ROYAL REPUBLIC

Royal Republic au Hellfest : cuir, perles et sueur sur la Mainstage

par | 11 Août 2025 | Interview

⏱ Temps de lecture : 8 min

Imaginez quatre Suédois échappés d’un bal royal, armés de vestes en cuir qui fondent comme du cheddar sous le soleil de l’enfer, de perles plus brillantes qu’un solo de glam métal, et d’un humour plus tranchant qu’un solo de guitare à 3h du matin. Ajoutez une pincée d’Eurovision, une larme de corpse paint qui coule comme une tragédie grecque, et une obsession pour les huîtres bretonnes. Secouez fort. Vous obtenez Royal Republic, en pleine forme, en pleine chaleur, et en pleine folie, juste avant de mettre le feu à la Mainstage.

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Royal Republic, la photogénie du grand Nord !

 

Per, le batteur, et Jonas, le bassiste (sans Hannes et Adam, occupés ailleurs) nous racontent leur vie de rockeurs sans plan, leur vision du cuir en été, et leur rêve de retraite anticipée. Spoiler : ils ont mis le feu à la scène, mais pas à leurs vestes (malgré la température). Bienvenue dans une interview où rien ne fait sens, mais tout est vrai, sauf peut-être les perles…

 

Rocksound (Caro) : Nous voilà au Hellfest. C’est votre première fois ici, non ?

Per (Royal Republic) : Oui, exactement. Et franchement, on est super contents d’être là. L’ambiance est géniale, le décor est dingue. J’adore ce côté Mad Max sur le site.

 

Rocksound (Caro)  : On dirait vraiment un décor de film post-apocalyptique, un genre de fête foraine de l’enfer. Vous avez eu le temps de faire un tour ?

Per : Pas encore. On a commencé par le catering, on avait un petit creux, mais on compte bien aller voir la cascade tout à l’heure. Le site a l’air fou !

 

Rocksound (Caro) : La dernière fois, on parlait du premier festival de métal auquel vous aviez participé il y a des années, et tu m’avais raconté l’histoire du collier de perles et d’Adam en train d’invectiver la foule. Vous allez les porter aujourd’hui ces fameuses perles ?

Per : On a changé un peu ça. Les perles sont maintenant intégrées à nos vestes sur l’épaule, un peu comme une distinction militaire très glam. On évolue hahaha !

 

Rocksound (Caro) : Et vous portez toujours les vestes en cuir ? Pas de tenue estivale ?

Per (Royal Republic) : C’est justement notre tenue d’été. Je vais pleurer.

Jonas (Royal Republic) : Chacun a sa propre veste. On ne lésine pas sur le style !

Per (Royal Republic) : On bosse sur les nouvelles vestes. Dès qu’elles arrivent, les anciennes partent à la poubelle.

 

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Le cuir c’est la tenue estivale pour Royal Republic

 

Rocksound (Caro) : Je vous aurais bien imaginés en chemises hawaïennes assorties pour un look d’été…

Per (Royal Republic) : J’aurais adoré y penser quand on en a parlé… je crois que c’était en décembre !

Jonas (Royal Republic) : Mais voilà, on est là. Il fait 38 degrés à l’ombre. Et Royal Republic ne recule jamais devant un défi.

 

Rocksound (Caro) : Qui décide des tenues, justement ?

Jonas (Royal Republic) : À la base, Adam portait les perles au quotidien pendant un truc de promo. On a trouvé ça cool, alors on a voulu les intégrer pour la tournée. C’est devenu une évolution naturelle : cuir et perles.

Per (Royal Republic) : Les perles, ça fait royal. Et visuellement, ça fonctionne. En plus, elles sont fausses, donc pas trop chères. Les vestes sont en vrai cuir par contre… bien lourdes, bien chaudes, avec des pièces métalliques… qui rouillent.

Jonas(Royal Republic) : Si tu regardes bien aujourd’hui, c’est plein de corrosion.

Per (Royal Republic) : Le métal est en train de tomber en morceaux.

 

Rocksound (Caro) : Et ça ne fait pas de bruit quand vous jouez ?

Per (Royal Republic) : Peut-être, mais on ne l’entend pas. On est dans notre bulle. À part mon épaule qui grince un peu… je me fais vieux !

 

Rocksound (Caro)  : Vous allez voir, le public ici est complètement fou.

Per (Royal Republic) : J’espère qu’ils survivront à la chaleur. Et qu’ils auront de l’énergie.

