PHANTOM OF THE PARADISE

Phantom of the Paradise : Un pacte pour une vie en rock

par | 1 Juil 2025 | Films / Séries

⏱ Temps de lecture : 13 min

Phantom of the Paradise, c’est une comédie musicale mélangée à un film d’horreur. C’est un ovni bourré de références. C’est à la fois un hommage adressé au cinéma d’épouvante et une critique de l’industrie du disque, qu’on égratigne bien comme il faut. Mais Phantom of the Paradise, c’est avant tout un film rock légendaire, réalisé en 1974 par le tout jeune Brian de Palma.

 

PHANTOM OF THE PARADISE Un pacte pour une vie en rock

PHANTOM OF THE PARADISE

 

PHANTOM OF THE PARADISE : DE QUOI ÇA PARLE ?

Voici le pitch : Swan (Paul Williams) est le propriétaire mégalomane des disques Death Records. Ce géant de l’industrie rock qui ne dépasse pas le mètre-cinquante est en quête d’une musique à nulle autre pareille, qui serait digne de marquer l’ouverture du Paradise, la grande salle de spectacle du studio, comme à Broadway, dans laquelle les traditionnelles comédies musicales seraient brûlées sur l’autel du rock !

Swan auditionne ainsi toutes sortes d’artistes, espérant dénicher le talent rare. Il porte son dévolu sur Winslow Leach (William Finley), un jeune compositeur talentueux qui aspire à percer dans le métier. Par une odieuse série de manipulations et autres machiavéliques trahisons, Swan va tout simplement voler sa musique à Winslow, poussant ce dernier à commettre l’irréparable et à finir emprisonné sous une lourde peine. Rendu fou par la perspective de voir son œuvre profiter – dans une version complètement dégénérée – à un individu aussi vil, Winslow  réussit à s’échapper de sa prison. Alors qu’il tente de récupérer l’objet de son labeur, un accident dans les presses du studio va le laisser pour mort, affreusement défiguré !

Amoureux de Phoénix (Jessica Harper), l’une des chanteuses du Paradise à qui il veut absolument associer sa musique, Winslow va alors hanter le studio sous les traits du Fantôme du Paradise, obligeant Swan à lui concéder ce qu’il demande. Mais le machiavélique producteur, toujours aussi perfide, n’a pas encore dit son dernier mot ni même dévoilé le véritable secret de son ascension vertigineuse…

 

DE HITCHCOCK À DE PALMA

Phantom of the Paradise est un film unique en son genre. En 1974, Brian De Palma avait déjà mis en boite quelques longs métrages, notamment en tandem avec d’autres professionnels, mais il n’avait à son palmarès qu’un seul succès véritable, réalisé un an auparavant : Sœurs de Sang. Le premier thriller horrifique d’un auteur qui allait devenir le nouveau maître du suspense pour toute la décennie à venir…

C’est connu : Brian De Palma aime, vénère, cite et rend régulièrement hommage à son modèle absolu, c’est-à-dire Alfred Hitchcock. C’est d’ailleurs à cette époque que le futur réalisateur de Scarface parsème le plus ses films de références hitchcockiennes assumées. De Sœurs de Sang à Body Double (1984) en passant par Obsession (1976) et Pulsions (1980), c’est pile dix ans d’hommage énamouré de la part d’un cinéaste qui bachote ses gammes hitchcockiennes.

On l’oublie souvent mais, en 1974, Hitchcock est encore loin d’être le génie reconnu qu’il est aujourd’hui et il sort de plusieurs décennies où la critique élitiste l’a plus ou moins regardé de travers, considérant son cinéma comme du simple divertissement populaire et de la série B de luxe ! Avec les réalisateurs français de la Nouvelle Vague et des Cahiers du Cinéma, De Palma travaille lui aussi pour aider le maître à se débarrasser de son étiquette deYes man et pour que le monde sache ce que lui doit la nouvelle génération de cinéastes.

 

PHANTOM OF THE PARADISE Un pacte pour une vie en rock

Phantom of the Paradise

Des références assumées

Nonobstant, les scènes de Phantom of the Paradise qui citent le grand Hitchcock sont les seules, avec peut-être certains passages de Body Double, à oser en rire et à verser pleinement et sans complexe dans la parodie ostentatoire !

