Il y a des voix qui percent le bruit… qui résonnent longtemps après la dernière note. Cobi chante comme on respire quand les souvenirs pèsent plus lourd que le présent… quand on a trop aimé, trop perdu, trop espéré. Sa voix cassée palpite entre puissance et vulnérabilité : elle groove, elle caresse, elle rugit. On y entend la soul d’un cœur qui bat fort, le rock d’une rage douce… les silences habités.
Guitariste instinctif, Cobi ne joue pas seulement des accords : il sculpte le son, habite les mélodies, façonne chaque note comme une confession. Chaque corde devient une route, chaque riff un souvenir. À travers ses chansons, Cobi ne cherche pas la perfection… il cherche la vérité. Rencontre avec un artiste qui fait vibrer chaque silence.

Cobi à cœur ouvert
Quelques instants avant d’embraser le New Morning en solo, Cobi m’offre un moment suspendu, à l’abri des projecteurs. L’électricité plane, la scène l’attend… mais avant ça, place aux confidences, entre mémoire musicale et désir de lumière. Une chose est sûre… Cobi ne chante pas. Il brûle.
Rock Sound : Comment vas-tu, Cobi ? Tu arrives d’Allemagne, si je ne me trompe pas ?
Cobi : Oui, je viens de terminer deux concerts là-bas. C’était la première fois que je jouais en Allemagne. Une belle énergie : chaque public est différent, et là, j’ai senti une vraie écoute.
Rock Sound : Tu te produis souvent en Europe ces derniers temps ?
Cobi : Depuis 2022, oui. J’ai commencé à faire des tournées ici et là, et chaque passage me donne envie de revenir. On découvre des paysages, mais aussi des sensibilités musicales propres à chaque pays.
Rock Sound : Je t’ai découvert sur Instagram pendant le confinement en 2020. L’algorithme m’a glissé ta voix sur mon fil… et j’ai accroché tout de suite.
Cobi : C’est fou comme la musique voyage aujourd’hui. Des fois, une chanson part sans qu’on sache où elle va… et elle trouve sa route. C’est beau de penser que ça puisse toucher quelqu’un dans une période comme celle-là.
Rock Sound : Y a-t-il un album qui a tout déclenché pour toi ? Une révélation musicale dans l’enfance ?
Cobi : J’ai beaucoup écouté Kaya de Bob Marley quand j’étais petit. Je l’avais en vinyle. Ce disque a quelque chose de solaire, de doux et profond à la fois. Mais il n’y a pas eu une seule révélation : c’était plutôt une pluie d’influences. Hendrix, Nirvana, Stevie Ray Vaughan, la scène des 90s… Ça vibrait dans tous les sens, et moi, j’absorbais tout ça.
Rock Sound : Tu avais des posters accrochés dans ta chambre ?
Cobi : Complètement. Jimi Hendrix, Jimmy Page, Tool, Led Zeppelin… Mon mur ressemblait à une cartographie du rock. Et ce n’est pas juste l’image : c’était une façon de m’imprégner de ces artistes, de leur énergie.
Rock Sound : Le chant t’est venu naturellement ou c’est la guitare qui a eu la priorité ?
Cobi : Je chantais beaucoup enfant. Pas pour devenir chanteur, mais parce que ça sortait. Je fredonnais, j’inventais des mélodies. Ma tête était pleine de sons. Et puis la guitare a pris le relais : elle offrait une autre forme d’expression, plus physique, plus structurée. Mais ce que j’ai toujours cherché, c’est le lien entre les deux : cette conversation entre la voix et les cordes.
Rock Sound : Tu te souviens de ta première guitare ?
Cobi : Oui, celle de ma mère. Une Yamaha acoustique qui dormait dans un placard. Elle la sortait parfois pour jouer et chanter. Je me rappelle de l’odeur du bois, de la sensation des cordes. C’est mon premier souvenir musical concret. Plus tard, j’ai acheté la mienne, mais cette guitare-là restera spéciale.
Rock Sound : Tu as appris tout seul ?
Cobi : Oui, je suis autodidacte. Mon frère l’est aussi. On passait des heures à se montrer des trucs, à imiter nos héros, puis à inventer les nôtres. C’était à la fois un jeu et une quête… celle de notre propre son.
Rock Sound : Tu as grandi au Minnesota. Tu en as gardé un son ?
Cobi : Oui. Le Minnesota, c’est Dylan, c’est Prince… Il y a une tradition musicale profonde là-bas. Mais j’ai eu besoin de sortir, alors j’ai étudié à Boston, j’ai monté des groupes, des projets. Et aujourd’hui, je vis à Los Angeles.
Rock Sound : Tes débuts dans la musique sont dignes d’un roman… tu as commencé très tôt à jouer et à te produire devant un public !
Cobi : Oui, c’est vrai. J’ai grandi avec une guitare à la main, grâce à ma mère qui était guitariste et chanteuse. Mon enfance a été bercée par la musique. J’ai rapidement été considéré comme un petit prodige du Blues, et avant même d’avoir l’âge de conduire, je me produisais dans les bars du Minnesota. Dès que j’ai pû, j’ai pris la route pour parcourir les Etats-Unis avec ma guitare dans toutes les salles de concert et les bars qui voulaient bien m’accueillir…
Rock Sound : Ton style intègre rock, folk, blues… tu aimes te laisser porter par l’émotion où que cela t’emmène sans te soucier des genres ?
Cobi : Oui, ma musique est une fusion émotionnelle de plusieurs genres : rock, blues, folk, R&B, le tout enveloppé de guitares psychédéliques et d’une production moderne, en tout cas qui me parle… Je dis souvent qu’il faut écouter avec un cœur ouvert et ne pas chercher pas à tout analyser ou mettre dans une case.
Rock Sound : Tu m’as dit écouter énormément de choses différentes… et aussi du métal ?
Cobi : Oui, mais ce que je préfère souvent, ce sont les origines du genre : Black Sabbath, par exemple. Ces groupes ont façonné les bases du métal. Et derrière tout ça, il y a le blues. En fait, tout vient du blues. Même Pantera que j’écoute parfois… Le point commun, c’est la sincérité du son.
Rock Sound : Quel a été ton premier concert comme spectateur ?
Cobi : MC Hammer. C’était dans les années 90, j’étais jeune. Les pantalons baggy, les chorés… aha, ne rie pas, c’était l’époque ! Mais le vrai déclencheur, c’est le Bayfront Blues Festival. Ma mère m’y emmenait chaque année. J’y ai vu Buddy Guy, Jimmy Vaughan, Dr. John… Ces performances m’ont bouleversé. Je regardais la scène et je me disais : « Je veux être là-haut. »
Rock Sound : Ta voix évoque celle de Jeff Buckley pour moi. Elle est rugueuse, pleine de tension, mais aussi fragile et emplie de douce. Tu ressens ça ?
Cobi : Oui, je comprends ce parallèle. Je l’ai entendu plusieurs fois. Ma voix porte cette dualité : force et vulnérabilité. Je ne la contrôle pas, elle me traverse. Cela vient peut-être aussi d’une certaine ressemblance physique… les cheveux longs, la guitare et la sensibilité… Je n’ai jamais cherché à lui ressembler en réalité, mais je le prends comme un compliment car c’était un grand musicien et un vocaliste hors pair. Il a inspiré tellement d’artistes…

