On ne va pas se mentir : dehors, c’est le chaos. On a de plus en plus envie de s’enfermer, casque vissé sur les oreilles, pour oublier le bordel ambiant. Et puis tu croises un artiste comme Romain Axisa, solaire, généreux, qui ne cherche qu’à kiffer sa life et à transmettre ce kiff. Le genre de mec tellement aligné qu’il ouvre les cœurs sans forcer. Et là, tu te dis que la musique, ouais, elle peut vraiment sauver le monde.

Romain Axisa, le génie français de Brighton
En juin, au tout début de l’été, on a papoté en visio avec Romain Axisa, depuis son Brighton d’adoption. Derrière son merveilleux sourire, on découvrait un artiste français qui fait salle comble en Angleterre, explose sur les réseaux depuis un bon moment, mais dont le nom reste presque inconnu ici. Une belle occasion de lever le voile sur ce musicien authentique, d’une gentillesse infinie, et plus que jamais prêt à conquérir le public français.
RockSound (Sandrine) : Salut Romain, je suis vraiment ravie de te parler aujourd’hui ! À la rédaction on a vu passer une de tes performances sur Insta et en fait, quand on a regardé les centaines de milliers de personnes qui te suivaient sur les réseaux, et le peu d’infos qu’on a en France à ton sujet on s’est dit mais c’est pas possible ! Un mec aussi talentueux paraît très peu connu en France alors qu’il est français. C’est dingue !
Romain Axisa : Salut Sandrine merci beaucoup pour cet échange, tu as raison je crois que la plupart des gens qui me suivent ne savent pas que je suis français en effet !
RockSound : Depuis combien de temps vis-tu en Angleterre ?
Romain Axisa : Ça fait 10 ans quasiment. Ça commence à dater ! C’est pour ça aussi que mon français est de moins en moins bon alors je m’excuse si je cherche mes mots (rires).
RockSound : Aucun soucis ! Alors dis-nous tout, qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Romain Axisa : Je suis né à côté de Paris en 1995. J’ai grandi en France, dans le Tarn, pas loin de Toulouse. Et puis il y a 10 ans, Je tournais un peu en rond musicalement. J’avais envie de jouer dans un groupe de rock anglais. Du coup, j’ai pris ma guitare, un sac de vêtements et quelques pièces en poches. J’ai pris un billet d’avion et je suis venu en Angleterre. Je ne parlais pas du tout la langue. Je ne comprenais pas un mot d’anglais. Mais j’ai décidé de tenter ma chance. Je suis venu ici. J’ai pris une chambre. J’ai commencé à jouer dans la rue. Ça a été mon introduction à la musique anglaise.
RockSound : Ah oui incroyable !
Romain Axisa : En fait, j’ai eu un peu de chance. Quand j’étais en France, j’avais du mal à trouver un chemin musical. Et puis, la personne avec qui je travaillais à ce moment-là était amie avec le producteur de Louis Bertignac, elle m’a mis en relation et j’ai écrit trois chansons pour lui sur un album qu’il a sorti. L’album c’était Suis-moi », c’était il y a une dizaine d’années. Grâce à cela, j’ai pu m’acheter un billet d’avion et je suis parti en Angleterre.
RockSound : D’après ce que j’ai lu dans le peu d’infos que l’on trouve à ton sujet, tu fais de la musique depuis tout jeune, et tu as fait du rap ! Est-ce que c’est vrai ?
Romain Axisa : Oui c’est vrai ! Je fais de la musique depuis que j’ai 12 ans, et j’ai fait du rap entre mes 15 et 19 ans, on avait un groupe qui avait son petit succès local ! Et puis je me suis lassé du milieu, j’avais envie de jouer de la guitare, des instruments. Alors j’ai décidé d’arrêter le rap et de reprendre la guitare, que j’avais mis de côté pendant 4 ans.
RockSound : Le fait d’avoir écrit pour Louis Bertignac t’a donné confiance pour continuer ?
Romain Axisa : Absolument, ça m’a donné pas mal d’espoir, ça m’a fait croire en moi. Je suis parti en Angleterre, ce qui m’a attiré c’est qu’il y a vraiment une forte culture de ce qu’on appelle le busking. Ce sont les gens qui jouent dans la rue. J’ai commencé à le faire tout seul et puis j’ai rencontré deux de mes copains, Goran et Ren. On a formé un groupe qui s’appelle The Big Push, on a posté des vidéos sur YouTube de nos performances dans la rue.
