La Story : No One Is Innocent, urgence et fulgurances contestataire

par | 21 Juin 2025 | Culture, Groupe

⏱ Temps de lecture : 13 min

Parler de No One Is Innocent, c’est ouvrir les archives d’une certaine école du rock français, là où la sueur, le riff et la révolte se marient sans tact, mais avec méthode. Surgis des artères de Paris au début des années 90, ces artisans de la fusion rock/métal se sont forgés à coups de textes électrisés et de concerts indomptés, refusant de céder aux sirènes du conformisme musical. Face à une scène française qui tance tout à la fois Trust, Les Rita Mitsouko, Matmatah ou Téléphone, No One Is Innocent avance à contre-courant, alimentés par l’urgence d’un son neuf et des fulgurances contestataires.

 

No One Is Innocent

 

Ni mystiques ni martyrs, ils sont plutôt du genre à graver au burin leur signature dans la chair du rock hexagonal et à provoquer tous les débats là où la tiédeur guette.
À l’écoute de « La Peau » en 1994, la France découvre que les pogos n’auront pas de frontières musicales et que Kemar, frontman d’exception, manie la colère avec la précision d’un orfèvre. Leurs disques se vendent, leurs mots piquent, la scène est leur terrain de jeu féroce : de leur genèse à Pigalle jusqu’aux stades géants en première partie d’AC/DC, No One Is Innocent n’a rien perdu de sa force motrice, rescapés d’une époque où la fusion avait des relents d’insurrection.

Ceci n’est ni un plaidoyer, ni un manifeste : juste une plongée parmi les ondes chaotiques et les anecdotes qui forgent l’irréductible identité d’un groupe qui, trois décennies plus tard, trouve encore matière à rugir. Voici le carnet de route de No One Is Innocent : origines troubles, parcours hors-norme, disques charnières, et héritage dans un paysage musical français toujours prêt à s’allumer à la moindre étincelle.

 

Fiche d’identité rapide

  • Origine : Paris, France
  • Années d’activité : 1993 – 2025
  • Genre(s) : Rock fusion, metal alternatif
  • Membres fondateurs : Kemar (Marc Gulbenkian), Jérôme Suzat
  • Chansons les plus connues : La Peau, Nomenklatura, Révolution.com, Djihad Propaganda, Johnny Rotten

 

Origines et formation de No One Is Innocent

Il fallait oser glaner un futur brûlant dans les sous-sols parisiens du début des années 1990. On imagine bien un Kemar arpentant les rues, silhouette pressée, lunette noire vissée sur le nez, entre le Bataclan et les câbles électriques du studio Ornano, Porte de Clignancourt. Pas de machine à tubes dans la tête, simplement la furieuse envie de créer un monstre hybride, prêt à tout pulvériser sur son passage musical.

 

 

La rencontre entre Kemar et le bassiste Jérôme Suzat est digne d’un de ces contes urbains : une annonce déposée à Pigalle, quelques riffs échangés autour d’un café imbibé et la vision immédiate d’une scène à secouer. 1992, année noire, mais charnière. C’est cette année-là que Kemar assiste à un concert de Rage Against The Machine à l’Élysée-Montmartre (première partie pour Suicidal Tendencies : clin d’œil des dieux du hardcore), décrochant la révélation stylistique. Dès lors, tout est question de rage contenue, de guitares tendues comme le fil d’un rasoir et cette volonté d’utiliser la musique comme scalpel sociopolitique.

No One Is Innocent émerge véritablement en 1993 : le nom, directement inspiré d’un single obscur des Sex Pistols de 1978, annonce la couleur : provocation, hybridation et colère canalisée. Le groupe répète intensément, affine un répertoire où la sueur se mélange déjà aux revendications. Après un mini-CD de quatre titres et un passage remarqué aux Transmusicales de Rennes, les major labels sentent le coup à jouer : ce sera Island Records qui leur ouvre la porte, en guise de premier brasier discographique.

 

No One Is Innocent

Dans l’ambiance de la scène hexagonale d’alors – encore hantée par les déflagrations de Trust, la pop déviante des Rita Mitsouko ou l’onde de choc Nirvana en France (analyse ici) – No One Is Innocent aiguise ses armes. On les range alors sans hésiter aux côtés de Lofofora, Oneyed Jack ou Silmarils : autant de pionniers de la fusion, désirant y injecter un supplément d’âme au-delà du fracas métallique. Si Trust avait tiré la première salve dans le metal contestataire, No One Is Innocent va redéfinir le paysage de la fusion made in France, balayant les poussières d’un rock fatigué pour lui greffer des muscles et un cerveau.