Cobi
Rock Sound : Quand tu composes, ce sont les mots ou la mélodie qui viennent en premier ?
Cobi : Toujours la mélodie. C’est elle qui m’ouvre une porte. Ensuite viennent les mots, qui s’accrochent à la structure. Parfois les deux arrivent en même temps, mais le cœur, c’est la vibration initiale.
Rock Sound : Et l’inspiration, comment se manifeste-t-elle ?
Cobi : C’est variable. Des fois, ça surgit sans prévenir. Je me réveille avec une mélodie dans la tête. Mais surtout, je me rends disponible. Je suis là, prêt à capter ce qui passe. Souvent, une idée m’arrive comme un concept, un fragment, une forme floue que je nourris avec mon expérience. Chaque chanson vient d’une forme de douleur qui s’est consumée. Certaines sont autobiographiques, tandis que d’autres sont plus imaginatives, mais toutes portent des niveaux de sens que chacun peut interpréter à sa façon.
Rock Sound : Quelle est ta guitare fétiche ?
Cobi : Sans hésitation la Stratocaster. Elle est mythique, et elle correspond bien à mon jeu électrique. Mais en solo, je privilégie l’acoustique. Elle donne plus de corps au son. Avec mes pédales, je peux la transformer, créer des textures proches de l’électrique. Ce que je ne peux pas faire dans l’autre sens.
Rock Sound : Tu es seul sur scène ce soir ?
Cobi : Oui. J’aime cette configuration. Mais je joue aussi en groupe parfois. Ce soir, l’acoustique me permet d’être libre et d’explorer. J’aime les performances solo — je peux adapter, ressentir, improviser selon le moment. Ma set list change tout le temps selon l’envie… je n’ai pas de chanson préférée. Ça évolue sans cesse. Ce que j’aime aujourd’hui peut changer demain.

Cobi photographié par Caro
Rock Sound : Tu étais sur Taratata. Quelle expérience ! Raconte-moi un peu…
Cobi : C’était un moment fort. Cette émission donne du vrai temps aux artistes… pour jouer, pour parler. J’y ai repris Heart Shaped Box de Nirvana, à ma façon. C’était intense. Cela m’a apporté une belle notoriété en France, de nombreuses personnes me suivent et m’ont contacté après ce passage dans Taratata et si la salle est pleine ce soir, c’est grâce à ça !
Rock Sound : 2025 est une année charnière pour toi…
Cobi : Oui, c’est vrai. Je tourne beaucoup en Europe depuis 2022. J’ai fait beaucoup de premières parties comme celles de James Blunt, Fantastic Negrito, Imelda May et Sixun… et puis Taratata et la France qui m’accueille si bien ! J’espère que c’est le début d’une longue amitié entre l’Europe et moi !
Rock Sound : Je te le souhaite ! Tu es au New Morning et c’est là qu’Ayron Jones a commencé à Paris il y a presque 4 ans. Cela lui a porté chance !
Cobi : Oh je ne savais pas qu’il avait débuté ici à Paris ! C’est un super guitariste et chanteur… je connais bien sa musique ! J’espère que le New Morning me portera chance aussi !
Rock Sound : Quels sont tes projets pour cet été ?
Cobi : Des festivals, des concerts, retour aux États-Unis, puis Europe en juillet avec le festival de Montreux notamment. Ça s’annonce bien…
Rock Sound : Une scène rêvée ?
Cobi : Red Rocks, au Colorado. Un lieu mythique. Mais je ne cours pas après une destination. Ce qui m’importe, c’est le chemin.
Rock Sound : Et ton mot de la fin, comme on dit chez nous… quel est-il ?
Cobi : Profitez. Parce que rien ne dure éternellement.

Cobi et Caro au New Morning
Une interview de Caro @Zi.only.Caro
Retrouvez Cobi sur Instagram pour suivre ses actualités et dates de concert @cobimusic