Guitariste émérite, animateur d’émissions musicales à succès et réalisateur d’albums… Benjamin Hekimian, alias Waxx, est aussi multi-talentueux qu’il est passionné par la musique et les belles rencontres. S’il s’est fait connaître sur le web grâce à ses reprises intimistes interprétées en compagnie de ses invités de la scène française et internationale, il vit aujourd’hui son rêve d’enfant d’avoir son émission radio avec Foudre sur RTL2 qui entame sa quatrième année sur de très bonnes ondes.
Tu demandes souvent à tes invités quelle chanson leur a fait aimer la musique… Je te pose à mon tour la question. Qu’est-ce qui a déclenché en toi cet amour pour le rock ?
Waxx : Ma première claque rock a eu lieu quand j’avais neuf ans, pendant un trajet en voiture. Mon cousin avait deux cassettes, c’était Nevermind de Nirvana et le premier album de Rage Against the Machine. Quand j’ai entendu « Smells Like Teen Spirit », mes poils se sont hérissés et je me suis dit qu’il se passait un truc dingue. On a écouté 18 fois cette chanson et je pense que les suivantes aussi. Pendant les 6 heures de trajet on a passé les 2 albums en boucle. Une vraie révélation.
Qui étaient les « guitar heroes » de ton enfance ? Ceux dont tu avais des posters accrochés au mur…
Waxx : La bande originale de Terminator 2 m’a fait découvrir la musique des Guns’N Roses et je me souviens avoir vu une photo de Slash dans le magazine Hardforce : le chapeau, les cheveux longs, la gratte… j’écoutais mes cassettes en boucle en regardant ces images. C’était comme un super-héros pour moi ! Un peu plus tard j’ai découvert Jimi Hendrix et j’ai été scotché par sa technique, son inventivité, sa liberté de jeu. Il surpassait les guitaristes que j’écoutais alors et que je pensais être les meilleurs du monde.
Le portrait de Jimi Hendrix est d’ailleurs le seul tatouage que j’ai sur moi en rapport avec la musique. C’est aussi via Hendrix et sa reprise de Bob Dylan que j’ai découvert le concept de la reprise que j’ai plus tard intégré dans mes vidéos et qui est devenu ma marque de fabrique.
À quel moment as-tu commencé la guitare ?
Waxx : Il y avait deux guitares, une folk et une électrique, à la maison. Elles appartenaient à mon père et je n’avais pas le droit d’y toucher alors que je mourrais d’envie de jouer ! Quand je suis arrivé au collège, j’ai vu plein de petites annonces : cherche bassiste. Personne n’avait de bassiste.
C’était ma chance d’intégrer un groupe. J’ai demandé une basse pour Noël, la moins chère possible pour qu’on me dise oui, et j’ai appris tout seul. Avec le magazine Bass Parts… C’était pas une méthode mais ils donnaient des tips avec un cd à écouter pour s’entraîner… sur Nirvana. Je n’ai fait que ça pendant des mois jusqu’à passer une audition et intégrer un de ces fameux groupes du collège.
J’ai fait mon premier concert quelques mois plus tard. J’avais douze ans et les autres dix-sept, c’était des grands, moi j’étais un peu la mascotte, le petit tout fou et passionné… du coup ils me prêtaient leurs guitares et me montraient des trucs. Eux faisaient beaucoup de pauses pendant les répétitions, ça fumait et ça buvait des bières… et moi j’en profitais pour bosser la guitare.
À force de travail et d’entraînement je suis devenu pas trop mauvais à la guitare… et de bassiste je suis devenu guitariste, ce qui était mon objectif premier ! Et je ne me suis jamais arrêté de jouer depuis ! J’aime la basse pour son côté « pont » entre la rythmique et la mélodie, mais ce qui me fait vibrer depuis mes 9 ans c’est la guitare. Et c’est mon meilleur moyen d’expression depuis mes 13 ans.
