Chanteuse, guitariste et auteure-compositrice, Nina Attal fusionne avec brio les styles blues, rock, soul ou même pop si le coeur lui en dit. Jeune prodige du Blues, elle se fait remarquer dès l’âge de 14 ans grâce à son jeu de guitare exceptionnel et son aisance naturelle sur scène. Avec aujourd’hui plus de 650 concerts à son actif, elle est saluée pour son énergie débordante et son talent artistique. Son nouvel album Tales of a Guitar Woman, sorti il y a peu, est une vibrante déclaration d’amour à la guitare, l’instrument qui l’inspire depuis toujours.

Nina Attal -Photo de Gilles Gauthier
Salut Nina, merci de m’accorder du temps ! Raconte-moi un peu… qu’est-ce qui t’a fait aimer la musique au tout début ? Y a-t-il une chanson en particulier qui a éveillé ton intérêt pour la guitare ?
Nina Attal : L’histoire d’amour avec la musique a toujours été là. Mes parents étaient de grands mélomanes, pas musiciens mais passionnés de Bowie, Lou Reed, les Stones… et ça m’a bercée dès l’enfance. Leur premier rendez-vous était un concert de Prince, et ma mère, enceinte de moi, continuait à aller voir Prince sur scène ! Vers 11 ans, j’ai voulu jouer d’un instrument, et la guitare s’est imposée naturellement.
Le rock était déjà gravé en moi, et pour moi, une mélodie passait forcément par la guitare. Une tradition familiale consistait à mettre la musique à fond et danser. Un jour, mon père a passé Don’t Stop Me Now de Queen, et le solo de Brian May m’a bouleversée. À partir de là, c’était décidé : je serais une rockstar et jouerais de la guitare ! Mes parents m’ont alors offert ma première guitare électrique.
Comment as-tu découvert le Blues ?
Nina Attal : C’est venu plus tard, à l’adolescence. En explorant mes « guitar heroes », j’ai remarqué qu’ils étaient tous inspirés par les racines du rock : le blues. En grandissant à Paris, j’ai eu accès aux clubs de jazz et aux scènes ouvertes, où j’ai rencontré des musiciens qui m’ont guidée et fait jouer dans les clubs.
Ce n’est pas commun, le blues, pour une toute jeune fille… Ce style musical a-t-il toujours été une évidence pour toi ?
Nina Attal : Oui, c’est vrai que c’est une musique ancienne mais le blues a inspiré le rock et de nombreux styles de musique que j’aime aussi, mais ça m’a parlé. Et j’ai fait mes preuves, à 14 ans dans les clubs, ça été une très belle expérience car j’ai été entourée de gens très bienveillants. Le blues est une musique qui a des codes assez faciles à reproduire, donc en matière de jeu de scène c’est assez accessible.
Tu as une grille d’accords, toujours la même, tu peux facilement improviser, faire des solos… et ça me plaisait. Le côté authentique, brut, instantané de cette musique. C’est ça qui m’a permis de me dévoiler et de réaliser que la scène était vraiment un endroit où je me sentais bien et à ma place.

