South Park « Sermon on the ’Mount"

South Park « Sermon on the Mount » : Micropénis, pacte avec Satan et Jésus VRP…

par | 1 Août 2025 | A la une

⏱ Temps de lecture : 7 min

Micropénis, pacte avec Satan, procès à 16 millions de dollars et Jésus VRP de la censure : bienvenue dans l’épisode le plus furieux de South Park. Le cartoon le plus toxico de l’Amérique dégoupille sa saison 27 en envoyant une ogive nucléaire sur la tronche de Donald Trump, de Paramount et de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une rédaction en PLS. Dans un monde où la satire se fait virer pour diffamation avant même d’ouvrir sa gueule, South Park joue les derniers punks. Et cette fois, ils ne sont pas venus en mode ironic. Ils sont venus pour buter.

South Park « Sermon on the ’Mount

Qu’est-ce que South Park ?

South Park, c’est plus qu’un dessin animé. C’est une sulfateuse à satire, un doigt d’honneur animé qui, depuis 1997, tire à balles réelles sur la bienpensance, les politiques, les religions, les minorités, les majorités, et tout ce qui respire encore dans le paysage médiatique américain. Créée par Trey Parker et Matt Stone, la série est née d’un court-métrage provocateur — The Spirit of Christmas — et a très vite muté en monstre télévisuel incontrôlable.

Quatre gamins de primaire, un style d’animation en papier découpé cheap (faussement cheap, en réalité très maîtrisé), des épisodes produits en six jours chrono pour coller à l’actu chaude : South Park est devenu l’ultime espace de liberté brut dans une industrie aseptisée. Cartman, Stan, Kyle et Kenny — le quatuor infernal — sont les témoins permanents d’une Amérique qui se délite. Et ils ne sont pas là pour consoler. Ils commentent, ils détruisent, ils rejouent les débats avec une mauvaise foi hilarante et un nihilisme crasse.

Mais derrière le pipi-caca et les pets, South Park est une série hyper politique, ultra-référencée, parfois philosophique, toujours punk. Elle a survécu à toutes les censures, toutes les polémiques, toutes les tentatives d’annulation. Mieux : elle les a digérées, recyclées, ridiculisées. Un miroir sale mais fidèle d’un monde en vrille.

 

 

Pourquoi cet épisode est une grenade dégoupillée ?

Trump, micropénis et démonologie de plateau

Il faut l’avoir vu pour le croire. Trump, animé comme Saddam Hussein dans le film culte de 1999, passe l’épisode à exhiber un micropénis avec bouche et yeux, tout en partageant sa couche avec Satan. Oui, littéralement. Le diable. Horny comme jamais.

C’est gras. C’est sale. Et c’est diablement bon. Car derrière la blague pipi-caca se cache un missile sol-sol contre la fusion entre Trump et les médias. Paramount vient de verser 16 millions de dollars à Trump pour étouffer une affaire. South Park transforme ça en porno vaudeville : fusion littérale entre le président déchu et l’incarnation du mal.

South Park « Sermon on the ’Mount"

South Park « Sermon on the ’Mount »

 

Cartman en défenseur de la NPR ?!

On aura tout vu. Le mec qui a passé vingt saisons à gerber sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à une cause progressiste se découvre un amour sincère pour la NPR, cette chaîne publique souvent accusée d’être le bastion de l’Amérique « éveillée ». Pourquoi ? Parce qu’il la trouve hilarante. Pas parce qu’il adhère, mais parce qu’elle l’amuse. C’est là tout le génie de South Park : retourner l’ironie contre elle-même.

Quand Trump coupe les financements de la NPR, c’est un choc personnel pour Cartman. Il ne s’en remet pas. Il ne comprend pas qu’on puisse débrancher une source d’information, même si elle est biaisée. Surtout parce qu’elle est biaisée. Pour lui, la pluralité d’opinion, même moquée, vaut mieux que la pensée unique.

Ce twist improbable transforme Cartman en défenseur de la liberté d’expression. Pas pour les raisons nobles. Pas par principe. Mais par pur égoïsme comique. Parce qu’il veut continuer à se marrer. Et ça, c’est peut-être la définition la plus honnête de ce qu’est la vraie liberté d’opinion aujourd’hui : le droit de rire de ce qu’on ne comprend pas.

À partir de là, l’épisode se transforme en road movie idéologique, un peu comme si Hunter S. Thompson avait écrit un discours TEDx sous acide. Cartman veut comprendre pourquoi l’État choisit de supprimer ce qui dérange au lieu de l’affronter. Et la réponse qu’il trouve est aussi simple que glaçante : parce qu’il le peut.

Et ce « parce qu’il peut » devient un cri de guerre silencieux. Un truc qu’on entend dans le regard de Jésus. Dans les tremblements de CBS. Dans le pénis de Trump qui s’exprime en voix off. Et c’est dans ce moment absurde que South Park livre son diagnostic : la démocratie américaine n’a plus peur du ridicule. Elle le sponsorise.