L’esprit de la scène fusion française explose alors : ce n’est pas une simple vague, mais un torrent animé par l’urgence politique et sociale. No One Is Innocent se pose en chef de file d’une génération rêvant d’un grand soir amplifié.

 

Chronologie et carrière de No One Is Innocent

Vite sortis des garages, les Parisiens de No One Is Innocent frappent dès 1994 avec leur album éponyme. « La Peau » squatte les radios jeunes, Fun Radio et Skyrock s’emparent du single, les ventes grimpent. Ils touchent le disque d’or, soit 100 000 exemplaires, performance d’autant plus mémorable que la France, à cette époque, se souvient davantage de Déportivo, Louise Attaque ou des fulgurances pop de L’Affaire Louis’ Trio que d’un power quintet politiquement remonté.

L’après La Peau, loin d’apporter la tranquillité, aiguise leur envie d’avancer. Attirés par un goût de l’aventure, ils collaborent rapidement avec EJM et Timide et Sans Complexe sur le maxi « Antipolitique », s’ouvrant ainsi aux influences rap et soulignant leur inclination pour la transversalité musicale. Nouveaux horizons, nouvelle énergie : la tournée qui s’ensuit se prolonge en France, Europe, Amérique du Sud et du Nord.

Après deux ans de scènes et une immersion de six mois aux légendaires Real World Studios de Peter Gabriel, le cap du second disque se dresse. Pour « Utopia » (1996), No One Is Innocent traverse l’Atlantique et pose ses amplis à Woodstock, épaulé par Ulrich Wild. Le groupe s’offre même le luxe de la participation de Maurice G. Dantec, écrivain cyberpunk, sur deux morceaux. « Nomenklatura » et « Neuromatrix » marient ainsi sciences fictives et riffs crasseux : l’expérimentation n’est plus une simple posture, c’est leur quotidien. Le disque cartonne, les critiques renâclent à les cantonner dans une cage stylistique.

 

No One Is Innocent

No One Is Innocent

 

Puis, la pause. Période de retrait en 1998. Kemar tente un disque solo (Prénom Betty, 2002), presque confidentiel. Mais l’histoire n’est pas finie : à l’orée des années 2000, No One Is Innocent revient en mode électro-rock sous l’influence du jeune Kmille. Sortie de « Révolution.com » (2004), marqué par des textes acerbes, critique politique permanente. Un succès total : plus de 100 concerts, et le groupe appose ses bottes dans chaque salle de France.

Suit l’étape « Gazoline » en 2007, puis « Drugstore » (2011), marquant une incursion plus appuyée dans l’expérimentation sonore – témoin le morceau « Johnny Rotten », réponse à une embrouille réelle avec l’ex-pistols. Première partie de Motörhead, tournée avec Guns N’ Roses, passage au Hellfest : la scène devient leur laboratoire d’agitation.

2015, virage à haute tension : « Propaganda », retour à l’ADN rock furieux, album salué par certains critiques. Ils s’offrent la première partie d’AC/DC au Stade de France, puis un live explosif à La Cigale, à peine deux semaines après les attentats du 13 novembre. Ce concert, « Barricades Live », immortalise leur engagement et solidifie leur statut de groupe de combat.

Les années suivantes voient la sortie de « Frankenstein » (2018), puis « Ennemis » (2021), chaque disque accompagné d’une tournée, d’une actualité dense et de nouvelles passes d’armes avec le réel. Malgré les tempêtes médiatiques, changements de line-up ou problèmes judiciaires, No One Is Innocent garde le cap ; la fatigue se fait sentir, et en 2024, la sortie du best-of « Colères » précède la tournée d’adieu, ultime balafre sur le cuir du rock hexagonal. Les individualités changent, l’esprit demeure.

 

Style musical et influences : la marque No One…

No One Is Innocent, c’est d’abord l’histoire d’une greffe réussie : celle du riff métallique, des rythmes puissants, des samples importés du hip-hop, et du verbe tranché d’un Kemar qui ne pardonne ni la bêtise, ni la résignation. Sur la cartographie hexagonale, ils s’ancrent dans la lignée de Trust, mais lorgnent aussi du côté de la fusion internationale façon Rage Against The Machine ou Faith No More. Ce jeu de références hybrides leur permet d’incarner cette fameuse transversale du rock français, quelque part entre le punch des Magma et la rugosité de Matmatah.

