Fer de lance d’une génération, symbole d’un exil métallique entre l’Amérique du Sud et le reste du globe, Sepultura trace depuis 1984 une trajectoire cabossée sur l’asphalte du thrash, du death et du groove metal. Originaire de Belo Horizonte, ce gang a pulvérisé les frontières d’une scène souvent jugée monolithique grâce à une synthèse sonore qui fait se télescoper la brutalité occidentale et les rythmiques ancestrales brésiliennes. Gravitant longtemps autour du duo infernal des frères Cavalera, leur légende survit désormais via Andreas Kisser, Paulo Jr., Derrick Green et Eloy Casagrande, pour un dernier baroud d’honneur avant la fin annoncée.

Sepultura : biographie, discographie, style et héritage
Quarante ans, des déchirures dignes d’une tragédie shakespearienne, d’innombrables mutations stylistiques et un cortège de disques qui font trembler la platine : la discographie de Sepultura s’est imposée sur le ring métal à coups de riffs acerbes et de messages politiques sans fard. On les compare pêle-mêle à Metallica, Megadeth, Slayer ou Anthrax, mais Sepultura puise chez Pantera, Testament, Obituary, Death ou Kreator pour mieux brouiller les pistes, s’affranchir des chapelles. Leur héritage ne se limite pas à leur région natale : sur la carte du globe, chaque continent a rugi sous leurs décibels.
Alors que la scène metal fête ou pleure (rayez la mention inutile) la tournée d’adieu du quatuor, il est bon de se pencher, dispositif de protection auditive requis, sur les méandres d’un parcours hors-norme. Entre événements insolites et évolution de line-up, comment le groupe a-t-il traversé les époques et forgé une identité au point de devenir référentiel, même pour des maisons de retraite où on confond toujours Sepultura et Sépulture ? Tour d’horizon non exhaustif, mais sans postiche, des grandes étapes, fulgurances et fracas de cette histoire qui finit, comme tant de grandes épopées, par un ultime tour de piste mondial.
Fiche d’identité rapide
- Origine : Belo Horizonte, Brésil
- Années d’activité : 1984 – 2024
- Genre(s) : Thrash metal, death metal, groove metal, metal alternatif
- Membres fondateurs : Max Cavalera, Igor Cavalera
- Chansons les plus connues : « Roots Bloody Roots », « Refuse/Resist », « Arise », « Territory », « Ratamahatta »
- Labels : Cogumelo, Roadrunner, Nuclear Blast
Origines et formation de Sepultura à Belo Horizonte : Influence de la scène Metal brésilienne
Il faut un paysage social aussi contrasté que le Brésil des années 1980 pour accoucher d’une révolution sonore. À Belo Horizonte, métropole urbaine minée par la crise, la jeunesse bouillonne. L’arrivée du punk via les 45 tours clandestins de Dead Kennedys percute l’austérité locale, tandis que le metal, distordu par Black Sabbath et Motörhead, s’infiltre dans les caves, loin des studios aseptisés de Rio.

Sepultura : biographie, discographie, style et héritage
La genèse de Sepultura prend racine dans le tumulte : Max Cavalera, élevé à la dure et Igor, percussionniste sauvage inspiré par les tribus autant que par Phil Taylor, lancent l’aventure. Ils n’ont ni matériel digne des studios anglais, ni appuis dans l’industrie ; seuls des cassettes pourries, une énergie crue et la conviction qu’on peut faire mieux que les bootlegs rassis ramenés des USA. Rapidement, le gang se fédère autour de la misère esthétique locale : des affiches de groupes peints à la main, des clubs miteux, des premières parties arrachées de force.
Avec Paulo Jr. à la basse et Jairo Guedz à la guitare, Sepultura ose un death/thrash primitif qui ferait passer Venom pour une chorale d’enfants. Leurs premiers enregistrements, “Bestial Devastation” puis “Morbid Visions”, rampent avec la subtilité d’une tronçonneuse, s’inspirant des pionniers germaniques de Kreator ou de Destruction. La scène brésilienne est alors une nébuleuse : Sarcófago, Holocausto, Vulcano. Tous flottent dans une économie parallèle, incompris de l’industrie.
