5/5 ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️
Après avoir fait office de véritable raz-de-marée metalcore avec l’album Lost In The Waves, les Marseillais de Landmvrks sont de retour au printemps 2025 avec l’un des albums les plus attendus de l’année : The Darkest Place I’ve Ever Been. Il n’y a pas à dire, le groupe sait teaser ses sorties, entre des singles incroyables accompagnés de clips très travaillés, à l’image de « Creatures » et son esprit Stranger Things, mais aussi « Sulfur ».
La direction artistique et visuelle fait un travail de dingue. Le succès est un mélange de beaucoup de travail et de chance, comme lorsqu’ils ont remplacé au pied levé Bad Omens au Hellfest 2024 pour offrir un concert légendaire, considéré par beaucoup comme la performance de l’année. Plongeons-nous dans ces lieux sombres pour voir ce que nous a réservé le quintet phocéen.

Landmvrks« The Darkest Place I’ve Ever Been »
L’album débute sur le morceau éponyme, et quand Florent Salfati (chant) parle des endroits les plus sombres où il a pu être, il ne s’agit pas de lieux physiques, mais bien des périodes noires que chacun peut traverser. S’il y a bien un fil conducteur au sein de cet album, c’est probablement la souffrance, la solitude, le sentiment de culpabilité et la dépression. Rien de neuf sous le soleil (noir), me direz-vous ?
Il reste toutefois important de préciser que le duo Esposito-Salfati parvient à retranscrire à merveille ce sentiment pesant, capable de miner l’esprit de nombreuses âmes. Sans jamais trop en faire ni tomber dans le pathos, la musique de Landmvrks nous transperce telle une lame et nous entraîne dans nos propres contrées sombres, pour y affronter nos démons.
Véritable cri de rage ou cri du cœur ? Malgré cet océan de mélancolie, certains morceaux parviennent à retranscrire cette sensation de lumière dans la tempête, à l’image du très habile featuring avec Mat Welsh de While She Sleeps : « A Line in the Dust ». L’autre éclaircie musicale vient, à mes yeux, de « The Great Unknown », véritable tube construit comme un morceau de Linkin Park à l’époque de Minutes to Midnight, tout en conservant l’esprit Landmvrks. Landmvrks réussit à varier les ambiances et apporte une French touch très « chanson française du siècle dernier », qui enrichit profondément cette mélancolie ambiante, que ce soit sur l’intro de « La Valse du Temps » ou encore la fin de « Funeral ».
Florent Salfati dispose d’énormément de cordes vocales à son arc : un scream aigu et puissant, un growl sombre et agressif, une magnifique voix claire digne d’un ange déchu. Mais ce qui le distingue vraiment des autres vocalistes vient de son passé (et présent) de MC. En effet, il est également connu sur la scène rap sous le nom de FLO. et a sorti son premier album Vraie Histoire en mai 2020 (où l’on retrouve un featuring avec Mattéo, ancien chanteur de Novelists). Son talent de rappeur ressort sur l’intro de « Creature », « Blood Red », mais aussi sur le morceau dédié « Sombre 16 ».
Ces touches, plus ou moins appuyées, permettent d’apporter un vrai relief au melodic hardcore des Marseillais, qui avaient déjà tenté – et réussi – l’essai sur leur précédent opus avec le morceau « Visage ».
Dès le premier regard, l’artwork signé Guy Mishima s’impose, tout en subtilité et en puissance. Réalisée à la gouache et à l’aquarelle, cette œuvre capte à la fois la violence des émotions et la fragilité de ceux qui les traversent. On y ressent cette lutte intérieure, ce chaos silencieux où l’on tente de garder la tête hors de l’eau pendant que tout semble s’effondrer autour. Plus qu’une simple illustration, cette image prolonge le voyage que propose l’album, elle en est le reflet visuel.
Dans une vidéo où il revient sur son travail, l’artiste évoque justement cette tension entre obscurité et lumière, ce combat contre soi-même, cette impression de se perdre dans quelque chose de plus grand que soi. Et c’est bien là que réside la force de ce visuel : il ne montre pas, il fait ressentir. La tempête, la chute, mais aussi cette infime possibilité d’en réchapper. Une esthétique qui épouse parfaitement celle de Landmvrks, à la fois brute, mélancolique, mais profondément humaine.
D’un point de vue global, Landmvrks livre encore une fois une pépite absolue, qui va leur permettre de rouler sur la planète, au vu du succès grandissant de Landmvrks aux quatre coins du globe. Il est clair que les cinq Marseillais sont en train de devenir des références incontournables en matière de metalcore, et la tournée des festivals de cet été n’est qu’un avant-goût de ce qui attend le monde. Avec The Darkest Place I’ve Ever Been, ils signent un album intense, sincère, et viscéral, qui pousse encore plus loin les frontières de leur univers. Un disque qui ne se contente pas de frapper fort, mais qui laisse une trace. La leur, et la nôtre.
Landmvrks « The Darkest Place I’ve Ever Been » Tracklist :
- 01 The Darkest Place I’ve Ever Been
- 02. Creature
- 03. A Line In The Dust
- 04. Blood Red
- 05. Sulfur
- 06. Sombre 16
- 07 The Great Unknown
- 08 La valse du Temps
- 09 Deep Inferno
- 10 Requiem
- 11 Funeral
Disponible sur : https://eu.landmvrks.shop/