Les influences, du reste, s’égrènent sur chaque disque : un goût pour les sons distordus, des rythmiques saccadées, des incursions électroniques soignées, toujours avec ce souci de ne jamais faire deux fois le même album. Ce refus d’être clônés en fait les outsiders permanents : ni tout à fait hard-rock, ni punk, ni industriel. Évidemment, la scène déflagrée de la fusion française les accueille bras ouverts : Lofofora, Silmarils, Saïan Supa Crew inspirent et dialoguent avec le son des Parisiens.

NO ONE IS INNOCENT au Bikini : Sous les pavés, la rage

NO ONE IS INNOCENT au Bikini : Sous les pavés, la rage

NO ONE IS INNOCENT au Bikini : Sous les pavés, la rage

La voix de Kemar, râpeuse, alterne entre spoken word rageur et envolées scandées.
Leur musique se nourrit de la tension politique de leur époque, passant du récit du génocide arménien à une critique acerbe de la machine politico-médiatique. Ils piochent dans la pop furieuse des Rita Mitsouko, la militance punk anglaise, s’ouvrant à un public large au gré de collaborations inattendues – du rap français à la littérature de sci-fi.

Leur impact ? Si la France a semble-t-il toujours préféré la chanson engagée façon Saez ou Louise Attaque, No One Is Innocent a maintenu une position singulière. Plusieurs groupes plus récents (jusqu’aux Hangman’s Chair ou à Zone Libre) les citent en référence, assumant cette paternité de la fusion abrasive.
Sur scène, leur énergie évoque parfois celle des Insus ou de Téléphone, avec une interaction brute et directe avec le public. La scène indépendante, mais aussi une partie du mainstream rock français, se découvre en partie façonnée par cette énergie contagieuse et cette sincérité intransigeante.

Face à l’inévitable passage du temps, No One Is Innocent continue d’incarner ce refus de courber l’échine, mêlant à chaque nouvelle salve l’envie d’en découdre et la conscience de la transmission. Un héritage qui, en 2025, pèse plus lourd qu’on ne saurait le croire : dans un rock français qui fricote avec la variété, ils restent une anomalie précieuse.

 

 

Anecdotes et moments marquants

Si la discographie de No One Is Innocent fourmille de classiques, leur existence est tout sauf une ligne droite. Dès les débuts, chaque album, chaque tournée, chaque sortie est marquée par l’anecdote, la faille ou le moment charnière qui forge la mythologie du groupe.

En 1996, l’enregistrement de « Utopia » à Woodstock aurait pu virer au vaudeville rock : entre blagues potaches en studio et séances allumées de bricolage d’une guitare à trois cordes par Kemar, l’ambiance était plus à l’expérimentation sauvage qu’à la routine pop. Plus tard, lors d’un festival, une altercation avec Johnny Rotten donne naissance au morceau éponyme – chronique d’une rencontre ratée avec une icône punk aussi cabossée que mégalo.

Lorsque Motörhead débarque en France pour la tournée « The Wörld is Yours », le groupe assure la première partie, profitant de l’ombre tutélaire de Lemmy pour renforcer ses propres uppercuts scéniques. Quelques années plus tard, invités par Guns N’ Roses, ils découvrent les coulisses d’un rock globalisé, entre excès d’hôtel et attentes interminables dans les loges.

No one is innocent Bikini Credit photo Eric CANTO 10

Un des épisodes les plus intenses : mai 2015, deux soirs de suite, No One Is Innocent ouvrait pour AC/DC au Stade de France devant 80 000 spectateurs. Plus qu’un simple concert : une traversée de feu, où l’adrénaline supplante l’angoisse, et où la fusion rencontre le rock australien massif. Deux semaines plus tard, à La Cigale, ils réservent un moment mémorable en invitant sur scène des journalistes de Charlie Hebdo, verre de poing et mots militants en bandoulière, une catharsis collective au lendemain des attentats.

Le groupe n’a jamais craint le clash interne. Les changements de line-up sont nombreux – défections, retours et renouvellements dynamisent la machine, quand bien même certains fans regrettent le départ du guitariste Shanka ou du batteur Chosson. L’instabilité, loin de les desservir, permet d’éviter la sclérose : chaque mutation du line-up amène une brise nouvelle, parfois tempétueuse.

