Interview : TONY LOVATO : « J’étais condamné à devenir punk-rocker »

Par Caro
Publié le 15 novembre 2024

Adolescent rebelle de Chicago biberonné au Rock, Tony Lovato forme Mest à 15 ans dans le garage de ses parents et décide qu’il sera rockstar ou rien ! Plus de 25 ans, des millions de fans et une quantité incalculable de concerts et de tattoos plus tard, il est retour avec son groupe Mest, un nouvel album intitulé « Youth » et toujours la même envie de tout donner sur scène !

 

Tony Lovato et son groupe Mest étaient de passage à Paris l’été dernier pour un concert explosif, riche en bières renversées et en pogos non maîtrisés d’un public déchaîné de retrouver enfin l’éternel teenager et sa bande sur scène ! Dans l’après-midi ils ont donné un showcase intimiste au Blossom Burger dans le 10eme arrondissement et Tony Lovato s’est prêté avec beaucoup de coolitude à mon interview  » Retour vers le futur « , entre vieux souvenirs et nouvelles envies…

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Tony Lovato au Backstage By The Mill par Caro

 

Tu reviens avec Mest à Paris 6 ans après votre dernier passage, avec une composition de groupe qui a un peu évolué mais toujours autant d’énergie… et les fans sont là au rendez-vous ! Tu aimes toujours autant être sur scène, on dirait…

Tony Lovato : Oui, c’est toujours le même plaisir de tourner partout dans le monde et se dire qu’on est toujours aussi bien accueillis où qu’on aille que ce soit aux States ou en Europe, plus de 20 ans après nos débuts ! Et les fans français ont beau avoir pris quelques années comme moi, ils sont toujours aussi expansifs pendant les concerts !

 

 

 

Tu as commencé très tôt la musique… j’ai l’impression que tes fans t’ont vu grandir sur scène, non ?

Tony Lovato : J’ai fondé Mest quand j’avais 15 ans avec mon frère et mon cousin dans le garage de la maison où on vivait mais j’avais commencé la musique longtemps avant cela. Je baigne dans la musique, le rock et les concerts depuis tout petit, c’est une histoire de famille…

 

Raconte… comment as-tu attrapé le virus du rock ?

Tony Lovato : Mon père adorait le rock : il écoutait du Heavy Metal et plein de groupes, et quand j’ai eu 8 ans il m’a offert un walk-man pour Noël avec l’album Theater of Pain de Motley Crue, j’écoutais ça en boucle. Autour de moi c’était le punk qui marchait bien comme Social Distortion, et même avant que je sache ce qu’était le punk et la culture qui existait autour, c’était l’énergie de la musique de la scène californienne qui me faisait vibrer. C’est ça qui a été le départ de mes influences, qui m’a amené à écrire des chansons et à vouloir jouer de la musique.

 

Quand as-tu commencé à jouer ?

Tony Lovato : J’ai eu mon premier groupe de Heavy Metal à 7 ans, on faisait des reprises de Judas Priest et d’autres groupes dans le garage de mes parents. Je jouais de la guitare et j’ai trouvé ça trop dur alors j’ai laissé tomber et je me suis mis à la batterie. Au bout de quelques années j’ai eu envie de reprendre la guitare et de recommencer à composer des chansons. Mon père m’a montré quelques accords de guitare et m’a donné des cours. C’était l’époque de Rancid, Greenday, NOFX… C’est là que j’ai réalisé que c’était ce que je voulais faire : jouer dans un groupe de rock et écrire des chansons. À 15 ans je me suis fait virer de l’école. Mon père m’a demandé alors ce que je voulais faire de ma vie et je lui ai dit que je voulais faire de la musique. Alors il m’a dit « ok fais-le, mais mets toute ton énergie là-dedans si tu veux réussir ». Il a été en quelque sorte mon premier manager. Il n’avait pas pu vivre de la musique et il avait dû prendre un « vrai » boulot pour payer les factures et faire vivre sa famille, alors il nous a encouragé moi et mon frère à vivre notre passion. Il s’occupait de booker les studios d’enregistrements, il nous emmenait et transportait notre matériel… on était la petite famille Punk-Rock hahaha !

 

Tony Lovato

Tony Lovato photographié par Caro

 

Quelle est la chanson qui fait le plus bouger les gens en live ?

Tony Lovato : On n’a jamais été un groupe de radio, notre succès s’est fait grâce à la scène donc beaucoup de nos titres des premiers live de Mest comme Rooftops ou Fucked Up Kid font bouger le public. C’est le moment nostalgie. Ça peut paraître étrange de chanter à 44 ans que je suis un gamin paumé car je ne suis plus un gamin bien sûr, mais je chante pour le gamin que j’étais et notre public retourne dans le passé ! C’est un voyage dans le temps !

 

La Pop Punk fait son grand retour ces derniers temps. Tu penses que c’est révélateur d’un état d’esprit actuel cette nostalgie de l’adolescence rebelle ?

Tony Lovato : Pour moi c’est un cycle. Aujourd’hui de nouveaux groupes font revivre le punk en s’inspirant de celui d’il y a 20 ans alors ça donne l’impulsion pour revenir aux groupes qui ont fait le succès de cette musique. Moi j’ai commencé très jeune et j’ai été signé à 19 ans par un label… donc mon public avait le même âge que moi quand j’ai débuté, on a grandi ensemble. Certains ont fait des études se sont installés dans la vie, ont eu un job, une famille… et aujourd’hui ils ont atteint un stade dans leur vie où ils envie de vivre de s’amuser et de retrouver le fun de leurs 20 ans et ils sont encore assez jeunes pour le faire, aller dans des concerts, des festivals… ou se faire tatouer !