La scène de la douche, gros clin d’œil adressé à Psychose, est l’une des références les plus délurées parmi toutes celles qui ont pu être puisées dans l’œuvre du maître du suspense : Voilà donc que la fragile jeune femme en détresse (Janet Leigh dans le film d’Hitchcock) est désormais remplacée par un chanteur glam hurlant et hystérique (“Beef” (Gerrit Graham), inénarrable !) et que le tueur psychopathe (autrefois incarné par Anthony Perkins) apparaît sous les traits du fameux Fantôme, lequel préfére utiliser une ventouse pour déboucher les toilettes – littéralement un “débouche-chiottes” – plutôt qu’un couteau, entendu que ce dernier ustensile n’aurait sans doute pas suffit à clouer le bec de l’excentrique star du rock coiffé de sa charlotte !

L’air de rien, cette scène est la clé de voûte de tout le film : Rétrospectivement, c’est le sommet d’un équilibre inouï entre délire absurde et exigence artistique de la mise en scène au sens noble du terme. Et le terreau de cette exigence, c’est donc le meilleur de l’histoire du cinéma de genre. C’est celui d’Hitchcock. Ou quand l’auteur de cinéma et le cinéma populaire ne font qu’un…

 

Pour l’anecdote, De Palma souhaitait que son hommage à Hitchcock soit tourné vers la parodie car la critique l’avait accusé, à propos de Sœurs de Sang (une relecture de Psychose pleinement assumée, avec la musique de Bernard Herrmann, compositeur attitré d’Hitchcock pour appuyer l’hommage délibéré), de verser dans le plagiat ! On en rigole encore, non ?

Non mais franchement, quand est-ce que le cinéma de genre réussit à lier à ce point le divertissement populaire le plus délirant au cinéma d’auteur ? Phantom of the Paradise est un ovni, et cette osmose entre l’élite intellectuelle et les crapules qui défie en permanence les hiérarchies ne pouvait échouer que sur un film rock !

 

PHANTOM OF THE PARADISE : LA QUINTESSENCE DU FILM DE GENRE

Assurément, Phantom of the Paradise est un film de genre, fusion bluffante du mythe de Faust et du célèbre roman de Gaston Leroux (Le Fantôme de l’Opéra). Le scénario fait fructifier à merveille les liens qui unissent ces deux récits fondateurs du genre épouvante car, si Le Fantôme de l’Opéra nous racontait l’histoire d’un être défiguré (et masqué), hantant les coulisses de l’opéra Garnier afin de faire de son égérie une grande cantatrice, la pièce jouée dans le récit n’était autre que le Faust de Gounod !

Brian De Palma va alors opérer une mise en abîme à travers une relecture ouvertement fantastique : C’est ainsi que la cantate écrite et composée par Winslow Leach s’intitule “Faust” ! Avant que ce même Winslow ne signe un pacte avec Swan, lui-même ayant pactisé avec le diable afin d’échanger son âme contre la jeunesse et le succès éternels !

À ces deux références principales, De Palma va également ajouter celle du Portrait de Dorian Gray. Swan, qui possède une jeunesse éternelle, se verra ainsi rattrapé par le temps et la décrépitude au moment de sa mort. Et s’il ne possède pas de portrait, il enregistre à la place son image sur les archives de vidéosurveillance, notamment celle de son pacte avec le diable ! C’est De Palma qui a raison : Le roman d’Oscar Wilde était déjà une véritable itération du mythe de Faust !

Parce que PHANTOM OF THE PARADISE est truffé de références aux histoires et aux autres films de genre, notons également celle de Frankenstein lorsque “Beef” apparait sur scène dans un cercueil nimbé d’électricité, après que son corps, dans une mise en scène aussi kitsch que théâtrale, ait été soi-disant assemblé de plusieurs membres distincts, telle une créature façonnée de toute pièce par Swan lui-même (ce qui est le cas dans un certain sens, puisque Swan est une sorte de Dieu omnipotant au sein de son Paradise) ! Et lorsque ce dernier s’en revient d’un voyage d’affaires en Transylvannie (patrie de Beef !), c’est dans le costume que portait Bela Lugosi dans le Dracula de 1931 que le public le voit sortir de son avion !