 

Rocksound (Caro) : Ce sera votre plus grosse foule en France ?

Per (Royal Republic) : On verra combien de personnes viennent. On a déjà joué devant de gros publics ici, mais peut-être pas aussi grands.

Jonas (Royal Republic) : Ce sera peut-être notre plus gros concert en France. Si on a de la chance.

 

Rocksound (Caro) : Vous tournez depuis 15 ans. Vous avez la réputation d’être le groupe le plus cool et le plus drôle de votre génération. Mais aussi très bon musicalement. Je pense que la foule sera énorme.

Per (Royal Republic) : Il s’est passé quelque chose en France il y a quelques années. Après un concert, on a senti un vrai bond dans notre popularité. Et on bosse avec des gens géniaux ici. On adore venir jouer, manger… La semaine dernière, on était en Bretagne. On a joué à “God Save the Queen”. Ils nous ont offert des huîtres et des haricots. Puis direction la plage, les pieds dans le sable. C’était royal.

 

 

Rocksound (Caro) : Venus, votre nouveau single… D’où est venue l’idée du maquillage corpse paint ?

Jonas (Royal Republic) : Tout a commencé avec la chanson. On l’avait, et on s’est dit : aujourd’hui, il faut du visuel. Tu ne peux plus juste sortir un morceau sur Spotify. Il faut une vidéo, une histoire, quelque chose qui attire l’œil. On a commencé à brainstormer, et petit à petit, c’est devenu ce délire de groupe fictif, un peu raté, un peu bancal, mais super fun à regarder.

Per (Royal Republic) : C’est hilarant à voir, mais à faire, c’était une galère. Le maquillage fondait, coulait… Et autour des yeux, je pleurais comme un bébé. Tu ruines le maquillage, tu recommences… C’était long, pénible, et franchement, je suis content qu’on ait fini pour l’instant.

Jonas (Royal Republic) : Le mien était raté. J’avais l’air d’un Blue Man… version gris. Et entre chaque prise, il fallait vérifier dans le miroir : “Oh, il me manque du noir ici…”

 

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Royal Republic ou Blast Beaters ?

 

Rocksound (Caro) : Il y aura d’autres morceaux avec ce visuel ?

Per (Royal Republic) : Oui, trois autres. Mais on ne révèle pas encore les titres.

Jonas (Royal Republic) : Les Blast Beaters ne nous disent rien.

Per (Royal Republic) : Ils sont devenus nous. Et nous, eux. On ne se parle plus.

 

Rocksound (Caro) : Vous jouerez Venus aujourd’hui ?

Per (Royal Republic) : Oui, mais sans le maquillage. Il faudrait tout un set rien que pour ça.

Jonas (Royal Republic) : Rien que pour le maquillage, il me faut une heure. Et beaucoup de larmes.

Per (Royal Republic) : Surtout autour des yeux.

 

 

Rocksound (Caro) : Peut-être un album entier dans ce style ?

Per (Royal Republic) : On a ces quatre morceaux, et ensuite… on ne sait pas trop. C’est ça, Royal Republic.

Jonas (Royal Republic) : Une mission sans plan.

Per (Royal Republic) : Quelqu’un nous a demandé : “Si le groupe s’appelle The Blastbeaters, pourquoi vous affichez Royal Republic ?” Et on lui a répondu : “Tu crois qu’on planifie tout ça ?” On voulait juste faire un truc cool avec du corpse paint. Et voilà.

Jonas (Royal Republic) : Quand on a tourné les vidéos, on n’avait même pas de nom de groupe.

Per (Royal Republic) : Le train, c’est nous. Et on pose les rails juste devant, au fur et à mesure. On sait qu’on va dérailler, mais c’est notre façon de faire. Comme pour Love Cop. On a écrit les morceaux, enregistré l’album, et ensuite on s’est demandé : “Comment on l’appelle ?” On a hésité avec Sha la la Lady, mais Love Cop s’est imposé.

 

Rocksound (Caro) : Vous aimez être là où on ne vous attend pas ?

Per (Royal Republic) : C’est plus excitant quand on ne planifie pas.

Jonas (Royal Republic) : Et les fans s’y attendent maintenant. Ils savent qu’on ne fera jamais deux fois la même chose.

Per (Royal Republic) : On se lasse vite de nous-mêmes. Je me souviens d’une fête, j’avais 20 ans. C’était censé être une “ball party”… ou peut-être juste une fête dans la forêt. On avait le droit. On était entre potes, prêts à tout.