 

South Park « Sermon on the ’Mount"

South Park « Sermon on the ’Mount »

 

Paramount dans la ligne de mire

Colbert viré, Jon Stewart en roue libre, 60 Minutes tourné en ridicule : ce ne sont pas des dommages collatéraux, ce sont des frappes chirurgicales. Dans « Sermon on the ’Mount », Trey Parker et Matt Stone ne se contentent pas de critiquer Paramount, ils le mettent à nu. Littéralement. Comme un patron de studio se faisant masser dans un jacuzzi de dollars mouillés, pendant que son assistante lui lit un communiqué de presse rédigé par ses avocats.

Le message est clair comme une lame de rasoir : Paramount est une pleutre. Une méga-corporation sans colonne vertébrale, qui préfère signer un chèque de 16 millions de dollars à Donald Trump plutôt que de défendre un principe éditorial. Pourquoi ? Parce qu’elle est en pleine tentative de fusion à 8 milliards de dollars, et qu’un président vénère peut faire capoter la manœuvre d’un tweet mal luné.

South Park, fidèle à son ADN, ne fait pas dans la demi-mesure. Ils insultent, ils hurlent, ils caricaturent. Et ils visent juste. Parce qu’en dénonçant la capitulation des médias face à la menace politique, ils exposent la véritable maladie : une industrie où la peur de déplaire prime sur le courage de dire. Et si le diable est dans les détails, il est aussi dans les deals. Et Paramount, ici, pactise clairement avec lui.

 

South Park « Sermon on the ’Mount"

South Park « Sermon on the ’Mount »

 

Quand Jésus devient le visage de la soumission

Le retour du Messie… pour demander le silence

Jésus revient. Et ce n’est pas pour pardonner. Il supplie littéralement les citoyens de ne pas s’opposer à Trump. « Vous avez vu ce qui est arrivé à Colbert ? » demande-t-il. « Vous voulez finir comme lui ? »

South Park balance ici un sermon inversé, une parodie religieuse dans laquelle la voix de Dieu n’est plus celle du libre arbitre, mais de la peur juridique. C’est une claque. Un sermon dystopique où la religion épouse le pouvoir pour éviter l’annulation. Ou pire : la perte d’audience.

Scène finale : deepfake, désert et masturbation politique

On appelle ça une sortie de scène. Mais là, c’est une sortie de soi, une descente en spirale métaphysique version South Park. Trump, nu comme un ver dépressif, titube dans un désert numérique. Le plan est lent. Les grains de sable ressemblent à des pixels. On dirait une pub parfum de luxe, sauf qu’au lieu de Dior, c’est Diable.

Il s’effondre. Et là, son pénis prend la parole. Oui, son pénis. Avec des yeux. Une bouche. Un avis politique. Il dit : « Je suis Donald J. Trump et j’approuve ce message. »Puis, voix off suave, fond musical lyrique : « Son pénis est minuscule, mais son amour pour nous est immense. »

 

South Park « Sermon on the ’Mount"

South Park « Sermon on the ’Mount »

 

C’est grotesque. C’est grandiose. C’est une parodie subliminale des PSA (public service announcements), ces clips d’intérêt général qui veulent sensibiliser le public sur un ton lisse et moraliste. Ici, South Park détourne le format et le transforme en farce porno-théologique, un spot de propagande inversé où le message n’est plus : « Protégez-vous du cancer », mais : « Soyez prêts à vous faire enculer avec le sourire. »

Et ça fonctionne. Parce qu’en 30 secondes, ils résument tout : le culte du pouvoir, l’autocélébration, le grotesque qui devient norme. Trump n’est plus un président. Il est une parabole ambulante. Et même son sexe, cette excroissance symbolique, devient outil de propagande. South Park ne commente pas seulement la politique : il la démonte, la recycle, l’enfile à l’envers, et vous la sert avec une cerise radioactive sur le dessus.

 

Élément clé Description
Titre de l’épisode Sermon on the ’Mount
Saison 27
Cibles principales Donald Trump, Paramount, médias soumis, religion
Scènes marquantes Trump au lit avec Satan, micropénis qui parle, Jésus qui prêche la censure
Satire principale Lâcheté des grands groupes médias face à l’autorité
Réaction du public Virale, polémique, encensée pour sa brutalité
Ton de l’épisode Sarcastique, violent, absurde, provocateur

 

Conclusion – South Park n’a jamais été aussi indispensable

Cet épisode est une baffe dans la gueule du bon goût. Un doigt levé au-dessus de la Constitution. Une leçon de satire dans un monde qui oublie ce que ce mot signifie. South Park, en 2025, n’est pas juste drôle. Il est vital. Il est ce qu’il reste quand tout le reste s’écrase. Trey Parker et Matt Stone rappellent à une industrie castrée qu’on peut encore rire de tout — surtout de ceux qui croient pouvoir acheter le silence à coups de procès et de deals juteux. Ils tapent là où ça fait mal : la lâcheté institutionnelle, la compromission, le confort du politiquement correct. Et ils le font avec la subtilité d’un lancer de brique.

La saison s’annonce brutale. C’est tant mieux. Parce qu’en face, il y a des géants fragiles aux pieds d’argile. Et pendant qu’ils tremblent à l’idée de se faire cancel, South Park allume un feu de joie avec leurs manuels de conformité.

Dans ce climat moisi où l’auto-censure s’habille en vertu, cette série est un défibrillateur culturel. South Park, aujourd’hui, n’est pas une série à regarder. C’est un acte de résistance à applaudir.