Interview – Hangman’s Chair : « On aime les choses assez exagérées dans notre musique. »

Par Caro
Publié le 12 mars 2025

 

3 ans après A Loner, Hangman’s Chair est de retour avec un nouvel album, Saddiction, qui parle de tristesse et d’addiction, un album introspectif et très inspiré de leur parcours de vie. Et avec 20 ans d’existence au compteur, le groupe avait bien des choses à raconter… entre évolution artistique et affirmation de leur identité musicale, Julien et Cédric sont revenus pour Rock Sound sur plusieurs années de bons souvenirs où il n’était pas question de tristesse !

 

Hangmans Chair

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la musique au tout début… si on remonte à l’adolescence ?

Julien ( Hangman’s Chair ) : J’étais chez un pote je l’ai entendu faire de la guitare et je suis rentré dans sa chambre, pensant que c’était un vinyle ou un CD qu’il écoutait et j’ai été surpris de le voir jouer de la guitare, j’ai trouvé ça génial… ça m’a donné envie de faire de la guitare ! J’étais déjà ami avec Mehdi le batteur et je lui ai dit viens on fait un groupe… et tout est parti de là… j’avais 12 ans.

Dès l’été j’ai acheté une guitare, lui une basse, (c’était avant qu’il fasse de la batterie) et on a commencé à faire des morceaux comme ça tout seuls… J’ai jamais voulu faire des solo, être un joueur hyper technique… mais j’ai toujours voulu écrire et jouer mes propres chansons !

Cédric ( Hangman’s Chair ) : Moi c’était grâce à mon cousin quand j’étais petit que j’ai découvert la musique… il avait des t-shirts Iron Maiden et j’en voulais absolument un, les dessins des pochettes Iron Maiden étaient dingues, j’adorais leurs artworks. J’ai toujours voulu jouer de la guitare pour intégrer cet univers musical. J’ai pris quelques cours pour arriver à faire ce que je voulais avec l’instrument et puis j’ai eu mon premier groupe avec mon copain Julien, un groupe de death metal, jusqu’en 2006 et puis j’ai eu la proposition des gars de Hangman de rejoindre leur groupe en tant que chanteur et c’était parti !

 

Vous avez fait des cover de vos groupes phares ?

Julien ( Hangman’s Chair ) : Non jamais : on s’est lancé et on n’a jamais fait de reprises, on a toujours voulu faire notre musique, faire des compos… on est monté sur scène assez rapidement vers 15-16 ans et c’est vraiment ça qui nous a donné envie de continuer, de progresser… la scène et ce qu’on pouvait y faire. Ce qu’on amenait de nous dans l’univers métal français…

 

 

Stoner, sludge, doom, progressif… il y a beaucoup de qualificatifs différents qui ont été donnés au style Hangman’s Chair, comment vous vous situez par rapport à ça ?

Cédric ( Hangman’s Chair ) : C’est vrai qu’en France on a tendance à vouloir toujours mettre des genres sur les groupes, et nous on a toujours été un peu en marge des styles… On a parlé de « cold doom » pour notre musique. C’est un terme qui nous correspond pas mal même si on n’aime pas trop les étiquettes, mais il faut bien savoir dans quelle case ranger nos albums…

Julien ( Hangman’s Chair ) : On aime les choses assez exagérées dans notre musique. Des réverbes de stade et la caisse claire de Mehdi, on dirait un coup de fusil, ça surprend toujours, tout le monde en parle ! On aimait déjà ça au début ce type de son, très lourd, entre la retenue et le lâcher prise… et on a cultivé cette énergie-là au fil des années pour en faire une marque de fabrique… notre identité !

 

Justement on dit de vous que vous êtes un des rares groupes à conserver en live la même énergie maîtrisée que dans les versions enregistrées de vos chansons. C’est quelque chose que vous travaillez ?

Julien ( Hangman’s Chair ) : Oui, c’est important pour nous que le public retrouve en live les chansons qu’ils ont aimées sur un album et c’est tout un travail de ne pas trop lâcher les chevaux quand on est sur scène et qu’on est porté par l’énergie de la foule. Il faut maîtriser son jeu sur chaque chanson pour offrir une performance live qui s’approche au plus près du son de l’album. C’est un gros travail mais on y arrive. L’énergie et l’intensité en plus on va la mettre dans notre attitude plutôt que dans ce qu’on joue sur nos instruments.

 

Il y a un côté très cinématographique dans vos morceaux, ils suggèrent une ambiance, des images… c’est quelque chose que vous recherchez dans vos compositions ?

Julien ( Hangman’s Chair ) : Oui, beaucoup. On cherche à susciter des images et à provoquer des émotions avec des moments de climax grâce à la musique. L’ordre dans lequel on choisit de placer les chansons sur un album est déterminant pour avoir cette expérience auditive-là. Chaque chanson a un rôle à jouer dans un timing précis et si tu écoutes l’album dans l’ordre dans lequel on l’a imaginé tu auras cette impression d’un scénario qui se déroule avec un début un milieu et une fin.

 

On n’aime pas les gens qui écoutent la musique en shuffle hahaha !

Ben non on est d’accord ! Tu commences pas un livre par le milieu de l’histoire, donc si tu veux avoir l’expérience de l’album tel qu’on l’a imaginé, il faut écouter les chansons dans l’ordre !

