3/5 ⭐️⭐️⭐️
Extraits codés balancés sur les réseaux, vidéos à la frontière du sermon politique et de la propagande religieuse, appels à manifester qui ressemblaient autant à des happenings qu’à des teasers marketing… President a foutu un sacré bordel avant même d’avoir joué une note. Pendant que les détectives du web disséquaient chaque indice comme s’il s’agissait de runes d’un culte secret, une seule certitude s’imposait : personne ne savait vraiment qui se cachait derrière ces masques.

President- King Of Terrors
C’est seulement en mai dernier, lors d’un premier concert à guichets fermés au Garage de Londres, que la rumeur s’est transformée en réalité. Pas de grande révélation, pas de storytelling hollywoodien : juste quatre silhouettes – President, Heist, Protest et Vice – balançant un set massif qui a retourné la salle comme une émeute électrique. Quelques jours plus tard, le Download Festival a servi de baptême du feu : la tente débordait de monde, les curieux se transformaient en disciples, et la légende commençait à prendre forme.
Avec ses riffs colossaux, ses refrains gutturaux et ses passages d’une clarté presque mystique au milieu de la tempête, le quatuor annonce la couleur. Leur premier EP, King of Terrors – référence biblique à la mort et ses spectres – condense six morceaux enragés qui jonglent avec les obsessions contemporaines : religion, manipulation, culte, nihilisme. Oui, ça sent la filiation avec Sleep Token, mais President joue la carte du choc frontal plutôt que de la séduction voilée.

President- King Of Terrors
Buzz vs réalité : et si le masque cachait encore trop de vide ?
Soyons clairs : President a tout compris au storytelling. Visuels cryptés, mise en scène millimétrée, vinyle déjà sold-out, tournée européenne qui affiche complet avant même l’album… c’est une machine bien huilée. Mais la vraie question reste : est-ce que la musique tiendra la distance ?
Parce que pour l’instant, King Of Terrors donne l’impression d’un groupe qui cherche son identité entre metalcore sous stéroïdes et envolées électro-ambient. On sent la sincérité, on sent la douleur, mais on sent aussi la volonté de coller aux tendances. Résultat : un disque fascinant, mais pas totalement abouti.
L’EP King Of Terrors : six morceaux entre uppercut et flottement
Le disque s’écoute comme une pièce de théâtre en six actes, sauf que parfois la mise en scène prend le dessus sur l’émotion brute.
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King Of Terrors : six coups de massue et quelques fissures
L’EP se présente comme un manifeste. Pas un album, pas encore une œuvre totale, mais une déclaration d’intention. Six titres comme six lames, taillées dans la rage, l’angoisse religieuse et une soif de catharsis.
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In The Name Of The Father : déjà un hit underground, plus de 11 millions d’écoutes. C’est la gifle introductive, une charge contre l’endoctrinement, bâtie sur des riffs pachydermiques et un refrain conçu pour que des foules hurlent en chœur. On pense à Sleep Token, mais dopé à la testostérone.
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Fearless : plus calibré, plus lisse. Ici, President joue la carte du metalcore de stade, façon Architects ou Bring Me The Horizon. Ça marche, mais ça surprend moins.
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Rage : ovni total. Texte inspiré de Dylan Thomas, nappes électroniques qui s’étirent comme une transe. Ça respire l’envie d’élargir le spectre, de sortir du carcan metalcore. Enfin une vraie prise de risque.
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Destroy Me : retour à la brutalité viscérale. Les paroles claquent comme un journal intime taché de sang : relation toxique, douleur nue, autodestruction. Brut, sincère, sans filtre.
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Dionysus : l’ivresse et la transe. Riffs syncopés, refrains lumineux, autotune qui devient une arme surnaturelle. C’est bancal mais fascinant, comme un rite antique remixé par un DJ cyberpunk.
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Conclave : conclusion inattendue, presque fragile. Plus proche de l’ambient électronique que du metal, avec une mélancolie suspendue. Une sortie par effacement.
Résultat ? Un EP schizophrène, parfois trop référencé, mais traversé d’éclairs de sincérité. On sent un groupe qui hésite entre suivre la vague et tracer sa propre route.
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Et après ? Le LP attendu comme une apocalypse
Le frontman a promis : l’album racontera l’histoire de President, un personnage à part, détaché de sa propre vie. De quoi construire un univers narratif qui pourrait aller bien plus loin que ce premier jet. Ajoute à ça une tournée qui démarre déjà sold-out, des premières parties prestigieuses (Architects, Landmvrks), et tu as un groupe qui avance comme une avalanche. La suite ? Un LP qui devra confirmer que President n’est pas juste un produit masqué avec des riffs recyclés, mais une vraie claque générationnelle.
Conclusion : la sincérité derrière le masque
King Of Terrors est un EP imparfait, mais il a le mérite d’exister comme un manifeste. President intrigue, fascine, agace aussi. Derrière le marketing et les masques, il y a une sincérité qui perce. Et dans un monde saturé de clones, parfois, ça suffit pour créer une étincelle. Mais la vraie partie ne fait que commencer : le LP sera le juge de paix. Et là, plus d’excuses.