Faith No More, 30 ans de chaos pour King For A Day… et un doc exclusif !

Par La Rédaction
Publié le 25 mars 2025

Faith No More sort King For A Day, Fool For A Lifetime et fout le feu à la baraque. Trente ans plus tard, l’album n’a rien perdu de sa folie douce et de son ADN mutant. Il continue de déranger les puristes, de ravir les iconoclastes et de foutre en PLS toute tentative de classification musicale.

Mais cette année, en plus des bougies, Faith No More balance un documentaire exclusif, disponible sur leur chaîne officielle, comme un cadeau empoisonné pour les fans (et les curieux). Le film revient, images inédites et archives cradingues à l’appui, sur l’enregistrement bordélique de l’album, les tensions internes, les expérimentations borderline et l’état d’esprit d’un groupe au bord du gouffre… mais plus vivant que jamais.

 

Faith No More - King For A Day

Faith No More – King For A Day

 

Contexte de l’album King For A Day, Fool For A Lifetime

 

Changements au sein de Faith No More

Après le succès retentissant d’Angel Dust en 1992, Faith No More traverse une période de transition. Le guitariste emblématique Jim Martin quitte le groupe, invoquant des divergences musicales. Pour le remplacer, Faith No More fait appel à Trey Spruance, connu pour son travail avec Mr. Bungle, autre projet du chanteur Mike Patton. Ce changement apporte une nouvelle dynamique au groupe et ouvre la voie à des explorations sonores inédites.

Enregistrement et production

Loin de leur Californie natale, Faith No More s’installe à Woodstock, New York, pour enregistrer cet album. Sous la direction du producteur Andy Wallace, reconnu pour son travail avec Nirvana et Slayer, Faith No More s’engage dans une aventure musicale audacieuse. L’isolement du studio favorise une immersion totale, propice à une créativité sans limites.

Analyse des chansons de King For A Day, Fool For A Lifetime…

 

Expérimentations musicales

King For A Day, Fool For A Lifetime est un véritable kaléidoscope sonore. Chaque piste explore un univers différent, démontrant la versatilité et l’audace du groupe.

Faith No More - King For A Day

Faith No More – King For A Day

 

Thématiques abordées

Les paroles de Mike Patton naviguent entre cynisme, introspection et satire sociale. Des morceaux comme « The Gentle Art of Making Enemies » ou « Cuckoo for Caca » témoignent de sa capacité à jongler entre humour noir et critique acerbe, offrant une profondeur supplémentaire à l’ensemble.

 

Réception critique et héritage

 

Accueil à la sortie

À sa sortie, l’album a reçu un accueil mitigé. Certains critiques ont salué l’audace et l’éclectisme du groupe, tandis que d’autres ont été déconcertés par la diversité des styles musicaux explorés. Cependant, avec le temps, King For A Day, Fool For A Lifetime a été réévalué et est désormais considéré comme une œuvre majeure de Faith No More.

Impact sur la scène musicale

King For A Day, Fool For A Lifetime n’a pas simplement repoussé les limites musicales, il a redéfini les contours de ce que pouvait être un album rock en 1995. À une époque où les radios se nourrissaient jusqu’à la nausée de grunge édulcoré, Faith No More a lancé un doigt d’honneur élégant et polyphonique au formatage.

Cet album a influencé une ribambelle de musiciens, des plus évidents aux plus inattendus. System of a Down, Deftones, Incubus, tous ont repris le flambeau de cette fusion sans frontières. Le mélange des genres n’était plus une fantaisie de marginaux, mais une revendication esthétique, un manifeste musical. On peut dire sans trembler qu’avec cet album, Faith No More a fait tomber la cloison entre la salle de jazz enfumée et la fosse du Hellfest.

Et puis, il y a Mike Patton, l’homme aux mille voix. Sur King For A Day, il passe du crooner classieux au psychopathe bavard en un clin d’œil. C’est un acteur de l’extrême, une espèce de Marlon Brando du micro, capable de transformer chaque morceau en scène tragico-comique. C’est lui qui donne à l’album ce grain de folie, ce supplément d’âme déjantée qui en fait un ovni inimitable.