 

Interview - Hangman's Chair

Interview – Hangman’s Chair

 

Quand vous préparez un album justement, est-ce que vous travaillez beaucoup en amont du studio d’enregistrement ?

Julien ( Hangman’s Chair ) : Oui à 99% quand on arrive en studio le truc est déjà posé et on sait où on veut aller, on travaille beaucoup les pré-maquettes. Après on n’est pas à l’abri que quelque chose change en studio, la magie du lieu fait que quelque chose peut nous donner envie d’explorer une nouvelle direction. Francis Caste avec qui on travaille peut aussi avoir une autre perception et une autre vision de ce que notre démo peut aussi devenir… mais en tout cas on arrive très préparés. Le studio ça peut être un peu angoissant alors se dire qu’on est préparé et qu’on sait où on va, c’est rassurant.

Cédric ( Hangman’s Chair ) : On se donne du temps de studio en plus : aujourd’hui on est sur un mois de studio quand les premières années on essayait de tout faire en deux semaines c’était la course. Malgré tout plus tu as du temps et plus on a tendance à utiliser ce temps pour rajouter des couches de guitare en plus, ou tester un truc différent.

Tiens, on n’a pas essayé cet ampli non ? Nous on n’est pas trop du style à s’enfermer pendant des semaines avec le groupe dans une grange à la campagne. On aime le studio de Belleville où on enregistre en journée et le soir tu rentres chez toi, tu fais un break du studio et tu reviens le lendemain avec des oreilles fraîches… c’est important de rentrer chez soi le soir je trouve.

Julien ( Hangman’s Chair ) : oui c’est bien d’avoir des plages horaires dédiées au travail. Je suis pas sûr qu’on serait plus productifs finalement si on était toute la journée ensemble

 

Dans les moments forts de votre histoire du live, il y a eu ce Hellfest en 2022 quand vous avez partagé la scène avec Regarde les Hommes Tomber… Comment ça s’est organisé cette split stage ?

Julien ( Hangman’s Chair ) : On avait fait un concert déjà où on partageait la scène avec eux, c’était au Trianon et c’’était une soirée spéciale et le concept de la soirée c’était de faire jouer ensemble des groupes qui n’avaient pas l’habitude le faire et Regarde les Hommes Tomber avaient dit qu’ils voulaient faire le set avec nous.

On avait eu deux jours pour préparer le live, sans savoir ce qu’on devait jouer, comment… on s’est dit qu’on allait essayer de réinventer des morceaux à eux à notre sauce et qu’inversement eux allaient faire l’exercice de réinventer nos morceaux avec leur son à eux… et on a mélangé tout ça. Et après cette soirée on a reçu tellement de bons retours que le Hellfest nous a demandé de refaire la performance.

Cédric ( Hangman’s Chair ) : On s’est retrouvé à deux groupes sur scène, 9 personnes à jouer ensemble avec deux batteries, plein d’instruments, c’était un challenge à la fois technique et artistique mais c’était un super concert ! La scène de la Valley au Hellfest, ça reste un de mes meilleurs souvenirs de live je crois : un super public, un bon son, aucun couac technique…

 

 

Et dans les souvenirs moins bons… un gros loupé marquant, il y en a un ?

Il y a toujours des couacs techniques, mais un très beau c’était il y a quelques temps on s’est retrouvés sur la scène d’un festival en extérieur avec un gros problème de son et aucun retour. On attendait que ça revienne et que ce soit réglé et on était là sur scène sans pouvoir jouer… pendant 25 minutes, c’était très long… le public s’impatientait et nous aussi mais on pouvait pas jouer sans, ni improviser un set acoustique comme ça. Finalement notre set a duré 25 minutes au lieu des 50 prévues… c’était un gros gros loupé celui-là, on s’en souviendra !

 

Vous êtres très discrets sur les réseaux, c’est une volonté de communiquer peu en dehors de vos sorties d’albums ?

Cédric ( Hangman’s Chair ) : Oui, totalement. On est là pour faire de la musique et pour raconter des choses dans nos chansons ou faire passer une émotion… se filmer quand on n’est pas sur scène ou en studio pour documenter la vie du groupe, c’est tellement pas nous, et on sait pas faire. On sait pas se mettre en avant ou prendre des photos de ce qu’on bouffe au resto ça n’a pas de sens.

J’aimais le mystère qui entourait les groupes avant l’avènement des réseaux sociaux. On ne connaissait pas leur vie, on ne voyait que quelques photos choisies dans un magazine de Rock et on pouvait passer des heures à imaginer la vie des gars sur la base de deux portraits avec une guitare à côté d’une pochette d’album et c’était chouette…

 

La France c’est votre principal terrain de jeu ?

Oui jusqu’à présent on a principalement grandi en France, mais signer avec Nuclear Blast c’est justement pour aller chercher des dates à l’étranger, en Europe et plus loin en Asie ou là où nos chansons pourront nous emmener !

 

Une scène sur laquelle vous rêveriez de jouer en France ce serait laquelle ?

L’Olympia, ne serait-ce que pour voir les lettre rouges s’illuminer avec le nom Hangman’s Chair pendant une soirée ce serait beau ! L’Olympia c’est un peu la salle rêvée.

 

Interview - Hangman's Chair

Interview – Hangman’s Chair

 

L’album Saddiction, chez Nuclear Blast est déjà disponible partout.

 

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