Tu voulais déjà être musicien professionnel quand tu étais enfant ?
Waxx : Oui, j’ai toujours voulu bosser dans la musique, c’était une évidence dès le départ et je n’ai jamais eu de plan B. Dès la sixième quand j’ai commencé la basse et ensuite en cinquième quand on demandait aux élèves de ma classe d’écrire ce qu’ils souhaitaient faire plus tard, pour moi c’était musicien. Et je n’ai jamais écrit rien d’autre dans mes souhaits de carrière de tout le collège et le lycée hahaha.
Comment s’est construite ta success story musicale ?
Waxx : Dès que j’ai eu mon bac j’ai commencé à travailler dans un studio d’enregistrement. Je n’étais pas beaucoup payé mais on me laissait utiliser le studio pendant les heures où il n’y avait personne et j’ai commencé à produire du monde. Je m’occupais de l’enregistrement, des arrangements, je composais… J’ai commencé à me faire connaître comme réalisateur d’album.
On me présente alors un gars qui faisait des vidéos sur Daily Motion : le feeling passe bien, on est devenu un duo et nos vidéos cartonnaient à tel point qu’on a été signés chez EMI. Je lance ensuite ma première émission sur Daily Motion, un genre de MTV Unplugged, en acoustique : je recevais des artistes entre rap et rock comme Orelsan ou Skip the Use, alors inconnus.
Ils chantaient ou rappaient et moi je les accompagnais… et à un moment Canal Plus m’a proposé d’avoir mon émission à moi, et avec un pote on a fait « le Comité des reprises » qui a duré 3 ans environ. J’y ai reçu un paquet d’invités français ou étrangers, dont Will I am, the Do, même Sting… en même temps je continuais à réaliser des albums (pour Pomme, Ben l’oncle soul, Georgio…). Quand l’émission s’est arrêtée j’ai lancé Fanzine sur Youtube et je me suis fait connaitre d’un public un peu plus large.
Et puis RTL2 m’a proposé de faire ce que je sais faire à la radio et c’est la quatrième année déjà de « Foudre », l’émission que j’anime. La radio était un rêve de gosse, et pouvoir faire ce que j’aime à savoir recevoir des artistes, papoter et faire des duos intimistes devant un micro, en liberté… c’est un bonheur absolu !
Waxx & The warning
Quels sont tes souvenirs les plus marquants liés à la guitare ?
Waxx : Il y a 2 ans je joue un morceau sur scène avec Yungblud pendant Rock en Seine. Ça se passe super bien et le lendemain matin il m’appelle en me disant que son guitariste est tombé malade et qu’il ne peut pas assurer les 3 concerts prévus à la Maroquinerie le jour-même.
Et il me demande si je peux le remplacer. Sauf que je connaissais uniquement la chanson qu’on avait joué la veille et que le set de la Maroquinerie comprenait 15 chansons en tout. Il m’a envoyé les 15 chansons, j’ai écouté ça et pris des notes pendant 40 minutes et une heure plus tard j’étais dans un taxi pour monter sur scène.
Et ça l’a fait. C’était terrible. J’ai une faculté pour apprendre rapidement les chansons, je joue avec plein de personnes différentes. Là mon cerveau a fonctionné à 200% pour jouer tout en regardant ce qui se passait autour de moi. Il y avait autant de mémoire que d’impro.
Waxx : Le deuxième moment gravé à vie dans ma mémoire c’est quand j’ai joué la Marseillaise à la guitare avant un match de la NBA en janvier 2020, seul au milieu du parquet de Bercy, devant des milliers de personnes dont Michael Jordan, le héros de mon enfance. La musique et le basket sont mes deux passions depuis toujours. J’avais une pression énorme, je savais que toute ma famille et mes amis allaient regarder. C’était retransmis dans le monde entier et la salle était blindée de stars en tout genre.