 

PHANTOM OF THE PARADISE Un pacte pour une vie en rock 2

LE FILM D’UN AUTEUR

Mais Phantom of the Paradise est aussi un film d’auteur, puisque ce scénario vertigineux offre l’occasion à Brian De Palma d’illustrer deux des thèmes majeurs qui sillonnent sa filmographie, à savoir celui du “double” et celui du “regard”.

La Nature de l’être humain est double. Ce thème récurrent, présent dans la quasi-totalité de l’œuvre du réalisateur ne fait pas défaut dans Phantom of the Paradise. Dans Sœurs de Sang, De Palma l’abordait à bras le corps avec son histoire de sœurs siamoises dont l’une était le pendant maléfique de l’autre. L’opération chirurgicale visant à les séparer ayant échoué, la “mauvaise” sœur décédait mais subsistait dans l’esprit de sa jumelle, qui devenait donc schizophrène ! Une “personne double”, puisant en elle le bien et le mal à égalité.

Dans Obsession (1975), relecture obsessionnelle et morbide de Sueurs Froides (Vertigo), le personnage principal recherche le double de sa femme décédée et tombe amoureux de sa fille prétendue morte, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa mère dont elle est, au final, une sorte de double !

Dans Pulsions (1980), un psychanalyste transsexuel souffre d’un dédoublement de personnalité et laisse libre cours à ses pulsions aussi sexuelles que meurtrières en devenant un psychopathe ! Dans Phantom Of the Paradise, le cinéaste va décliner ce thème sous toutes ses formes : Swan se “dédouble” lorsqu’il se regarde dans le miroir le temps de réaliser un pacte avec le diable. Et bien entendu, il se dédouble également à chaque fois que son image est enregistrée dans les archives.

Mais il voit dans Winslow Leach son double de l’autre côté de la barrière entre le bien et le mal. Ce même Winslow trouvant enfin son double artistique en la personne de Phoenix, la chanteuse dont il veut faire la voix de son œuvre, puisque Swan lui a volé la sienne…

Quant à Phoenix, elle passera du côté obscur de la célébrité en ayant goûté à l’ivresse du succès le temps d’une seule représentation, effectuant ainsi un dédoublement inattendu de sa personnalité ! En bref, une autre mise en abîme, développée à partir du même thème, lequel explore nos âmes, sans cesse tiraillées entre le bien, le mal, le désir, le renoncement, la jouissance, l’abnégation et la soif de pouvoir et de célébrité. Soit l’apanage d’une vie en rock !

Quant au thème du regard, De Palma l’avait initialement pioché dans Fenêtre Sur Cour, probablement l’un des films d’Hitchcock l’ayant le plus marqué avec Psychose et Sueurs Froides, l’associant pour le coup volontiers à son corolaire du “voyeurisme”, comme dans Le Voyeur de Michael Powell, qui semble être avec le recul une autre de ses influences évidentes. Il livrera d’ailleurs un hommage croisé à ces deux modèles dix ans plus tard avec Body Double.

Dans Phantom of The Paradise, le spectateur est témoin du voyeurisme de Swan qui, depuis ses loges, observe tout le monde et filme tout sans exception, lui permettant de tout voir sans être vu. Il préserve alors soigneusement toutes les bandes enregistrées puisque, à la manière du Portrait de Dorian Gray, ces enregistrements vieillissent à sa place. Ils symbolisent la mémoire de Swan mais ils sont également le reflet de son âme, le témoignage de son vécu.

Ce faisant, De Palma semble insinuer que les images voyeuristes, ici dédoublées dans tous les coins grâce à un savant jeu de miroirs, lesquels recouvrent la majeure partie des loges de Swan (on a vu qu’il se dédouble lui aussi partout, tout en jouissant en permanence de l’image de sa jeunesse éternelle !), sont indispensables en tant que reflets de notre âme. Terrible paradoxe, terrible constat : si les images voyeuristes n’existaient pas, il n’y aurait pas de preuves de leur horreur…

 

LE TRIBUNAL DU SHOW-BUSINESS

Dans Phantom of The Paradise, ces thèmes de prédilection que le réalisateur développe au fur et à mesure de sa filmographie lui servent principalement à dénoncer – ou tout du moins à cristalliser – la folie du rock-system. Et le film assène une virulente charge contre le show-business et tous ses excès, où chacun est prêt à vendre son âme pour accéder au succès.

