Kairos Bloom : le temps du moment opportun

Par Sandrine Fort
Publié le 12 avril 2025

Une voix singulière, une esthétique élégante et une mélancolie amplifiée : le groupe Kairos Bloom trace sa route entre spleen post-Internet et rock poétique. Gallica, leur nouvel EP à paraître le 6 juin, explore les failles du temps, les souvenirs numériques et les vertiges modernes.  À découvrir d’urgence.

 

Kairos Bloom

Kairos Bloom

 

Quand on tombe sur un son qui vous attrape à la gorge en moins de deux morceaux, on se dit qu’on tient peut-être quelque chose. Avec Kairos Bloom, cette sensation a été instantanée. Une voix d’abord, celle de Manu, profonde, magnétique, quelque part entre Ricky Wilson (Kaiser Chiefs) et Alex Turner (Arctic Monkeys). Et puis, une ambiance, une langueur, une rêverie sombre, le tout porté par quatre musiciens au potentiel évident, dont l’avenir s’annonce prometteur sur la scène indie.

Une naissance confinée, une alchimie fulgurante

Formé à Paris en 2020, Kairos Bloom est né dans un contexte bien particulier : celui du confinement, des nuits sans fin, des maquettes échangées entre Jean (guitare) et Manu (chant/guitare), qui se sont connus sur les bancs de la fac quelques années auparavant.

C’est dans leurs apparts parisiens que les premiers morceaux voient le jour. Très vite, Ilan (batterie) et Théo (basse) rejoignent le projet, rencontrés presque par hasard via un groupe Facebook. Et là, c’est l’évidence : le groupe est complet, une alchimie se crée, Kairos Bloom est né.

Dès 2023, les premières scènes s’enchaînent (Supersonic, Backstage BTM, New Morning), et en mai 2024 sort un premier EP Blue Pills and Red Flags. Un concentré d’énergie brute, à la croisière de The Strokes et de Temples. Le groupe y livre des titres faits pour le live, sans filtre, taillés pour l’urgence de la scène. Un EP rock, presque garage, encore râpeux par endroits, mais déjà très engageant.

 

 

Gallica : vers des horizons plus profonds

Un an plus tard, Kairos Bloom s’apprête à sortir son deuxième EP : Gallica. Et le changement est radical. Ce nouveau chapitre est plus introspectif, plus cinématographique, plus maîtrisé aussi. Le son se fait plus dense, plus éthéré. Les guitares deviennent brumeuses, les arrangements plus fouillés, les synthés font leur apparition. Et au centre de tout ça, l’influence de Radiohead qui plane. Le groupe ne s’en cache pas, au contraire. « Ilan, notre batteur, est un fan absolu de Radiohead« , confie Jean.

Et ça s’entend. Ilan, justement, a eu un rôle clé dans la conception de Gallica. À la fois batteur, ingé-son, et architecte du son, c’est lui qui a enregistré et mixé tout l’EP, dans les studios Mains d’Œuvres à Saint-Ouen. Une production maison, mais d’une grande maîtrise, qui a permis au groupe de tout contrôler, de choisir chaque son de guitare, chaque réverbe, chaque silence.

 

Kairos Bloom

Kairos Bloom

 

Une identité affirmée, un futur qui s’ouvre

Deux singles sont déjà sortis, et ils posent les bases de l’univers Gallica.

Le premier, « Spaceship » est un petit bijou de spleen spatial. Une sorte de méditation sous perfusion, où le narrateur cherche un abri, une lumière. « Found gold on the spot but couldn’t reach ancient tribes « , chante Manu. C’est beau, désabusé, planant, une odyssée mentale et sensorielle. À écouter avec un casque et les yeux fermés.

Le deuxième single, « Still There, Gallica », est plus frontal, plus pop. Il joue avec l’autodérision : « A one-night fame isn’t bad for the pride « , balance Manu avec un demi-sourire dans la voix. Ce morceau est une mise en abyme avec un mélange d’ironie, de tendresse et de recul. Car Gallica, c’est aussi ça : une entité, un fantôme, une métaphore de notre monde saturé d’écrans et de souvenirs numériques.

 

Kairos Bloom

Kairos Bloom

 

Avec Gallica, Kairos Bloom affirme une identité forte, ambitieuse, et surtout très cohérente. Ce n’est pas juste un bon groupe de rock français : c’est un groupe qui pense, qui compose, qui construit un univers propice à l’imagination. En attendant la sortie de l’EP le 6 juin, on peut déjà savourer « Spaceship » et « Still There, Gallica », qui suffisent à faire de Kairos Bloom un groupe à suivre très sérieusement. Parce que des musiciens qui soignent autant leurs textes que leurs arrangements, qui cherchent à raconter quelque chose, et qui ont ce sens de la mélodie et de la nuance… on n’en croise pas tous les jours.

Un conseil : montez le son, et embarquez à bord du vaisseau Gallica. Il se pourrait bien que vous ne vouliez plus redescendre.

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