Interview Bambara – « Nos chansons sont des créatures vivantes, elles évoluent jusqu’au dernier moment. »

par | 22 Avr 2025 | INTERVIEW

⏱ Temps de lecture : 5 min

Bambara poursuit son ascension dans le post-punk avec une intensité toujours plus cinématographique. Entre chaos et lyrisme, le trio originaire d’Atlanta (Géorgie) et installé à Brooklyn se livre sur son processus de création, l’impact de son environnement et son expérience en studio avec Graham Sutton. Rencontre avec Blaze Bateh et William Brookshire.

 

Bambara

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Tout d’abord, merci d’avoir pris le temps de me parler. J’ai vraiment adoré l’album, il est super cool.

Blaze Bateh ( Bambara ) : : C’est génial d’entendre ça ! C’est toujours excitant d’avoir des retours, parce qu’en réalité, on a l’impression d’avoir fini l’album il y a à peine quelques mois. On a écrit jusqu’au dernier moment, donc tout ça nous semble encore très frais.


Ma première question concerne le Morehouse College, où Bambara a prononcé ses premiers balbutiements. C’est une université avec un fort ancrage artistique. Si vous deviez décrire votre toute première répétition ensemble, comment la raconteriez-vous ?

Blaze Bateh ( Bambara ) :: Ah, en fait, on ne s’est pas tout à fait rencontrés au Morehouse College.


Ah d’accord, mais c’était bien à Atlanta, non ?

Blaze Bateh ( Bambara ) : Oui, c’est tout proche. En réalité, on s’est rencontrés bien avant ça, en primaire !
William Brookshire (Bambara ) : Oui, en école élémentaire, à Atlanta. Donc on se connaît depuis très longtemps. Et on a commencé à faire de la musique ensemble vers 13 ou 14 ans, juste en s’amusant, en jouant des reprises. Puis, plus tard, on a tous étudié à l’Université de Géorgie à Athens, et c’est là que notre projet musical a commencé à devenir sérieux, qu’on a commencé à enregistrer sous le nom de Bambara.
Blaze Bateh ( Bambara ) :: Athens, c’est une ville toute petite en Géorgie, mais avec une forte identité artistique.


Oui, c’est bien la ville où R.E.M. a émergé, non ?

Blaze Bateh ( Bambara ) : Exactement !  Athens c’est une oasis artistique. Il y a toujours eu ce réseau incroyable de musiciens, d’artistes et de salles de concert qui rendent facile le fait de lancer des projets et de trouver des gens sur la même longueur d’onde. Ça nous a vraiment donné un point de départ.

William Brookshire ( Bambara ) : Ensuite, on a déménagé à New York, en 2011. Donc notre parcours, c’est Atlanta, Athens et enfin New York.

Bambara

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Vous avez parlé de votre parcours en Géorgie, mais maintenant vous êtes installés à Brooklyn. C’est un environnement ultra stimulant sur le plan artistique. Est-ce que ça a influencé votre musique ?

Blaze Bateh ( Bambara ) : Clairement. Venir du Sud, c’est avoir un rythme plus posé. À New York, tout est plus intense. Il y a une urgence permanente, une pression qui te pousse à travailler plus dur. Ici, tu ne peux pas juste bosser et rentrer chez toi te reposer. Il faut toujours être en mouvement, toujours créer.
William Brookshire ( Bambara ) : C’est une autre cadence de vie, il y a une urgence constante. Il y a toujours cette pression qui pèse sur toi. Tu dois travailler plus dur, trouver du temps pour créer même quand tu es épuisé. Ça te force à être ingénieux.

 


Sounds like Paris !

Blaze Bateh : Oui, c’est pareil ! Oui, totalement. On est allés plusieurs fois à Paris en tournée, et on ressent un peu cette même pression créative.

 

 


Reid et Blaze, en tant que frères, comment décririez-vous votre dynamique créative ? S’agit-il d’une fusion d’idées ?