Le fric dénature inexorablement les plus belles œuvres. C’est ainsi que le script égratigne à tout-va le star-système en illustrant une course à la célébrité jalonnée de déviances et de compromissions toutes plus abjectes les unes que les autres, où tout est perverti par la compétition, l’escalade et la luxure. Le fait que le film soit tourné à Los Angeles (et par extension à Hollywood) ne trompe pas sur ces intentions et l’on songe au cinéma de Blake Edwards qui, avec des films comme The Party (1969) ou S.O.B (1980), ne faisait rien d’autre que dénoncer la corruption et les dérives du monde du show-business, dont la Cités des anges, Babylone du monde moderne, semble être l’étendard idéal.

Et le triste personnage du Phantom incarne, au final, le destin de ceux qui refusent de se compromettre sur le chemin de la gloire…

 

 

Et c’est ainsi que Brian De Palma va s’inspirer d’une tripotée de célébrités bien réelles afin d’incarner ses personnages. Swan est pour le coup un savoureux mélange qui évoque autant Howard Hughes, le producteur mégalomane et obsessionnel de l’âge d’or hollywoodien, peu à peu retranché dans son monde comme dans une véritable forteresse, que Phil Spector, dont Paul Williams, l’interprète de Swan, singe le look et l’attitude (la petite taille aidant) ! La caricature de Spector en ultime mégalo totalitaire est particulièrement acide, mais le destin sordide du bonhomme donnera finalement raison à Brian De Palma et à Paul Williams !

De manière complémentaire, PHANTOM OF THE PARADISE caricature également les stars et leurs fans adolescents hystériques, notamment avec le groupe des Juicy Fruits (une parodie hilarante des Beach Boys), et bien entendu avec Beef, version hypertrophiée des vedettes glam et hard-rock qui commençaient à pulluler à l’époque (en vrac, David Bowie, T-rex, Alice Cooper, Robert Plant, sachant qu’au départ, De Palma souhaitait que les Rolling Stones ou les Who en personne interprètent le groupe du Paradise et composent la bande-son du film) ! À ce titre, le personnage de Beef parvient à compiler toutes ces stars hallucinantes qui génèrent tellement de pulsions primaires et baroques que l’on ne sait même plus quelle est leur orientation sexuelle ni même s’ils font partie du monde réel ! Soit l’une des composantes les plus absurdes du rock-system (même si on adore ça !), où n’importe quel fou-furieux peut être adulé comme un demi-dieu dès lors qu’il accède à la célébrité, transformant son public en secte religieusement dégénérée.

PHANTOM OF THE PARADISE Un pacte pour une vie en rock 1

 

Brian De Palma va même jouer les devins en préfigurant les affres de la téléréalité lorsque, le temps de deux séquences survoltées, il nous montre un public galvanisé par la mort en direct des personnages principaux ! Une manière quasi-prophétique d’annoncer l’ère d’un star-système décadent où l’escalade permettrait peu à peu toutes les déviances !

Il suffit de regarder du côté de la télévision contemporaine où, aujourd’hui, certaines chaines d’informations sont devenues une véritable source de divertissement pour  des spectateurs accrocs aux images de mort et de drame, comme s’ils se sentaient vivants et heureux par procuration ! Une pierre supplémentaire à ajouter à l’édifice de l’œuvre de Brian De Palma sur le thème du voyeurisme…

 

 

On aura remarqué que les Undead, groupe imaginaire qui apparait dans PHANTOM OF THE PARADISE (composé des membres des Juicy fruits, groupe polymorphe que Swan transforme et remodèle à toutes les sauces selon ses désidératas) et grimmé en goules pour coller à l’apparition “frankensteinienne” de Beef, ressemblent furieusement à un célèbre groupe réel : Kiss, pour ne pas le nommer. En réalité, ces derniers n’existaient pas encore sous cette forme à l’époque de la sortie du film, ce qui ne les empêcha pas d’accuser De Palma (qui se serait inspiré d’Alice Cooper) de les avoir plagiés ! Avec le recul on se sait plus de qui l’œuf ou de qui la poule, mais c’est une anecdote… juteuse !