Quand j’ai commencé à jouer, les gens se sont mis à chanter presque immédiatement alors j’ai fait comme si c’était une collab avec 20.000 choristes. Je me suis un peu éloigné de mon idée de départ de faire une version de la Marseillaise à la façon de Jimi Hendrix avec plein de distorsion et d’envolées, et j’ai suivi le public qui chantait en l’accompagnant. C’est un des plus beaux moments de ma vie.
Parle-moi un peu de tous ces tattoos que tu as sur toi !
Waxx : Je me suis toujours dit que si je me faisais tatouer un jour, cela aurait un rapport avec les frises chronologiques et le passage du temps. J’ai commencé à 19 ans avec le K arménien. Mon ancêtre qui est mort pendant le génocide s’appelait Kapriel, son fils s’appelait Kapriel également, son petit-fils ainsi que mon père avaient Kapriel en deuxième prénom, tout comme moi… c’est un symbole de transmission lié à ma famille qui est très important : ce K représente mes racines, là d’où je viens.
Les tatouages font le tour de mes bras en commençant par ma naissance sur le poignet gauche, puis mon enfance. Le singe fait référence à moi, petit, persuadé d’avoir une queue de singe comme Sangoku dans DBZ, que j’aurais perdu ou qu’on m’aurait enlevé. Plus haut des symboles de la famille, d’éveil, de mémoire, d’émerveillement.
Mon bras gauche c’est le passé depuis ma naissance, et le bras droit c’est la façon dont j’envisage le futur jusqu’à ma mort. Il y a différents symboles de spiritualité issus de différentes religions et cultures : les Maya, les amérindiens, des motifs bouddhistes… tout cela raconte mon histoire, d’où je viens et où je vais. La naissance, la vie et la mort. Le tronc central c’est le présent, là où je fais les tatouages qui représentent mes envies du moment.
Est-ce que tu vas chez un ou plusieurs tatoueurs différents ?
Waxx : Je choisis les personnes qui me tatouent vraiment au feeling selon les rencontres… une fois j’étais à Los Angeles sur Sunset Strip chez Shamrock Tattoo, là où se font tatouer les Red Hot. Je passe une tête pour demander à quel moment je pourrais venir pour discuter d’un projet avec un tatoueur dispo.
Et là je vois que Rick Walters est là et on me dit qu’il peut me tatouer tout de suite. Le gars est une légende il a tatoué un paquet de rockstars… Je savais déjà ce que je voulais comme motif il m’a dit « ok let’s go ». Il l’a fait à main levée sur mon bras en me racontant des histoires de musiciens qu’il avait tatoué. Une rencontre incroyable.
Et à Paris tu vas chez quelqu’un en particulier ?
Waxx : Je me fais souvent tatouer par des femmes, je suis beaucoup entouré par des femmes même dans la musique, je leur fais confiance plus facilement, il y a un truc qui me rassure avec les femmes, on se comprend sans se juger. La tatoueuse à Paris qui me tatoue depuis quelques temps c’est Helena Front (@helena_f), elle fait un très joli trad old school. C’est elle qui a dessiné le portrait de Hendrix qu’elle ma tatoué dans le dos. C’était sa libre interprétation de Jimi Hendrix et j’ai de suite adoré son dessin. Depuis quelques temps j’essaye de me restreindre sur la fréquence de mes tattoos, je me limite à un par an pour ne pas trop m’emballer et regretter à un moment de ne plus avoir de place pour quelque chose qui me tiendrait à cœur.
Merci pour ton temps et cet interview musique et tattoo !
Waxx : C’était un plaisir et ça me change d’être de l’autre côté des questions ! Merci à toi !
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Une interview de Caro @Zi.only.caro
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Waxx est sur Instagram https://instagram.com/waxx/
Et sur RTL2 le dimanche à 19h dans Foudre
Et aussi sur Youtube avec son émission Fanzine
Son album Etincelle est déjà disponible partout.