Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock

Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock (et qui s’en sort mieux que toi)

par | 5 Sep 2025 | Actus

⏱ Temps de lecture : 3 min

Radiohead. Groupe préféré des étudiants en philo dépressifs, cauchemar des puristes du riff, panique des majors qui pensaient avoir signé “les nouveaux Nirvana”. Et pourtant, trente piges après Creep, Thom Yorke et sa clique remplissent toujours des stades. La question est simple : est-ce qu’on peut encore appeler ça du rock ? Spoiler : oui, mais pas ton rock à papa. Ici, c’est du rock qui transpire l’angoisse, qui bousille ton moral et qui fait danser les pédales de Jonny Greenwood plus que tes hanches.

Texte by Punky

Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock

Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock

 

1993 : Creep, le piège à FM

Flashback. Creep explose à la radio, et tout le monde croit que Radiohead sera “un groupe de riffs pour ados en mal de câlins”. Erreur monumentale. Ils ont tellement haï leur propre tube qu’ils ont refusé de le jouer en live pendant des années. Thom Yorke ? Il l’appelle “le boulet”. Voilà le move le moins rock’n’roll et donc le plus rock possible : cracher sur le morceau qui te paie ta piscine.

 

1997 : Glastonbury, boue, transe et parano

Le concert qui a redéfini Radiohead. Imagine : des hectolitres de pluie, la boue jusqu’aux mollets, 50 000 fans trempés jusqu’aux os. Le groupe monte, balance Paranoid Android. Thom Yorke gueule comme si on l’avait branché sur une prise 220V, Jonny Greenwood fait l’amour à sa Strat comme à un chat récalcitrant, et le public atteint la transe mystique. C’est là que tu comprends : Radiohead, c’est pas du rock pour lever ton briquet sur Wonderwall. C’est un uppercut métaphysique dans la tronche.

 

 

2000 : Kid A, le disque qui a traumatisé ton grand frère

Les labels voulaient The Bends 2. Résultat : Kid A. Pas de single rock, pas de “chanson” classique. Des synthés qui font “bloop”, des beats chelous, et Thom qui chante comme s’il répétait un exorcisme sous Lexomil. Résultat ? Les fans de riffs hurlent au scandale. Mais Kid A devient l’album le plus influent des années 2000. Leçon rock’n’roll : quand t’as un contrat juteux, tu sors l’album le plus invendable possible. Et ça cartonne.

 

Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock

Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock

 

Anecdotes live (ou comment traumatiser son public)

Paris, 2001 : les mecs ouvrent avec Everything In Its Right Place. Pas de guitare, juste une boucle électronique qui tourne en rond. Le public ? 20 % en extase mystique, 80 % qui se demandent si c’est un concert ou une panne de courant.

2012, Toronto : la scène s’écroule avant leur set. Rock’n’roll ? Non, juste dangereux. Mais ça colle à leur image de prophètes de l’apocalypse.

Surprises en club : Thom Yorke, cheveux gras, qui débarque avec un laptop et balance une version technoïde de Idioteque devant 200 hipsters en sueur. Pas besoin de stades pour foutre les tripes à l’envers.

Greenwood, ce malade

Jonny Greenwood est l’arme secrète. Ses riffs ne ressemblent pas à des riffs : ça ressemble à un accident industriel. Il peut faire hurler une guitare avec une seule pédale et trois câbles mal branchés. Ses armes préférées ? Une radio trafiquée (oui, une vraie), un archet de violon sur une Telecaster et un arsenal de pédales qui ferait passer The Edge pour un minimaliste. Résultat : chaque concert ressemble à un crash-test sonore. Et c’est ça qui maintient le rock en vie.

Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock

 

Radiohead vs le rock “classique”

Tu veux comparer Radiohead à Foo Fighters ? Mauvaise idée. Foo Fighters : bières, gros riffs, refrains pour hurler au stade. Radiohead : malaise existentiel, beats bancals, refrains qui ressemblent à des cauchemars aquatiques. Et pourtant, dans les deux cas, le public ressort lessivé et heureux. Le rock, c’est pas une question de guitare saturée, c’est une question d’intensité. Et là-dessus, Radiohead enterre tout le monde.

 

2007 : In Rainbows, l’arnaque géniale

“Pay what you want”. Oui, ils ont inventé Spotify avant tout le monde. Tu pouvais lâcher 10 balles… ou 0. Les majors ont paniqué. Résultat : carton plein, disque culte. Et toi, tu l’as sûrement téléchargé gratos en te disant “j’y filerai 5€ demain”. Tu ne l’as jamais fait.

 

 

2025 : toujours là, toujours chelous

Aujourd’hui, Yorke fait des side-projects électro chelous (The Smile), Greenwood écrit des BO pour films oscarisables, et Radiohead hiberne en attendant de sortir un nouvel album qui fera encore gueuler les fans : “C’est trop expérimental ! ou “C’est génial, je pleure dans ma chambre en l’écoutant !” Bref : business as usual.

 

Verdict

Radiohead est le groupe de rock le plus rock de tous les temps, précisément parce qu’ils détestent le rock tel qu’on le définit. Ils ont renié leur tube, bousillé les codes, humilié l’industrie, traumatisé leurs fans en concert, et continuent d’exister comme un virus indestructible. En 2025, si tu veux un groupe qui incarne encore l’esprit rock — subversion, intensité, chaos organisé — c’est Radiohead.

Et si ça ne te plaît pas ? Va écouter Nickelback.

 

 

Radiohead : le groupe de rock qui déteste le rock