Queens of the Stone Age – Alive in the Catacombs : le concert disponible en intégralité

par | 22 Déc 2025 | À la Une

Temps de lecture : 4 min

Il y a des concerts filmés. Et puis il y a Alive in the Catacombs. Pas une captation, pas un live promo, pas un énième objet de streaming à consommer entre deux scrolls. Non. Ici, Queens of the Stone Age descend littéralement sous terre, au sens propre, pour jouer face à des millions de crânes empilés comme des souvenirs impossibles à effacer. Le film, mis en ligne dans son intégralité sur YouTube par le groupe est une surprise. Un magnifique cadeau de Noël. 

Filmé et enregistré en juillet 2024 dans les Catacombs de Paris, Alive in the Catacombs capture Queens of the Stone Age dans un état que peu de groupes osent montrer. Dépouillé. Nu. Fragile. Mais toujours dangereux. Ici, pas de murs de Marshall, pas de pogo, pas de bras levés. Juste la pierre, l’humidité, les os, et cette résonance naturelle qui transforme chaque note en prière païenne.

 

Josh Homme le dit lui-même, avec ce sourire mi-prêtre mi-charognard qu’on lui connaît: “the biggest audience we’ve ever played for”. Une vanne, évidemment. Mais une vérité aussi. Car ce public-là ne bouge pas. Il écoute. Depuis des siècles. Et il impose le respect. Dans les catacombes, tu ne joues pas plus fort que la mort. Tu négocies avec elle.

Tout est pensé en fonction du lieu. Chaque titre est réarrangé, reconstruit, parfois méconnaissable. Les morceaux issus de tout le catalogue de Queens of the Stone Age deviennent des organismes mutants, ralentis, étirés, parfois presque méconnaissables. Les percussions se font minimalistes. Les guitares respirent. Les silences deviennent des instruments à part entière. L’eau qui goutte, les échos, la pierre qui renvoie le son comme une mémoire traumatique: tout fait partie de la partition.

Visuellement, le film est une leçon de retenue. Pas de lumière agressive, pas de montage hystérique. Une atmosphère sombre, organique, quasi liturgique. On pense autant à un rituel qu’à un concert. Le rock ici n’est plus une démonstration de force. C’est une confrontation. Avec le temps. Avec la finitude. Avec ce qu’il reste quand le bruit s’arrête.

La réalisation, signée La Blogothèque, est d’une intelligence rare. La caméra ne vole rien. Elle observe. Elle accompagne. Elle sait quand se taire. Et ça, dans une époque où tout est surexposé, c’est presque un geste politique.

Ce qui frappe surtout, c’est l’absence totale de cynisme. Alive in the Catacombs n’est pas un coup. C’est un aboutissement. Une extension logique d’un groupe qui, depuis ses débuts, flirte avec la noirceur sans jamais tomber dans la pose. QOTSA n’a jamais été un groupe funéraire, mais il a toujours compris que le rock parle aussi de disparition, de corps, de poussière et de traces laissées derrière soi.

Regarder ce film, ce n’est pas “passer un bon moment”. C’est accepter de ralentir. D’écouter autrement. De se souvenir que la musique peut encore être un acte, pas juste un contenu. Dans ces galeries tapissées de restes humains, Queens of the Stone Age ne joue pas contre la mort. Il joue avec elle. Et franchement, il n’y a pas beaucoup de groupes aujourd’hui capables de soutenir ce regard sans détourner les yeux.

Alive in the Catacombs est disponible à l’achat sur le site officiel de Queens of the Stone Age, et l’album existe aussi en version vinyle et sur les plateformes. Mais le vrai luxe, c’est de le regarder seul, le son un peu trop fort, les lumières basses, et de se rappeler pourquoi, un jour, le rock nous a semblé vital.

 

Queens of the Stone AgeAlive in the Catacombs

1. « Running Joke / Paper Machete » – 0:58

2. « Kalopsia » – 6:24

3. « Villains of Circumstance » – 11:58

4. « Suture Up Your Future » – 17:32

5. « I Never Came » – 22:04

6. « Insignificant Other » – 27:28

 

 

Queens of the Stone Age – Alive in the Catacombs

Queens of the Stone Age – Alive in the Catacombs