Et là, un ami ramène deux filles très religieuses. On se dit : “Pourquoi t’as fait ça ? Elles vont pas être drôles…” Mais elles ont commencé à boire. Et là, c’est devenu la fête la plus dingue de ma vie. Elles ne tenaient pas l’alcool du tout, évidemment. Mais c’était épique.

Quelques mois plus tard, on a voulu recréer cette fête. On a ramené plus d’alcool, tout le monde était là… mais la magie avait disparu. Et les deux filles ne sont pas revenues. Elles priaient sûrement encore…

 

Rocksound (Caro) : Les voies du Seigneur sont impénétrables… Et quel a été votre meilleur concert en tant que fan, avant de jouer vous-mêmes sur une scène ?

Jonas (Royal Republic) : Le Sweden Rock Festival. J’y ai vu In Flames. J’étais fan, je le suis toujours. Leur show m’a marqué. Mais le vrai déclic, c’était le DVD live de Metallica. Je me suis dit : je veux être bassiste, je veux être sur scène. Je ne savais pas comment y arriver, mais je voulais être dans un groupe.

 

Rocksound (Caro) : Et toi ?

Per (Royal Republic) : Mon premier vrai concert, c’était Primus à Stockholm. J’ai acheté mon billet moi-même, j’y suis allé seul. J’étais fier. J’ai aussi fait Roskilde en tant que festivalier, le seul festival que j’ai fait comme “personne normale”. Une semaine sous une tente, à voir tous les groupes. J’ai adoré.

Jonas (Royal Republic) : Maintenant, on a des toilettes, de la bouffe…

Per (Royal Republic) : On ne dort plus dans la boue. Et en plus, on est payés ! Le meilleur des deux mondes.

Jonas (Royal Republic) : Tu ne m’avais jamais dit ça ! Aucun groupe n’est censé être payé je croyais !

 

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Rocksound (Caro) : Et tu t’es dit un jour : “Je veux faire ça pour le reste de ma vie” ?

Per (Royal Republic) : Ouais, c’est exactement ce que je me suis dit quand je suis allé là-bas. Je regardais la scène et je me disais : “Je veux être là-haut, pas ici en bas.” Et voilà, on y est. J’ai joué au Stockholm Globe une fois, j’avais 18 ou 20 ans. C’est la plus grande salle de Suède à l’époque, une sorte de sphère emblématique.

Ils ont même accueilli l’Eurovision en 2000. Ils voulaient plein de batteurs sur scène, alors mon prof m’a emmené avec d’autres gars, et on a joué pendant l’entracte, avec les danseurs et tout. J’y suis resté une semaine entière : répétitions, balances, répétitions presse, et puis les shows. Je crois qu’on en a fait cinq ou six, devant une salle pleine à chaque fois. Et quand je suis descendu de scène pour la dernière fois…

le lendemain matin, après l’after party, je me suis réveillé en me disant : “Je ne remettrai jamais les pieds sur cette scène, snif.” Et quelques années plus tard, après la pandémie, je me suis retrouvé assis sur cette même scène… mais avec mon propre groupe. Et là, je me suis dit : “Ouais. J’ai réussi. Je suis de retour.” C’était incroyable.

 

Rocksound (Caro) : Ah, on me fait signe qu’il faut conclure l’interview… En France, on a ce qu’on appelle le mot de la fin. C’est le mot de la fin de l’interview, hein, pas de votre vie bien sûr ! Qu’est-ce que vous voulez dire aux fans qui vont nous lire ?

Per (Royal Republic) : Il va faire très chaud aujourd’hui… Je ne suis pas hyper enthousiaste à l’idée de porter une veste en cuir sous ce soleil. Mais je le fais pour le Rock et pour vous tous !

Jonas (Royal Republic) : Moi j’ai hâte ! Enfin… j’ai surtout hâte de l’enlever. Je suis trop vieux pour ça.

 

Rocksound (Caro) : Je comprends. Moi je serai quelque part dans la foule, planquée sous ma veste anti-UV pour ne pas cramer. Merci mille fois pour votre temps et cette super discussion en pleine chaleur ! Profitez bien de votre moment sur scène au Hellfest !

Per (Royal Republic) : Merci à toi ! C’est toujours un plaisir de te parler, Caro. J’espère qu’on se revoit à Paris très bientôt !

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Une interview de Caro @Zi.only.Caro

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