Nova Twins – Parasites & Butterflies

par | 12 Sep 2025 | Chroniques

⏱ Temps de lecture : 4 min

Sorti le 29 août 2025, Parasites & Butterflies confirme que les Nova Twins ne font rien comme personne. Entre la morsure invisible du parasite et l’éclat fragile du papillon, leur musique s’invente comme une métamorphose permanente. Un disque qui préfère déranger que rassurer — et c’est précisément là qu’il frappe juste.

 

Nova Twins - Parasites & Butterflies

Nova Twins – Parasites & Butterflies

 

Il y a des disques qui ne choisissent pas leur camp. Parasites & Butterflies, le nouvel album de Nova Twins flotte entre deux états, entre deux formes de vie, deux éclats de lumière.

Le parasite, d’abord, n’est qu’un murmure, un acrostiche, un amuse-bouche. Il s’approche à l’oreille comme une gêne invisible, un motif obsédant qu’on croit pouvoir chasser d’un revers de main.

Mais il s’incruste, s’insinue, ronge et se nourrit comme un véritable ver d’oreille qui creuse son nid dans nos synapses ‘’Monsters’’. Puis, sans prévenir, ce qui grouillait dans l’ombre déploie soudain des ailes, iridescentes ‘’Hummingbird’’ et bruyantes ‘’Sandman’’. Il s’échappe dans un battement lumineux sous nos yeux hébétés, et nos mains qui cherchent à le rattraper semblent bien incapables de le retenir. Fugace et volatile, la musique de Nova twins semble parfois se dérober pour mieux nous enivrer.

 

Dans ce Parasites & Butterflies, on y entend l’ivresse de la métamorphose et l’angoisse de ce qu’elle arrache quand elle survient. Un instant on se croit papillon, fragile et solaire, et l’instant d’après on se découvre parasite, tenace et insaisissable. C’est dans cet entre-deux que Nova Twins se dressent, tendues comme des arcs, prêtes à transpercer nos certitudes. Elles nous désarçonnent et nous décarapaçonnent. Elles nous attrapent tels des petits homards frétillants pour nous plonger sans prévenir dans l’eau bouillante de la marmite de leur savant mélange mutant et bouillonnant.

Il faut dire qu’elles en ont fait, de la route, depuis leur courageux premier EP de 2016. Désormais, la fusion des styles n’est plus un effet de manche, mais une véritable force génétique. Rock, metal, punk, hip-hop et électro s’imbriquent comme autant de fragments d’ADN recombinés pour donner naissance à une créature nouvelle.

Le parasite se gorge de tous ces apports, se nourrit des débris sonores, et finit par enfanter des refrains aussi ancrés dans la chair que dans l’air. C’est cette hybridation permanente qui rend Parasites & Butterflies si insaisissable : un organisme vivant, changeant de forme à chaque titre, refusant obstinément toute taxonomie ‘’Parallel Universe’’

 

Nova Twins - Parasites & Butterflies

Nova Twins – Parasites & Butterflies

 

La voix d’Amy Love est le théâtre de cette transformation. Elle sait se faire soie, translucide, fragile comme une aile prête à se briser, avant de s’embraser en rugissements capables de lacérer l’espace. Chaque morceau semble alors porter en lui cette bascule, comme une brûlure, une cicatrice sous la lumière.

L’insecte se heurte à la vitre, se consume, et renaît aussitôt, plus acharné. Ce va-et-vient constant entre vulnérabilité et rage n’est pas une faiblesse : c’est la respiration même de l’album, son pouls viscéral.

En contrepoint, la basse de Georgia South vrombit en véritable sangsue sonore qui s’insinue dans nos corps sans prévenir. Ses lignes ne se contentent pas d’accompagner : elles rampent, piquent et mordent, elles prennent possession du système nerveux. Le « wub-wub-wub » sidéral de sa 4 cordes agit comme une onde invisible rappelant que sous les couleurs éclatantes du papillon sommeille toujours la ténacité obstinée de la larve.

 

Soyons honnêtes : Parasites & Butterflies ne se posera jamais sur toutes les épaules. Et l’on devine bien que pour certains, ce disque restera une chenille trop étrange pour être belle. Insaisissables donc encore et toujours.

On y verra peut-être des structures hésitantes, une production trop lisse pour les puristes du chaos, trop rêche pour les amateurs de pop soyeuse. Mais pour d’autres, c’est précisément là que réside sa force : dans ce mouvement incertain, ce battement fragile entre deux états. Nova Twins composent des hymnes hybrides qui rampent comme des earworms pour mieux déployer soudain leurs ailes bariolées.

Le parasite devient papillon, l’inconfort devient ivresse, et la musique, loin de chercher à plaire à tous, affirme son droit à déranger. Le disque finit par s’envoler, mais il laisse derrière lui sa trace, une empreinte lumineuse et un peu piquante, comme un papillon finalement conquis par le venin du parasite.

Et nous, spectateurs médusés, nous découvrons que la beauté peut aussi nous prendre à rebrousse poil, que la liberté peut avoir un goût de chaos, et que certaines métamorphoses sont trop étranges pour qu’on veuille à jamais les saisir.

 

Nova Twins - Parasites & Butterflies

Nova Twins – Parasites & Butterflies

 

Nova Twins – Parasites & Butterflies – Date de sortie : 29 août 2025

Label : Marshall Records (et coproduction via Nova Twins Ltd)
Producteur : Rich Costey (connu pour avoir bossé avec Muse, Foo Fighters, Deftones)

Style : Métarock mutagenèse

Tracklist :

01 – Glory
02 – Piranha
03 – Monsters
04 – Soprano
05 – Drip
06 – N.O.V.A
07 – Sandman
08 – Hummingbird
09 – Parallel Universe
10 – Hide & Seek
11 – Hurricane
12 – Black Roses

Le Store : novatwins.ochre.store
Le Youtube : Novatwins
Le Site Officiel : novatwins.co.uk