Pourtant, le groupe va transcender sa condition : le chant anglais maladroit mutera, les riffs s’aiguiseront ; le label Cogumelo repère le filon, et en 1987, “Schizophrenia” marque le début d’une ascension. La grande migration commence : loin des quartiers de Belo Horizonte, c’est la Route 66 du metal qui s’ouvre, une fuite vers Rio puis l’Europe, la quête du Graal sonore. L’étau se desserre, Sepultura n’est plus dans la cave, mais dans l’arène.
Le contexte n’est pas anodin. En 1984, année charnière pour les déçus du rêve démocratique brésilien, Sepultura n’offre pas une échappatoire, mais un miroir sonique. Leurs influences, piochées chez Slayer, Metallica, Death ou Motörhead, servent de rampe de lancement pour une identité hybride. La suite? Les studios les accueillent – enfin –, et le Brésil découvre que sa jeunesse peut parler avec des décibels, non avec le silence imposé par la génération précédente.
Au fond, la genèse de Sepultura, c’est une leçon de géographie inversée. On n’exporte pas du Brésil les bananes et le tourisme, mais un groove bestial, une poignée de riffs, et un manifeste pour la diversité du metal. Une base pour comprendre comment s’impose une identité culturelle forte, non par la douceur de vivre, mais la rage électrique.

Sepultura : biographie, discographie, style et héritage
Chronologie et carrière de Sepultura : Évolution, albums et line-up
On dit souvent, à tort ou à raison, que chaque album de Sepultura est un acte de mue. Schizophrenia (1987) sonne comme la déclaration d’indépendance : les compositions hargneuses, la signature chez Roadrunner, et, surtout, l’arrivée d’Andreas Kisser à la guitare, qui polit le chaos initial. Les années charnières s’enchaînent : “Beneath the Remains” (1989), carton reconnu par la presse américaine et ouverture pour la scène internationale, puis “Arise” (1991), où Sepultura se frotte à l’élite d’outre-Atlantique.
C’est durant cette période faste que Sepultura s’affirme au panthéon du metal mondial avec des albums qui tutoient la brutalité de Slayer, la sophistication de Metallica, la rage de Pantera, tout en digérant les racines autochtones. Ils tournent alors avec Anthrax et Testament, prenant la route du Living La Vida Loca version char d’assaut. L’entrée dans les années 1990 marque la consécration, mais aussi une instabilité latente. Le métal doit sans cesse se réinventer ou s’auto-détruire.
La sortie de “Chaos A.D.” (1993), c’est le riff tribal, le groove syncopé et le message politique. Il ne s’agit plus seulement d’accélérer jusqu’à l’épuisement, mais d’implanter dans la fibre metal les sons du candomblé et du batuque. La suite, c’est “Roots” (1996) : certains crieront au génie, d’autres y verront un flirt avec le nu metal. Mais aucun doute : la fusion avec la culture indigène, la collaboration avec Carlinhos Brown et la puissance de titres tels que “Roots Bloody Roots” marquent une étape majeure, qui influencera même des groupes anglo-saxons comme Korn ou Slipknot.
Ce qui aurait pu être l’aboutissement se transforme en drame : Max Cavalera quitte le navire, dispute de management et désaccords familiaux, alors que l’industrie assiste à l’éclosion d’une autre scène metal intransigeante. L’aura de Sepultura s’embrume, mais la machine ne s’arrête pas pour autant : Derrick Green débarque au micro, la fanbase se scinde, mais la soif de renouvellement demeure.
La période post-Cavalera, souvent tancée par les puristes, accouche pourtant d’albums à la violence intacte et à l’audace certaine : “Against”, “Nation”, puis “A-Lex” ou “Dante XXI”. Eloy Casagrande dynamite les fûts dès 2011, injectant sa technique chirurgicale dans le moteur, une revitalisation salutaire.