Le groupe enchaîne les collaborations hétéroclites, invite auteurs, musiciens, producteurs venus d’horizons divers : une ouverture qui fait de chaque album une collision singulière de personnalités et d’influences. Leur discours n’a jamais été que musical ; la littérature, la politique, l’image (on pense ici au travail d’Anton Corbijn, dont l’aura imprègne toute la scène rock européenne – voir l’article détaillé) : tout concourt à donner du relief à leur univers.

Moment marquant s’il en est, leur dernier best-of « Colères » (2024) s’accompagne de l’annonce de la fin des tournées. Kemar, usé physiquement, préfère préserver la flamme que de la laisser décliner sur scène.

 

Récompenses et reconnaissance de No One

On ne mesure pas l’impact de No One Is Innocent à la seule aune des trophées clinquants, mais force est de reconnaître que le rock hexagonal leur a rendu quelques hommages. Dès 1994, le disque d’or pour leur album inaugural place le groupe dans le peloton de tête des groupes français à fort rendement – prouesse rare dans le créneau fusion.

Leur parcours est également jalonné de distinctions médiatiques : présence dans les classements annuels de la presse musicale, mentions remarquées dans des ouvrages-compilations sur le rock français, ou encore éloges dans la presse internationale, notamment lors des tournées avec AC/DC ou Motörhead.

Si le grand public ne retient que rarement leur nom dans les classements glamour de la variété, le milieu institutionnel leur décerne des lauriers réguliers. Les Victoires de la Musique leur échappent de peu, mais leur passage dans divers festivals majeurs (Printemps de Bourges, Hellfest – voir cette revue sur l’influence live dans le rock français) entérine leur position de valeur sûre.

No One Is Innocent

Les hommages plus discrets sont à chercher dans le respect témoigné par d’autres groupes et artistes : la descendance musicale les cite allégrement (matrice pour des combos tels que Déportivo ou Louise Attaque) et, à l’international, rares sont les musiciens ayant foulé la scène française dans les années 2000-2020 à ignorer leur contribution à la fusion.

À défaut de Hall of Fame hollywoodien, ils cumulent les clins d’œil, extraits diffusés lors d’émissions TV, compilations thématiques, ou documents historiques sur le rock rebelle, notamment dans des documentaires produits pour ARTE ou France Télévisions.

Loin de chercher à plaire aux jurys, No One Is Innocent joue le jeu long : gagner l’estime, imposer la nécessité d’une position contestataire dans l’histoire du rock en France.

 

 

Albums clés et discographie complète

La discographie de No One Is Innocent, c’est une cartographie orageuse, oscillant entre décharges électriques et coups de gueule instrumentaux, ponctués d’expérimentations contrôlées. Chaque album s’ancre dans une époque, une colère, une urgence. Quelques jalons s’imposent comme des bornes Sonic Youth de la trajectoire du groupe : l’éponyme inaugural, « Utopia » (le pas de côté transatlantique), « Révolution.com » (manifeste électro-rock), « Propaganda » (retour à la furie), puis « Frankenstein » (miroir d’un monde détraqué) et enfin « Colères » (synthèse testimonial).

Album Année Label Certification Fait notable
No One Is Innocent 1994 Island Records Or Premier album, contient « La Peau » ; succès immédiat
Utopia 1996 Island Records Enregistré à Woodstock, collaborations avec Maurice G. Dantec
Révolution.com 2004 Universal Virage électro-rock, textes très engagés
Gazoline 2007 Universal Mises en cause politiques et sociales, sonorité pop métal
Drugstore 2011 At(h)ome Mix machines et guitares ; « Johnny Rotten » notoire
Propaganda 2015 Verycords Retour aux sources, première partie d’AC/DC au Stade de France
Frankenstein 2018 Verycords Thèmes politiques : Trump, populismes ; gros impact scénique
Ennemis 2021 Verycords Composé durant les confinements Covid
Colères (Best of) 2024 Verycords Best of ultime, annonce la dernière tournée du groupe

 

Parmi les albums majeurs, l’album « No One Is Innocent » (1994) reste la matrice, la déflagration initiale : « La Peau » n’est pas un simple tube, c’est un uppercut social.
« Utopia » enfonce le clou avec des textes plus sombres, des atmosphères cybernétiques – la patte de Dantec y est pour beaucoup. Les années 2000 voient le groupe flirter avec d’autres textures (« Révolution.com », puis « Gazoline »), repoussant les frontières de leur genre sans jamais trahir la charge émotionnelle qui les anime.
« Propaganda » incarne ce retour du refoulé, salué comme un énième regain de vitalité – et si l’on en croit certains observateurs, demeure dans le top des disques de fusion engagée produits en France.