Photo de Gilles Gauthier
Quelle a été ta première scène ?
Nina Attal : C’était au Caveau des Oubliettes, à 14 ans. Ma mère m’accompagnait. On s’était mises d’accord : j’étais trop jeune pour aller seule dans des salles qui faisaient des scènes ouvertes, alors elle venait pour me surveiller, parfois c’était le soir en semaine… et l’accord c’était que je devais être en forme le lendemain pour aller à l’école, pas question que je loupe les cours parce que j’étais fatiguée aha !
Je la remercie vraiment de m’avoir accompagnée, car c’est grâce à cela que je me suis révélée. La première fois c’était une jam blues-rock avec des musiciens pro qui m’ont accueillie à bras ouverts. Ce moment magique, l’alchimie avec les musiciens et les réactions du public, m’a fait réaliser que la musique live était mon endroit idéal.
Dans ton actualité tu es sur scène en ce moment avec d’autres artistes féminines…
Nina Attal : Oui, je développe un concept de spectacle 100 % féminin, intitulé Electric Lady Land. C’est un hommage à Jimi Hendrix avec sept musiciennes sur scène. On joue du Hendrix avec une énergie incroyable ! L’idée est que, même si ça commence par surprendre de voir des femmes sur scène, très vite on oublie, car on assure ! C’est essentiel de promouvoir la solidarité féminine dans le monde de la musique, qui reste très compétitif. Plutôt que de sombrer dans la comparaison ou la rivalité, il faut s’encourager mutuellement à créer davantage, malgré les défis sexistes que l’on peut encore rencontrer.
Tu ne trouves pas que le milieu du rock en France connaît un regain d’énergie ? Avec le Covid, les gens ont vraiment voulu retourner sur scène ou simplement créer, jouer et s’exprimer à nouveau.
Nina Attal : Absolument. Après 16 ans de tournées, on peut parfois perdre de vue pourquoi on fait tout ça. Le Covid a fait réaliser à de nombreux artistes que monter sur scène est l’un des plus beaux métiers du monde. L’énergie humaine et le souffle d’inspiration que l’on y trouve sont essentiels pour les artistes.
Les oreilles françaises sont assez bien entraînées aux sonorités folk, blues et rock sudiste. Quand je t’écoute je pense à Larkin Poe, le groupe blues-rock des soeurs Lovell. Et sur ton dernier album Tales of a Guitar Woman, tu alternes les différentes guitares, le dobro, la guitare slide, une douze cordes… la guitare est vraiment au centre de l’album !
Nina Attal : Oh merci pour la comparaison avec Larkin Poe, je suis flattée ! Oui, c’est vraiment la guitare qui est le coeur de cet album, même dans le titre ! C’est l’instrument qui m’inspire depuis toujours et c’est grâce à la guitare que je m’exprime et que je me suis trouvée artistiquement. La guitare permet de traduire tellement d’émotions, entre force et fragilité, douceur et détermination ! Passer de la slide à la 12 cordes et d’une guitare à l’autre c’est aussi une façon de me laisser guider par l’instrument et le feeling qu’il me renvoie influence le style de ce que je joue, blues, rock ou pop…
Comment ressens-tu la scène rock en France ? Le Blues est-il toujours une niche selon toi ?
Heureusement je trouve que la scène rock s’est vraiment élargie en France depuis quelques années et le Blues comme la Folk ou l’Americana ont trouvé leur place ! Il y a de super festivals de rock en France avec des programmations excellentes et variées, des journalistes et des programmateurs qui découvrent encore des artistes. Philippe Manoeuvre, par exemple, me soutient énormément. Le rock continue de vivre, souvent en résonance avec d’autres domaines comme le tatouage, la moto ou les sports auto. C’est le sujet de mon dernier clip « One way », je suis passionnée de formule 1, l’adrénaline de conduire un bolide est assez similaire à celle ressentie sur scène !
En parlant de tatouages… tu en as beaucoup sur toi ! Considères-tu tes tatouages comme un journal de bord ou un marqueur d’événements ?
Nina Attal : Beaucoup de mes tatouages sont liés à des souvenirs de voyage, à des périodes marquantes ou même à une démarche thérapeutique pour mieux accepter mon corps. Par exemple, mes vergetures étaient un complexe pour moi, mais après les avoir tatouées, je me suis sentie belle à nouveau. Il y a aussi ceux purement esthétiques, créés par des artistes dont j’admire le travail.
Comment choisis-tu les tatoueurs qui te piquent ?
Nina Attal : Parfois, je repère un artiste en fonction de son style. À Toulouse, j’ai été séduite par les chrysanthèmes colorés de Fwip. À Paris, Elena F, du salon Perdu d’Avance, m’a beaucoup tatouée avec un style rétro old school. Avec elle, il m’arrive de proposer des idées tout en la laissant interpréter dans son propre style.
Tes tatouages ont-ils un lien avec la musique ?
Nina Attal : La plupart ! J’ai des références comme Pink Floyd, Stevie Ray Vaughan (SRV), Jimi Hendrix, et Prince. Mais aussi des signes zodiacaux, des clins d’œil à ma famille et même des hommages à mes films préférés.

Nina Attal photographiée par Caro
Y a-t-il des tatouages que tu regrettes ?
Nina Attal : Aucun ! Même si certains auraient pu être mieux, je les accepte tels qu’ils sont. Pour moi, c’est un reflet de la vie : le tatouage symbolise ce qui fait partie de nous, sans chercher à effacer ou modifier.
Avec tous tes tatouages, te sens-tu plus toi-même aujourd’hui ?
Nina Attal : Absolument ! Quand je vois des photos de moi plus jeune, sans tatouage, ça me paraît étrange, presque comme si ce n’était pas moi. Les tatouages m’aident à me sentir plus à l’aise dans mon corps, en lui donnant une valeur personnelle. Chaque séance est un moment gratifiant et satisfaisant que je fais pour moi-même. Cela donne confiance et crée un sentiment de fierté.
Le nouvel album de Nina Attal « Tales of a guitar woman » est disponible depuis peu sur toutes les plateformes et en commande CD et vinyle sur son site www.ninaattal.com
Suivez Nina Attal sur Instagram @ninaattalofficial