Avec “Quadra” (2020), le groupe retrouve un équilibre rare. La pandémie de Covid-19 impose l’arrêt soudain des concerts, mais la communion se poursuit en ligne avec “SepulQuarta”: les fans et les musiciens dialoguent, partagent, font du metal un prétexte à la survie sociale. En 2024, le rideau tombe sur une carrière longue de quarante ans, bouclée par une tournée d’adieux mondiale “Celebrating Life Through Death”. Les membres restants annoncent la séparation comme une “mort consciente et planifiée”, mettant ainsi un point final à une saga qui ne s’embarrassera plus de faux suspense.
Au fil des décennies, Sepultura restera ce corps vivant, marqué par les trahisons, les changements de sang, mais jamais par l’abdication. C’est là que réside la dynamique d’un grand groupe : mourir debout, guitare en bandoulière et batterie prête à rugir une dernière fois.
Style musical et influences de Sepultura : Entre thrash, tribal et groove
Attribuer une étiquette durable à Sepultura, c’est comme essayer de caller une basse cinq cordes dans une samba : théoriquement possible, mais par essence réducteur. Depuis leurs débuts, les Brésiliens passent du death ancien (Morbid Visions) au thrash survolté (Schizophrenia, Beneath the Remains), puis bifurquent vers les rivages du groove, jusqu’à flirter épisodiquement avec des sonorités indus et tribales qui font exploser les conventions.
Au panthéon des influences : Slayer pour la frénésie, Metallica et Megadeth pour l’architecture complexe et la dynamique ; Pantera injecte sa dose d’agressivité texane, tandis que Death, Kreator ou Obituary signent le certificat de brutalité. Mais Sepultura va plus loin, échantillonnant les tambours africains, la guitare sèche de la bossa nova retournée, le chant polyphonique issu des tribus Xavantes.
C’est précisément ce métissage osé qui bouscule les codes du genre. “Chaos A.D.”, par exemple, intègre des sons rarement entendus sur disque metal, fusionne le maracatu avec l’électrique, et se permet même d’aborder des thématiques universelles (l’écologie, les droits sociaux) à hauteur de poing levé, loin du folklore sataniste du thrash allemand.
Toute l’histoire du groupe est traversée par le refus du statu quo. Avec “Roots”, Sepultura va jusqu’au bout de la logique : enregistrements dans la jungle avec des musiciens indigènes, ritournelles tribales intégrées dans le métal, collaborations improbables (Mike Patton, Jonathan Davis), et une orientation sonore qui latéralise l’héritage américano-européen pour recentrer le débat au sud du Rio Grande.
Leur impact transcende les frontières du métal conventionnel. Leurs expérimentations ont ouvert la voie à des groupes plus récents, comme Sleep Token ou Electric Pyramid, qui eux aussi transcendent les codes. Sepultura n’appartient plus à la seule fratrie des piques-à-métal : ils influencent également le rock alternatif, l’avant-garde et ceux pour qui la définition d’un genre musical doit rester floue.
Dans le sillage de Sepultura, de nombreuses scènes éclorent : le metal brésilien s’exporte avec Krisiun ou Angra, tandis qu’à l’autre bout du monde on cite leurs albums comme inspirateurs – du bourrin nordique jusqu’aux groupes francophones mentionnés ici sur Rocksound. L’histoire retiendra que Sepultura a su sortir de sa zone de confort pour ouvrir la cage, et déverser son flow sur des continents entiers, quitte à perdre quelques nostalgiques en route.
Anecdotes et moments marquants de Sepultura : Concerts mémorables, collaborations, tensions
Combien de groupes metal peuvent revendiquer d’avoir enregistré un album au cœur de la forêt amazonienne, tambours indigènes en bandoulière, répulsif anti-moustiques comme unique luxe occidental ? Sepultura, lors de la confection de “Roots”, flirte avec le mythe en compagnie de la tribu Xavante. On raconte qu’Igor Cavalera, extatique, ressort d’une session jambes couvertes de piqûres mais le regard illuminé comme un prêtre viking rendant grâce à Odin.
