Artiste prolifique aux multiples collaborations, songwriter de talent et guitariste virtuose, Myles Kennedy est sans conteste l’une des plus grandes voix du Rock en activité. Hier adolescent timide qui refusait d’être sur le devant de la scène, il est aujourd’hui devenu un performer hors pair dont la voix aussi puissante que bouleversante transporte les foules dans un tourbillon d’émotions, avec toujours autant de sincérité  et de passion, qu’il se produise avec Alter Bridge, Slash ou en solo.

À l’occasion de la sortie de son nouvel album solo « The Art Of Letting Go », Myles Kennedy était de passage à Paris et s’est prêté avec beaucoup d’humour et de sincérité à l’exercice de l’interview « Retour vers le futur », entre vieux souvenirs et récentes révélations.

 

Myles Kennedy

 

Quelles était tes idoles de jeunesse ? Les groupes ou artistes dont tu avais des posters accrochés aux murs de ta chambre d’ado ?

Myles Kennedy : Tu es au bon endroit pour les posters au mur ! Quand j’avais 14 ans les murs de ma chambre étaient recouverts de posters de groupes et de photos découpées dans les magazines de musique… à tel point que c’était difficile d’apercevoir les murs sous le papier ! Freddie Mercury, Van Halen, Jimmy Page étaient très présents tout comme des groupes du moment que je trouvais cool comme Motley Crue parce qu’ils avaient un look affirmé… Il y avait aussi bien des groupes contemporains qui tournaient à la radio que des artistes intemporels comme Elton John ou Stevie Wonder dont la musicalité et la créativité me parlait…

 

Tu étais plutôt éclectique dans tes goûts…

Myles Kennedy : Oui j’écoutais de tout… même si j’ai eu une période très heavy. Je cherchais le son le plus heavy. J’ai découvert Judas Priest, Iron Maiden, Acceptance… Et puis il y a eu l’album 1987 de White Snake qui m’a vraiment marqué et inspiré. Je l’ai écouté en boucle et ça m’a donné envie d’atteindre ce niveau de guitare…

 

C’est cet album qui t’a amené à la révélation Rock ? C’est là que tu t’es dit que tu voulais jouer de la musique et vivre de la musique plus tard ?

Myles Kennedy : C’est peut-être Van Halen qui m’a vraiment inspiré et fait rêver d’une carrière musicale, même si, en vrai, je n’ai pas trop le souvenir d’avoir envisagé de faire carrière dans la musique… ce que je voulais surtout, c’était jouer dans des soirées pour les copains. Une carrière musicale me semblait hors d’atteinte. J’ai grandi à Spokane dans l’état de Washington et la seule célébrité qui en soit sortie c’est Bing Crosby… Mais on m’a dit récemment que je parlais déjà de faire de la musique et devenir musicien professionnel, j’avais oublié mes rêves d’adolescent apparemment…

 

MYLESKENNEDY Solo1 PhotoCredit ChuckBrueckmann

 

Tu chantais déjà ou bien tu as commencé en tant que guitariste ?

Myles Kennedy : Mon premier moyen d’expression a été la guitare. Je ne me voyais pas du tout chanteur et surtout pas frontman… J’étais bien trop timide pour ça ! Moi ce que je voulais c’était être derrière, à côté du batteur, passer devant juste pour un solo et puis repartir derrière. Je ne cherchais pas du tout à être dans la lumière, je m’employais plutôt à l’éviter ! C’est finalement un concours de circonstances qui a fait que je me suis mis à chanter… J’avais écrit des chansons et je ne trouvais personne pour les chanter… alors je l’ai fait moi-même et finalement ce n’était pas si mal…

 

Pas si mal en effet ! Quand as-tu pris conscience de cette voix incroyable qui est la tienne ?

Myles Kennedy : Longtemps j’ai pensé que tout le monde avait la possibilité de chanter… mon beau-père était pasteur et j’étais entouré de personnes qui chantaient à l’église. Je ne savais pas si ma voix était bien ou pas… Et puis un jour, j’étais adolescent et je jouais dans un groupe et on m’a demandé de chanter parce que personne ne voulait le faire, on était plusieurs guitaristes et bassistes mais sans chanteur. J’ai chanté Rock’n Roll de Led Zeppelin pour le spectacle de l’école… et quand j’ai vu la réaction du public à ma prestation, je me suis dit que ma voix valait peut-être quelque chose, ou en tout cas qu’elle provoquait quelque chose chez les gens. 5 ans plus tard je jouais dans un groupe de R and B et je faisais les « hautes » harmonies pour la chanteuse.