Leurs productions live (« Siempre de Suerte » en DVD, « Barricades Live » captant l’après-13 novembre 2015, ou « Colères ») témoignent de leur énergie scénique inusable – rareté notable sur la scène actuelle.

 

 

Conclusion

No One Is Innocent a traversé trois décennies d’histoire musicale française sans gilet pare-balles mais en gardant sa colonne vertébrale : l’engagement, l’énergie, et cette franchise brûlée au feu du vrai rock. Jamais totalement encensés, jamais complètement rangés, ils auront imposé leur alchimie abrasive dans une scène tiraillée entre variété soyeuse et furie contestataire. Emblèmes d’une fusion jamais démodée, ils lèguent un héritage bruyant et fertile à la scène française. Pour les curieux, nostalgiques et autres énergumènes du pogo, il reste un dernier salut : Site officiel.

 

FAQ – Ce que vous vous demandez sur No One Is Innocent

Comment No One Is Innocent a-t-il choisi son nom de groupe ?
No One Is Innocent tire son nom d’un single des Sex Pistols sorti en 1978, clin d’œil assumé à la posture rebelle de la scène punk anglaise, annonçant leur goût précoce pour la provocation et la filiation à une culture contestataire fortement ancrée.

Quelles influences musicales revendique le groupe ?
Le son du groupe s’imprègne de l’énergie de Trust, du punch de Rage Against The Machine, du groove de Faith No More et de l’éclectisme de la scène française, intégrant la puissance du métal, la diversité du hip-hop et le goût de l’expérimentation électronique.

Pourquoi « La Peau » reste-t-elle leur morceau emblématique ?
« La Peau », grâce à son texte frontal et son riff entêtant, a symbolisé dès 1994 la capacité du groupe à alier engagement politique, immédiateté pop et rage métallique. Diffusée massivement, elle a marqué la mémoire collective et reste incontournable.

Quelles sont les grandes étapes de la carrière du groupe ?
Leur carrière est jalonnée de moments clés : découverte de Rage Against The Machine en 1992, signature chez Island Records, album « Utopia » à Woodstock, virages électro-rock, collaborations multiples et apogée scénique en première partie d’AC/DC au Stade de France.

Leur line-up a-t-il souvent changé ?
Oui, No One Is Innocent a connu de nombreux changements de membres au fil des ans : départs, retours et arrivées ont entretenu une dynamique créative, renouvelant influences et énergie à chaque phase de l’histoire du groupe.

Leur engagement politique a-t-il porté à controverse ?
La posture engagée du groupe a alimenté débats et polémiques, notamment sur des titres dédiés au génocide arménien ou aux dérives politiques : ils revendiquent cependant la neutralité des faits et la nécessité d’une parole libre dans le rock.

Quelle est leur place dans la scène fusion française ?
No One Is Innocent fait figure de pilier de la fusion hexagonale, côtoyant Lofofora, Silmarils ou Oneyed Jack : ils ont largement contribué à installer le genre en France dès les années 1990 et sont cités par de nombreux groupes contemporains.

Le groupe a-t-il arrêté sa carrière ?
En 2024, avec la sortie du best-of « Colères », Kemar et co annoncent la dernière tournée et la fin des enregistrements d’albums ; il demeure toutefois possible que quelques titres paraissent à l’avenir.

Quels musiciens célèbres ont partagé leur scène ?
No One Is Innocent a assuré les premières parties de Motörhead, AC/DC, Guns N’ Roses, et a souvent participé à des prestations collectives avec Les Insus ou Tagada Jones, témoignant d’une place solide dans le rock international de scène.

Comment sont-ils perçus à l’étranger ?
Bien que principalement présents sur la scène française et européenne, ils jouissent d’une réputation solide parmi les fans de rock engagé et les festivals internationaux les considèrent comme de dignes représentants du rock alternatif français.

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