4/5 ⭐️⭐️⭐️⭐️
Un virage blues qui brûle les doigts : The Dead Daisies lâchent les riffs et plongent dans l’âme. Ils ont écumé les arénas, fait rugir les amplis et enchaîné les solos comme des vétérans du classic rock. Mais avec Lookin’ For Trouble, The Dead Daisies troquent la fureur pour la fièvre, et le rock pour le blues… et ce nouvel album sent la poussière du Sud, les nuits moites et les cordes qui pleurent. Entre reprises habitées et énergie brute, le groupe livre une lettre d’amour électrique au blues, à découvrir avant leur passage à Paris en novembre.

The Dead Daisies
Il est des disques qui ne ressemblent à aucun autre. Des albums qui sentent le cuir, l’électricité statique, les guitares rougies par le groove et les âmes marquées par le feu sacré du blues. Lookin’ For Trouble, premier album blues des Dead Daisies, est de ceux-là. Et il ne ressemble à rien que le groupe ait proposé jusque-là.
Connu pour son rock saturé, ses solos incisifs et son line-up à faire pâlir n’importe quel amateur de classic rock (John Corabi, Doug Aldrich, David Lowy, Sarah Tomek, Michael Devin…), The Dead Daisies étaient jusqu’ici les héritiers directs des riffs de Kiss, Aerosmith ou Whitesnake. Mais voilà qu’en 2025, ils nous surprennent avec un virage inattendu : un disque entièrement blues, enregistré dans le légendaire FAME Studios de Muscle Shoals, Alabama — le temple sacré des grands du genre.

The Dead Daisies
Un album habité, pas une simple reprise
Dès les premières notes de Crossroads, on comprend que le groupe ne s’est pas lancé dans une collection nostalgique. Ici, chaque titre est réinterprété avec sueur, panache et respect, mais sans figer le blues dans le formol. Les Dead Daisies le font respirer, vibrer, transpirer.
Boom Boom, déjà disponible en single, joue la carte du groove animal. Cuivres mordants, basse ronde, batterie souple : on a envie de baisser les lumières, de faire tourner le bourbon, et de laisser le corps se mouvoir. Sur Black Betty, Doug Aldrich offre un jeu de slide à la fois lascif et tranchant, tandis que The Thrill Is Gone met en lumière toute la fragilité rugueuse de la voix de Corabi — entre murmure et cri, entre retenue et tension.
Chaque morceau s’inscrit dans une tension musicale délicate, presque organique. Le groupe réussit à ne jamais trahir les racines tout en leur injectant une dose de vie contemporaine. Il y a dans Lookin’ For Trouble cette matière sonore brute, ce grain palpable, qui donne l’impression d’être dans la pièce avec eux, au cœur d’une jam session incandescente.
Des musiciens au sommet de leur art
Le collectif fonctionne comme une meute bien rôdée. La section rythmique — Michael Devin à la basse et Sarah Tomek à la batterie — est un moteur souple et nerveux, capable d’injecter des pulsations intimes ou des embardées rythmiques en un battement de cymbale.
Doug Aldrich brille sans jamais surjouer : ses solos sont habités, précis, avec cette flamboyance typique du rock, mais ajustée au cadre blues. David Lowy reste fidèle à son rôle de charpente sonore, soutenant l’ensemble avec justesse. Et bien sûr, John Corabi : voix éraillée, sincère, un vrai medium pour faire passer cette musique des tripes à l’oreille.

The Dead Daisies
Une déclaration musicale… et presque spirituelle
Il ne faut pas oublier que le blues, surnommé autrefois « musique du diable », est né dans la douleur et l’exorcisme. Le titre Lookin’ For Trouble s’inscrit dans cette lignée. Les Dead Daisies ne l’ont pas choisi au hasard : ils cherchent l’énergie brute, le trouble fertile, la secousse émotionnelle.
Et ça marche. Que ce soit Born Under A Bad Sign, Sweet Home Chicago ou Going Down, tout vibre d’un souffle incandescent, d’un amour sincère pour une musique qui ne pardonne ni le faux, ni le surjoué.
Paris en ligne de mire
Cette énergie live, vous pourrez la ressentir de plein fouet le 11 novembre 2025 à l’Élysée Montmartre. Le groupe sera accompagné de Mike Tramp (White Lion) et Beasto Blanco, pour une soirée qui s’annonce brûlante. Si l’album est une ode au blues version Daisies, le concert promet d’en être le brasier.
Un blues brûlant, un groupe libre
En se frottant au blues, The Dead Daisies ne tournent pas le dos à leur ADN — ils le creusent. Ils explorent ce qui a donné naissance à tout ce qu’ils sont : la tension, la fêlure, la pulsation primitive. Lookin’ For Trouble n’est pas sage, ni poli : c’est un blues de rockeurs, sincère, inspiré, et surtout vivant. Un album à commander les yeux fermés — ou à écouter les lumières tamisées, cœur ouvert, ampli branché.