Et c’est elle qui m’a dit que tout le monde n’avait pas les possibilités vocales de faire ça et que je devrais penser à chanter et à utiliser ma voix. Ça a fini de me convaincre que j’avais quelque chose à faire avec mes cordes vocales si je me faisais à l’idée d’être sur le devant de la scène…

 

Myles Kennedy

Myles Kennedy

 

Tu as pris des cours avec un coach vocal ou tu as travaillé dans ton coin ?

Myles Kennedy : Au début je chantais tout seul et puis quand j’ai eu mon premier vrai contrat j’ai été signé par le label qui s’occupait d’Alice in Chains et Soundgarden et la manageuse Susan me dit, « tu sais Chris (Cornell) travaille avec ce mec, tu devrais aller le voir c’est un super coach vocal, tu prendrais peut-être plus d’assurance et de technique… » et je suis allé voir Ron Anderson. Pour moi Chris Cornell était le meilleur vocaliste au monde alors c’était une opportunité dingue de pouvoir collaborer avec son coach… qui avait travaillé aussi avec Axel Rose… J’y suis allé et ça a tout changé pour moi.

Je pense que sans lui je ne serais pas là aujourd’hui assis devant toi, j’aurais bousillé ma voix sans tout ce qu’il m’a enseigné pour la préserver, la travailler, l’améliorer… bien sûr il y a des jours avec et des jours sans : l’environnement, la chaleur, la poussière, ou même l’énergie du moment sont des facteurs qui impactent la voix, mais grâce aux conseils et aux techniques de Ron, je sais comment y faire face.

 

Entre Alter Bridge, tes collaborations avec Slash et tes albums solo, tu ne t’arrêtes jamais de travailler et de tourner on dirait…

Myles Kennedy : J’aime être occupé, c’est vrai. Écrire des chansons, les enregistrer et puis aller les défendre sur scène : c’est le cycle de vie de la musique. Je ne recherche pas forcément à être tout le temps sur les routes car c’est très fatigant une tournée, on dort mal, on mange mal, ce n’est pas si glamour que l’on croit, mais le fait de chanter devant un public qui aime mes chansons, c’est toujours une expérience galvanisante cette connexion avec le public et cet amour.

J’aime surtout créer, donc dès que j’ai du temps pour moi et une accalmie dans mon planning, je prends ma guitare et j’écris de nouvelles chansons… alors ça ne s’arrête jamais en effet ! J’ai eu la chance d’avoir un parcours rock qui n’a jamais ralenti en intensité ou en plaisir ! Je ne m’attendais pas honnêtement à avoir du succès à mes débuts, je n’étais pas pétri d’ambition ou persuadé que j’allais faire carrière dans la musique… je pensais que je serais professeur dans une école, que j’aurais une vie assez tranquille. Et puis non… tout s’est enchaîné !

 

 

Est-ce que tu aimes toujours autant chanter devant un public qu’à tes débuts ?

Myles Kennedy : C’est la chose que je préfère ! Voir le public qui chante mes chansons, connaît les paroles et les vit intensément, c’est une sensation incroyable et difficile à décrire. Parfois certaines personnes me disent à quel point une chanson a compté dans leur vie, leur a apporté du réconfort, les a inspiré ou aidé à passer un cap, et c’est très fort pour moi de comprendre que certaines de mes chansons peuvent avoir un impact que je n’imaginais même pas.

Des chansons qui ont été écrites il y a des années touchent des gens encore aujourd’hui et quand je vois certaines personnes avec un tatouage de paroles de chansons ou de symboles graphiques issus d’un album ou d’une chanson… cela me touche beaucoup et je me dis qu’il y a du sens et un but derrière le succès de ma voix.

 

Y-a-t-il des chansons dont le succès te surprend a posteriori sur scène ?

Myles Kennedy : Oui, complètement ! Parfois j’imagine qu’une chanson va devenir une face B, un truc un peu accessoire, que j’hésite à chanter sur scène et puis je vois la réaction du public qui s’enflamme et je m’y attendais pas. C’est parfois encore cette timidité qui me fait douter de l’importance de certains titres, mais le public me rappelle toujours que ce qui est écrit avec le cœur et avec authenticité est toujours reçu en retour avec la même authenticité.

Inversement 90% des singles viennent d’une intime conviction, je sens dans mes tripes qu’un titre va fonctionner et embarquer les gens sur son chemin. La musique c’est des émotions que j’essaye de faire passer par ma voix, mes mélodies.

