Machine Head – Unatøned

par | 28 Avr 2025 | CHRONIQUES

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Deux ans après Øf Kingdom and Crøwn, Machine Head revient avec Unatøned, un album résolument moderne qui une fois de plus divise autant qu’il intrigue. Parfait, donc, pour attiser les débats et la rage de Bosley.

 

Machine Head - Unatøned

Machine Head – Unatøned

 

Quand Bosley a débarqué à la rédac, il était colère. Tout rouge, le patron. Il courait partout en hurlant :
« Mais pourquoi personne ne parle de ce disque ?!? Que quelqu’un se dévoue maintenant !! Immédiatement !!! »
Ce disque, que tenait fermement Bosley dans ses mains en sautant au plafond, c’est le nouveau Machine Head.

« Vous avez peur ?! » cracha Bosley, le regard fou, les veines du front prêtes à claquer et la chemise en lambeaux comme après une baston dans un pub écossais. « Vous êtes devenus quoi ? Des influenceurs en développement personnel qui font des tutos yoga sur des hoverboard ?! »

Personne n’avait encore osé l’ouvrir, de peur qu’il explose. Un silence lourd régnait dans la salle, comme si l’air lui-même attendait une déflagration. Puis, il se tourna vers moi, furibard. « Toi. Tu l’écoutes. Tu l’écris. Et tu me ponds un papier qui fait saigner les yeux. »

Alors je l’ai pris ce foutu disque, ça tombe toujours sur ma tronche, et j’ai compris. Ce n’était pas juste le nouveau Machine Head, c’était une convocation, une lettre de guerre. Robb Flynn hurlait dans mon casque comme s’il savait que j’avais hésité à dire oui. Chaque riff me tirait plus bas, chaque break me mettait en face de ma propre mollesse. Vingdieux que cet album est efficace, taillé pour le live avec des refrains ultra accrocheurs.

Sur Unatøned, le chant clair n’a jamais été aussi présent, et je crois d’ailleurs que les parties les plus réussies de ce disque résident dans ces moments où la mélodie surplombe “Scorn”. Mais pour que tout s’apaise, il faut déjà une bonne part de chaos. Et du chaos, il y en a dans ce Unatøned.

 

 

Et derrière ce chaos, on retrouve Jordan Fish, qui bosse avec Bring Me The Horizon, Poppy ou encore Architects, des groupes qui ont au moins deux ou trois générations de différence avec notre bon vieux Robb Flynn. Et ça s’entend, « Outsider » transpire cette envie presque fébrile de coller à l’air du temps. Mais sous ce drap de modernité, on perçoit une forme d’inconfort, comme si le costume neuf grattait un peu le quartet d’Oakland.

Ce tiraillement n’est pas sans rappeler un autre virage risqué : je repense à cet album dingue qu’était The Burning Red (1999), où Machine Head avait engagé avec brio le virage nü metal en retravaillant son propre son. Aujourd’hui, le contraste sonne cruel : le groupe semble avoir pris un petit coup derrière la nuque. La voix de Robb Flynn, désormais râpeuse et pleine de grains (serait-ce l’orge malté de son bon whisky?), fait penser à un vieux moteur diesel qui tousse en hiver, et à force de vouloir sonner neuf, le résultat sonne déjà un peu usé.

 

 

Mais ne tirons pas trop vite sur l’ambulance. Il reste dans ce disque quelques fulgurances, car ce qu’ils ont gagné avec le temps, c’est cette façon de bien faire du mal quand il le faut. Une maîtrise presque animale, une science du riff qui cogne au bon moment, comme s’ils savaient toujours quand et comment dégainer pour que ça tape juste, et fort. Les os craquent peut-être un peu, mais les cheveux, eux, bougent toujours, même s’il y en a un peu moins. Et au fond, c’est cette résilience-là, cette capacité à rester debout malgré tout, qui continue de faire vibrer l’âme du groupe.

Cette ténacité, Machine Head la traîne depuis ses débuts. Le groupe n’a jamais eu la tâche facile, portés par l’héritage écrasant de Burn My Eyes. Cet album mythique a incarné la rage brute d’une époque, et le groupe a, dès le départ, refusé de se laisser enfermer dans une réplique de cette œuvre. Au fil des années, ils ont exploré des terrains aussi variés que décriés, enchaînant aussi bien des chefs-d’œuvre (Through The Ashes Of Empire, 2003) que des disques souvent mal compris, mais qui ont toujours fini par trouver leur public avec le temps.

 

 

Alors voilà, Unatøned, c’est un disque qui tangue qui cherche, trébuche parfois, mais qui sait encore mordre fort. Ce n’est peut-être pas un nouveau classique, mais c’est un disque qu’on écoute en sachant exactement pourquoi on aimait Machine Head au départ : pour leur capacité à tomber et à se relever. Et au du fond du pit, un type en chemise déchirée s’allume une clope et s’approche de moi. “T’as saigné du pif mon con, c’est bon signe”. And just like that, he’s gone…

 

Machine Head - Unatøned

Machine Head – Unatøned

 

Machine Head – Unatøned  sorti le 25 Avril 2025 chez Nuclear Blast.

Tracklist :
1. Landscape Øf Thørns
2. Atømic Revelatiøns
3. Unbøund
4. Øutsider
5. Nøt Løng Før This Wørld
6. These Scars Wøn’t Define Us
7. Dustmaker
8. Bønescraper
9. Addicted Tø Pain
10. Bleeding Me Dry
11. Shards Øf Shattered Dreams
12. Scørn

Style : Modern Groove Metal aux tempes grisonnantes

Site Web Machine Head : https://www.machinehead1.com/

Instagram Machine Head : https://www.instagram.com/machine_head/