À la croisée du rap, du rock et du métal, Tyronne Hill plus connu sous le nom de scène Kid Bookie, est LA nouvelle sensation from London. Inclassable et touche-à-tout, avec un flow rapide et précis à la Eminem qui aurait cogné Xzibit, une écriture incisive et un talent pour les jolies mélodies comme pour les gros riffs, Kid Bookie est bien déterminé à briser les barrières des genres musicaux. On adore.
Kid Bookie
Vous l’avez peut-être vu secouer sévèrement l’Olympia en première partie de I Prevail il y a quelques mois… Kid Bookie était de passage à Paris pour une apparition-éclair et quelques interviews avant de s’en retourner pour Londres. Et Rock Sound était là. Retenez-bien ce nom et ce visage, vous n’avez pas fini de l’entendre !
Qui étaient tes premières idoles musicales quand tu étais gamin ?
Kid Bookie : Slipknot, Good charlotte, Linkin Park, Korn, Limp Bizkit… et Beyoncé aussi ! J’avais des influences multiples, j’écoutais vraiment de tout et même, je te dirais même que je n’étais pas branché hiphop quand j’étais gamin, le rap ce n’était pas trop mon truc contrairement à maintenant… C’est plus tard que j’ai découvert ça : à l’école j’étais le seul black qui écoutait du rock, j’ai fini par m’intéresser au rap des copains… Ce qui est cool c’est qu’une partie de ces gens qui me faisaient rêver quand j’étais gamin sont devenus des amis aujourd’hui !
La musique était présente dans ta famille en grandissant ?
Kid Bookie : Je suis persuadé que ma mère mettait des écouteurs sur son ventre quand elle était enceinte de moi et que j’ai voulu sortir pour mieux entendre toute cette musique ahaha… et mon père adorait le rap, il avait un tas de vinyles… J’ai été baigné dans la musique et les gros sons toute mon enfance !
Quelle a été ta première claque rock ?
Kid Bookie : « Wait and Bleed » de Slipknot a été la révélation. À 10 ans j’ai découvert un livre sur Slipknot et cette imagerie avec les masques m’a vraiment impressionné, j’étais tout jeune. En cherchant un peu à écouter ce qu’ils faisaient je suis tombé sur une vidéo de « Wait and Bleed » et ça m’a fait un choc ! Les guitares, la voix, c’était dingue. Cette énergie !
Tu écris, tu joues, tu chantes… quand l’aventure musicale a-t-elle commencé pour toi ?
Kid Bookie : À 11 ans j’avais déjà envie d’écrire des chansons, mais je n’avais pas grand-chose à raconter forcément, alors j’ai pris une guitare pour faire des sons et essayer de jouer quelque chose à défaut d’écrire. Au fil des années je continuais d’écrire ce que je pensais que des groupes pourraient écrire, mais mon écriture a mis du temps à devenir personnelle et s’affirmer. C’est vers les 20 ans que je me suis senti un peu plus légitime pour dire des choses et les laisser sortir de moi. Et aujourd’hui je suis avec toi en train de parler de ça… j’ai fait un bout de chemin !
Quand finalement t’es-tu senti prêt à être toi-même dans ton écriture ?
Kid Bookie : C’est en 2016 que j’ai décidé d’être la plus authentique version de moi-même. De ne plus me soucier de ce qu’on pense de moi, d’essayer de ne plus faire les choses pour faire plaisir aux autres mais d’être juste moi-même. Aujourd’hui je suis un livre ouvert, je n’ai rien à cacher. Je peux être en colère ou me montrer vulnérable ou romantique si je veux. Ma force réside aussi dans le fait de reconnaître mes faiblesses et mes imperfections.
Je ne suis que le résultat d’une partie de jambes en l’air entre mes parents… un moment de vie m’a amené sur cette planète et j’aime penser que tout pourrait s’arrêter demain, la terre pourrait exploser ou notre monde s’écrouler. Alors je vis à fond et je dis tout ce que j’ai envie de dire, je ne veux rien regretter.
Ton flow est à la fois ultra rapide et très précis, très articulé et clair. Tu l’as travaillé ?
