Miles Kane : Sunlight In The Shadows

par | 23 Oct 2025 | Chroniques

⏱ Temps de lecture : 4 min

5/5  ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Il a le look, il a le son, et il a le style. Miles Kane revient avec Sunlight In The Shadows, un album qui groove comme une parade de Chelsea boots sur pavés mouillés. Entre riffs vintage, énergie brute et classe britannique, le dandy du rock anglais nous offre une virée solaire qui donne envie de danser… même sous la pluie d’octobre. Si vous aimez les guitares qui brillent comme des boutons de manchette, les refrains qui sentent le cuir et les mélodies qui dansent entre rétro et modernité, cet album est taillé pour vous.

 

Miles Kane : Sunlight In The Shadows

Miles Kane : Sunlight In The Shadows

Il entre en scène comme on entre dans un roman de Ian McEwan : costume cintré, regard de velours, démarche assurée. Miles Kane n’est pas simplement un musicien… c’est un personnage. Un dandy moderne, tout droit sorti d’un club londonien des années 60, qui aurait troqué son gin tonic pour une Gibson ES-335. Depuis ses débuts, Kane cultive une élégance rare, à la fois vestimentaire et musicale. Et son dernier album, Sunlight In The Shadows, en est la plus belle démonstration.

Mais pour comprendre cette œuvre, il faut remonter le fil de son parcours.

 

Un parcours entre ombre et lumière

Né à Birkenhead en 1986, Miles Kane fait ses armes avec The Little Flames, puis The Rascals, avant de se révéler au grand public via The Last Shadow Puppets, ce projet baroque et cinématographique monté avec Alex Turner (Arctic Monkeys). Leur premier album, The Age of the Understatement (2008), est une claque orchestrale, entre Scott Walker et Ennio Morricone, qui propulse Kane dans une autre dimension.

Mais l’homme ne veut pas rester dans l’ombre du frontman d’Arctic Monkeys. Il entame une carrière solo dès 2011 avec Colour of the Trap, où l’on retrouve Turner, mais aussi Noel Gallagher, Clémence Poésy ou Gruff Rhys. Chaque album qui suit : Don’t Forget Who You Are, Coup de Grace, Change the Show, One Man Band, explore une facette différente du rock britannique, entre glam, punk, soul et psychédélisme. Kane est un caméléon, mais toujours avec style.

 

Sunlight In The Shadows : élégance sonore et instinct brut

Sorti le 17 octobre 2025, ce sixième album solo est sans doute le plus cohérent et lumineux de sa discographie. Enregistré à Nashville sous la houlette de Dan Auerbach (The Black Keys), il respire l’analogique, le spontané, le brut. Auerbach ne se contente pas de produire : il joue, chante, façonne. Et ça s’entend.

 

Miles Kane : Sunlight In The Shadows

Miles Kane : Sunlight In The Shadows

 

« On s’est retrouvés autour d’une table de cuisine à Nashville — deux guitares acoustiques, deux carnets… et à la fin du premier jour, on avait déjà trois morceaux. C’était électrique dès le départ. Ce disque est né vite, en live, et avec beaucoup de feeling. Pas de surproduction, pas de calcul… juste de l’énergie brute et de la connexion. »

Dès « Love Is Cruel », on est happé par une ambiance feutrée, presque cinématographique. Les guitares tremolo dessinent des paysages désertiques, la batterie martèle comme un cœur blessé, et la voix de Kane, suave et désabusée, installe une tension dramatique. C’est le générique d’un film noir, version rock’n’roll.

 

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Des riffs comme des revers de veste

Chaque morceau de Sunlight In The Shadows est une pièce de costume taillée sur mesure. « Electric Flower » fuse comme une broche glam sur un blazer en velours : flamboyant, assumé, irrésistible. Le riff fuzzé claque comme une porte de club londonien, et la basse serpente avec insolence. « Without You » est une paire de boots en cuir usé… nerveux, brut, taillé pour la scène. On y sent l’urgence du rock garage, l’odeur des amplis chauffés à blanc.

« Sing A Song To Love » groove comme une chemise à jabot sous les projecteurs : accrocheur, théâtral, fédérateur. C’est le morceau totalement tubesque qui fait danser les dandys (et moi avec). « Slow Death », reprise sensuelle des Flamin’ Groovies, est une cravate en soie noire : moite, lascive, hypnotique. Le tempo ralenti donne au morceau une tension presque érotique (calmez-vous !), comme un slow dans une salle enfumée.

Et puis il y a les pièces plus discrètes, mais tout aussi essentielles. « Walk On The Ocean » est un trench beige sous la pluie… mélancolique, élégant, intemporel. « My Love », qui clôt l’album, est ce bouton de manchette qu’on ne remarque qu’à la fin du dîner : discret, mais étudié pour l’effet. La guitare acoustique y murmure, la voix se fait fragile, et l’émotion affleure.

Chaque morceau est une facette du diamant Miles Kane : brut, taillé, scintillant. L’album dans son ensemble est une virée à travers les styles et les époques, mais toujours avec cette patte unique — ce sens du groove, du costume bien coupé, et du riff qui claque. Chaque titre est un détail, un choix, une attitude. Et l’ensemble compose une silhouette sonore d’une rare élégance… celle d’un homme qui connaît ses classiques, mais qui ne cesse de les réinventer.

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L’élégance comme signature

Avec Sunlight In The Shadows, Miles Kane ne fait pas que confirmer son talent… il le sublime. Il prouve qu’on peut être moderne sans renier le passé, qu’on peut faire du rock sans hurler, qu’on peut être élégant sans être froid. C’est un disque qui groove, qui charme, qui brûle doucement. Un disque à écouter en costume, ou en cuir, mais toujours avec style.

Et surtout, c’est un disque qui rappelle que l’élégance, ce n’est pas une question d’apparence… c’est une question d’attitude.

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💿 Label : Easy Eye Sound 📅 Sortie : 17 octobre 2025