Leur carrière est aussi jalonnée de rencontres explosives. La participation de Carlinhos Brown, percussionniste hors pair, donne aux morceaux “Ratamahatta” et consorts une texture organique rare. Plus anecdotique mais tout aussi révélateur : lors d’un festival à São Paulo, leur backline est confisqué par la police, le groupe improvise alors un set unplugged devant une salle survoltée. Entre punk et folklore local, Sepultura s’adapte en toutes circonstances, rivalisant en énergie même sans électricité.

Sepultura : biographie, discographie, style et héritage
Il y a bien sûr la tragédie rocambolesque du split avec Max Cavalera, dignes des meilleurs feuilletons. Raison officielle : le management. Raison officieuse : ingérences, disputes familiales, et un goût prononcé pour les règlements de compte sur fond d’interview acerbes – voir à ce titre les archives Rocksound dans la série “scandales et légendes brésiliennes”.
Parmi les coups d’éclat notoires : leur prestation au Monsters of Rock de 1992, devant 100 000 fans déchaînés, ou leur présence au Hellfest 2022, où le quatuor prouve qu’après quatre décennies, il reste le même bulldozer scénique.
Difficile d’oublier non plus leurs collaborations improbables : Mike Patton (Faith No More, Mr. Bungle), Jonathan Davis (Korn), DJ Lethal (House of Pain, Limp Bizkit), ou même David Silveria (Korn). Ces croisements hyperactifs, loin des codes étriqués du métal, témoignent d’une volonté d’expérimenter toutes les convergences possibles.
Accessoirement, Sepultura aime aussi jouer avec l’absurde. On se souviendra du fameux faux concert sur le toit d’un autobus à Rio, où la police interrompt la performance pour “trouble à l’ordre public”, ou du clash épique avec certains membres de Slayer lors d’une tournée américaine où se mêlent football, whisky et fâcheries mythologiques. Au sein du groupe, les crises, départs et retours ont forgé une légende vivante, alimentant les discussions dans les coulisses et les forums spécialisés – là encore, voir ce dossier sur Rocksound.
En somme, la carrière de Sepultura est une suite de dérapages contrôlés, d’éclats de rire grinçants et de moments où l’on sent que, sous la carapace, sommeille une vitalité brute, peu commune même dans un milieu qui se veut subversif.
Récompenses et reconnaissance de Sepultura : Distinctions du groupe sur 4 décennies
Les trophées dorés n’ont jamais constitué la priorité du clan Sepultura, ni leur carburant principal. Pourtant, la reconnaissance n’a pas manqué de pointer le bout de son nez, parfois entre deux albums, parfois sitôt un line-up recomposé. Dès le début des années 1990, les efforts du groupe sont salués par des nominations multiples : MTV Video Music Awards, récompenses locales brésiliennes, et distinctions internationales lors de festivals de renom.
Le merchandising racontait parfois plus que les récompenses : T-shirts collector, posters évocateurs du syncrétisme entre violence et folklore, et émissions télévisées présentant le groupe comme ambassadeur culturel. La consécration souterraine de Sepultura, alimentée par les covers de morceaux tels que “Refuse/Resist” ou “Territory” par des groupes émergents, matérialise une influence majeure, même si les palmarès officiels réservent peu de place à la brutalité.
Difficile toutefois de nier les honneurs : “Roots” reçoit des certifications platine dans plusieurs pays, “Chaos A.D.” s’adjuge un disque d’or, tandis que leur carrière est couronnée au Brazil Music Awards ou par leur entrée au Metal Hall of Fame. Les press-books regorgent de classements, notamment dans Kerrang!, Metal Hammer ou dans les pages inoxydables de Rocksound.
De la reconnaissance institutionnelle à celle des pairs, Sepultura compte aussi des hommages inattendus : reprises officielles par Metallica, Megadeth ou Pantera lors de concerts d’anthologie, participations à des compilations caritatives et mentions régulières dans les émissions de radio rock internationales.