Kid Bookie : Énormément oui ! Quand j’étais plus jeune on me répétait que je n’étais pas assez clair. Alors j’ai travaillé ma diction, ma vitesse d’élocution, sans relâche ! La langue est une arme bien plus qu’un organe et un muscle. Elle est à la fois mon métronome, mon instrument et mon mégaphone. Je rape, je chante, je crie… tout ce qui sert à m’exprimer vient de mon cerveau et passe par ma bouche. Et je veux qu’on me comprenne : j’essaye de dire des choses, de passer un message pas juste de passer une jolie mélodie… alors j’articule ahaha !
Tu penses et tu parles aussi vite que tu chantes !
Kid Bookie : Les mots sortent vite car ils sont en communication directe avec mon cerveau. J’essaye au maximum de ne pas filtrer ou de trop préméditer mes textes et le rap me permet ça. D’être dans une énergie brute et vraie… de pousser une idée ou une réflexion le plus loin possible en fonction du rythme et des images qui me viennent à l’esprit autour d’un simple mot.
Tu as fait de nombreux featuring et collaboré avec Corey Taylor de Slipknot à plusieurs reprises… Une collaboration c’est plus de pression ou de liberté ?
Kid Bookie : C’est plus de liberté ! Entendre une voix familière sur un son nouveau c’est à la fois rassurant et inspirant… J’aime amener les gens dans mon univers tout en m’inspirant de leur énergie ! Avec Corey Taylor c’était dingue car c’est un de mes héros d’enfance et je rêvais de le rencontrer ! Un jour je l’ai contacté pour lui proposer de travailler ensemble et il me connaissait ! Je n’en revenais pas ! Et puis ça s’est tellement bien passé que depuis on a énormément travaillé ensemble. Personne ne s’attendait à voir débarquer cette fusion rap-rock-métal du pays de Buckingam Palace… et ça a marché !
Tu apprécies autant d’être en studio que sur scène ?
Kid Bookie : Oui complètement ce sont deux exercices différents mais tellement complémentaires ! En studio on conçoit, on imagine, on teste… on fait naître les chansons, on les amène à la vie ! Et sur scène tu les libères dans le monde, tu lâches ton énergie et tu vois le retour du public qui la reçoit et te la renvoie en retour c’est une sensation très forte !
Est-ce que tu apprécies autant tes premières productions que les toutes dernières ?
Kid Bookie : J’ai un rapport un peu conflictuel avec mes chansons du passé, c’est comme une souffrance que je n’ai pas envie de revivre, un reflet d’une époque révolue, parfois douloureuse… pourtant je ne renie pas ces chansons passées et j’ai de la tendresse pour elles… mais mes nouvelles productions correspondent plus à l’homme que je suis aujourd’hui, plus affirmé, plus conscient de mes failles et de mes forces. Cet album c’est moi avec toutes mes imperfections mais aussi toute ma détermination ! Et il est très bien accueilli, j’ai hâte de monter sur scène pour le partager avec le public à Londres en Février, ça va être énorme !
Quel est ton meilleur souvenir de scène jusqu’ici ?
Kid Bookie : Fred Durst à Wembley… Limp Bizkit me demande de les rejoindre sur scène à Wembley pour une chanson pendant leur set… c’était énorme ! Déjà le stade est énorme ahaha, et c’est ma ville, et je suis avec un groupe que j’adore depuis toujours et avec Fred Durst qui m’estime assez pour me demander de le rejoindre… c’était géant comme moment !
Es-tu heureux de ton parcours dans la musique et du succès que tu rencontres ?
Kid Bookie : Je suis heureux surtout parce que je ne m’attendais pas forcément à ça ! J’ai fait les choses parce que j’avais envie de les faire et que je ressentais le besoin de m’exprimer en musique, mais sans jamais attendre le succès en retour, alors le succès ou la reconnaissance des awards, du public, des médias, c’est aussi surprenant qu’agréable.
Mais je n’en reste pas moins celui que j’étais, passionné par le son, la musique et les mots… je fais les choses pour moi, sans me soucier de qui est dans mon carnet d’adresses ou de passer à la télé. La célébrité n’est pas un fin en soi, mais faire de la musique que j’apprécie et voir que finalement des gens qui ne me connaissent pas comprennent mes idées et aiment ce que je fais, c’est une belle récompense !
Quel est ton mot de la fin ?
“Stop being scared motherfuckers and act as you could die tomorrow ! Take control of your life !”
Oui je trouvais ça cool de vous le laisser en V.O…
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Une interview de Caro @Zi.only.Caro
Kid Bookie sera de retour dans l’hexagone en avril après sa tournée UK de mars.
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