200 000 fans. Une ville en trance. Deux icônes du spleen synthétique. Et une caméra pour capturer l’instant où la mélancolie devient mythe.
Depeche Mode revient non pas avec un nouvel album, mais avec un long métrage hautement symbolique, réalisé par le très stylé cinéaste mexicain Fernando Frías (Je ne suis plus là, 2019). Le film s’intitule sobrement « Depeche Mode : M », comme un mantra, comme un murmure dans le noir, comme la mort, peut-être. Et il sortira en salles courant 2025.
Tourné lors de la tournée Memento Mori à Mexico, le film nous propulse en septembre 2023, dans l’arène brûlante où Martin Gore et Dave Gahan ont électrisé 200 000 spectateurs en trois soirées mémorables. Frías, connu pour son regard documentaire et poétique, capte l’instant suspendu, entre fragilité humaine et transcendance scénique. Mais le film ne s’arrête pas à la performance : il mêle images d’archives, plans intimes et souffle mystique, pour offrir une vision totale de ce qu’est Depeche Mode en 2025 – un groupe qui flirte avec le sublime, même dans le deuil.
« Une fenêtre sur l’influence mondiale intemporelle du groupe, et un hommage puissant au lien indéfectible entre la musique, la tradition et l’esprit humain », déclare le communiqué officiel. Rien que ça. Et honnêtement ? C’est plutôt juste.
Memento Mori, quinzième album studio du groupe, est sorti au lendemain du décès d’Andy « Fletch » Fletcher, pilier discret mais fondamental du groupe. Un album qui suinte la perte, mais sans se vautrer dans le pathos. Rolling Stone a très justement résumé l’ADN du disque :
« La mélancolie est depuis longtemps un élément central de l’expérience Depeche Mode… Ils se sont spécialisés dans la vulnérabilité. »
Pas étonnant donc que le groupe ait choisi un titre aussi funèbrement latin que Memento Mori (« souviens-toi que tu vas mourir »), et que ce choix ait été fait avant même la disparition de Fletch. C’était prémonitoire. Ou juste lucide.
Mais attention : Depeche Mode ne joue pas les croque-morts sonores. Au contraire, certains titres de l’album sont même presque… joyeux. Comme si la conscience de la fin rendait chaque pulsation plus précieuse, plus vivante. C’est ce paradoxe – danser sur une ligne de basse tout en fixant le vide – que « Depeche Mode : M » promet de capturer.
Sortie prévue en 2025. Salle obscure recommandée. Dress code : noir, évidemment.