Live report : Kadavar à l’Elysée Montmartre

par | 10 Déc 2025 | Live Report

Temps de lecture : 5 min

Le 19 octobre, l’Elysée Montmartre s’est embrasée. Kadavar a transformé la salle en fournaise, et Rock Sound était là, collé à la scène, happé par chaque riff, chaque frappe, chaque souffle. Ce n’était pas un concert, mais une onde qui traversait les corps, un feu qui animait les esprits et réchauffait les âmes. On a crié, on a applaudi, on a transpiré. On est reparti avec le sourire, les yeux brillants, le cœur battant. Voici le récit d’un live incandescent, une cérémonie électrique où le rock est devenu poésie vibrante.

 

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Un live report de Caro, au milieu des géants de Kadavar, dans la chaleur de l’Elysée Montmartre, avec David Poulain derrière l’objectif, collé à  la scène.

Paris, Elysée Montmartre. La nuit s’annonce électrique. ORB ouvre le bal dans une atmosphère de brume cosmique : riffs étirés, dissonances planantes, une toile sonore qui enveloppe la salle et hypnotise les premiers rangs. Pas de séduction facile, mais une immersion immédiate dans un univers étrange, presque inquiétant. Le public se laisse happer, suspendu.

Puis Slomosa surgit, massif, tellurique. Leur stoner rock est une avalanche de granit. Les grooves sont lourds, les riffs terriens, et l’on sent la densité nordique dans chaque note. Là où ORB avait ouvert les portes du cosmos, Slomosa ramène tout le monde sur une terre battue, rugueuse, vibrante. La salle commence à osciller, les corps se mettent en mouvement. L’intensité monte, le terrain est prêt.

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Orb sur la scène de l’Elysée Montmartre

 

Les lumières s’éteignent. Silence tendu. Kadavar entre en scène. Jascha Kreft s’avance le premier vers sa guitare et le clavier, suivi par Simon “Dragon” Bouteloup, silhouette colossale, basse en transe. Tiger Bartelt s’installe derrière la batterie, immense frappeur de tonnerre. Lupus Lindemann, guitare et voix incandescente, complète le quatuor. Quatre géants, quatre forces prêtes à déchaîner la tempête.

Pour les néophytes, Kadavar est un groupe berlinois formé en 2010, devenu rapidement une référence incontournable du rock psychédélique moderne. Leur musique convoque les fantômes des seventies – Black Sabbath, Hawkwind, Blue Cheer – mais avec une énergie contemporaine qui les propulse bien au-delà de la simple nostalgie. Leur parcours est marqué par une discographie dense et une réputation scénique forgée à coups de tournées mondiales. Et 2025 est une année charnière : deux albums sortis à quelques mois d’intervalle, I Just Want to Be a Sound célébré lors d’une release party au Supersonic Records, puis le tout récent K.A.D.A.V.A.R., dévoilé avec fracas ce soir à l’Elysée Montmartre. Ce retour si rapide à Paris n’est pas anodin : le groupe veut embarquer son public dans un voyage psychédélique transcendantal, une immersion totale le temps d’une soirée.

Dès le premier riff, la cérémonie commence. Lupus crache des solos frénétiques, incisifs, hallucinés. Chaque envolée est une décharge, une spirale qui électrise la salle. Tiger abat ses frappes comme des coups de masse, telluriques, implacables. Simon ferme les yeux, corps tendu, habité. Sa basse est un battement de cœur collectif, une pulsation qui relie chaque spectateur. Jascha, discret mais essentiel, ajoute ses touches de guitare et de synthé, étoffant le voyage sonore.

La setlist est une ascension. La première partie installe la transe : Lies, Black Sun, Lord of the Sky. Les lumières saturées de rouge et de bleu transforment la salle en vaisseau temporel. Puis l’énergie monte. Come Back Life déclenche une clameur, les bras se lèvent, les voix s’unissent. Et la deuxième partie explose : Regeneration et Total Annihilation déchaînent littéralement le public. Les riffs sont des uppercuts, les solos des éclairs, les frappes des séismes. La salle devient une fournaise, chaque spectateur emporté dans une spirale où doom et psychédélisme s’entrelacent.

Crédits photo @David Poulain

Live report : Kadavar à l’Elysée Montmartre – Tiger à la batterie et Simon à la basse déchaînent la foudre rock.

 

Sur Die Baby Die, l’intensité atteint son paroxysme. Les corps sont lessivés, mais galvanisés. Kadavar ne se contente pas de revisiter le passé : ils le transcendent, le projettent dans un présent incandescent. Simon guide la foule avec ses petits pas signature arrière-avant-arrière, sa longue silhouette se déplaçant avec grâce alors que son visage habité renvoie une intensité sauvage et hypnotique. Lupus et Tiger orchestrent la tempête, Jascha étoffe l’horizon. Ensemble, ils bâtissent une expérience sensorielle totale. Et le public accueille cette expérience qui traverse celles et ceux qui sont là ce soir : les corps dansent, les têtes s’agitent, les cheveux volent. La foule crie, tape dans les mains et chante, comme un être unique, mouvant et bruyant, animé par les ondes mélodiques et les déflagrations rythmiques.

Le set se conclut dans un mur de son, une dernière secousse. Les musiciens quittent la scène, mais l’énergie reste suspendue, vibrante, persistante. Les spectateurs se regardent, hagards, les yeux brillants, le souffle court. Ce n’était pas un concert, mais une cérémonie. Une transe collective orchestrée par quatre géants.

Kadavar à l’Elysée Montmartre : deux heures d’immersion totale, une plongée dans les limbes du rock psyché. Chaque riff convoquait les fantômes des seventies pour les propulser dans une transe moderne et furieuse. On en ressort épuisé, mais galvanisé, avec la certitude d’avoir vécu un moment rare, suspendu entre passé et présent, entre réalité et hallucination. Plus qu’un live : une cérémonie électrique dont on se souviendra longtemps.

Live report : Kadavar à l'Elysée Montmartre

Simon « Dragon » Bouteloup, regard habité, présence hypnotique

Live report : Kadavar à l'Elysée Montmartre Crédit Photo @David Poulain

Live report : Kadavar à l’Elysée Montmartre – Jasha, discret mais essentiel

 

Kadavar sur Instagram

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