Mammoth – The End

par | 25 Oct 2025 | Chroniques

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4/5  ⭐️⭐️⭐️⭐️

Il a coupé le “WVH”, gardé le “Mammoth”, et sorti un disque qui sonne comme la bande-son d’un gars qui en a marre qu’on le compare à son père. The End, troisième album de Wolfgang Van Halen, est moins un adieu qu’une déclaration d’indépendance. Dix morceaux, 39 minutes, zéro feinte. Un album carré, auto-suffisant, qui frappe droit dans le torse sans chercher la perfection plastique.

Wolfgang fait encore tout lui-même : guitare, basse, batterie, chant, clopes et café compris. Un homme-groupe. Le truc pourrait tourner à l’exercice d’ego, mais non : ça tient debout parce que le gars sait écrire. Pas de remplissage, pas de triche. MammothThe End respire cette confiance qu’ont les musiciens qui ont grandi avec Foo Fighters, Alter Bridge et Soundgarden en fond sonore. C’est du hard rock post-millénaire, forgé dans l’ombre des années 2000, avec juste assez de métal et de mélancolie pour éviter le cliché.

Le son ? Massif, évidemment. Michael “Elvis” Baskette (Alter Bridge, Sevendust) à la production, donc guitare pleine face et batterie qui tabasse sans pitié. Mais sous la coque brillante, il y a du nerf, une urgence presque adolescente. “One of a Kind” ouvre l’album avec une rythmique aussi sèche qu’un coup de trique ; “The End”, le single, déploie ce tapping de guitare qui ferait sourire le fantôme d’Eddie, mais sans nostalgie appuyée. Wolfgang rend hommage, sans copier. Il reprend le flambeau, sans les costumes à paillettes.

Mammoth

Tout au long du disque, on entend cette tension : entre la filiation et la volonté de foutre la paix à son ADN. The End n’est pas un disque-hommage, ni un manifeste prétentieux. C’est un album de rock adulte, taillé pour la route, la nuit, les amplis tièdes après le concert. Quand “The Spell” ou “All in Good Time” débarquent, tu sens que le type ne cherche pas à être “le fils de”, mais simplement un songwriter qui a compris que la mélodie compte autant que le riff.

Il y a une constance : rien ne sonne faux, rien ne sent le plastique. C’est du rock carré, à l’ancienne, joué par un mec qui transpire le talent comme d’autres transpirent la bière. Font chier ces mecs multi-instrumentistes talentueux…on passe pour qui, nous, après, avec notre guitare et nos doigts en carton ?

On pourrait reprocher à The End son manque de risque : aucun morceau vraiment dangereux, pas de virage absurde, pas d’impro qui déraille. Mais c’est peut-être justement le point : Wolfgang a trouvé son centre. Il n’a plus besoin de virtuose-show ni de démonstration d’héritier. The End n’a rien d’une fin ; c’est plutôt un début, un “ok, maintenant on peut parler sérieusement”.

Au final, ce disque installe Mammoth. Il cloue une vérité simple : Wolfgang Van Halen n’est plus le gamin derrière la batterie de son père, c’est un songwriter solide, un artisan de riffs honnêtes. The End de Mammoth est un album de bosseur, pas de prodige. Un disque qui te rappelle pourquoi t’aimes encore le rock à ton âge…

C’est tout. Et parfois, c’est exactement ce qu’il faut.