 

 

Mais quelle parfaite transition tu m’offres ! Parlons tattoo, tu en as partout ! Quand as-tu commencé l’encre ?

Tony Lovato : J’ai commencé à 15 ans au moment où j’ai monté Mest. J’étais bien décidé à me recouvrir d’encre assez vite ! À 16 ans je me suis fait tatouer le cou et à 17 ans j’avais tout le bras rempli d’un tas de bazar. Pour moi c’était une façon de me motiver à réussir dans le Rock. Avoir un tatouage dans le cou était super mal vu à l’époque et me condamnait à ne jamais pouvoir avoir un vrai job (un tatouage dans le cou était qualifié de « job sucker » littéralement le tueur de boulot) et donc je devais réussir dans la musique où ça ne gênerait personne que je sois un sale gosse tatoué.

 

Tu étais très déterminé pour un ado de 15 ans !

Tony Lovato : Très déterminé oui ! À Chicago où je vivais, il fallait être majeur ou accompagné par les parents pour un tatouage dans le cou, alors je suis allé tout seul dans un truc de bikers pas trop regardant pour me faire piquer le cou ! Et pour un tattoo qui a près de 30 ans c’est plutôt toujours bien tapé. J’ai fait les choses à l’envers. Normalement on cache et puis en grandissant on assume et on fait des tatouages qui dépassent des fringues. Moi c’était l’inverse : je savais que je serais recouvert de tattoos mais je voulais que ça dise quelque chose sur moi dès le début. J’ai commencé par l’avant-bras et puis s’est remonté sur le bras, l’épaule et le cou. Comme une manche même si à l’époque on ne parlait pas de sleeve… Petit à petit, un motif après l’autre, une histoire après l’autre, ça m’a recouvert.

Tony Lovato

Tony Lovato et le groupe Mest à leurs débuts

 

Comment vois-tu l’évolution du tatouage de ces dernières décennies ? On est plus trop dans le délire underground aujourd’hui, non ?

Tony Lovato : Aujourd’hui des jeunes se font piquer un bras entier en une seule séance, un truc réaliste sorti de leur film préféré ou je ne sais quoi. C’est souvent une recherche d’esthétisme ou une volonté de ressembler à quelqu’un de cool bien plus qu’une affirmation de qui ils sont vraiment. Ça perd un peu de son sens premier. Quand j’ai commencé, être tatoué n’était pas à la mode et ça signifiait forcément faire partie d’une communauté très underground et en marge de la société bien-pensante. C’était un truc de rebelle et pas un art. Aujourd’hui il y a de très bons artistes qui font des choses magnifiques, mais moi j’ai toujours eu des potes autour de moi qui tatouaient et beaucoup de mes tattoos on me les a faits gratuitement, c’était l’esprit spontané de « tiens et si tu me tatouais un truc »… je respecte entièrement ceux qui sont dans un délire artistique tant que c’est fait par conviction et pas pour suivre une tendance ou un modèle esthétique.

 

Tu t’es déjà fait tatouer en tournée ?

Tony Lovato : J’ai le souvenir d’une fois dans un tourbus où le batteur et le gars qui s’occupait du merch se sont fait piquer des matching tattoos sur les mollets qui disait « Good Looking Person » pendant que le bus roulait et donc c’est vraiment mal fait, tremblotant et horrible ahahah… il me semble qu’à un moment j’étais vraiment bourré et j’ai dit « ok passez-moi la machine »  et je me suis piqué le tibia moi-même. Et comme tu peux le voir c’est vraiment moche ahaha. Il y a des souvenirs de tattoos sur moi qui sont assez flous je dois bien t’avouer. Un de mes potes m’a toué le dos et le ventre et je crois qu’il m’a tatoué en tournée mais j’ai eu une période où j’abusais un peu de la bouteille et donc les détails de qui m’a tatoué quoi ne sont pas toujours clairs dans mon esprit.

 

Est-ce que tu aimes tous tes tatouages ?

Tony Lovato : Je crois, oui, car ils représentent des parties de ma vie. La ville où j’ai grandi sur mon ventre, des trucs de musique, des noms de groupes ou des logos, des symboles de ma personnalité ou des choses que j’aimais bien faire ou dire… d’autres sont juste là pour le fun. Les plus symboliques et chargés de sens sont ceux qui sont en rapport avec mes enfants, je suis devenu un papa gâteau, toujours punk mais paternel. Celui que j’aime le moins c’est mon tout premier que j’ai fait à 15 ans, il est vraiment moche et pourri mais je n’ose pas le recouvrir c’est une partie de ma vie importante et le début de tout, et il me manquerait si je le faisais recouvrir par quelque chose de joli finalement…

 

Merci Tony pour ce retour vers le futur entre vieux souvenirs et nouvelles chansons !

Merci à toi c’est toujours un plaisir de parler tattoo et musique ! La prochaine fois à Paris tu m’emmènes me faire tatouer ! Il me reste de la place sur les jambes !

 

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Interview de Caro @Zi.only.Caro réalisée à Paris chez Blossom Burgers @blossom_burgers

Rendez-vous sur les réseaux pour suivre Mest, ses actus et dates de concert à venir !

Instagram : @theofficialmest/@anthonylovato

Facebook : Mestofficial

 

Le nouvel album “Youth” est disponible sur la plupart des plateformes et en commande sur www.mestmusic.com

 

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Tony Lovato photographié par Caro

 

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