Et ça a commencé à exploser sur les réseaux. Je crois que maintenant notre compte YouTube a plus de 120 millions de vues. Grâce à ça on a pu faire des tournées en Angleterre qui étaient toutes sold-out. On a réussi à vendre tous les tickets de la plus grosse salle ici qui s’appelle le Brighton Dome (2000 places), c’est un endroit assez spectaculaire. Il y a eu beaucoup de grands artistes qui se sont produits là, David Bowie par exemple.

Romain Axisa, le génie français de Brighton
Rock Sound : quelle ascension fulgurante !
Romain Axisa : Oui c’était incroyable ! Et puis il y a environ 3 ans on a décidé de faire une pause parce qu’on avait tous envie de projets solos. Le plus étonnant, c’est que depuis qu’on a fait une pause ces trois dernières années, notre fanbase s’est élargie complètement, les gens ont commencé à partager des vidéos sur TikTok et YouTube, et on est passé de… peut-être 200 mille personnes sur YouTube, a un demi-million maintenant.
RockSound : ah oui c’est dingue ! Comment tu expliques cela ?
Romain Axisa : Je ne sais pas, peut-être ce phénomène lorsque les gens veulent quelque chose auquel ils n’ont plus accès et bien ça crée le manque…
RockSound : Oui clairement ! Revenons à ton départ pour l’Angleterre, précisément pour Brighton, qu’est-ce qui t’a attiré dans cette ville ?
Romain Axisa : Je ne sais pas trop, j’y suis allé en voyage scolaire à 15 ans et ça m’avait vraiment plu. Tout le monde allait à Londres et j’avais envie de ne pas faire comme tout le monde ! (rires). Plus sérieusement, ce qui m’a tout de suite plu, c’est cette atmosphère bohème qui me correspond vraiment. Je suis arrivé sans plans, j’ai trouvé une chambre chez quelqu’un, je n’avais pas besoin de signer quoi que ce soit, tout fonctionnait à la confiance. Ça c’est resté ancré, et c’est comme ça que j’ai décidé de ne pas tenter d’avoir un boulot, et de tout de suite jouer dans la rue et voir comment ça allait marcher.
Rock Sound : Je vois, est-ce que tu as galéré au début, notamment pour « boucler tes fins de mois » comme on dit ?
Romain Axisa : En fait, l’argent n’était pas la plus grosse galère pour moi, c’était plutôt la langue, je ne parlais pas un mot d’anglais ! Et mon objectif c’était d’écrire en anglais. Du coup, il fallait que j’atteigne un excellent niveau pour essayer d’écrire des bonnes chansons, alors j’ai commencé à lire beaucoup. J’allais à la bibliothèque, il y avait des groupes de lecture et je m’asseyais à côté, j’essayais d’écouter ce qu’ils racontaient. Les six premiers mois j’étais quand même souvent terrifié, et assez déprimé parce que je n’avais personne à qui parler. Et ensuite, ça s’est un peu arrangé quand j’ai commencé à rencontrer des gens.
RockSound : J’imagine que tu as été aussi dans les endroits où l’on joue de la musique ?
Romain Axisa : Tout à fait, quand je suis venu ici je ne jouais pas vraiment de ce qu’on appelle la lead guitar, des guitares solos, je jouais plutôt de la guitare acoustique. Mais je me suis rendu compte que si je faisais de la guitare électrique je pourrai faire des connaissances sans avoir à parler beaucoup ! C’est comme ça que j’ai commencé à jouer de la guitare électrique, pour pouvoir jouer avec des groupes qui en avaient besoin et nouer des liens.
RockSound : Tu as commencé à jouer tout de suite dans la rue ? Comment est-ce que tu as rencontré tes deux amis de The Big Push ?
Romain Axisa : Oui j’ai joué tout de suite dans la rue, je jouais seul et puis j’ai rencontré Goran et Ren comme ça. On a commencé à jouer ensemble, sans vraiment penser qu’on ferait un groupe. On jouait pour 10 ou 20 personnes, et ensuite 100, 200 personnes venaient nous voir. Alors on s’est dit, bon, peut-être qu’il faudrait qu’on fasse un groupe en fait.
RockSound : Tu me disais que vous aviez fait une pause ces trois dernières années, tu t’es donc lancé en solo…
Romain Axisa : Oui depuis ces trois dernières années je me suis concentré sur ma musique solo et j’ai sorti deux albums. Mon premier en 2023 et le second cette année. J’ai également sorti un album de guitare en 2024, et là je suis en train de travailler sur mon troisième album.
RockSound : Parle-moi du processus justement pour ces albums, comment tu les as enregistrés ?