Quant au studio de Swan, Death Record, Brian De Palma n’a jamais pu l’appeler Swan Song (“le chant du cygne”) comme il le souhaitait au départ, puisque Peter Grant, le redoutable manager de Led Zeppelin et créateur du label Swan Song Record (celui de Led Zep, donc), lui avait immédiatement sauté dessus à coup de menaces de procès, l’obligeant à effacer le logo initial déà imprimé sur pellicule…

PHANTOM OF THE PARADISE : FILM ROCK, OU PRESQUE

Ne nous quittons pas sans parler, tout de même, un peu de musique ! D’ailleurs, Phantom of the Paradise est-il vraiment une comédie musicale ? On pourrait être tenté de répondre par la négative puisqu’aucune chanson ne se déroule en tant que véritable dialogue. Elles sont toutes, soit diégétiques (lorsque les artistes sont en représentation), soit en off (comme n’importe quelle bande originale de film). Pour autant, cette musique est tellement présente, elle constitue tellement l’âme (!) de notre film qu’il convient en définitive de lui accorder cette étiquette.

Et quelle musique ! Profitons-en pour mettre en lumière un artiste dont on ne parle jamais assez, à savoir Paul Williams, l’interprète de Swan. Car l’acteur (excellent dans son rôle, soit-dit en passant) est véritablement l’âme (!!!) du film, puisqu’il a composé l’intégralité de la bande-son et qu’il chante les titres phares de la BO (Faust, Phantom Theme et The Hell Of It, même si on ne le voit jamais chanter), l’occasion d’insérer un savoureux private-joke puisque, lorsque Swan crée un système électronique afin de redonner une voix claire au Fantôme et qu’il s’écrie “Parfait !”, c’est la voix de Paul Williams que nous entendons !

En plus d’être une mise en abîme sur le pouvoir exercé par le personnage sur son univers (qui contamine ainsi le concept même du film puisqu’il en est l’artiste en coulisse), la bande-son est une incroyable démonstration d’éclectisme virtuose, où sont digérés quasiment tous les styles de musique de l’époque consacrée dans leur version parodique. Pour le coup, Paul Williams se met au diapason du réalisateur puisqu’il parvient également à trouver l’équilibre miraculeux entre humour débridé et totale réussite artistique, trouvant cette même alchimie entre le divertissement populaire et l’œuvre d’auteur…

 

Voilà, c’est parfait, la voix de Paul Williams !

 

Mais cette musique, est-ce qu’elle est rock ?

Certains vont pouvoir pinailler, rappeler que Paul Williams est surtout le principal compositeur des Carpenters, de Barbra Streisand ou du Muppet Show, un faiseur de variétoches ayant également joué les singes dans La Bataille de la Planète des Singes (l’orang-outang Virgil) ou le Pinguoin dans Batman, la série animée, voire des petites apparitions dans des séries comme Drôles de Dames ou La Croisière s’amuse.

Ce serait méconnaître la carrière musicale du bonhomme qui, en dehors de ses musiques de films (souvent exceptionnelles, ne serait-ce que celle de Bugsy Malone), a jalonné les années 70 d’une série d’albums solo magnifiques, dont le plus réussi, Just An Old Fashioned Old Song, annonce déjà les chansons de Phantom of the Paradise. Un artiste extrêmement talentueux et sans doute l’un des meilleurs songwriters de sa génération (il a d’ailleurs aussi composé pour les meilleurs, Bowie en tête).

Alors, ce n’est peut-être pas le rock’n roll le plus incisif, mais tout de même, c’est une sacrée bonne bande-son, qui cristallise toutes les tendances de cette première moitié des années 70, dominées par l’emphase et le glam !

Au final, et bien qu’il ait essuyé à sa sortie un cruel échec critique et commercial (c’est le destin de la plupart des œuvres cultes !), voilà un des films-sommes les plus aboutis de l’histoire du 7° art, qui aura permis à son réalisateur de digérer toutes ses influences et à son acteur et compositeur de marquer de son empreinte l’histoire du rock…