’est plus protégé par son rôle. Une seconde de vulnérabilité dans le chaos du concert. Une expression inattendue lors d’un portrait. Ce qu’il appelle l’instant de vérité.

Là où la plupart des photographes rock cherchent l’icône, lui cherche l’humain. Et c’est pour ça que ses images durent. Parce que derrière Hendrix, Springsteen ou Farmer, il a capté des êtres vivants, pas des statues figées.

Conclusion

Claude Gassian n’est pas seulement un photographe de concerts : il est un passeur de mémoire. Depuis plus de 50 ans, son objectif a capturé l’âme du rock et de la chanson française, des clubs parisiens enfumés aux stades mondiaux, des Stones à Mylène Farmer. Ses clichés ne se contentent pas de figer un instant : ils révèlent l’humain derrière l’icône, la fragilité derrière le charisme, la vérité derrière le spectacle.

En entrant dans les musées, les galeries et même chez Sotheby’s, ses images ont franchi la frontière entre le reportage et l’art. Aujourd’hui, Claude Gassian est reconnu comme l’un des grands photographes du XXe et XXIe siècle, un témoin visuel dont l’œuvre est indissociable de la musique elle-même.

Ses photos ne sont pas des reliques : elles sont vivantes, brûlantes, intemporelles. Elles rappellent qu’au cœur du rock, il y a toujours un instant de vérité, et que Gassian, plus que quiconque, a su l’attraper.

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FAQ

1. Qui est Claude Gassian et pourquoi est-il une référence mondiale ?

Claude Gassian est un photographe français né à Paris en 1949. Depuis les années 70, il s’est imposé comme l’œil du rock, immortalisant Jimi Hendrix, Jim Morrison, Bob Dylan, les Rolling Stones, David Bowie, Bruce Springsteen, Prince, mais aussi Gainsbourg, Johnny Hallyday, Mylène Farmer ou Vanessa Paradis. Ce qui fait sa force, c’est sa capacité à capter à la fois l’énergie brute du live et l’intimité des portraits. Ses photos ne sont pas seulement des documents : ce sont des œuvres d’art reconnues et exposées dans le monde entier.

2. Quels artistes majeurs Claude Gassian a-t-il photographiés ?

Sa galerie est impressionnante : côté international, Hendrix, Morrison, Dylan, Marley, Zappa, Patti Smith, Prince, Cohen, Bowie, Clapton, Springsteen… Côté français, Gainsbourg, Hallyday, Goldman, Renaud, Cabrel, Paradis, Chedid, Farmer. En 50 ans, il a couvert presque toutes les icônes du rock et de la chanson. Ses clichés sont devenus des repères visuels, des images qu’on associe immédiatement à ces artistes.

 

3. Qu’est-ce qui distingue son style des autres photographes de concerts ?

Claude Gassian ne cherche pas le cliché “parfait” ou glamour. Ce qui l’intéresse, c’est l’instant de vérité : un regard, une ride, une goutte de sueur, un mouvement incontrôlé. Ses photos ne sont jamais figées, elles respirent la vie. Il sait aussi équilibrer l’intensité du live avec la profondeur du portrait intimiste. Noir et blanc ou couleurs saturées, ses choix esthétiques servent toujours un objectif : montrer l’humain derrière l’icône.

4. Pourquoi ses photos des Rolling Stones sont-elles emblématiques ?

Parce qu’il les a suivis de près, sur scène et en coulisses, pendant plusieurs décennies. Ses clichés des Stones montrent autant le chaos rock’n’roll que la complicité humaine. En 1983, il leur consacre une expo entière à Paris. Et en 2021, certaines de ses images des Stones sont vendues chez Sotheby’s, preuve qu’elles ont acquis une valeur patrimoniale. Ses Stones ne sont pas des posters : ce sont des portraits d’hommes fatigués, euphoriques, authentiques.

5. Quels sont les livres les plus importants de Claude Gassian ?

Parmi ses ouvrages phares : Photographies 1970-2001 (véritable anthologie de 300 photos), Rock Images 1970/90, Sans Faute de Frappe (roman-photo avec Guillaume Barbot), et Chanson(s) Française (2017). À cela s’ajoutent des livres consacrés à des artistes précis : Goldman (1988), Renaud (1989), M – Qui de nous deux (2004), Avant que l’ombre… à Bercy (2006, Mylène Farmer), Vanessa Paradis – Divinidylle Tour (2008). Chacun de ces ouvrages constitue une pièce d’archive essentielle pour comprendre son œuvre.

6. Quelles expositions ont marqué sa carrière ?

Claude Gassian a exposé partout : Espace Canon (1983, Stones), Arles (1985, 2010, 2012), FNAC (1990), Lyon (Musée d’Art Contemporain, 2003), New York et Washington (1996, 2007), Bruxelles (2014), Paris (Galeries Acte2, Tarasiève, A Galerie…). Ses expositions sont autant de preuves que la photo rock peut s’accrocher aux murs des musées comme une peinture. En 2021, ses clichés entrent même chez Sotheby’s, consacrant définitivement son œuvre.

7. Comment ses clichés ont-ils acquis une telle valeur artistique ?

Au départ publiées dans la presse, ses photos ont gagné avec le temps une valeur patrimoniale. Elles sont devenues des repères visuels incontournables de la mémoire rock. Leur rareté, leur intensité et leur style identifiable les ont transformées en œuvres recherchées. Quand des tirages passent chez Sotheby’s, ce n’est pas seulement un marché qui s’ouvre : c’est la reconnaissance que ces clichés font partie de l’histoire de l’art contemporain.

8. Quelle est son approche du portrait par rapport au live ?

Pour Gassian, portrait et live ne s’opposent pas : ils se complètent. Dans le live, il traque l’énergie brute, l’instant organique. Dans le portrait, il cherche l’intime, le silence, l’inattendu. Sa force est de réussir à capter la même sincérité dans les deux contextes. Que ce soit sur scène avec Morrison ou en studio avec Goldman, ses photos parlent de la même chose : la vérité d’un instant.

9. Quelle est la place de Claude Gassian dans la photographie musicale française ?

Il est tout simplement l’un des plus grands. Aux côtés de Jean-Marie Périer ou de Patrick Ullmann, il fait partie des rares photographes français à avoir acquis une réputation internationale. Sa longévité, la diversité des artistes photographiés, ses livres, ses expositions, tout cela en fait une figure tutélaire de la photo rock. Sa singularité : avoir su traverser plusieurs générations sans jamais perdre en pertinence.

10. Pourquoi ses photos restent-elles intemporelles aujourd’hui ?

Parce qu’elles ne reposent pas sur une mode ou une esthétique figée, mais sur l’instant vrai. Qu’il s’agisse d’Hendrix, de Patti Smith, de Mylène Farmer ou de Matthieu Chedid, Gassian capture ce qui échappe au temps : une émotion brute, une expression, une énergie. Même 40 ans après, ses photos ne vieillissent pas. Elles continuent à résonner, à parler aux fans comme aux nouveaux venus. Elles sont devenues des icônes visuelles autant que la musique qu’elles immortalisent.

 

 

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