Enfin, si la carrière du groupe ne se mesure pas uniquement en statues ou en disques d’or, elle s’ancre dans l’histoire du metal comme un jalon incontournable. Les récompenses comme les querelles, c’est le revers d’une médaille qu’on ne soumet à la pesée que dans les vieux âges, ou lors d’un ultime tour de scène.
Albums clés et discographie complète de Sepultura
Album | Année | Label | Certification | Fait notable |
---|---|---|---|---|
Morbid Visions | 1986 | Cogumelo | — | Débuts bruts, riffs death primitifs |
Schizophrenia | 1987 | Cogumelo, Roadrunner | — | Arrivée d’Andreas Kisser, tournant thrash |
Beneath the Remains | 1989 | Roadrunner | Or (BR) | Premier succès international, production U.S. |
Arise | 1991 | Roadrunner | Or (BR, USA, UK) | Classique thrash, “Dead Embryonic Cells” |
Chaos A.D. | 1993 | Roadrunner | Or (USA, UK, BR) | Fusion tribale, son novateur |
Roots | 1996 | Roadrunner | Platine (BR, UK), Or (USA) | Exploration des racines brésiliennes, tubes mondiaux |
Against | 1998 | Roadrunner | — | Premier album avec Derrick Green |
Nation | 2001 | Roadrunner | — | Concept album engagé politiquement |
Roorback | 2003 | SPV | — | Retour à une énergie brute |
Dante XXI | 2006 | SPV | — | Concept basé sur la Divine Comédie |
A-Lex | 2009 | SPV | — | Adaptation du roman Orange mécanique |
Kairos | 2011 | Nuclear Blast | — | Exploration du temps et de la mémoire |
The Mediator Between Head and Hands Must Be the Heart | 2013 | Nuclear Blast | — | Référence à Metropolis de Fritz Lang |
Machine Messiah | 2017 | Nuclear Blast | — | Réflexion sur la technologie humaine |
Quadra | 2020 | Nuclear Blast | — | Album conceptuel sur la notion de justice |
Parmi cette discographie, certains disques se détachent. “Beneath the Remains” marque l’irruption sur la scène internationale : produit par Scott Burns, encensé par la presse, il sert de passeport pour l’Ouest. “Chaos A.D.” s’inscrit en rupture avec le passé, mêlant influences hardcore, musique tribale et urgence politique : les morceaux “Refuse/Resist” et “Territory” deviennent des hymnes mondiaux. “Roots”, leur apogée commerciale, multiplie les collaborations et les innovations, mais fissure aussi l’unité du groupe.
En phase Derrick Green, “Against” peine à convaincre certains anciens fans, mais ouvre la porte à une nouvelle génération qui redécouvre le message social du groupe. Albums concepts comme “Dante XXI” ou “A-Lex” prouvent que Sepultura n’a jamais voulu faire du surplace. Enfin, “Quadra” clôt la saga sur une note magistrale : structure complexe, variations stylistiques, et rappels aux riffs qui ont façonné la légende.
Le commentaire critique du parcours discographique de Sepultura, c’est la certitude que la longévité s’accompagne toujours de métamorphoses, parfois douloureuses, mais inévitables pour éviter la fossilisation que connaissent tant de groupes classiques – voir l’analyse parallèle faite par Rocksound sur AC/DC pour mémoire.
Dans la culture populaire : Sepultura, métal brésilien et héritage international
Impossible d’arpenter un rayon DVD ou de lancer un jeu vidéo de baston sans croiser, à un moment ou à un autre, le spectre de Sepultura. Leurs morceaux, dégainés par des réalisateurs hollywoodiens en quête de riffs abrasifs pour scènes de poursuite, émaillent des B.O. de films (Saw, End of Days, The Matrix Reloaded, et autres). On en retrouve même dans des publicités brésiliennes, qui opposent la férocité du riff à la platitude marchande – paradoxe ultime, punk dans l’âme.
Notons les détournements façon pop culture : parodies dans des émissions brésiliennes mythiques, ou utilisation des créations visuelles de Sepultura pour des sneakers en édition limitée. Le logo, stylisé par Michael Whelan sur “Arise”, a été détourné pour des campagnes anti-racistes, prouvant que la portée du groupe a largement dépassé le cercle restreint des mosheurs avertis.