Du côté des fans, l’album a longtemps divisé. Les puristes de la première heure ont parfois grincé des dents devant la disparition des claviers en première ligne, remplacés par une guitare plus lourde, plus frontale. Mais pour d’autres, ce virage rock assumé a révélé la véritable nature protéiforme du groupe.

Avec le recul, cet album a vieilli comme un bon whisky japonais : étrange au premier abord, mais envoûtant à la longue. Il est aujourd’hui enseigné dans les écoles de musique comme une leçon de composition audacieuse, de production intelligente, et surtout d’un anti-conformisme salutaire.

 

Faith No More - King For A Day

Faith No More – King For A Day

Tableau – Les morceaux clés de l’album et leur style dominant

Titre Durée Style dominant Particularité
Get Out 2:17 Punk rock Explosion d’entrée, court et direct
Ricochet 4:28 Alternative rock Refrain mémorable, introspection
Evidence 4:53 Jazz-funk Ambiance sensuelle, groove suave
The Gentle Art of Making Enemies 3:28 Hard rock Satire acerbe, riffs mordants
Star A.D. 3:23 Jazz expérimental Cuivres, ambiance lounge décalée
Cuckoo for Caca 3:41 Noise metal Hystérie sonore, chaos organisé
Caralho Voador 4:01 Bossa nova/rock Ambiance détendue, paroles mystérieuses
Ugly in the Morning 3:06 Grunge déstructuré Rythme bancal, tension sourde
Digging the Grave 3:04 Rock alternatif Hymne punchy, très efficace en live
Take This Bottle 4:59 Ballade country-rock Mélancolie liquoreuse
King for a Day 6:35 Rock progressif Montée dramatique, émotion brute
What a Day 2:37 Post-hardcore Rapide, nerveux, direct
The Last to Know 4:27 Rock sombre Tension dramatique, ambiance nocturne
Just a Man 5:53 Soul/gospel rock Final magistral, explosion émotionnelle

Conclusion

King For A Day, Fool For A Lifetime, c’est plus qu’un album. C’est une prise de risque, une œuvre d’art bordélique et géniale, une déclaration de guerre à la médiocrité sonore. Faith No More n’a jamais cherché à plaire, mais à surprendre — et sur ce disque, ils nous prennent par la main, nous collent un coup de pied au cul, puis nous offrent un verre de vin en riant.

Trente ans plus tard, cet album est toujours aussi vibrant, imprévisible, vivant. Il a posé les bases d’une génération de musiciens hybrides, et surtout, il nous rappelle que la musique, la vraie, c’est celle qui ose tout.

FAQ – Tout ce que vous ignoriez (et allez adorer) sur King For A Day, Fool For A Lifetime

 

1. Quelle est la signification de King For A Day, Fool For A Lifetime ?

King For A Day, Fool For A Lifetime, c’est la quintessence du sarcasme à la Faith No More. Le titre évoque la fugacité de la gloire et la médiocrité durable qui peut suivre. Un jour, on est acclamé, le lendemain, on est un abruti qu’on a oublié. Ce titre aurait été trouvé durant une jam session entre deux verres, adopté sans débat, car il encapsule la désillusion rock post-grunge des 90s. Mike Patton aimait sa résonance biblique et nihiliste. Poétique et brutal, comme le disque.

2. Pourquoi l’album est-il perçu comme un patchwork stylistique ?

Parce que Faith No More a fait péter les cloisons. L’album alterne punk hargneux, bossa nova, jazz, metal industriel et même soul/gospel. Chaque morceau est une expérience sonore à part entière. Ils ont enregistré à Bearsville Studios, dans une ambiance quasi-mystique, avec peu de retouches numériques. Tout est joué live, sur bande analogique. Le producteur Andy Wallace (Nirvana, Slayer) a gardé les prises brutes, imparfaites mais puissantes. Résultat : un Frankenstein musical cohérent dans son incohérence.

3. Quelle est l’histoire derrière le morceau « Evidence » ?

« EVIDENCE », c’est l’OVNI smooth de l’album. Mike Patton voulait quelque chose à mi-chemin entre Isaac Hayes et Barry White sous Lexomil. Claviers Rhodes vintage, batterie feutrée, groove jazz-funk.
Fait amusant : Patton insistait pour chanter dans une lumière tamisée, verre de vin rouge à la main, pour rester dans l’ambiance “crooner trash”. Le solo de guitare ? Improvisé en une seule prise par Trey Spruance, sans overdub. C’est du luxe brut.

