Mirador : Mirador

par | 8 Oct 2025 | Chroniques

⏱ Temps de lecture : 3 min

4/5  ⭐️⭐️⭐️⭐️

Ils viennent du feu et de la poussière. Mirador est le nouveau projet incandescent de Jake Kiszka et Chris Turpin. Leur premier album éponyme est une traversée brute, mystique, viscérale. C’est un disque qui ne s’écoute pas en fond, mais qui vous possède et vous emmène dans un voyage spirituel entre rêve et cauchemar. À ceux qui aiment le rock qui brûle, qui raconte, qui laisse des cendres sur la peau… Entrez.

 

231214 Castle S05 0500 h col scaled

Mirador photographed by Dean Chalkley in the grounds of a Castle, UK

 

Il y a des projets qui naissent dans le fracas. D’autres dans le silence. Mirador est né dans l’entre-deux : dans les coulisses d’une tournée, entre les riffs d’un soundcheck et les confidences d’après-concert. Jake Kiszka, guitariste habité de Greta Van Fleet, croise la route de Chris Turpin, voix hantée d’IDA MAE, en 2018 à Detroit. Ce n’est pas un simple échange de politesses entre musiciens : c’est une reconnaissance. Une fraternité. Une envie commune de creuser plus profond, de jouer plus brut, de raconter autrement.

Mirador, c’est leur poste d’observation. Leur tour de guet sur le monde. Un projet né de la nécessité de brûler autrement. De convoquer les esprits du blues du Delta, du folk ancien, du rock mystique. De faire parler les guitares comme on invoque les dieux. Avec Mikey Sorbello à la batterie et Nick Pini à la basse et aux claviers, le groupe prend forme, dense, organique, presque chamanique.

Direction Savannah, Géorgie. Un studio baigné de chaleur et de poussière, où Dave Cobb les attend. Pas de surproduction, pas de fioritures : l’album Mirador est enregistré en direct, en moins de deux semaines. Une captation brute, organique, où chaque prise est une incantation. On sent dans chaque morceau la tension du live, l’électricité des regards échangés, la sueur sur les corps. C’est un disque qui respire, qui halète, qui rugit. Un disque qui ne triche pas.

La voix de Chris Turpin est un fil tendu entre la rage et la fragilité. Elle ne cherche pas la perfection : elle cherche la faille, frôle la rupture. Elle peut rugir comme un prêcheur possédé, puis se briser en un murmure, comme si chaque mot risquait de s’éteindre. Elle est sur la brèche, toujours… et c’est là qu’elle touche. Elle transmet le vertige, le doute, la fièvre. Elle est le cœur battant de Mirador.

Face à elle, la guitare de Jake Kiszka n’est plus celle du jeune prodige de Greta Van Fleet. Elle est plus rugueuse, plus tellurique. Elle creuse, elle tranche, elle invoque. Le son est dense, parfois crasseux, parfois céleste… mais toujours incarné. On y sent les racines du blues, les éclats du psychédélisme, les fantômes du rock des années 70. Mais surtout, on y sent une voix unique, une volonté de dire autrement.

 

 

On entre dans Mirador comme on entre dans un territoire inconnu. “Feels Like Gold” ouvre le bal avec une collision de cultures et une pulsation venue des profondeurs. C’est un dialogue de voix qui crient leur émotion et unissent leur intensité. Frissons. “Roving Blade” chante la loyauté et l’errance, comme une ballade médiévale perdue dans le Sud profond. “Raider” mord, “Must I Go Bound” dépouille, “Blood and Custard” groove sur les ruines. Chaque titre est une incantation, une tension, une prière. On y croise des cavaliers, des marchands de rêves, des chasseurs, des drifters célestes. Et l’on termine sur “Hymnal I”, murmure mystique, comme une porte qui se referme doucement sur le feu.

Ce disque est un rituel. Une épopée. Il ne cherche pas à ressembler, mais il résonne avec intensité. On y entend les échos du folk incantatoire de Fairport Convention, les fulgurances électriques de Led Zeppelin, la tension moderne de Rival Sons. Mais Mirador ne se contente pas d’hériter : il forge son propre univers. Il taille dans le vif, il creuse ses propres sillons. C’est un rock de l’os et du souffle, un rock qui ne promet rien, sauf de te traverser et de te faire vibrer… longtemps.

Mirador par Mirador est déjà disponible.

Commandez le vinyle sur MIRADOR et retrouvez le groupe sur scène en France dans une date unique au Bataclan le 7 novembre prochain.

Mirador sur Instagram : @miradormiradormirador

 

Mirador OfficialAlbumArtwork JPG