Le spectre de Sepultura hante aussi le monde vidéoludique : leur musique tape l’incruste dans Doom, Tony Hawk’s Pro Skater, Gran Turismo, encapuchonnant ainsi la culture ado/métal des années 2000. Lors de leur tournée “Quadra”, les membres seront même représentés sous forme d’avatars 3D dans un jeu mobile, clin d’œil au renouvellement permanent des canaux de diffusion.
On leur doit également l’inspiration de nombreux artistes de la nouvelle scène, que ce soit du metal expérimental ou de la pop déviante s’inspirant des tambours de “Roots”. Le leitmotiv du brassage culturel trouve d’ailleurs un écho dans la volonté de Sleep Token ou Little Odetta d’incorporer jazz, pop et groove à leur cocktail sonore – voir cette interview pour mesurer le choc Sepultura dans un contexte contemporain.
Enfin, cités dans des classements et reportages comme “Les 25 plus grands groupes de rock” par Rocksound, repris sur les playlists des salles de boxe ou des stades de foot, Sepultura a su s’imposer comme icône polymorphe, entre hommage assumé, recyclage postmoderne et clin d’œil ironique. Peu de formations peuvent se targuer d’avoir influencé autant d’acteurs disparates sur la même palette culturelle.
FAQ – Ce que vous vous demandez sur Sepultura
Quand Sepultura a-t-il été formé et dans quel contexte social au Brésil ? Sepultura est fondé en 1984 à Belo Horizonte, une ville marquée à l’époque par la crise économique et la dictature militaire, éléments moteurs dans la révolte exprimée par leur musique.
Pourquoi Sepultura est souvent associé à Metallica, Megadeth ou Slayer ? Le groupe partage le style thrash, la technique instrumentale et la rage caractéristique des Big Four américains. Ces comparaisons trouvent leur origine dans des tournées communes et des influences partagées.
Quels sont les grands changements de membres dans l’histoire de Sepultura ? Les départs marquants incluent Max Cavalera (1996) et Igor Cavalera (2006), remplacés respectivement par Derrick Green et une succession de batteurs jusqu’à Eloy Casagrande.
En quoi l’album “Roots” est-il une référence dans le métal mondial ? “Roots” intègre des rythmes brésiliens, des enregistrements en Amazonie et des collaborations inédites. Il a ouvert une nouvelle voie au groove metal avec influences world, copiée depuis par de nombreux groupes.
Le groupe s’est-il déjà séparé officiellement ? Oui, en 2024, la séparation est annoncée comme “une mort consciente et planifiée” à l’issue d’une longue tournée mondiale célébrant 40 ans de carrière.
Pourquoi Sepultura est-il important pour la scène metal sud-américaine ? En tant que pionnier, Sepultura a permis à la scène sud-américaine de s’exporter et a encouragé l’émergence d’autres groupes locaux aujourd’hui reconnus mondialement.
Quels sont les morceaux les plus emblématiques de Sepultura ? Parmi eux : “Roots Bloody Roots”, “Refuse/Resist”, “Arise”, “Territory” et “Ratamahatta”, tous ayant marqué à la fois la scène concert et le paysage radio metal.
Leurs albums ont-ils connu le succès commercial à l’étranger ? Oui, plusieurs disques (“Roots”, “Chaos A.D.”) ont été certifiés or ou platine dans différents pays et salués par la critique internationale.
Sepultura a-t-il une influence sur le metal français ? Indubitablement : de nombreux groupes français, dont certains recommandés par Rocksound en 2025, citent Sepultura pour l’aspect fusion et expérimental de leur démarche.
Sepultura a-t-il jamais fait l’objet de controverses politiques ou sociales ? Régulièrement, notamment du fait de leurs textes engagés et de leur engagement en faveur des droits des peuples indigènes et du multiculturalisme musical.
Pour tout savoir sur le groupe et suivre leur actualité, consulter le Site officiel.