 

Myles Kennedy

Myles Kennedy

 

Et tu y arrives très bien. Ta voix a cette force et cette fragilité qui embarque les gens dans un voyage émotionnel. C’est un coup de poing dans la figure ou un gentille caresse qui dit que tout va bien se passer. On parlait de Chris Cornell tout à l’heure et je trouve que tu as cette même qualité émotionnelle dans la voix qu’il possédait. Le pouvoir de faire ressentir une palette d’émotions tellement vaste quand on t’écoute…

Myles Kennedy : Oh merci pour tes mots, ça me touche énormément, Chris Cornell était un modèle pour moi. Cette intensité qu’il avait dans la voix et cette façon qu’il avait d’émouvoir les gens ou de les inspirer, de t’emmener dans les ténèbres ou vers la lumière… sa voix m’a énormément inspiré, tout comme celle de Jeff Buckley qui pouvait aussi provoquer tellement d’émotions. Ils sont les deux artistes qui m’ont donné envie de chanter.

 

Tu as l’air d’avoir un style de vie très sain pour résister à cette vie sur les routes, je me trompe ?

Myles Kennedy : J’ai pas l’air fun c’est ça ? Hahaha ! C’est plus une discipline de vie pour donner le meilleur de moi-même sur scène qu’un manque de fun… C’est vrai qu’en tournée tu peux avoir le mal de pays, t’ennuyer ou te sentir seul, donc la tentation de prendre un truc ou un verre ou deux existe, beaucoup d’artistes sont confrontés à ça… Il m’est arrivé il y a quelques années de boire un coup pour me détendre avant de monter sur scène et on me disait « ah tu es marrant sur scène quand tu as un peu picolé » sauf que ma voix n’était pas au top et mon énergie et ma performance non plus.

J’estime que je dois tout donner sur scène au public qui vient me voir et qui a payé sa place pour assister à un concert de qualité. Sans public heureux je ne suis rien. Alors je ne fais pas n’importe quoi, et puis c’est la maturité aussi qui parle, si je veux durer je dois me préserver !

 

 

En parlant de maturité… tu trouves que les temps ont changé dans le Rock depuis l’époque de « sex, drogs and rock’nroll » des débuts ? Les excès de Motley Crue n’auraient plus court aujourd’hui…

Myles Kennedy : Oui, les temps ont changé. L’industrie de la musique et le rock était jeune dans les 70’s et les 80’s, et certains groupes ont atteint un succès incroyable en très peu de temps. Je pense que ça fait forcément perdre tes repères quand tu te retrouves adulé et sans limites à 20 ans, tu n’as pas du tout l’expérience de vie qui te permet de faire face à une célébrité fulgurante. Le Hard Rock était un genre nouveau. Aujourd’hui c’est devenu une niche et la plupart des groupes essayent déjà de vivre de la musique sans avoir besoin d’un deuxième job.

La célébrité n’est pas quelque chose qui est un objectif aujourd’hui car on sait la difficulté de durer dans ce métier, on est surtout reconnaissants de pouvoir faire de la musique et d’avoir une fanbase fidèle qui nous suit, qui nous respecte et nous permet de continuer. Et le public doit être respecté en retour. Aucun groupe ne peut réellement penser faire carrière dans la musique aujourd’hui en se défonçant et en faisant n’importe quoi avec les fans. Ou peut-être qu’ils sont fatigués d’être en gueule de bois ahaha !

 

Le titre de ton album « The Art Of Letting Go” (qu’on pourrait traduire par « l’Art de savoir relativiser » en français) , c’est une affirmation qui parle de ta philosophie de vie ?

Myles Kennedy : Oui, tout à fait. C’est une phrase pour me souvenir de ce que je ne dois pas oublier d’appliquer à ma propre vie. J’apprends avec le temps à ne plus essayer de faire les choses en force et à relativiser. J’ai longtemps pensé que je devais foncer dans les murs jusqu’à ce que le mur tombe pour atteindre mes objectifs.

Aujourd’hui je veux saisir les opportunités et à profiter de la vie qui s’offre à moi pendant que je peux encore le faire. Je veux donner le meilleur de moi-même pour ne rien regretter quand cela s’arrêtera un jour. Je veux que la gratitude soit mon attitude principale et ma philosophie de vie. Être reconnaissant de ce que je vis, de pouvoir m’exprimer, chanter, et rendre des gens heureux en le faisant !

 

Et c’est une très belle philosophie de vie ! Je te remercie de l’avoir partagée avec moi. Merci pour ton temps et tes mots et rendez-vous le 23 Novembre prochain pour te voir sur scène !

Myles Kennedy : C’était un grand plaisir de discuter avec toi et de repartir dans mes souvenirs ! Merci pour cet échange et tes paroles ! On se voit au Cabaret Sauvage sans faute !

 

Une interview de Caro @Zi.only.Caro

 

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The Art Of Letting Go est déjà disponible partout.

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Retrouvez Myles Kennedy sur scène au Cabaret Sauvage le 23 Novembre à Paris pour une date unique en France !

Suivez Myles Kennedy pour ne rien louper de son actualité :

Instagram : @officialmyleskennedy

Web : www.myleskennedy.com

 

 

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