Quatre ans après Glow On, Turnstile revient avec un disque qui étonne autant qu’il fascine. Never Enough n’est pas un album qui cherche à enfoncer des portes à coups de breakdowns furieux, c’est plutôt une traversée en eaux profondes. Oui, les guitares sont là. Oui, ça cogne. Mais cette fois, le chaos est plus contenu, l’émotion plus palpable, l’intention plus fine, tout en groove, en riffs et en passion.

Turnstile, Never Enough (2025)
Ceux qui attendaient un retour aux sources vont devoir ravaler leur bile : Never Enough explore des territoires inattendus. On y croise des envolées ambient, des touches jazzy, et même des claviers presque rêveurs. Néanmoins, loin de se renier, Turnstile affine son langage. Brendan Yates, à la production, orchestre le tout comme une sorte de chef d’orchestre hardcore post-moderne. Résultat : un disque aussi cohérent qu’élégant, où l’énergie brute rencontre l’élégance des textures.
Trois morceaux à retenir :
« Never Enough » – L’intro parfaite. Guitare puissante, tension maîtrisée, et surtout une outro aérienne qui montre la nouvelle direction du groupe : moins de fureur, plus de souffle.
« Sunshower » – Véritable OVNI, ce titre alterne entre riffs survoltés et moments de grâce, avec une flûte signée Shabaka Hutchings en guest. Un pont entre rage et contemplation.
« Look Out for Me » – Sept minutes qui synthétisent tout le projet : hardcore, ambient, électro, le tout dans un crescendo étonnant. Turnstile n’a jamais été aussi ambitieux.
Après le raz-de-marée Glow On, Turnstile aurait pu jouer la sécurité. Mais non : le groupe prend le contre-pied. Ici, tout est plus lent, plus réfléchi. C’est un album qui laisse le silence s’installer, qui ose la retenue. Par moments, on se rapproche plus d’un groupe de post-rock que de leurs racines punk hardcore. Mais c’est justement cette prise de risque qui rend Never Enough captivant.
Verdict : Turnstile ne cherche plus à simplement faire du bruit. Ils cherchent à faire sens. Et s’ils perdent peut-être quelques fans au passage, ils en gagneront d’autres, curieux de voir ce qu’un groupe hardcore peut devenir quand il ose prendre de la hauteur.
Un voyage d’une grande intelligence à écouter au casque, la nuit.