Blaze Bateh : On écrit tous les trois la musique ensemble. On s’envoie constamment des emails, on se retrouve en studio, on ajuste tout. C’est un long processus d’allers-retours. Et quand il s’agit des paroles, on laisse Reid tranquille. Il disparaît pendant un moment, s’immerge complètement dans l’univers de l’album, puis revient avec les textes. William aide généralement à affiner, mais moi, je les laisse faire leur truc.


Vous avez enregistré l’album avec Graham Sutton, qui vous a poussés à envisager votre musique sous un angle différent. Y a-t-il eu un moment en studio où son approche vous a amené ailleurs ?

William Brookshire : Oui, plein de fois. Il avait une vraie vision du son et il comprenait qu’on allait continuer à travailler sur l’album même après l’enregistrement. Il a trouvé des solutions techniques pour qu’on puisse encore expérimenter après coup.
Blaze Bateh : Par exemple, il a enregistré une banque de sons avec différentes prises de batterie, pour qu’on puisse ensuite modeler nos morceaux à distance. Il nous a aussi fait essayer des trucs fous, comme utiliser un piano à queue en tant que résonateur en plaçant un haut-parleur en dessous et en y diffusant une ligne de basse.
William Brookshire : Et surtout, il était ultra patient. On n’est pas les artistes les plus faciles à suivre : on change nos morceaux jusqu’à la dernière minute. Parfois, deux semaines avant le mastering, on décidait soudainement de transformer un titre lent en morceau rapide. Il ne nous freinait jamais, il nous laissait aller au bout de nos idées.


Votre son est devenu de plus en plus cinématographique. Si Birthmark était un film, lequel serait-il ?

Blaze Bateh : On a toujours un peu imaginé Birthmarks comme un Mulholland Drive musical. L’histoire est racontée de manière non linéaire, avec des flashbacks et des pièces du puzzle à assembler.

 

 

 

Votre évolution musicale est marquante, du chaos de Dream Violence à ce côté plus narratif. Avez-vous déjà une idée de la direction que prendra votre prochain album ?

Blaze Bateh : On ne se fixe jamais de cadre strict. On aime que chaque album se développe de manière organique. Si un morceau sonne trop comme quelque chose qu’on a déjà fait, on cherche à le pousser ailleurs. Quoi qu’il arrive, tant qu’on travaille à trois, notre identité restera toujours reconnaissable.


Signer chez Bella Union, un label avec une forte identité, a-t-il changé votre approche musicale ?

William Brookshire : Ça n’a pas changé notre son, mais ça nous a donné plus de moyens pour expérimenter. Par exemple, grâce à eux, on a pu travailler avec Graham du début à la fin, ce qui était une première pour nous.

Bambara

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Vous avez tourné avec IDLES et Gilla Band, deux groupes réputés pour leur énergie brute. Un souvenir mémorable de ces tournées ?

Blaze Bateh (Bambara ) : Hmm… Disons qu’il y a des histoires qu’on ne peut pas raconter ! (rires) Mais ce sont des groupes incroyables, et jouer avec eux nous pousse à nous donner a fond. Chacun donnait son maximum tous les soirs, et ça nous motivait à repousser nos limites aussi. On reste proches, d’ailleurs. Joe [d’Idles] était encore en ville récemment, on a passé du temps ensemble.


Votre album sort dans quatre jours. Comment vous sentez-vous ?

Blaze Bateh (Bambara ) : Excités, curieux de voir comment les gens vont réagir aux morceaux qu’ils n’ont pas encore entendus.

William Brookshire : Il y a beaucoup plus de profondeur qu’on ne l’a montré avec les singles. Les premiers singles donnent une idée, mais l’album a encore bien plus à offrir. On a hâte d’avoir les retours.

 

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L’album Birthmark est disponible depuis le 14 mars chez Bella Union.

Crédit photos : Jason Thomas Geering