La trajectoire de Linkin Park, le « U2 des milléniaux », avait connu un crash brutal à l’annonce du décès de son chanteur Chester Bennington. Deux ressorties d’albums anniversaires avec des inédits enregistrés avec le regretté plus tard, le groupe a annoncé à la rentrée un retour sous une nouvelle formation. L’américaine Emily Armstrong, qui officiait auparavant dans Dead Sara, reprenait le micro aux côtés de la tête pensante du projet : Mike Shinoda. Leur batteur historique, Rob Bourdon, cédait aussi sa place au producteur Colin Brittain (ayant collaboré avec Papa Roach, One Ok Rock, 5 Seconds of Summer…) tandis que Brad Delson restait dans l’ombre du studio et serait remplacé sur scène.
L’album débute avec le single ayant servi à annoncer le retour : « The Emptiness Machine », un morceau se rapprochant énormément de la période « Minutes To Midnight », sorti en 2007. Cette impression persiste tout au long de l’album, chaque morceau semblant être un clin d’œil à une époque du combo américain. «Cut The Bridge » enchaîne, première chanson à ne pas être sortie en single auparavant. L’alternance Shinoda/Armstrong se fait naturellement, comme elle avait pu se faire par le passé avec Bennington. Nous écoutons bien un album de Linkin Park, le timbre vocal ayant simplement changé. Les poils se dressent sur « Over Each Other », une power-ballade comme le groupe savait en produire lors de ses précédentes époques, montrant le talent d’Armstrong. « Casualty », morceau plus punk, reste pour moi anecdotique. La chanson « Overflow » est nettement plus intéressante et fait écho aux expérimentations du groupe sur l’album Living Things, qui avait marqué un vrai virage artistique à l’époque.
Sur la chanson suivante, sortez les baggys et les skateboards : nous embarquons dans les années 2000 avec le morceau « Two Faced », dont le clip, tourné le jour de la révélation du nouveau line-up, comprend la présence du guitariste historique (et de son casque antibruit sur les oreilles), Brad Delson. Cette chanson, reprenant avec brio les caractéristiques de la période Hybrid Theory–Meteora, rassurera les plus sceptiques sur la capacité d’Emily Armstrong à interpréter les anciens tubes de Linkin Park. « Stained » mettra à nouveau en lumière les capacités vocales de la nouvelle venue avec un véritable tube FM dont Shinoda a le secret. L’album se termine avec une nouvelle ballade, « Good Things Go », qui clôture cet opus dans l’émotion.
En conclusion, From Zero fait à mes yeux office de regard dans le rétro avant d’aller de l’avant, tout en accueillant de nouveaux musiciens avec un album solide. Un album qui plaira aux fans de Linkin Park issus de toutes les périodes artistiques du groupe.
Linkin Park – From Zero (WMG)
Tracklist :
1 From Zero (Intro)
2 The Emptiness Machine
3 Cut The Bridge
4 Heavy Is the Crown
5 Over Each Other
6 Casualty
7 Overflow
8 Two Faced
9 Stained
10 IGYEIH
11 Good Things Go