4. Pourquoi Trey Spruance n’a-t-il pas tourné avec le groupe ?

Spruance était un invité de luxe, pas un membre à long terme. Il a refusé de partir en tournée, invoquant l’angoisse des tournées rock. Certains murmurent qu’il ne collait pas à l’énergie scénique de Faith No More. Résultat : c’est Dean Menta, leur tech guitare (!), qui le remplace en live. Il apprend tout le set en 15 jours. Rock’n’roll pur jus.

5. Comment l’album a-t-il été reçu à sa sortie ?

Mitraillage en règle. En 1995, la critique ne savait pas sur quel pied danser. Rolling Stone a parlé d’un « patchwork incohérent », NME a salué l’audace mais s’est demandé si ce n’était pas « l’album d’un groupe en pleine crise d’identité ». Les fans, eux, ont été tout aussi divisés. Ceux qui venaient pour les gros riffs à la « Epic » étaient perdus.

Ceux qui aimaient la versatilité étaient aux anges. Avec le temps, tout le monde s’est ravisé. Aujourd’hui, l’album est classé dans des tas de tops « injustement sous-estimés » et cité comme une influence majeure par une flopée de groupes post-2000. Aujourd’hui il  est rétrospectivement vénéré, cité par Deftones, Mastodon ou Incubus comme un manifeste du “on s’en fout des étiquettes”.

6. Quel est le morceau le plus technique de l’album ?

« Just a Man ». Un titre épique, complexe et émouvant.
Il mélange rock progressif, gospel et soul. Signature rythmique instable, modulations harmoniques, cuivres live, chœurs gospel enregistrés dans un vieux théâtre new-yorkais… C’est un morceau d’orfèvre qui clôt l’album en apothéose.
Mike Patton y dégaine son registre lyrique, en mode prêcheur halluciné.

7. Quels équipements ont été utilisés pendant l’enregistrement ?

  • Table SSL 4000 G-Series pour le mix : punch naturel

  • Batterie captée en analogique, micros Neumann vintage

  • Amplis Mesa/Boogie en stéréo pour la guitare

  • Shure SM7B pour les cris, Neumann U87 pour les parties douces

  • Patton enregistrait parfois en frappant son torse pour amplifier la résonance de certaines phrases.
    Andy Wallace mixait « sec » : peu de reverb, beaucoup de dynamique.

8. Quelles chansons sont toujours jouées en concert ?

  • « Evidence » (adorée en Amérique du Sud)

  • « Digging the Grave », très punchy live

  • « King for a Day », parfaite pour les montées dramatiques

  • « Just a Man », parfois jouée avec chorale gospel (!)

D’autres comme « Cuckoo for Caca » ou « Ugly in the Morning » apparaissent rarement. Trop techniques. Trop déjantées. Trop Faith No More, peut-être.

9. Pourquoi Roddy Bottum est-il si peu présent sur cet album ?

Parce qu’en 1994, Roddy Bottum traverse une période noire. Perte de proches, crise d’identité, sortie du placard. Il prend du recul et se consacre à Imperial Teen. Conséquence : moins de claviers, plus de riffs. L’absence de sa touche baroque rend l’album plus sec, direct, rock.

10. Le documentaire des 30 ans est-il indispensable ?

Oui. Trois fois oui. Mis en ligne pour l’anniversaire, ce docu fouillé compile :

  • Archives inédites, prises de tête en studio,

  • Performances rares,

  • Et même des démos cracra (dont une version ska de « Get Out » – si, si).
    C’est un plongeon dans le chaos créatif, le bordel organisé et le génie instinctif du groupe. Pour les fans, c’est un trésor. Pour les novices, un électrochoc.

 

📦 Le Saviez-Vous ?

  • La version japonaise de l’album contient le morceau caché « Absolute Zero », un titre aussi tendu qu’un câble de funambule.

  • Mike Patton buvait du sirop pour la toux entre deux prises pour adoucir sa voix… ou juste parce que ça le faisait marrer.

  • « Take This Bottle » devait à l’origine être un duo… mais Patton voulait « chanter la rupture seul, façon Johnny Cash au fond du trou ».