Romain Axisa : Je les ai fait tout seul pour la majorité, je suis complètement indépendant. De l’écriture jusqu’à l’enregistrement, la production, je finance tout moi-même, grâce notamment au succès que le groupe a eu. Pour le premier album, j’étais tout seul, je l’ai mixé, je l’ai produit tout seul dans ma chambre. Le dernier album que j’ai sorti cette année, j’avais un peu plus de moyens, du coup je l’ai créé, j’ai travaillé avec quelqu’un aux Etats-Unis qui s’appelle Mark Daniel Nelson, qui est un très bon ingénieur du son.
Et pour l’album sur lequel je travaille en ce moment, je suis accompagné de deux producteurs qui vivent à côté de Londres. La production se fait à moitié dans leur studio, et à moitié ici. Je continue de faire beaucoup de choses chez moi parce que c’est un environnement de travail qui me plaît.
RockSound : Est-ce que tu as fait des lives, tu as tourné en solo ?
Romain Axisa : J’ai fait des concerts, surtout locaux, qui étaient tous sold-out aussi, c’était super. Sur ces albums, il y a des morceaux qui ont vraiment bien marché. J’en ai deux qui sont à quasiment 2 millions de streams sur Spotify, ce qui est extraordinaire.
RockSound : Et en parallèle est-ce que tu continues à jouer dans la rue du coup ?
Romain Axisa : Je joue toujours un peu dans la rue, mais pas autant qu’avant. Par exemple je ne joue plus, disons, dans un élan d’essayer de payer mon loyer. Maintenant c’est par pur plaisir parce que j’ai des copains qui m’appellent et on va se faire une journée comme ça où l’on est 7 ou 8, c’est vraiment un truc chouette.

Romain Axisa
RockSound : Tu as réussi à conquérir un public fidèle, évidemment au Royaume-Uni, mais est-ce que tu as aussi des gens qui te suivent outre-Atlantique par exemple ? parles nous un peu de ton public à travers le monde…
Romain Axisa : Oui tout à fait, je pense que ma plus grosse communauté est aux Etats-Unis en fait !
Rock Sound : Ah oui c’est fou !
Romain Axisa : C’est assez intéressant, forcément grâce à la possibilité infinie d’internet, il y a une grosse communauté qui s’est créée là-bas. Et puis en France aussi je pense. Ce qui est marrant c’est qu’en France j’ai une grosse communauté de fans à Paris mais la plupart ne savent même pas que je suis français !
RockSound : Oui j’imagine ! Et tu as déjà joué ici à Paris, en solo ou avec The Big Push?
Romain Axisa : Oui, j’ai joué ici en solo l’an dernier. J’ai fait un concert avec le groupe Sofa. Et là je suis en train de planifier un concert à Paris où j’aimerais bien venir jouer.
RockSound : Super ! Tu as déjà des dates ou des lieux potentiels ?
Romain Axisa : Ca se construit tranquillement, sûrement à l’automne. Sur mon premier album il y avait une chanson en français et j’aimerai continuer d’écrire des morceaux en français, me rapprocher de Paris et peut-être travailler avec des artistes français. Il y a des artistes que j’aime beaucoup, par exemple une fille qui s’appelle Augusta que j’écoute qui est vraiment chouette.
RockSound : As-tu d’autres noms comme ça, d’artistes qui te plaisent, que tu as découvert ou avec qui tu voudrais jouer ?
Romain Axisa : En ce moment j’écoute un super groupe qui s’appelle Red Clay Strays. C’est un groupe américain que je vais d’ailleurs aller voir en novembre. Et puis sinon, j’écoute beaucoup de classiques en fait, Bob Dylan au top de ma liste.
RockSound : Concernant The Big Push, tu penses que vous vous retrouverez à un moment ?
Romain Axisa : Oui absolument ! Cet été justement, on va se retrouver avec le groupe. On va enregistrer notre premier album qui devrait se terminer en septembre.
RockSound : Ah oui ? Excellente nouvelle !
Romain Axisa : Oui c’était une pause. On ne savait pas trop ce que c’était au moment où on s’est arrêté, et puis on est restés en contact et l’an prochain, on a décidé de faire une grosse tournée en Angleterre avec The Big Push parce que le public est en demande, et on est bien heureux de se retrouver mine de rien. Ce sera notre premier album. En parallèle, je continue toujours mes projets solos parce que je suis lancé et j’adore ça, j’ai toujours pleins d’idées.
RockSound : Une belle période s’annonce alors, autant en solo avec ton troisième album à venir et une venue à Paris, qu’avec ton groupe The Big Push et la sortie de votre premier album ainsi qu’une tournée, on te souhaite beaucoup de succès c’était un réel plaisir d’avoir discuté avec toi, merci pour tout !
Romain Axisa : Merci à toi et à Rock Sound !