4/5 ⭐️⭐️⭐️⭐️
Cinq lettres et un tréma au centre, Koÿag, un mystère. Un mot venu du bout du monde pour dire la réunion des esprits. Un nom de sages, pour une musique qui gronde. En novembre 2024, Koÿag balançait dans l’univers son tout premier EP, Misconnected. Une intro et quatre titres comme autant de secousses à la croisée de l’électro et du métal. Une éclosion longuement mûrie, qu’on a eu la chance de décortiquer avec eux, et attention, spoiler alert : ça envoie.
Une rencontre à la croisée des mondes
Koÿag, c’est une histoire de rupture et de renaissance. Paris, fin 2022 : David (guitare), Matias (batterie) et Fabien (basse) se connaissent bien. Ils jouent ensemble depuis plusieurs années dans une autre formation, mais qui finit par plafonner. « On voulait aller plus loin », résume David. Alors ils prennent une décision courageuse : repartir de zéro.
Ils quittent leur projet initial, laissent derrière eux morceaux, habitudes et complicités pour tout reconstruire. Une page blanche musicale, mais pas vide d’espoir. Et c’est justement dans cet espace que surgit Laetitia, alias Nephty Sia. Une voix multiforme, puissante et caressante, capable d’enlacer un growl comme de faire danser une mélodie. Avec elle, tout s’éclaire : le groupe tient enfin son équilibre. Ils réécrivent, retordent leurs instrus, infusent de l’électro, poussent les textures, peaufinent chaque note. De leur ancien projet ne reste qu’une trace : « The Call », métamorphosé, repensé de A à Z. Le reste ? 100% Koÿag : neuf, dense, organique.
Cercle sacré
Koÿag, C’est Matias, d’origine argentine, qui en propose le nom au groupe : en mapuche, Koyag désigne le cercle des sages. Ceux qui se rassemblent pour réfléchir aux grandes décisions de la tribu. Une image qui résonne fort quand on sait que chacun vient d’un horizon différent, mais que tous ont trouvé leur point de convergence dans ce projet. Alors oui, les trémas sont un clin d’œil graphique « C’est pour le style, et pour que Google nous retrouve », plaisantent-ils, mais le fond, lui, est profondément symbolique. Alliance brûlante, où tous les maillons se jettent dans la forge commune pour faire naître du neuf.
Misconnected : catharsis en quatre actes
Autoproduit de A à Z, Misconnected respire la détermination. Enregistrement maison, voix posées chez Amify Studio, mix confié à Étienne Sarthou (ex-batteur d’Aqme) dans son Hemlig studio. Le résultat ? Une prod léchée et sans concessions. Quatre titres (et une intro), juste ce qu’il faut pour baliser un terrain de jeu fait de contrastes : growls féroces, textures électroniques immersives, voix cristallines, tensions progressives.
À l’écoute, on passe de montées qui filent des frissons, à des breaks qui donnent envie de fermer les yeux, et des refrains qui restent longtemps dans la tête. La voix de Laetitia, c’est l’arme secrète : « Je vois le chant comme une palette de couleurs », dit-elle. Et elle peint large. Du souffle au cri, du ciel à la cendre, avec une précision chirurgicale. Et nous, on en redemande.
Sons croisés
Koÿag, c’est ce brassage d’influences revendiquées et assumées. Laetitia vient du power metal et du black, Matias a été nourri au rock progressif argentin, David a plongé dans le rap et le hardcore avant de bifurquer vers le métal, Fabien, lui, apporte cette touche trip-hop et expérimentale qui donne de la profondeur.
« On n’écoute pas du tout les mêmes choses, mais on se comprend musicalement », lâche Fabien. Et ça s’entend : leur musique est tout sauf lisse. Elle respire. Elle lutte et vit. Tout chez Koÿag joue sur le contraste. Les sons, les images, les textes. Ils cultivent les opposés pour mieux révéler les nuances. « On ne fait pas du métal pour plonger dans la noirceur, mais pour en extraire quelque chose de fort, de vivant, de beau. »
Premiers pas, premiers chocs
Côté scène, le groupe est encore en rodage. Après une première date à Paris cet hiver, le combo remettra les amplis à fond cet été au festival Dormantastique, le 19 juillet 2025. La suite ? Un second EP en gestation pour ces perfectionnistes du son, et sûrement une série de concerts à prévoir en 2026, là où leur puissance prendra toute sa mesure : en live. Leur son est là. Leur identité aussi. Reste à les voir grandir. Et exploser. Koÿag n’a pas dit son dernier mot.